Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE V

PROFESSEURS ET CAMARADES

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Réjouis-toi dans ta jeunesse.

L'Ecclésiaste


Sainte-Beuve a écrit de la Genève studieuse d'alors:

«Nulle part, sauf peut-être à Édimbourg, on n'aurait trouvé, réunis sur un aussi petit espace et dans des conditions de société plus favorables, une aussi grande variété d'esprits, de talents et d'idées, une culture aussi diverse, aussi complète et aussi honorablement désintéressée de toutes les branches de l'intelligence, un ensemble aussi supérieur, aussi éclairé, aussi paisiblement animé, aussi honnête.»

C'est dans ce milieu intellectuel qu'Henri Merle allait se plonger avec enthousiasme.

Dès cinq à six heures du matin, pendant ce premier hiver, où rien ne coûtait au zèle tout neuf de notre étudiant, la garde préposée à la porte de Rive les veilleurs éteignant les falots, les postillons du Faucigny devant l'hôtellerie de la Croix-de-Savoie, les laitières derrière leurs baudets et les boutiquiers ouvrant les échoppes de la rue Verlaine voyaient passer en coup de vent un grand garçon, dégingandé comme on l'est à quinze ans. Bien enveloppé dans sa houppelande, son intelligente physionomie s'apercevant à peine entre son collet relevé et son chapeau enfoncé, il escaladait la haute ville en quelques enjambées, et, peu de minutes après, il repassait, toujours en courant, parmi les boutiquiers, les laitières, les postillons, les veilleurs et les gardiens qui se disaient: «Il est donc toujours bien pressé ce grand maigre-là!»


Oui, Jean-Henri était très pressé, car, même au pas de course, il ne lui fallait pas moins de quarante minutes pour faire le trajet de la Graveline à l'auditoire, afin de retenir sa place au moyen d'un cahier posé au bon endroit et pour rentrer chez lui travailler une grande heure avant de déjeuner et de repartir pour son premier cours.

Il convient d'expliquer ici que l'auditoire de Belles-Lettres était logé aux Macchabées, cette gracieuse chapelle de la cathédrale dans laquelle, ô profanation! on avait élevé des étages, construit des escaliers et aménagé, tant bien que mal, des salles de cours tendues de vert. Dans l'auditoire le plus vaste, une table s'allongeait devant le fauteuil professoral, et c'est là que venaient s'asseoir les disciples du cercle intime, ceux qui voulaient ne perdre ni un mot, ni un geste du maître, et qui ne craignaient pas de s'assurer ce privilège au prix de la course matinale que nous venons de décrire. Le soir notre infatigable travailleur, luttant contre le froid et le sommeil, s'absorbait encore dans ses livres et parfois le petit jour le trouvait endormi près de sa lampe fumeuse.

Dans cette atmosphère de Belles-Lettres, Jean-Henri était souverainement heureux et remportait de véritables succès. Au cours de diction son inépuisable répertoire lui permettait, au pied levé, de remplacer camarade en défaut. L'un des morceaux qu'il disait le mieux était le discours de Lusignan à Zaïre:


Ton Dieu que tu_trahis, ton Dieu que tu blasphèmes

Pour toi, pour l'univers, mourut en ces lieux mêmes


«Voltaire m'a souvent fait plus de bien qu'un sermon», remarquait-il.

Lire et réciter l'oeuvre d'un autre, c'est bien. Il est plus intéressant encore de déclamer ses propres vers.

Notre étudiant débuta par des compositions de classe et des poésies de famille. Puis, il se lança dans une épopée: Constantin ou le triomphe du Christianisme.
Ah! que ce serait beau: un thème grandiose et de sublimes alexandrins...
Mais non, l'apprenti poète ne réussissait qu'à pondre de long vers déclamatoires qui rendaient Constantin ridicules. Il n'était décidément pas encore de taille à rivaliser avec Homère ou le Tasse!

Des distractions de divers genres variaient agréablement ces travaux intellectuels.
Il y avait les Cercles du dimanche où jeunes gens et jeunes filles se rencontraient assez librement, les raouts plus solennels de la rue des Granges, les sauteries chez des amis et les bals du Casino. À la Société littéraire, premier embryon de la Société de Belles-Lettres, on passait de la haute littérature aux grands éclats de rire.

Quant aux représentations théâtrales naguère introduites  à Genève par Voltaire et où Talma jouait maintenant son répertoire classique, Henri en fut ravi, enthousiasmé, subjugué. «Vous feriez un fameux artiste dramatique», lui dit un jour un étranger, après avoir admiré, dans une soirée, la voix et le geste du jeune amateur. Celui-ci rapporta en riant ce propos à sa mère et ils convinrent tous deux qu'i1 monterait plus tard en chaire et non sur les planches.

Les fils d'Aimé-Robert vouaient un culte à la mémoire de leur père et se souvenaient de lui avoir entendu dire: «Tout homme de bonne compagnie devrait avoir un métier. Il serait armé pour les mauvais jours et de plus ne mépriserait pas son frère l'ouvrier». Jean-Henri sentit que, malgré son peu d'inclination pour les travaux manuels, il devait s'y exercer par piété filiale.

Mais quel métier choisir? «Celui qui m'éloignera le moins de mes livres», se dit-il.

Dans une des vieilles petites maisons du bas de la rue Verdaine, alors habitées par les régents du Collège, travaillait un relieur saxon auquel notre étudiant demanda des leçons. De ses petits yeux narquois, le patron dévisagea ce singulier apprenti, chargé de vingt volumes de vers et désireux de se mettre tout de suite à les cartonner. Un jour qu'ils travaillaient tous deux ils virent apparaître à la porte entrebâillée un beau visage aux traits réguliers. C'était celui d'un jeune ministre, régent de cinquième, apportant des livres à réparer. Le contraste entre le patron-relieur, court, gros, sentant la colle et le mauvais tabac, mais fort adroit à son métier, et son apprenti, grand, mince, distingué, mais maniant si gauchement l'équerre et le  carton, amusa prodigieusement le jeune pédagogue qui, lui, n'était pas seulement un magicien de la parole et du chant, mais un maître dans les arts manuels. Ce fut la première entrevue de César Malan et de Jean-Henri Merle, ces deux hommes qui devaient, plus tard, se lier d'une si constante amitié. Cependant le jeune amateur, dépité de sa maladresse, finit par emporter les vingt volumes de l'Abbé Delille à moitié cousus, se promettant de les achever chez lui. Soixante ans plus tard, ils furent retrouvés tels quels, dans le grenier de la Graveline!

À l'Académie de Genève, en sortant de Belles-Lettres, on subissait, avant d'entrer dans l'Auditoire de Philosophie, l'épreuve du baccalauréat. Le diplôme de J.-H. Merle, au nom de Napoléon, Empereur des Français, Roi d'Italie et Protecteur de la Confédération du Rhin, porte la date du 27 juillet 1813. Les études philosophiques — on dirait scientifiques aujourd'hui — qu'il commença ensuite, mirent notre étudiant en contact avec des hommes d'une réputation européenne et avec des camarades attirés à Genève de tous les pays civilisés.

Parmi ces professeurs, plusieurs appartenaient à ces cercles genevois, savants et aisés, où l'on étudiait les sciences naturelles avec le désintéressement le plus délicat. Pierre Prévost occupait la chaire de philosophie proprement dite: son cours était clair, net et fort attrayant. Marc-Auguste Pictet, délaissant les formules abstraites, enseignait la physique avec une verve irrésistible, au moyen d'expériences faites en classe: innovation fort goûtée par les étudiants. Auguste-Pyramus  de Candolle, dès son retour de Montpellier, devait mettre, non seulement ses élèves, mais tout Genève, à faire de la botanique. Louis Peschier, le pasteur de Cologny, très fort en algèbre et en géométrie, pouvait, au pied levé, remplacer n'importe lequel de ses collègues. L'Huillier, un vrai savant doublé d'un parfait original, professait les mathématiques.

Pour un étudiant, les condisciples importent plus encore que les maîtres. Jean-Henri se lia avec l'élite de sa génération. Ses camarades étaient des jeunes gens modestes, ou d'élégants fils de famille. Tous semblent avoir eu très tôt le goût d'un art, d'une science, d'une vertu, de quelque idéal donnant une direction à la vie. C'était Jean-Louis Prévost, qui fit une belle carrière à Londres; Auguste Cramer, futur syndic; Henri Tronchin, plus tard colonel fédéral; Frédéric Monod, le boute-en-train de la classe et Jules Pictet de Sergy, qui montrait déjà du goût pour l'histoire. Il y avait aussi des ressortissants des cantons suisses, comme Nicolas Bernoulli, le mathématicien, ou Pierre Mérian, qui devint recteur de l'Université de Bâle, et des étrangers comme «Monsieur Charles».
On nommait ainsi un mystérieux étudiant qui quelque vingt ans plus tard monta sur le trône de Sardaigne, sous le nom de Charles-Albert.

Ces jeunes gens et d`autres encore étaient d'excellents camarades, et cependant David n'avait pas encore trouvé son Jonathan, une âme qui fut attachée à son âme! Un jour que, dans la salle du Consistoire, Jean-Henri assistait par curiosité aux examens d'entrée à l'Académie et scrutait les physionomies des candidats,  se demandant s'il découvrirait parmi eux une figure particulièrement sympathique, un jeune homme à l'apparence distinguée: traits délicats, cheveux blonds retombant sur les épaules, répondit avec tant de justesse et de simplicité aux questions qui lui furent posées, que le cœur du jeune Genevois fut immédiatement conquis.

De cette rencontre avec James Du Pasquier, devait naître une de ces amitiés profondes et durables que, dans ces temps bénis, on avait encore le temps de cultiver. M. et Mme Du Pasquier-d'Ivernois aimaient à accueillir les amis de leurs enfants dans leur demeure de Neuchâtel ou dans leur propriété de Concise. Plus tard, plusieurs alliances devaient rapprocher les deux familles. Ce sont là des relations qui défient l'usure des années et durent à travers les générations.

Il faudrait pouvoir reproduire de longs extraits des lettres échangées pendant un demi-siècle entre les deux amis! Plus tard le ton deviendra mesuré et grave, pour le moment il est tantôt badin, tantôt outré: avec de doux reproches, des protestations d'amitié allant crescendo jusqu'à ces dithyrambes romantiques, qui font sourire les esprits plus pondérés de notre siècle.

Voici quelques lignes caractéristiques tirées d'une lettre adressée le 2 juin 1813 par Henri à son ami:

«Oh James! qu'ils sont beaux les liens de l'amitié! L'imagination peut-elle concevoir un spectacle plus grand à la fois et plus délicieux que celui de deux cœurs unis par des nœuds aussi sacrés? Dès longtemps je cherchais un ami sans le trouver. Tu parus, James, et, dans l'excès  de ma joie, je levais déjà vers les cieux des mains reconnaissantes. Que de qualités ne voyais-je pas briller en ta personne!

Je trouve en toi tous les talents: talents des beaux-arts, talents des lettres, talents des sciences. Je pénètre plus avant, j'entre dans ton cœur, c'est ici, James, que tu triomphes. Vertus des anciens temps, soyez bénies, puisque vous faites naître encore au milieu de nous des familles comme la tienne, où l'on puise le goût du bien et du beau, cette solidité de principes, cet amour de la vertu, cette inaltérable douceur, cette bonté qui captive toutes les âmes...»


Une amitié aussi expansive enveloppa toutes les joies de Jean-Henri: les joies de l'étude, qu'il partageait maintenant avec un esprit alerte, curieux, enthousiaste comme le sien; les joies de la nature, lorsque les deux amis se promenaient ensemble; les joies de la famille aussi, car James ne tarda pas à devenir un fils adoptif de la Graveline.
Henri et lui aménagèrent dans le pavillon de la terrasse une chambre d'étude bien à eux, où ils travaillaient souvent ensemble. Ils y jouaient aussi aux échecs et lorsque Henri se faisait battre, il prenait sa revanche en roulant son rival par terre jusqu'à ce que lui aussi fût échec et mat.
On nageait, on ramait, on discutait Napoléon... De qui d'autre aurait-on parlé en ces années 1811 et 1812?

Merle, nourri des classiques, admirant les Alexandre et les César, ne pouvait empêcher son imagination de s'enflammer à la nouvelle des victoires du grand empereur en Espagne, en Autriche et en Pologne. Puis cette invasion de la Russie avec quinze corps d'armée, chacun commandé par un duc, un prince ou un  roi! Smolensk, Borodino, Moscou, quelle étonnante épopée! Le désenchantement suivit de très près ce bref enthousiasme. Les deux amis furent atterrés en lisant les détails de l'affreuse retraite. Ensemble. ils ouvrirent le quatorzième chapitre d'Ésaïe:

Comment es-tu tombée des cieux

Étoile du matin?

Toi qui foulais les nations,

Tu es abattu jusqu'à terre!

Une piété sincère, bien qu'un peu vague, était pour Merle et Du Pasquier une autre source de communion intime et joyeuse. Souvent le dimanche matin, ils se rendaient au temple de Cologny pour entendre le vénérable professeur et pasteur Peschier. Quelle plus charmante promenade dominicale aurait-on pu imaginer?

On suivait d'abord le chemin agreste qui passait à quelque cent mètres du lac, au bas des domaines de la Grange et de Plongeon. Puis une côte abrupte vous amenait à la terrasse du petit temple, ombragé de marronniers, et l'on s'y reposait un instant en attendant que les cloches se fussent tues. L'on pénétrait alors dans le rustique sanctuaire, on s'asseyait sur un banc de sapin au milieu du recueillement grave de l'assemblée et l'on écoutait l'homélie du prédicateur-mathématicien. C'était simple et clair comme un théorème, mais si profondément chrétien qu'on se sentait plus remué que par des discours plus éloquents.

En redescendant la colline, les amis ne se lassaient pas d'admirer le joyau bleu du Léman, orné à sa pointe, d'un motif finement sculpté en gris: les murs et les clochers  de Genève, le tout serti dans le mauve et le vert de ses bords. «Ah! se disait Jean-Henri, c'est à Cologny que je voudrais un jour être pasteur».

Être pasteur, c'était là son ambition depuis sa treizième année. Son oncle Berguer qui dirigeait une industrie prospère, aurait voulu le voir entrer dans sa maison.
Henri, encore indécis, débattait ainsi en lui-même cet important dilemme: «Si je deviens négociant, il m'arrivera probablement d'aimer l'argent et les mauvais plaisirs et je serai perdu pour l'éternité. Si, au contraire, j'embrasse le saint ministère, je serai pauvre, mais mes fonctions m'obligeant à vivre en chrétien, je parviendrai au salut éternel».
La carrière pastorale avait à ses yeux de solides et durables avantages.

Le raisonnement de sa mère n'était guère d'un ordre plus mystique: «Pense, mon cher Henri, aux gros sacrifices qu'il m'a fallu faire pour que ton frère Guillaume échappât à la conscription, et pour lui assurer, par trois fois, un remplaçant. Épargne ma bourse et mon cœur et fais des études de théologie. qui t'exempteront du service militaire».

Le moment approchait où le jeune homme, entraînant sa mère à sa suite et renonçant à ces calculs mesquins, se laissera entraîner par une de ces vocations impérieuses qui ne se discutent pas. En attendant, il s'engageait sur le chemin des grandes expériences religieuses par la fidélité dans les petites choses: par exemple, lorsqu'il proposa un jour à sa mère d'instituer à leur foyer le culte de famille.

Elle consentit et dès lors la Bible d'Ostervald fut lue chaque jour à la Graveline. Et la vieille grand'mère, fermant les yeux sous sa coiffe blanche et joignant ses  mains ridées, voyait avec ravissement revivre chez les siens la piété huguenote de son enfance.

Quelques années auparavant, la question d'une carrière s'était aussi posée pour Guillaume, l'aîné des trois frères de la Graveline, grand et vigoureux jeune homme, aimant comme son père les voyages et les affaires. Âgé d'une vingtaine d'années, il s'était initié aux affaires à Lyon et à Londres et s'était finalement embarqué pour New York comme représentant de la maison Lutteroth de Hambourg.

Plus tard, il travaillera pour Jean-Jacob Astor, le roi des fourrures. Il se mariera, puis, comme associé d'une importante maison de commerce à Saint-Louis, il expédiera des bateaux chargés de sucre et de cotonnades aux immigrants fixés sur les bords du Mississippi.

Le voyage de retour apportait des chargements de blé et de maïs à la Nouvelle-Orléans, d'où ces moissons dorées repartaient par voiliers pour les «ports américains et pour l'Europe.
Guillaume finira par fonder une maison à lui sur la place de New York. À travers les bonnes et les mauvaises fortunes, il n'oubliera jamais les recommandations de son père et se montrera toujours, pour la patrie genevoise et pour la famille de la Graveline, un fils dévoué et généreux.

Mme Merle, très émue par le départ de son fils aîné, comptait bien conserver auprès d'elle les deux plus jeunes. Le premier nous venons de le voir, à cause de sa rassurante vocation pastorale, le second jusqu'au moment où il entrerait à l'École Polytechnique. Pour Ami l'appel militaire vint plus tôt qu'on ne l'attendait.


L'AUDITOIRE DE BELLES LETTRES

L'AUDITOIRE DE BELLES LETTRES

(chapelle des Macchabées — Dessin de Henri Sylvestre)


À peine rentré de Russie, Napoléon s'était hâté de réorganiser ses armées, et avait imaginé, entre autres, de constituer un corps de cavalerie, les Gardes d'honneur du Roi de Rome, dont les soldats auraient tous le rang de sous-lieutenant. Il espérait ainsi attirer des jeunes gens intelligents et de bonne famille, disposés à devancer le tirage au sort.

Ami était alors un enfant de seize ans, à l'apparence fine et délicate. Mais, voulant prouver que lui aussi était un homme, il se laissa convaincre, et s'enrôla au quatrième régiment des Gardes d'honneur. Le 1er juin 1813, grande revue à Plainpalais. Puis, par la route droite et nue qui longe le pied du Jura jusqu'à Collonges, Henri suivit en carriole la colonne des cavaliers. Une première halte permit aux deux frères de dîner ensemble, puis, le cœur serré, notre étudiant vit les shakos rouges, de leur trot alerte, disparaître dans l'étroit défilé du Fort de l'Écluse.

Ami, le plus jeune de la troupe, avait deux bons camarades genevois: Charles Saladin et Auguste Cramer. C'était heureux pour lui, car il devait se sentir un peu perdu dans ce corps, pour lequel on avait recruté des adolescents dans les cent trente départements de l'Empire Français.
Passant par Lyon, Strasbourg et Mayence, le régiment arriva aux environs de Dresde, trois jours après la grande bataille du 27 août. Il fut inspecté par l'Empereur et envoyé contre l'armée de Schwarzenberg en Bohême.

Lorsque, au début de l'hiver, la nouvelle de la bataille de Leipzig et de la sanglante retraite sur l'Elster parvint à la Graveline, on perdit tout espoir de voir jamais revenir le Jeune officier. Enfin, aux derniers jours de décembre, le bruit courut que soixante mille Autrichiens se déversaient sur la Suisse par quatre ponts pour gagner le Fort de l'Écluse entre Bâle et Schaffhouse, et, de là, se diriger sur Lyon.
À Genève, l'horizon était très noir, il fallait s'attendre à l'orage.


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