Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLE DU CEP ET DES SARMENTS.

JEAN, XV, 1 -11.

PREMIÈRE PARTIE.


Cep et sarment

Pendant le séjour de notre Seigneur Jésus-Christ sur la terre, il était habituellement entouré d'un petit nombre d'hommes qui prenaient tant de plaisir à écouter ses instructions, qu'on les appela ses disciples ou ses écoliers; ils le suivaient partout où il allait, et quoiqu'ils profitassent de ses leçons avec une extrême lenteur, ils aimaient chèrement leur maître qui leur montra en tout temps une tendre affection. 

Connaissant les souffrances qui l'attendaient, il leur en avait parlé plusieurs fois; mais il ne paraît pas leur en avoir mentionné l'époque jusqu'au moment où elles furent près de s'accomplir (Voyez Matth., XVII, 32, 23; XX, 17—19; XXVI, 2, 45).

La veille du jour où il devait être crucifié, comme il savait n'avoir plus qu'un petit nombre d'heures à passer avec eux, il leur parla de sa mort prochaine plus ouvertement que jamais. La tristesse remplissait leurs cœurs à la pensée qu'ils allaient bientôt le perdre, tandis que par ses douces paroles de consolation, il leur exprimait encore son amour. Les versets que nous allons expliquer font partie de son dernier discours à ses disciples, et rien n'était plus propre à fortifier leurs cœurs que les promesses qui y sont contenues. Dans les moments de grande affliction, il est rare qu'on se trouve l'esprit assez libre pour s'entretenir avec ceux mêmes qu'on aime le plus; mais ici nous voyons Jésus prêt à subir un supplice dont toutes les circonstances trop bien prévues par lui devaient le remplir d'épouvante, et qui cependant oublie ses propres angoisses pour relever le courage de ses disciples.

Mes jeunes lecteurs savent sans doute que le cep de vigne est l'arbre sur lequel croissent les raisins. Les vignes sont fort communes en Judée. Lorsque Moïse étant encore dans le désert envoya douze hommes pour reconnaître le pays de Canaan, et rapporter quelque échantillon des fruits qui y croissaient, ils coupèrent là un sarment de vigne et une grappe de raisin si énorme, qu'il fallut deux hommes pour la transporter avec un levier (Nombres, XIII, 1—23).

Quelques personnes supposent que dans les versets qui nous occupent, Jésus fut amené à parler de la vigne à cause du vin qui était encore sur la table où il venait de célébrer la Pâque (Matth., XXVI, 27—29); d'autres pensent qu'il prononça ces paroles en se rendant au Mont des Oliviers dont le chemin longeait peut-être une vigne, parce qu'il venait de dire: «Levez-vous, partons d'ici» (Jean, XIV, 31).

Dons cette parabole, le Seigneur semble vouloir principalement nous enseigner quelle est l'union qui doit exister entre lui et son peuple, et ce que signifie cette union. La même vérité est représentée sous diverses figures dans le Nouveau-Testament. Ainsi Christ y est dépeint comme étant le chef ou la tête d'un corps dont les fidèles de sou Église sont les membres (1 Cor., XII, 27; Col., I, 18). Il est représenté comme l'époux de son Église (Matth., IX, 15; 2 Cor., XI, 2; Rév., XIX, 7).

En cet endroit, il se compare à un cep. «Je suis le vrai cep.» Les bonnes œuvres sont souvent appelées dans la Bible du nom de bons fruits, et les raisins sont particulièrement mentionnés quand Dieu parle de son Église et de l'obéissance qu'il attend d'elle (Matth., VII, 16; Es., V, 1—7). Mais il est impossible d'avoir des raisins si l'on ne plante préalablement le cep sur lequel ils doivent croître. Ainsi quand Christ dit: «Je suis le vrai cep,» il entend par là que les hommes, étant naturellement pécheurs et portés au mal, ne peuvent faire aucune bonne œuvre, à moins qu'il ne les en ait rendus capables. Il est «le seul Médiateur entre Dieu et les hommes» (l Tim., II, 5). Lui seul peut éloigner la colère de Dieu de dessus les pécheurs, en sorte que leur service lui devienne agréable; seul, il peut aussi ramener le cœur des pécheurs vers Dieu, et les inclinera faire sa volonté. Pour accomplir toutes ces choses, il est venu dans le monde, il a obéi à la loi de Dieu, et il a souffert sur la croix; et c'est en croyant toutes ces choses que les pécheurs deviennent zélés pour le service de Dieu. Jésus ajoute: «Et mon Père est le vigneron.» Effectivement, «Dieu n'a pas envoyé son Fils au monde pour condamner le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui» (Jean, III, J7).

