Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLE DES OUVRIERS ENVOYÉS DANS LA VIGNE.

MATTHIEU, XX, 1—16.


Ouvriers dans la vigne

Voici une parabole que mes jeunes lecteurs pourront, j'espère, comprendre facilement. Un père de famille, dans le langage de la Bible, signifie non seulement le chef de sa propre maison, mais encore un homme qui possède des terres. C'est la coutume en divers pays que les gens qui manquent d'ouvrage se rassemblent sur la place du marché pour attendre qu'on vienne les engager. Ce père de famille promit à ces ouvriers de leur donner un denier par jour. Cela vous semble un bien petit gage, mais le denier des contrées d'Orient vaut 15 sols de votre monnaie. Il sortit à neuf heures du matin, à midi, à trois heures et encore vers cinq heures du soir, et chaque fois il engagea ceux qui étaient dans la place sans rien faire; il ne leur dit pas combien il leur donnerait, mais seulement qu'ils recevraient un paiement raisonnable. Quand le soir fut venu, le maître de la vigne ordonna à ses intendants de payer les ouvriers en commençant par les derniers venus. L'intendant lui obéit et donna à chacun le même salaire. Alors ceux qui avaient travaillé tout le jour commencèrent à murmurer, car ils disaient que si ceux qui n'avaient travaillé qu'une heure dans la vigne recevaient un denier, eux avaient droit à une plus forte paie. Mais le père de famille leur fit sentir qu'ils se plaignaient à tort, puisqu'ils étaient convenus de travailler pour un denier par jour, ce qui était le taux ordinaire des gages. Il est vrai que les autres n'avaient pas dû s'attendre à recevoir autant; c'était un effet de sa bonté de les avoir ainsi traités, mais l'argent était à lui, et il lui était bien permis d'en disposer selon son gré.

Vous savez que Dieu est le souverain Maître de ce monde et de toutes les choses qu'il renferme. Il ordonne tout par sa volonté et ne fait rien qui ne soit juste et bon. Si donc vous voyez d'autres enfants avoir de plus beaux vêtements, une maison plus agréable ou de meilleurs amis que vous, ne murmurez point et ne pensez pas que Dieu vous traite injustement. Rappelez-vous que ni vos camarades, ni vous, ne méritez rien de lui; que tout ce que vous avez est un pur don de la bonté de Dieu, et que puisque tout lui appartient, il a le droit de le distribuer comme il lui plaît.

Les différentes heures du jour dont il est parlé ici, semblent se rapporter aux différentes époques de la vie.
Tant qu'on est jeune, on est dans le matin de la vie; vous y êtes maintenant, mes enfants, et Dieu vous invite à travailler pour lui, comme le père de famille y invitait ses ouvriers. Peut-être dites-vous: «Quel travail pouvons-nous faire pour Dieu?»
Cette même question fut adressée à Jésus, par quelques Juifs, pendant qu'il était sur la terre, en lui disant: «Que ferons-nous pour faire l'œuvre de Dieu»? et notre Sauveur répondit: «C'est ici l'œuvre de Dieu que vous croyez en celui qu'il a envoyé» (Jean, VI, 28, 29).
C'est, en effet, la première chose que Dieu demande de vous; tant que vous ne la ferez pas, vous montrerez que vous n'avez aucun désir de plaire à Dieu, et il ne pourra agréer vos services. Mais si une fois vous croyez réellement que «Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle»; et que Jésus-Christ a aimé les pauvres pécheurs jusqu'à mourir sur la croix pour eux, tandis que sans ce miracle de bonté nous aurions été perdus pour jamais; je dis que si vous croyez réellement ces choses, vous aimerez Dieu tellement, que tout votre bonheur sera de le servir.

Peut-être pensez-vous que vous avez encore de longues années à vivre; mais vous pouvez vous tromper, et d'ailleurs, quand vous devriez vivre longtemps, vous ne regretteriez jamais d'avoir commencé à servir Dieu dès votre jeunesse. Il n'est pas seulement un maître, mais un bon et tendre père pour ses serviteurs: il ne les laisse jamais manquer de ce qui peut leur être vraiment avantageux, et tout ce qu'il leur commande est pour leur bonheur. David, cet éminent serviteur de Dieu, disait: «Il y a un grand salaire dans l'observation de tes commandements» (P5. XIX, 11).

Dieu fait pour ses serviteurs ce que ne pourrait faire le meilleur des maîtres sur la terre; il leur donne des forces proportionnées à leur travail; si quelquefois ils sont fatigués de «porter le poids et la chaleur du jour», il les encourage à poursuivre leur tâche, jusqu'à ce que, «comme des mercenaires, ils aient achevé leur journée» (Job, XIV, 6), en leur montrant «ce repos» qui reste dans le ciel pour eux, en sorte qu'au lieu de craindre la pensée de la mort, ils l'attendent avec cette joie qui remplit le cœur de l'ouvrier lorsque, le soir, il quitte ses travaux pour aller recevoir son salaire. Les serviteurs de Dieu savent cependant que rien de ce qu'ils ont fait ne mérite le ciel; aussi sont-ils loin de le demander dans le même sens où l'ouvrier demande le prix de son travail. Mais Jésus-Christ, qui par sa mort les a sauvés de l'enfer, a obtenu aussi pour eux le bonheur du ciel par sa parfaite obéissance à la loi de Dieu. Supposez qu'un ami vous eût rendu un éminent service, vous croiriez ne pouvoir jamais faire assez pour lui en retour, et vous saisiriez toutes les occasions de lui prouver votre reconnaissance, sans prétendre à pouvoir lui payer tout ce que vous en avez reçu; il se pourrait encore que cet ami fût assez bon pour vous accorder des bienfaits de plus, en récompense de l'affection que vous lui témoignez. Eh bien! cela peut vous aider à comprendre sur quoi repose l'attente des serviteurs de Dieu quant à la possession du ciel, c'est uniquement sur l'offrande expiatoire de Christ; mais s'ils sont diligents à servir Dieu, c'est que profondément touchés du don qu'il leur a fait de son Fils, ils cherchent tous les moyens de lui montrer leur reconnaissance et leur amour, et ce Maître miséricordieux daigne promettre que toute œuvre faite par de tels motifs sera à la fin récompensée.

Vous vous souvenez qu'il est parlé dans la parabole de quelques personnes qui restaient tout le jour sans rien faire. Mais ceux qui ne commencent pas à servir Dieu dès leur jeunesse sont pires que des paresseux, car ils sont engagés au service de Satan. C'est un maître dur et impérieux; la manière cruelle dont les Égyptiens en usaient envers les Israélites (Exode, I, 11, 13, 14) donne une idée du traitement que Satan fait souffrir à ses serviteurs. «Il n'y a point de paix pour le méchant, a dit l'Eternel». La voie de ceux qui agissent perfidement est raboteuse; la destruction et la misère sont dans leurs voies; ils n'ont point connu le chemin de la paix (Es., XLVIII, 22; Prov., XIII, 15; Rom., III, 16, 17). Telles sont les descriptions que nous donne la Bible du sort des malheureux esclaves de Satan. Au lieu de pouvoir se réjouir dans l'espoir d'une récompense, ils savent que le salaire du péché, c'est la mort (Rom., VI, 23), non seulement la mort du corps, mais l'éternelle misère de l'âme, et après avoir servi Satan pendant leur vie, ils doivent s'attendre à habiter pour jamais avec lui.

Le père de famille sortit à plusieurs reprises dans la journée pour louer des ouvriers, et y retourna même à une heure très avancée. Cela nous apprend qu'aussi longtemps qu'un homme reste dans ce monde, ce n'est jamais trop tard pour lui de commencer à servir Dieu; ce tendre Père est disposé à accueillir jusqu'à ces vieillards qui ont dépensé toutes leurs forces en faisant l'œuvre du diable, et qui bientôt ne seront plus capables de rien. Mais, hélas! il est bien petit le nombre de ceux qui se tournent vers le Seigneur dans leur vieillesse. C'est un effet de sa bonté que de les y inviter, mais ce n'en doit pas être pour vous une raison de différer et de vous refuser à devenir dès aujourd'hui ses serviteurs. Si vous y êtes peu disposés pendant les jours de votre jeunesse, vous le serez bien moins encore en approchant du terme de la vie; mais rappelez-vous que vous ne pouvez pas dire alors comme les ouvriers qui restaient sans rien faire: «Personne ne nous a loués»; car vous avez été souvent engagés à entrer au service de votre Dieu, et maintenant encore je répète avec instance: «Voyez et goûtez combien le seigneur est bon, oh! Qu'heureux sont tous ceux qui se retirent vers lui!» (Ps. XXXIV, 8).


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