Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLE DES MÉCHANTS VIGNERONS.

MATTHIEU, XXI, 33 A LA FIN.


Méchants vignerons

«Il y avait un Père de famille qui planta une vigne, l'environna d'une haie et y creusa un pressoir. La Judée est un pays de grands vignobles dont les raisins produisent beaucoup de vin: le pressoir est le lieu où on les rassemble lorsqu'ils sont mûrs; on les écrase afin d'en exprimer le jus, et ce jus fermenté devient du vin. La tour que bâtit le père de famille devait servir d'habitation à ses vignerons ou tout au moins d'abri pour surveiller les vignes pendant la nuit. Après la leur avoir louée, il s'en alla dans un pays éloigné; puis quand la saison des fruits fut proche, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour en recevoir les fruits. La vigne était la propriété du père de famille, il l'avait seulement remise aux vignerons pour la cultiver et en prendre soin; il avait donc un droit légitime sur les fruits qu'on y recueillait; mais au lieu de les lui envoyer, les vignerons battirent, assommèrent et tuèrent les serviteurs qui étaient chargés de les recevoir. Le père de famille ayant appris le mauvais traitement qu'avaient souffert ses envoyés, se décida à députer vers eux son fils unique, dans l'espoir qu'ils feraient droit à ses justes réclamations. «Mais les vignerons dirent» entre eux, celui-ci est l'héritier», c'est-à-dire celui à qui la vigne appartiendra après la mort de son père; et afin de pouvoir s'emparer de sa propriété sans aucun obstacle», l'ayant saisi, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.»

La vigne, dans cette parabole, représente la nation juive. Dieu l'avait choisie entre toute la terre pour en faire son peuple particulier; il l'avait planté ou placé dans le pays de Canaan; il lui avait donné sa divine Parole, un temple où son culte devait être continuellement célébré, et lui avait promis de le protéger et de le bénir en tout temps, s'il persistait dans l'obéissance; car ces nombreuses grâces spirituelles avaient pour but de le rendre abondant en bonnes œuvres. Les prêtres et les docteurs étaient préposés comme des vignerons pour surveiller le peuple, et empêcher qu'il n'abandonnât le service et l'adoration de Dieu pour s'attacher au culte des idoles, et Dieu n'avait cessé de se manifester à son peuple en opérant de grands miracles parmi eux.

Quand ils sortirent d'Égypte pour entrer dans le pays de Canaan, il partagea la Mer Rouge pour la leur faire traverser à pied sec (Exode, XIV, 15—31).
Il les conduisait en marchant devant eux, le jour dans une colonne de nuée, et la nuit dans une colonne de feu (Psaume, LXXVIII, 14).
Quand il leur donna sa loi sur le Mont Sinaï, il descendit au milieu des éclairs, des tonnerres et du son des trompettes (Exode, XIX, 16—20).
Quand le peuple passa la rivière du Jourdain qu'il fallait traverser pour entrer dans la terre de Canaan, Dieu écarta les eaux devant eux (Jos., III, 14—17); et il accomplit encore bien d'autres merveilles en leur faveur (voyez Josué, VI, X, 12—14).

Mais tout comme le père de famille se retira dans un pays éloigné après avoir planté sa vigne, Dieu ne jugea plus nécessaire de donner aux Juifs des preuves aussi miraculeuses de sa présence et de la force de son bras quand ils furent établis dans le pays de Canaan. Alors, «ils mirent bientôt en oubli ses exploits et les merveilles qu'il leur avait fait voir» (Ps., LXXVIII, 11). Le peuple retombait constamment dans l'idolâtrie, et trop souvent leurs rois et leurs prêtres, au lieu de les en détourner, les y encourageaient par leur exemple. La Parole sainte était négligée, la loi méconnue, et un fort petit nombre de personnes retenaient la vraie religion. Dieu leur envoya ses serviteurs à diverses reprises pour réclamer d'eux les bons fruits qu'il en attendait. Ces saints hommes portaient le nom de prophètes: ils parlaient aux Juifs du Sauveur qui devait venir, et du bonheur dont ils pourraient jouir en servant fidèlement l'Éternel; ils leur rappelaient aussi ses bienfaits sans nombre et le droit de propriété qu'il avait sur eux; mais au lieu d'écouter ces prophètes et de se repentir de leur méchanceté, les Juifs leur firent subir le même traitement que les vignerons avaient infligé aux serviteurs du père de famille.

Enfin Dieu leur envoya son Fils unique et bien-aimé pour leur révéler plus complètement sa volonté, pour les avertir des jugements qui fondraient sur eux s'ils persévéraient dans leur rébellion, et pour leur déclarer sa miséricorde avec la plénitude de son pardon, s'ils se repentaient et revenaient à lui. Mais les Juifs et leurs conducteurs le traitèrent plus indignement encore qu'ils n'avaient traité les prophètes qui l'avaient précédé. Ils n'eurent aucun égard à ses enseignements et à ses invitations; et après l'avoir fait saisir à main armée, ils le mirent hors de Jérusalem et le clouèrent sur la croix. Quelques personnes qui l'aimaient et croyaient en lui, s'étaient déclarées ses disciples, mais c'était un fort petit nombre; elles ne pouvaient d'ailleurs s'opposer à la haine des chefs et des prêtres auxquels Jésus adressa cette parabole, connaissant leur dessein de le mettre à mort, qui bientôt en effet reçut son exécution. Puis, il leur demanda ce qu'ils pensaient que le maître de la vigne dut faire à ces méchants vignerons à son retour, et ils répondirent: «Il les fera périr malheureusement comme des méchants, et louera sa vigne à d'autres vignerons qui lui en rendront les fruits dans leur saison.»

