Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLE DE L'ÉCONOME INFIDÈLE

LUC, 16, 1-8


Econome infidèle

Un économe ou un intendant est une personne qui a la charge de la propriété d'une autre, et qui doit l'administrer pour le propriétaire. Un homme qui a de grandes possessions peut les remettre aux soins d'un économe, afin de s'éviter à lui-même de l'embarras. S'il a lieu de se confier en la probité et la prudence de cet économe, il ne s'astreindra pas à surveiller continuellement sa conduite; mais il le mettra bien au fait de la manière dont il veut que ses propriétés soient administrées, et l'économe ne devra jamais agir contrairement à ses directions. Quoiqu'il tienne en sa main tous les revenus de son maître, il n'a pas le droit d'en détourner la moindre partie à son profit, et il sera fort blâmable s'il les laisse se perdre ou se détériorer, ou même s'il ne cherche pas à les accroître par tous les moyens qui sont en son pouvoir. Un économe est aussi établi sur les autres domestiques pour inspecter leurs divers travaux, et veiller à ce qu'ils reçoivent exactement leur nourriture et leur salaire.

«Un homme riche avait un économe», dit la parabole. Cet homme riche nous représente Dieu, le grand possesseur de toutes choses. Tous les hommes sont ses économes, car ils ne possèdent rien en propre; ils sont entrés nus dans ce monde, et ils ont reçu de leur Père céleste la totalité des biens dont ils jouissent. Il ne donne pas à son peuple de l'argent, de l'activité ou de la science pour qu'il l'emploie uniquement à se procurer du plaisir, mais afin qu'il en use à sa gloire et pour le bien de l'humanité. La Bible renferme de nombreuses directions sur la manière dont les économes de Dieu doivent administrer les biens qu'il leur confie. Il y a cependant une grande différence entre le Seigneur du ciel et de la terre et les riches de ce monde. Ceux-ci emploient des économes pour leur avantage particulier, et souvent ils sont obligés de le faire parce que leurs possessions sont trop étendues pour qu'ils puissent en prendre eux-mêmes la direction. Mais Dieu n'a besoin des services d'aucune de ses créatures: c'est un effet de sa grande condescendance que de les associer à son œuvre; et quoique ce soit leur devoir de travailler à son service, tout ce qu'il demande d'eux contribue autant à leur bien réel qu'à sa propre gloire.

L'homme riche de la parabole fut informé que son économe avait dissipé ses biens: «Sur quoi l'ayant appelé, il lui dit: Qu'est-ce que j'entends dire de toi? rends compte de ton administration?»
Nul ne peut se rendre le témoignage d'avoir en tout temps usé des dons de Dieu comme il aurait pu et dû le faire. Tous doivent au contraire s'accuser d'avoir dissipé ses biens; car on peut regarder comme perdit tout ce qui ne se fait pas avec le désir et l'intention de servir le Seigneur et selon les préceptes de sa Parole. Peut-être l'économe de la parabole espérait-il que son maître ne découvrirait pas sa mauvaise conduite; de même bien des gens s'imaginent que Dieu fermera les yeux sur leurs dérèglements, ou qu'il n'a pas le droit de les reprendre sur l'usage qu'ils feront des dons qu'ils tiennent de sa main. Mais quoique le Seigneur déploie une longue patience envers des êtres si insensés et si ingrats, la Bible leur déclare cependant que le jour viendra où ils devront rendre compte de leur administration et où la charge d'économes de Dieu leur sera ôtée. Au moment de la mort, tous ces biens leur échapperont, et c'est devant Dieu qu'ils seront interrogés sur la manière dont ils auront répondu aux appels de sa miséricorde. 

L'économe n'avait point d'excuse à faire pour lui-même, aussi ne tenta-t-il auprès de son maître ni demande de le continuer dans sa charge, ni promesse de se mieux conduire à l'avenir; mais il se mit à considérer ce qu'il pourrait faire après avoir été renvoyé. Il savait qu'il serait obligé de trouver un autre moyen de gagner sa vie, et là était la difficulté; n'ayant point été habitué à des ouvrages pénibles, il ne pouvait travailler à la terre; et après avoir vécu dans l'abondance, il avait honte de mendier. Enfin, il s'arrêta au plan qui lui sembla le meilleur, et il ne perdit pas de temps pour le mettre à exécution.

Il savait que son maître avait plusieurs débiteurs, et que probablement nul autre qu'eux et lui-même ne connaissaient la valeur de leur dette; il leur proposa donc la remise d'une portion de la somme, espérant que par reconnaissance ils le recevraient chez eux après qu'il aurait perdu sa place, ou que du moins ils seraient disposés à le secourir de peur qu'il ne révélât le tort qu'ils avaient fait à son maître. Du reste, il ne craignait point d'être trahi par eux, parce qu'il n'auraient pu le faire sans s'attirer des embarras à eux-mêmes. Mais quelle que soit l'habileté des méchants, et quelque soin qu'ils prennent pour cacher leurs mauvaises voies, on finit presque toujours par les découvrir. C'est ce qui arriva à l'économe et aux débiteurs: «Alors le maître loua cet économe infidèle de ce qu'il avait agi prudemment.»

Nous ne devons pas conclure de ces paroles que l'homme riche accordât à son économe la louange d'avoir agi étroitement; car il aurait mieux valu pour celui-ci travailler de ses mains et vivre de pain et d'eau toute sa vie, que de s'écarter à ce point des sentiers de l'intégrité. Ce que le maître admira dans sa conduite, c'est cette prudence humaine qui lui avait fait découvrir le moyen le plus sûr de parvenir à l'accomplissement de ses desseins. Il désirait vivre dans l'oisiveté et en même temps dans l'abondance, et le plan qu'il s'était formé aux dépens de la morale et de l'honnêteté répondait parfaitement à ce but.

«Ainsi les enfants de ce siècle sont plus prudents en leur génération que les enfants de lumière.» Les enfants de ce siècle sont ceux qui ne désirent rien au-delà de ce que le monde peut offrir. Les enfants de lumière sont ceux auxquels Dieu a enseigné que sa faveur et la vie éternelle dans les cieux sont infiniment préférables à toutes les richesses et à tous les plaisirs de la terre. La grande leçon que le Sauveur voulut donner par cette parabole, est que les enfants de ce siècle prennent plus de peine pour obtenir les objets qu'ils ambitionnent, quoiqu'ils doivent bientôt les perdre, que n'en prennent les enfants de lumière pour s'assurer leur héritage céleste. Bien des gens se lèvent matin, se couchent tard, et travaillent péniblement afin de parvenir à l'acquisition des choses qu'ils ont à cœur, et pourtant ils y trouveront peut-être un extrême désappointement, sans compter qu'avant peu d'années ils seront forcés d'abandonner ces biens qui leur ont coûté tant de peines et de soucis. Et à côté de cela, quelle n'est pas l'indolence de ceux qui font profession de chercher l'héritage «qui ne se peut ni souiller, ni flétrir!» Assurément il y a souvent entre l'activité des uns et la langueur des autres, un contraste qui n'est pas à l'avantage des enfants de Dieu.

Mes lecteurs se figurent peut-être que cette parabole s'applique seulement aux personnes parvenues à la maturité de la vie; mais le plus jeune enfant qui la lit peut trouver d'utiles instructions dans l'exemple de l'économe infidèle. On vous a dit que vous devez mourir, que vous devez quitter ce monde pour n'y plus revenir; avez-vous donc regardé comme votre première affaire ici-bas celle de vous préparer l'entrée de la demeure éternelle? Si vous ne l'avez pas fait, vous voyez donc que l'économe tout vicieux qu'il était agissait plus sagement que vous.

Les jeunes gens, en général, aiment peu à penser à la mort ou à en entendre parler; mais cet éloignement pour elle ne retardera pas sa venue d'une minute. Il est probable que l'homme riche avait averti son économe du jour où il voulait le renvoyer, tandis que «vous ne savez ni le jour, ni l'heure en laquelle le Fils de l'homme viendra» (Matth., XXV, 13). Si Dieu venait maintenant vous dire: «Cette nuit même ton âme te sera redemandée.» Cette seule pensée vous remplirait d'accablement et de terreur. Oh! sans doute, il y a bien de quoi trembler à la pensée de quitter vos plus chers amis, et toutes les choses que vous aimez pour paraître seul et dépouillé de tout dans un monde où il n'y a pour vous que misère et ténèbres. Mais alors pourquoi rester un moment de plus dans un état si alarmant? L'économe commit une grande infidélité pour se procurer des amis qui après tout ne pouvaient que bien peu pour lui. Si vous ne devez pas l'imiter en tout point, son activité doit du moins vous servir d'exemple. Vous avez un ami tout-puissant qui attend pour vous faire grâce: il vous invite à venir à lui sans argent et sans aucun prix. Écoutez ce qu'il dit à ceux qui croient et se confient en lui: «il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père, je vais vous y préparer une place.» Et quand le brigand sur la croix lui dit: «Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras en ton règne.» Il lui répondit: «Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis.» Dussiez-vous vous-même ne pas être appelé à quitter promptement ce monde, vous ne sauriez être véritablement heureux dans ce séjour de péché et de misère. Mais dans le ciel «la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni travail.»

Si vous pouvez regarder Jésus comme votre ami, vous ne craindrez plus alors de vous aventurer seul dans cette région inconnue; car il vous tend les bras pour vous y recevoir, et pendant toute l'éternité, vous vivrez en sa sainte présence, vous vous réjouirez de son amour. Peut-être êtes-vous effrayés de la pensée qu'après «la mort suit le jugement,» et votre conscience vous reproche-t-elle d'avoir dissipé les biens dont le Seigneur vous avait confié l'administration? Mais là encore si Jésus est votre appui, il satisfera pour vous à toutes les exigences de la loi divine, et Dieu ne vous demandera pas de payer une seconde fois la dette qui aura déjà été acquittée par son propre Fils.

Avant de terminer, mes chers enfants, je vous supplie donc d'imiter l'économe de la parabole, en vous assurant dès aujourd'hui une demeure dans laquelle vous puissiez vous retirer lorsque vous quitterez votre habitation actuelle. Se préparer immédiatement à la mort est une mesure de prudence qui n'entraîne aucun danger, et qui sera même accompagnée de douceur si vous êtes fondés et enracinés sur la foi en votre Sauveur. Alors, loin de redouter ce moment, votre désir sera «de déloger pour être avec Christ, ce qui vous est beaucoup meilleur» (Phil., I, 23). Si la maladie et la souffrance viennent assaillir votre faible corps, vous pourrez vous réjouir en disant: «Nous savons que si notre habitation terrestre de cette tente est détruite, nous avons un édifice de par Dieu, une maison éternelle qui n'est point faite de main» (2 Cor., V, 1). Quand les méchants meurent, il est dit d'eux qu'ils sont «retranchés dans leur méchanceté;» mais un jeune enfant qui aime son Sauveur est autorisé à dire, à l'heure de la mort: «Seigneur, tu laisses maintenant aller ton serviteur en paix, car mes yeux ont vu ton salut» (Luc, II, 29).


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