Il se plaît à recevoir les pécheurs repentants dans sa faveur, et il appelle siens ceux que Christ lui a réconciliés (Jean, XIII, 1). Il les évalue à un grand prix comme ses plus précieux joyaux (Mal., III, 17), et il pourvoit continuellement à leurs besoins, avec la vigilance d'un vigneron ou du jardinier qui ne néglige rien pour activer le développement des arbres confiés à ses soins.

Quoique les fidèles qui croient en Jésus puissent seuls prendre plaisir dans le service de Dieu, bien des gens désirent passer pour ses serviteurs, sans l'être réellement. Ils s'imaginent par là qu'ils pourront tromper le juge de tous, ou qu'ils s'acquerront une meilleure réputation en faisant profession de christianisme. Mais à cet égard les paroles ne suffisent pas; et pour mériter le nom de chrétien, il faut en avoir la vie. Le Sauveur disait de cette sorte de personnes: «Vous les connaîtrez à leurs fruits.» 

Elles ne demeureront pas longtemps confondues avec son peuple; car «il retranche tout sarment qui ne porte» pas de fruit en lui.» Elles seront séparées de l'Église de Christ, de cette terre, de peur que leur exemple et leur présence ne soient nuisibles à ceux qui aiment véritablement le Seigneur; en tout cas, leur caractère réel sera découvert au dernier jour, et ces rameaux stériles seront arrachés de l'arbre qui les portait pour être jetés au feu éternel.

Ceux qui sont sincèrement attachés au vrai cep le montrent au-dehors par les bons fruits qu'on observe dans toute leur conduite. Leur grand désir est de plaire à Dieu, et de témoigner combien ils l'aiment en gardant ses commandements. Ainsi les enfants qui ont été unis à Christ deviennent respectueux envers leurs parents, bons et compatissants envers leurs frères et leurs sœurs, et dociles à l'égard de leurs maîtres. Leur amour pour Dieu leur fait prendre plaisir dans son culte; et ils sont prêts à dire au retour de chaque Dimanche: «C'est ici la journée que l'Éternel a faite, égayons-nous, et nous réjouissons en elle» (Ps., CXVIII, 21). Je vous ai dit que c'est seulement en croyant à l'Évangile que les pécheurs peuvent commencer à servir Dieu; en d'autres termes, c'est la foi qui les unit à Christ le vrai cep; et la foi n'est pas un mot qu'un petit enfant ne puisse comprendre. Vous croyez votre mère quand elle vous dit que votre dîner sera prêt à votre retour de l'école. Vous croyez votre père quand il vous promet de vous faire faire une promenade à votre premier jour de congé. Cela s'appelle avoir foi en vos parents. 


Eh bien! si vous croyez la Parole de Dieu quand il vous dit: «Lorsque nous étions encore sans force, Christ est mort en son temps pour nous qui étions des méchants» (Rom., V, 6); «Jésus nous délivre de la» colère à venir» (1 Thess., I, 10); «Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est en son Fils (l) (1 Jean, V, 11)»; alors vous aurez la foi en votre Père céleste et en son Fils Jésus-Christ. Par elle vous serez uni à votre Sauveur; vous sentirez que vous êtes intéressé dans tout ce qu'il a dit, fait et souffert sur la terre et dans tout ce qu'il fait actuellement dans le ciel; et en croyant qu'il peut vous sauver du péché et de ses fatales conséquences, vous l'aimerez de tout votre cœur. I1 prend plaisir à voir qu'un petit enfant remette son âme entre ses mains, et l'aime comme son meilleur ami (Prov., VIII, 17). Aussi n'oublie-t-il jamais même pour un moment les plus jeunes ou les plus faibles de ses disciples; il les garde à l'abri du danger, et il ressent toutes leurs peines comme s'il les éprouvait lui-même (Matth. XXV, 42—45; Actes, IX, 1—5). Il les fortifie par son Esprit pour leur faire porter des fruits de justice, précisément comme les branches d'un arbre reçoivent leur fraîcheur et leur fertilité de la sève qui monte de la racine.