Les prêtres et les Pharisiens ne pouvaient s'empêcher de reconnaître combien la conduite des vignerons aurait été cruelle et insensée, et combien il serait absurde de s'attendre à ce que la vigne leur fût conservée après qu'ils avaient tué le fils de leur maître. Mais tout en répondant avec sagesse à la question du Seigneur Jésus, ils ne voyaient pas qu'ils agissaient eux-mêmes aussi follement que les vignerons. C'est pourquoi le Sauveur ajouta: «Et moi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté, et qu'il sera donné à une nation qui en rendra les fruits.» 

Le royaume de Dieu signifie ici la Parole et le service de Dieu, sa faveur et sa présence, et tous les moyens d'instruction religieuse dont les Juifs avaient joui. En effet, bientôt après qu'ils eurent mis à mort le Sauveur, toutes ces choses leur furent retirées. Jérusalem et le temple furent détruits; les Juifs furent dispersés par toute la terre, sans que dès lors aucun prophète ait été suscité parmi eux; la parole de Dieu fut portée par les saints hommes à ces contrées qui ne l'avaient point connue auparavant, partout se trouvèrent des multitudes qui la reçurent avec joie, rendirent du fruit à la louange de Dieu en faisant sa volonté.

Vous pensez sans doute, mes chers lecteurs, que les Juifs aussi bien que leurs chefs s'étaient fort mal conduits, et que Dieu ne les a pas punis plus qu'ils ne le méritaient; mais laissez-moi vous rappeler que vous avez reçu de plus grands privilèges qu'eux, et que si vous ne portez pas de fruits dans la saison convenable, Dieu peut aussi vous enlever tous les avantages religieux dont vous jouissez. Une maladie ou un accident peuvent vous ôter les moyens de vous rendre au temple. Vos parents ou vos instituteurs pieux peuvent vous être ravis par la mort, et vous laisser seuls sans personne qui prenne intérêt à vos âmes, ou bien encore il se pourrait que vous allassiez habiter quelque pays lointain où vous n'entendriez jamais parler des choses du salut; peut-être jusqu'à présent leur avez-vous attribué peu d'importance, peut-être quand on vous en entretenait, disiez-vous: «Oh! que de travail!» (Mal., I, 13). Mais vous ne parleriez pas ainsi, si vous étiez sûrs que vous entendez l'Évangile pour la dernière fois; et qui peut vous répondre que cela ne soit pas? Même aujourd'hui, tandis que vous lisez ce petit livre, voici peut-être la dernière fois que votre attention est attirée sur les vérités divines.

Vous avez entendu parler des pauvres enfants païens qui ont appris à se prosterner devant le bois et la pierre, et à faire un grand nombre de choses condamnables; mais on vous a dit aussi que de pieux missionnaires ont été leur enseigner à connaître le «seul vrai Dieu et Jésus-Christ qu'il a envoyé.» Quelques-uns de ces pauvres idolâtres ont commencé à tourner leur cœur vers ce Sauveur qu'on vous a dès longtemps fait connaître, et dont jusqu'à ces dernières années, eux, ignoraient l'existence. Même là où les parents ont continué à.adorer des idoles, plusieurs enfants se sont refusés à les imiter, et ils ont persévéré dans leur refus, malgré la colère de leurs pères qui menaçaient de les chasser de leurs maisons. Maintenant si vous ne retirez pas des nombreux secours dont vous êtes entourés, autant de profit que le font les petits Indiens et Africains du peu d'instruction qu'ils ont reçue, malgré tout ce qu'ils sont exposés à souffrir, vous ne devriez pas être surpris quand Dieu vous ôterait vos Bibles, vos ministres, vos parents pieux et éclairés, et vous laisserait cheminer dans «la route large qui conduit à la perdition

Le Sauveur dit un jour aux Juifs qu'ils en verraient venir plusieurs «de l'Orient et de l'Occident, du Septentrion et du Midi qui seraient à table dans le royaume de Dieu, tandis qu'eux-mêmes seraient jetés dehors» (Luc, XIII, 28, 29); et la même chose pourra se dire de vous, si vous refusez de rendre les fruits que Dieu vous demande.

Le Sauveur pleura sur Jérusalem en disant: «Oh! si du moins tu avais connu en ce jour qui t'est donné les choses qui appartiennent à ta paix! Mais maintenant elles sont cachées à tes yeux» (Luc, XIX, 42): Soyez certains que pendant que vous vous éloignez de lui, il regarde avec pitié et compassion l'indifférence que vous apportez à votre bonheur présent et éternel; vous considérez comme des barbares les hommes qui saisirent le Fils unique du Père de famille, le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent; mais votre cœur n'est pas moins endurci que le leur, tant que vous repoussez celui dont l'amour pour les pécheurs a été plus fort que la mort.


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