Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE II.

Le péché, sous la forme de l'égoïsme, cause la ruine du plan de Dieu.

L'intention divine fut anéantie dans son type même, dans l'être qui devait en devenir la personnification, par la terrible et solennelle invasion du péché.

L'homme aspira à devenir semblable à Dieu; dès ce moment fatal s'établit la grande lutte entre lui et son créateur; il chercha à se placer dans un état d'indépendance étranger et nuisible à sa nature et à sa position. L'étendard de la révolte une fois déployé, l'histoire de l'homme n'offrit qu'une succession d'efforts insensés pour parvenir à maintenir un empire gouverné par des lois et soutenu par des ressources indépendantes de la puissance de Dieu.

L'idolâtrie, la sensualité, l'incrédulité, l'irréligion et, toutes les nombreuses formes du péché peuvent se résumer dans cette orgueilleuse, cette infernale et folle entreprise. L'homme, séparé de Dieu par son apostasie, prétendit être son propre commencement et sa propre fin; il devint son propre Dieu.

Mais la dépendance de l'homme à l'égard de son semblable est telle, qu'il ne peut chercher à y échapper sans être appelé à se trouver à chaque pas en lutte manifeste avec les intérêts de son prochain.

L'amour de Dieu est le principe dominant, le principe propre à combiner, à concilier toutes choses; le seul qui puisse unir chaque individu à l'ensemble et maintenir cet ensemble en affinité avec Dieu. L'absence de cet amour comme celle de la grande loi d'attraction dans le monde matériel, laisse les diverses parties dans un état de répulsion vis-à-vis les unes des autres, aussi bien qu'elle éloigne et sépare l'ensemble de Dieu. Ayant perdu son vrai centre, c'est-à-dire Dieu, le monde ne cherche pas un point d'appui universel, mais il se tourmente en efforts inutiles pour établir une foule de pouvoirs isolés.

Chaque royaume, chaque famille, chaque individu fait voir une tendance marquée à se séparer de la communauté humaine, un penchant à se constituer le centre d'un cercle dominateur. Tel est l'égoïsme naturel du cœur que chaque individu, lorsqu'il suivrait son penchant, agirait comme s'il était souverain de lui-même, et comme si le bien-être général consistait à reconnaître sa suprématie particulière, il serait volontiers son but unique: la raison suffisante de toutes ses actions.

Ainsi la tendance de l'humanité, sous l'influence désorganisatrice du péché l'a conduite à un état de misanthropie universelle. Si l'association n'était le seul moyen de faire prospérer certaines combinaisons d'intérêts divers, la société se dissoudrait de tous côtés: chaque main s'emparerait d'une arme: la terre entière deviendrait un champ de bataille dans lequel les points à décider seraient aussi nombreux que les combattants, de sorte que le conflit ne cesserait que par la destruction de chacun des antagonistes.

Il y a cependant une immense différence à observer entre l'égoïsme et le légitime amour de soi. Celui-ci est un principe nécessaire à toute existence qui se connaît elle-même. Chez l'homme c'est l'impulsion qui le porte à conserver sa vie et à chercher son bonheur personnel. Ce sentiment est non seulement en harmonie avec la piété, mais c'est la base sur laquelle toute piété, chez l'homme déchu, est greffée. La piété n'est autre chose que l'amour de soi bien dirigé et cherchant en Dieu son bonheur suprême. C'est l'acte ou l'habitude d'un homme qui s'aime assez pour se donner à Dieu.

L'égoïsme est l'amour de soi, l'amour d'un être déchu, porté à un tel excès qu'il méconnaît l'existence et la perfection de Dieu et qu'il cherche son bonheur dans des objets inférieurs qu'il s'applique à asservir à ses vues particulières.

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant