Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLES DES TALENTS

MATTHIEU, XXV, 14-30


Talents

Cette parabole, ainsi que plusieurs autres, commence par ces mots: «Le royaume des cieux est semblable, etc.» Cette expression, le royaume des cieux, quand elle est employée dans la Bible, ne signifie pas toujours le ciel même, mais le royaume de Christ en ce monde.

Vous savez qu'il est le roi de son peuple, tous ceux qui l'aiment sont ses sujets et obéissent à ses lois. Un grand nombre d'entre eux ont déjà quitté ce monde, et sont entrés dans les cieux où ils le voient tel qu'il est, mais quoique ceux qui sont sur la terre ne jouissent point encore de sa présence, il leur accorde sa protection et ses soins tout comme à ceux qui sont avec lui dans la gloire. La Bible dit que tous les hommes appartiennent au royaume de Christ ou à celui de Satan, lequel est appelé le prince ou le roi de ce monde, c'est-à-dire de tous ceux qui cherchent leur bonheur seulement dans ce monde, et qui, au lieu d'obéir à Christ, suivent leurs propres inclinations et les coutumes des médians. Il est ordonné au peuple de Dieu de se séparer d'eux; ce qui ne signifie pas qu'ils ne doivent point vivre au milieu des mondains, car il leur est impossible de l'éviter, mais qu'ils doivent montrer par une conduite entièrement différente, qu'ils obéissent à un autre roi. Quoique dispersés par toute la terre, et n'ayant peut-être point de relations entre eux, ils appartiennent tous à un même royaume, dans lequel ils seront finalement recueillis ensemble un jour.

La parabole nous parle d'un homme riche qui, devant aller habiter un pays lointain pendant quelques années, ne voulut pas que ses serviteurs demeurassent oisifs en son absence, et remit à chacun d'eux une somme d'argent pour la faire valoir. Cet homme représente le Seigneur Jésus qui a quitté ce monde pour aller au ciel. Les talents donnés aux serviteurs sont les dons de tous genres, répandus par Jésus sur ses disciples, pour être employés à son service.

L'argent est un de ces talents que nous devons à la munificence du Seigneur, quoique particulièrement destiné à pourvoir aux nécessités de la vie et aux besoins de nos familles, ce que l'on peut épargner là-dessus doit être employé au service de Christ. Nous ne pouvons, vous le savez, l'assister lui-même; mais il nous a confié le soin des pauvres, et principalement de ceux qui l'aiment; il considère tout le bien qu'on leur fait comme s'adressant directement à lui. C'est aussi le devoir de ses serviteurs de donner de l'argent pour procurer la Bible à ceux qui ne l'ont pas; d'aider à l'entretien des prédicateurs de l'Évangile, et des missionnaires qui sont envoyés aux païens. C'est de cette manière et de bien d'autres encore que l'argent peut être utilisé pour le service du Seigneur.

Le temps est un autre talent qu'il a confié à ses serviteurs. Beaucoup d'entre eux sont obligés d'en employer une grande partie à gagner leur pain; et même en faisant cela, ils peuvent le servir, s'ils sont diligents, honnêtes et industrieux, suivant qu'il le leur a commandé. Mais ils doivent néanmoins consacrer spécialement à son service tous leurs moments de loisir, et saisir avec soin les occasions de lire la Bible, de prier Dieu, d'entendre sa Parole, et de penser à tout ce qu'ils ont lu et entendu. Par la bénédiction du Seigneur, ils apprendront ainsi à l'aimer de plus en plus; ils deviendront plus zélés pour faire sa volonté, et mieux disposés à entrer dans son royaume; ils essaieront aussi d'instruire ceux qui sont encore ignorants de la voie du salut, et leur parleront de l'amour de Christ, afin qu'ils soient conduits à l'aimer aussi. 

Il m'est impossible de vous détailler tous les différents talents que Jésus a donnés à ses serviteurs; mais, en général, toutes les familles ou tous les biens qu'ils possèdent sont des talents qui leur ont été confiés par lui; il en est de même pour tous les hommes. Que nul ne se figure donc que parce qu'il ne fait pas profession d'être serviteur de Christ, il puisse dissiper inutilement les dons de quelque genre que ce soit qu'il a reçus; c'est un devoir imposé à tous d'en user pour la gloire de leur divin bienfaiteur.

Les serviteurs de la parabole ne reçurent pas tous la même somme d'argent; mais il fut donné à «chacun selon son habileté,» et la même chose se voit parmi les serviteurs de Christ. Ainsi quelques-uns ont en partage plus de fortune et plus de loisir, d'autres plus de santé, plus d'intelligence ou plus de mémoire. Néanmoins, comme celui qui n'avait reçu que deux talents négocia aussi bien que celui qui en avait cinq, nul ne doit penser que parce qu'il a été moins bien doué que les autres, cela le dispense de servir le Seigneur. Les enfants aussi ont de petits talents à faire valoir. Ne pouvez-vous, par exemple, épargner quelques sous pour les donner aux pauvres, aux missions, à la Société biblique, ou bien encore pour acheter quelques traités? Si vous aimez réellement le Sauveur, vous trouverez plus de plaisir à dépenser ainsi votre argent qu'à l'employer à des friandises et à des joujoux; et au lieu de consacrer tant de temps à vos jeux, ne pourriez-vous pas lire un peu plus souvent la Bible ou aller entendre un sermon?

Je ne dis pas qu'il ne faille jamais jouer, Dieu n'ordonne point aux enfants d'abandonner leurs amusements quand ils sont innocents, et d'être toujours à lire et à prier; mais je dis que toutes vos heures de loisir ne doivent pas se passer dans les divertissements, et que vous seriez plus gais et plus heureux que vous ne l'êtes si vous en dépensiez quelques-unes pour le service de votre Sauveur. Vous savez lire: eh! bien, n'y a-t-il pas dans vos environs quelque personne âgée, ou aveugle, ou malade, à qui vous puissiez quelquefois lire la Bible ou un traité. Peut-être ces personnes n'ont-elles pas reçu autant d'instruction que vous dans leur jeunesse, elles ne connaissent point la voie du salut, et vous pourriez avoir la joie de la leur apprendre en leur faisant de pieuses lectures. Vous trouveriez aisément encore bien des manières de vous rendre utiles, pour peu que vous voulussiez vous occuper de cette recherche. «Longtemps après le maître de ces serviteurs revint, et il leur fit rendre compte.» Alors chacun des serviteurs rapporta à son maître ce qu'avait produit le talent qui lui avait été confié, et ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même; mais ceux qui avaient fait un bon usage de leur argent ne cherchèrent point à s'en glorifier, car les vrais serviteurs de Christ qui s'emploient fidèlement h son service, ne s'enorgueillissent pas de leurs bonnes œuvres, et sont loin de supposer qu'elles aient mérité une récompense; tandis qu'ils sont dans ce monde, ils ne font pas le bien pour être loués des hommes, ils tâchent, au contraire, de le dérober à leur connaissance.

Mais au jour du jugement, le Sauveur les appellera pour déclarer à la face du monde tout ce qu'ils auront fait pour lui: alors, quelle sera la honte de ceux qui les avaient auparavant tournés en ridicule? Et quel bonheur inondera le cœur des justes, lorsqu'ils se verront publiquement approuvés par leur juge. Sans doute, le péché a été mêlé à leurs meilleures actions, mais il n'en sera plus fait mention parce qu'il aura été effacé et pardonné par Jésus. Le maître dit dans la parabole: «Cela va bien, bon et fidèle serviteur, parce que tu as été fidèle en peu de chose; je t'établirai sur beaucoup, entre dans la joie de ton Seigneur.»

Et si nous lisons du 34e au 40e verset de ce même chapitre, nous y verrons les paroles que le juge adresse à ses fidèles serviteurs. «Mais celui qui n'avait reçu qu'un talent vint, et dit: Seigneur, je savais que tu étais un homme dur, qui moissonnes où tu n'as pas semé, et qui recueilles où tu n'as pas répandu; c'est pourquoi te craignant, je suis allé, et j'ai caché ton talent dans la «terre.»

Peu de personnes ont assez de témérité pour dire hautement que Dieu est un maître dur qui exige plus qu'on ne peut accomplir; mais un grand nombre le pensent dans leur cœur; car tous les hommes sont naturellement opposés à Dieu, comme le dit saint Paul aux Romains: «L'affection de la chair est ennemie de Dieu, et elle ne se soumet pas à la loi de Dieu»; (Rom., VIII, 7).

Le maître n'agréa point ses excuses; il montra au contraire que s'il était en effet un maître aussi dur que son serviteur l'imaginait, celui-ci aurait dû faire d'autant plus d'efforts pour lui plaire. Ceux qui auront refusé d'employer leurs talents au service de Christ seront aussi trouvés sans excuse au jour du jugement, et contraints d'avouer qu'ils méritent la terrible punition qui fondra sur eux. Ils se verront privés de tout ce qu'ils possédaient, et tandis que les honneurs seront multipliés sur les serviteurs fidèles. «Le serviteur inutile sera jeté dans les ténèbres de dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents» (Voyez Matth., XXV, 41—46).

Il y a dans cette parabole deux choses auxquelles les enfants doivent faire bien attention. La première est que le serviteur qui n'avait reçu qu'un talent fut obligé d'en rendre compte aussi bien que ceux qui en avaient davantage; c'est pourquoi quelques faibles et rares que soient les talents donnés en partage à un enfant, Dieu lui en demandera raison tout comme aux grandes personnes; il devra dire quel profit il a tiré des sermons qu'il a entendus, des leçons qu'il a apprises, et de toutes les heures qu'on lui a permis d'employer à son gré. «Les morts petits et grands» comparaîtront tous devant le tribunal de Dieu pour être jugés (Apoc, XX, 12).

La seconde chose que je désire rappeler aux enfants est que le serviteur qui fut jeté dans les ténèbres n'avait point dissipé ou dérobé l'argent que son maître lui avait remis; il l'avait seulement laissé sans emploi. On peut en conclure qu'un enfant n'est point excusable pour n'avoir pas déchiré ou perdu ses livres, ou passé ses heures de loisir a faire des espiègleries, ou causé et ri pendant qu'il était en classe. S'il n'a point fait ces choses, il ne sera sans doute pas puni pour cela; mais il méritera le châtiment, s'il n'a pas fait le meilleur emploi possible de tous les secours que Dieu avait mis a sa portée.

Que les enfants qui, en jetant un regard en arrière, ne peuvent se rendre le témoignage d'avoir fait valoir selon la volonté de Dieu les talents qu'ils ont en partage, s'empressent donc de chercher leur pardon par le sang de Christ, et lui demandent la grâce d'en user désormais pour sa gloire et pour son service.


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