Maintenant, mes chers enfants, rappelez-vous que cette foi dont je vous ai démontré l'excellence, est un don de Dieu, et que vos cœurs de péché ne sont point naturellement portés à croire ce que Dieu dit. Priez donc pour l'obtenir, et que l'abondante miséricorde du Père daigne la répandre sur chaque enfant qui me lit.
(
Mes lecteurs ne doivent pas supposer que je les engage à croire ces passages de l'Écriture préférablement à d'autres. La Bible tout entière déclare les mêmes vérités à l'égard de Christ, et il est impossible d'en croire une portion sans croire le tout.)

Les personnes qui sont unies à Christ, et qui le montrent par leur vie, ne sont cependant point aussi fertiles en bonnes œuvres qu'elles voudraient l'être, et Dieu, le céleste vigneron, cherche à les faire abonder toujours plus en toute bonne parole et en toute bonne œuvre; non qu'il ait besoin de leurs services, mais c'est pour leur propre avantage, afin «qu'ils soient remplis par Jésus-Christ des fruits de justice qui servent, à la gloire et à la louange de Dieu» (Philip., I, 11).

Il est dit au verset 2: «Il retranche tout sarment qui ne porte point de fruit en moi, et il émonde celui qui porte du fruit, afin qu'il porte plus de fruits.» Un prudent jardinier enlève de dessus l'arbre confié à ses soins tous les insectes nuisibles, ainsi que les feuilles et les rejetons, et Dieu en use de même pour enlever les racines de péché qui restent chez son peuple; l'affliction est souvent le moyen qu'il emploie pour parvenir à ce but (Es., XXVII, 8, 9).

Un enfant peut être surpris, que Dieu afflige son peuple parce qu'il l'aime; car tout «châtiment semble d'abord un sujet de tristesse et non pas de joie; mais il fait ensuite recueillir un fruit paisible de justice à ceux qui ont été ainsi exercés» (Hébr., XII, 11). 

Ce n'est pas que l'affliction par elle-même serve à nous rendre meilleurs; mais «nous savons que toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu» (Rom., VIII, 28), et que le Saint-Esprit est particulièrement promis à ceux qui sont sous l'épreuve (Job, XXXIII, 19—26).

Les chrétiens ont toujours trouvé que l'affliction était bénie pour leurs âmes (Ps., CXIX, 67, 71). Elle les conduit à reconnaître ce qu'il y a de détestable dans le péché qui est la racine de tous les maux, et elle leur montre la vanité des biens de la terre: elle leur fait sentir plus que toute autre chose que Christ leur est précieux, que le seul repos véritable est dans les cieux, et que leur Père céleste est aussi le Dieu de consolation (2 Cor., I, 3—5).Elle les rend ainsi plus zélés pour son service et plus détachés des objets terrestres.

Quand l'affliction est ainsi sanctifiée, elle tend surtout à perfectionner ces dispositions aimables que l'Ecriture Sainte appelle «les fruits de l'Esprit.» L'apôtre Paul, qui avait essuyé bien des traverses, en parlait ainsi: «Nous nous glorifions même dans les afflictions, sachant que l'affliction produit la patience, la patience, l'épreuve, et l'épreuve, l'espérance» (Rom., V, 3, 4. Voyez aussi Gal., V, 23, 24; Jacques , 1, 2—4).

Mes chers enfants, Dieu vous a-t-il affligés dès les premières années de votre jeunesse? Oh! tournez-vous vers celui qui vous frappe; invoquez-le au plus fort de votre détresse, et «il vous fera grâce dès qu'il aura» ouï votre cri (Es., XXX, 19). Il fera tourner ses châtiments à votre profit, afin que vous deveniez participants de sa sainteté (Hébr., XII, 10), et alors vous saurez qu'il est bon à l'homme «de porter le joug dès sa jeunesse» (Lam., III, 27). 

Après avoir dépeint le céleste vigneron, comme émondant les sarments fertiles de ses ceps, le Sauveur ajouta (v. 3): «Vous êtes déjà nets à cause de la Parole que je vous ai annoncée». Dans le cours de cette triste et solennelle soirée, en priant pour ses disciples, il disait: «Sanctifie-les par ta vérité, ta Parole est la vérité

Emonder au chap. XV, 2, et sanctifier, dans le chap. XVII, 17, signifient la même chose; sanctifier, c'est rendre saint; et c'est la foi à la parole de Jésus qui porte à détester le péché et à aimer la sainteté: le fidèle éprouve le besoin de la lire et de la méditer de plus en plus, afin de faire de continuels progrès dans la sainteté. On lit au Ps. CXIX, v. 9, ce passage qui concerne les jeunes gens: «Par quel moyen le jeune homme rendra-t-il sa voie pure? c'est en y prenant garde, selon ta Parole.»

Purifier votre voie, c'est vous garder de pécher contre Dieu, car le péché lui est tellement odieux, qu'il le compare aux plus abominables souillures (Ps. XIV, 3; Prov. XXX, 12, etc.), et sa Parole nous est représentée comme le moyen le plus efficace de nous en préserver (Ps. XVII, 4; Actes, XX, 32, etc.) Oh! mes chers enfants, comprenez donc le prix inestimable de la Bible, et ne regardez pas comme une tâche de la lire ou d'en apprendre par cœur des portions; rappelez-vous aussi qu'elle ne peut vous sanctifier, si vous ne croyez pas ce qu'elle contient; cherchez donc à obtenir cette «précieuse foi» qui fut le partage des disciples de Christ (Voyez 2 Pier.,1,1).

Au verset 4, le Sauveur dit: «Demeurez en moi, et je demeurerai en vous.» Prêt à retourner au ciel, où ses disciples ne pouvaient le suivre, il les assurait, pour les consoler, qu'il leur resterait toujours uni, et qu'ils trouveraient toujours en lui cet intérêt et cet amour auquel il les avait accoutumés pendant son séjour sur la terre. Dès lors, beaucoup de ses disciples, qui ne l'ont jamais vu, ont fait cette douce expérience en croyant aux promesses de la Bible; et combien il est réjouissant de penser que même au sein de la gloire et du bonheur céleste, il n'oublie pas un de ses plus chétifs serviteurs sur cette terre. Il est même si près d'eux en tout temps, qu'il daigne se représenter comme habitant en eux ( Eph., III, 17; 1 Jean, IV, 13). Il connaît donc tous leurs besoins et peut toujours y subvenir. — Toute leur sûreté et toute leur joie est donc de se confier en lui; il est dit d'eux qu'ils marchent par la foi, c'est-à-dire qu'ils avancent pas à pas dans la vie en regardant toujours à Jésus et en attendant tout de sa grâce.

Peut-être vous rappelez-vous un temps où votre instituteur et vos parents vous parlaient avec affection du danger où vous êtes comme pécheur, ainsi que de l'amour de Christ et de sa bonne volonté pour vous sauver. Vous pensâtes alors sérieusement à ces choses, vous aviez peur d'aller en enfer et vous admiriez la bonté que Jésus a manifestée en mourant pour votre salut; vous demandâtes que vos péchés vous fussent pardonnés pour l'amour de lui, et vous voulûtes essayer de n'y plus retomber. Pendant quelques jours, en effet, vous devîntes plus attentifs à vos devoirs et vous trouvâtes réellement du plaisir à vos exercices religieux; mais, par degrés, vous vîntes à vous relâcher, vous abandonnâtes une chose après l'autre, et maintenant vous n'avez plus aucun désir de plaire à Dieu. Tout cela est survenu parce que vous ne demeurez pas en Christ, car il dit ici (verset 4): «Comme le sarment ne saurait de lui» même porter du fruit s'il ne demeure attaché au » cep, vous ne le pouvez pas non plus si vous ne» demeurez en moi.» Si tel est votre cas, alors écoutez sérieusement ce qui me reste à vous dire en développant le verset 6.


DEUXIÈME PARTIE.


Au verset 5, le Sauveur donne des encouragements à ses disciples, en leur disant: «Je suis le cep et vous en êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruits; car hors de moi, vous ne pouvez rien produire.»

Semblable à la racine d'un arbre profondément caché dans la terre, il devait bientôt être voilé à la vue des hommes, et l'on pouvait croire que privés de sa présence, ses disciples resteraient isolés comme des rameaux dispersés sur la terre. Mais non, ils allaient bientôt lui être unis de nouveau et devenir capables de porter des fruits, selon qu'ils croiraient à sa Parole:  c'est ce qu'éprouvent encore tous les fidèles qui cherchent en Jésus la grâce et le secours. «Ils vont avec assurance au trône de la grâce, afin d'obtenir miséricorde pour être secourus dans le temps convenable» (Hébr., IV, 16). Cela ne signifie pas qu'ils soient toujours à genoux, répétant des paroles de prières; ils peuvent souvent prier en leurs cœurs sans prononcer aucun mot, et au milieu de leurs occupations les plus actives, Christ connaît que leurs pensées sont constamment fixées sur lui. Comme la sève entretient la fraîcheur des arbres, ainsi l'esprit de Dieu est communiqué aux croyants, selon la promesse de Christ, pour leur rappeler sa Parole et leur enseignera faire sa volonté.

L'exemple qu'il leur a laissé leur montre aussi comment ils doivent agir dans les diverses circonstances de la vie. S'ils sont dans le cas d'instruire ceux qui ne connaissent pas Dieu, ils doivent se rappeler avec quelle patience Jésus s'adressait aux ignorants, avec quelle bonté il répondait à leurs questions et supportait la dureté de leur cœur. S'ils sont entourés de personnes pauvres ou malades, qu'ils se souviennent des compassions que déployait le Sauveur du monde pour soulager ceux qui souffraient de la faim, de la soif ou de quelques autres maux. Mais tout en s'efforçant d'abonder en toute bonne œuvre, ils doivent conserver l'humilité; s'ils se confient un moment dans leurs bonnes résolutions ou dans leurs bonnes habitudes, ils échoueront, car «hors de Christ, ils ne peuvent rien faire»; et au contraire, plus ils se tiendront unis au vrai cep, plus ils deviendront fidèles, parce que sentant toujours davantage leur propre faiblesse, ils auront appris à se confier entièrement en lui. 

Au verset 6, le Sauveur décrit la condition de ceux qui ne demeurent pas en lui. Un sarment séparé du cep ne peut servir à aucun usage, et n'est bon qu'à être brûlé: ainsi, ceux qui se séparent du vrai cep seront recueillis pour être «jetés dans la fournaise de feu, où il y a des pleurs et des grincements de dents.»

Mais que nul ne se persuade qu'il est en sûreté, parce qu'il a une fois éprouvé du plaisir en entendant parler de Christ, et qu'il a paru occupé de bonnes œuvres. Bien des branches ont séché et ont été brûlées qui, un jour, étaient couvertes de verdure et de fruits. C'est pourquoi, si vous ne portez pas des fruits de justice, vous n'avez aucune raison de penser que vous appartenez à Christ. L'apôtre Paul, après avoir été longtemps une branche fertile du vrai cep, ne mettait point sa confiance dans sa conduite passée; mais son pressant désir était «d'être trouvé en Christ, ayant, non point sa propre justice, qui était de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ» (Philip., III, 9, 12, 13). «Ceux qui persévéreront jusqu'à la fin seront seuls sauvés» (Matth., XXIV, 13). Et «déjà la cognée est mise à la racine des arbres; c'est pourquoi tout arbre qui ne fait point de bon fruit s'en va être coupé et jeté au feu» (Matth., III, 10).

Au verset 7, le Sauveur fait une promesse particulière à ceux qui demeurent en lui: «Demandez tout ce que vous voudrez, et il vous sera fait.» Il leur est permis d'exposer à Dieu tous leurs besoins et tous leurs désirs, et le Seigneur assure qu'il entend leurs prières et qu'il y répondra (Philip., IV, 6; Ésaïe, LV, 24).

La prière n'est pas pour eux une tâche; quand ils prient, c'est avec la confiance d'un enfant qui demande du pain à sa mère; ils se rappellent que leur Père céleste sait ce qui leur est bon, qu'il ne manque aucun bien à ceux qui marchent dans l'intégrité, et ils ont soin de ne rien demander qu'il pût désapprouver. Combien sont donc heureux les enfants qui demeurent en Christ! ils n'ont rien à craindre, même quand leurs parents viendraient à leur être enlevés ou à perdre leurs biens, car la piété a les promesses de la vie présente et de celle qui est à venir» (1 Tim., IV, 8).

Nous lisons au verset 8: «En ceci, mon Père est glorifié que vous portiez beaucoup de fruits, et alors vous serez mes disciples.» Les ennemis de Christ, qui avaient refusé de croire qu'il fût le Fils de Dieu, méprisaient ses disciples et s'attendaient à ce qu'après la mort de leur maître ils oublieraient bientôt ses instructions; mais, au lieu de cela, ils devinrent toujours plus courageux et plus actifs à répandre sa doctrine, même quand ils étaient le plus cruellement traités. (Actes, IV, 19, 20; V, 17—32). Ils étaient toujours prêts à confesser que la grâce de Dieu était le seul principe de leur zèle et de leur sainteté, et c'est ainsi que «par leurs bonnes œuvres ils glorifiaient leur Père, qui est dans les cieux» (Matth., V, 16).

À mesure que nous avançons dans l'examen de cet admirable discours d'adieu, nous sommes plus frappés de la tendre affection de notre Sauveur pour ses disciples, et de son anxiété à les assurer que son amour pour eux serait toujours le même après qu'il les aurait quittés. Au verset 9, il compare cet amour à celui de son Père envers lui, puis il leur demande de continuer aussi à l'aimer et de contempler avec joie la perspective de son retour. Prêt à s'asseoir à la droite de Dieu, pour y être adoré comme le Roi des rois et comme le Seigneur des seigneurs, Jésus daignait mettre du prix à ce que le cœur de ses disciples ne se détournât pas de lui; et il venait justement d'établir une ordonnance qui devait être observée dans tous les âges en mémoire de sa mort et de son sacrifice (1 Cor., XI, 23—26).

De plus, il leur indique la manière dont ils pourront lui témoigner leur amour en son absence, c'est en gardant ses commandements; et il promet, au verset 10, que tant qu'ils persévéreront dans cette conduite, il continuera de les aimer; ils ne devront donc jamais supposer qu'ils travaillent en vain ou que leur Maître soit indifférent au service qu'ils lui rendent. Maintenant, si quelqu'un de mes jeunes lecteurs désire savoir s'il peut se considérer comme un sarment du vrai cep, ce dernier verset l'aidera dans cette recherche, ainsi que ceux qui se lisent aux chap. XIV, 15—23 et XV, 14.

N'avez-vous jamais eu quelque cher ami qu'une grande distance ait pour longtemps éloigné de vous? Pensez-vous alors aux avis et aux instructions qu'il vous avait donnés? Vous vous réjouissiez en pensant qu'à son retour il approuverait ce que vous auriez fait en son absence? Eh bien! éprouvez-vous le même plaisir à faire la volonté de Jésus? Vous demandez-vous souvent: «Que puis-je faire pour plaire à mon Sauveur? «Vous efforcez-vous de vous conduire toujours de telle manière qu'il puisse dire de vous: «Cela va bien, bon et fidèle serviteur» (Matthieu, XXV, 23, et aussi 34, 40).

Si tel est effectivement votre désir, vous trouverez une douce satisfaction dans la pensée que du haut du ciel il regarde sur vous et accepte vos moindres efforts. Vous n'êtes, il est vrai, qu'un enfant, et ce que vous pouvez faire pour Christ serait à peine remarqué par les hommes; cependant si vous l'aimez réellement, et qu'à cause de lui vous obéissiez à vos pareils et que vous soyiez attentif à remplir vos devoirs, vous gardez ses commandements et demeurez dans son amour. Mais si vous ne prenez point plaisir dans son obéissance, rappelez-vous qu'il a dit que c'est «celui qui ne l'aime pas, qui ne garde point ses paroles» (Jean , XIV, 24). Et songez à cette terrible déclaration: «Si quelqu'un n'aime point le Seigneur Jésus, qu'il soit anathème, Maranatha»; c'est-à-dire: «Qu'il soit maudit quand le Seigneur paraîtra» (1 Cor., XVI, 22).

Au verset 11, le Sauveur donne la raison pour laquelle il a exposé ces choses à ses disciples: c'est pour qu'en croyant à sa Parole, ils continuent à lui causer de la joie par leur obéissance et par leur sainteté; c'est aussi pour qu'ils puissent se réjouir eux-mêmes au milieu des tribulations qui les attendent. Il leur en parle aux versets 18—23, et encore au chap. XVI, 33, en disant: «Vous aurez des afflictions au monde, mais ayez bon courage, j'ai vaincu le monde.» Sans le verset que nous méditons, il parle de leur joie comme devant être «parfaite», même au milieu de ce monde d'épreuve.

Hélas! combien de gens se trompent sur ce qui donne une joie véritable; combien s'imaginent pouvoir la trouver, tout en ne croyant pas à la parole de Christ et en demeurant dans un état de révolte contre Dieu. Les uns se réjouissent, parce qu'ils ont abondance des biens de cette vie; d'autres, parce qu'ils voient leurs enfants gais et bien portants; d'autres encore, parce qu'ils sont jeunes, pleins de santé et exempts de soucis. Mais aucune de ces joies-là ne peut être appelée «parfaite»: toujours elles laissent entrée dans l'âme à quelque autre désir; et d'ailleurs, elles sont de bien courte durée. L'homme riche peut perdre ses trésors et avec eux la source de ses joies; les enfants peuvent venir à mourir et les parents rester ainsi privés de tout ce qui faisait leur bonheur; les jeunes gens les plus gais et les plus robustes atteindront bientôt les années dont ils diront: «Je n'y prends plus de plaisir» (Ecclés., XII, 1).

Mais ni la pauvreté, ni le deuil, ni la maladie, ne peuvent rien enlever aux joies du chrétien; «il se glorifie même dans les afflictions» (Rom., V, 3). C'est sa foi dans les promesses de Christ qui le rend joyeux, il sait que «Jésus» Christ a été le même hier et aujourd'hui, et qu'il l'est aussi éternellement» (Hébr., XIII, 8). «Le ciel et la terre passeront, mais ses paroles ne passeront point» (Marc, XIII, 21). 

A-t-il perdu les objets de ses affections? «Jésus est un ami qui aime» en tout temps» (Prov. XVII, 17). Est-il privé de ses biens? Il est assuré d'avoir «un héritage incorruptible que rien ne peut souiller, ni flétrir, et qui est conservé dans les cieux pour ceux qui sont gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour obtenir le salut» (1 Pier., 1, 45).

Si le disciple de Christ a de tels sujets de joie dès cette terre, que sera-ce quand elles seront réalisées pour lui dans le ciel; ces bénédictions peuvent être obtenues par tout pécheur qui croit sincèrement en Christ; et quel bonheur ne serait-ce pas si tous ceux qui lisent ce petit ouvrage écoutaient la voix du Sauveur et croyaient à sa Parole! Alors sa joie demeurerait en eux et cette joie serait rendue parfaite; alors «ils seraient au nombre de ces rachetés dont l'Éternel aura payé la rançon, qui retourneront et viendront en Sion avec chant de triomphe. Une joie éternelle sera sur leur tête; ils obtiendront la joie et l'allégresse: la douleur et le gémissement s'enfuiront» (Ésaïe, XXXV, 10).


FIN.


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