Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE III.

Tout péché est une modification de l'égoïsme

L'égoïsme, nous avons déjà cherché à le prouver est la forme générale de la dépravation humaine; on peut dire que chaque péché n'est qu'une modification de celui-ci.

Qu'est-ce que l'avarice si ce n'est l'égoïsme s'efforçant d'entasser des richesses? — Qu'est-ce que la prodigalité si ce n'est de l'égoïsme, se parant et s'indulgeant lui-même: l'homme qui s'y livre sacrifie à lui, comme à son dieu particulier. — Qu'est-ce que la paresse, sinon l'homme tout occupé de lui, s'endormant et refusant de répondre aux appels du devoir?

La sensualité, tous les péchés de la chair, ne sont que de l'égoïsme, s'établissant au-dessus de la loi et se satisfaisant aux dépens de toute contrainte. Les péchés de l'esprit, ceux de l'intelligence, ne sont encore que le même principe, impatient de subir la moindre contradiction et refusant de reconnaître une supériorité réelle ou de se soumettre à toute autre volonté que la sienne. L'amour propre n'est-il pas de l'égoïsme visible, parlant? Le crime n'est-il pas toujours de l'égoïsme, sans masque, sans prudence et simplement agissant? La guerre offensive n'est-elle pas de l'égoïsme confédéré, armé, prêta grandir par la violence et l'effusion du sang?

«D'où viennent par mi vous les dissensions et les querelles? N'est-ce pas de ceci, savoir de vos désirs déréglés?»

Et que sont tous les désirs, illégitimes et passionnés si ce n'est de l'amour de soi désordonné qui ne reconnaît aucune loi, ne veut supporter aucune règle et naît dans un cœur dépravé? Quelle autre cause a semé la division dans le monde et l'a rempli de haine et de querelles? Le premier péché des anges qui ne demeurèrent pas dans leur état primitif, aussi bien que le premier péché de l'homme ne fût-il pas un amour de soi insensé? Un essai absurde et violent pour dépasser les limites assignées à la créature, pour envahir le trône et s'emparer des droits de la divinité suprême?

Si nous analysions, à notre tour, le dernier des péchés dont nous nous sommes rendus coupables, nous découvririons que l'égoïsme, dans l'une ou l'autre de ses mille formes lui a positivement donné naissance.

Donc, si l'amour fut le principe dominateur de la créature avant sa chute, il est également certain que la première loi du monde ravagé et désorganisé par le mal, n'est autre que l'égoïsme. Il est clair, par conséquent, que le grand besoin de l'humanité déchue est un spécifique contre l'ignorance, cette maladie épidémique de notre nature. Le moyen par lequel on prétendrait rétablir notre condition primitive, et qui ne satisferait pas à ce besoin quelque recommandable qu'il pût être, n'atteindrait nullement la source, le germe du mal.

Il serait aisé de montrer que c'est dans ce défaut radical que l'on doit chercher la cause de l'impuissance de tous les systèmes, des fausses religions ou de toutes les modifications hétérodoxes de la vraie religion pour parvenir à rendre à notre pauvre nature le bonheur et l'amour de Dieu. Il serait tout aussi facile de prouver que l'évangile, non seulement découvre le caractère particulier de notre maladie, mais le traite comme la racine même de notre dépravation et cherche directement à le détruire; de plus, que le premier effet du péché étant de produire l'égoïsme, le premier effet de l'évangile est de détruire ce péché et de le remplacer par la bienveillance.

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant