Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLE DE L'HOMME RICHE ET DE LAZARE.

Luc, XVI, 19-31.


Le Rche et Lazare

Cette parabole nous parle d'un homme qui avait une grande abondance de richesses, de beaux vêtements, et «qui se traitait magnifiquement tous les jours»; mais quoiqu'il possédât tant d'avantages extérieurs, il n'aimait pas Dieu, en sorte qu'il ne pouvait être heureux. Cet homme riche mourut, car tous ses trésors ne purent faire différer d'une heure l'instant où la mort vint le saisir. Il fut contraint d'abandonner tous ses biens et tous les plaisirs dont il jouissait pour aller au-devant d'une misère éternelle.

La parabole nous parle aussi d'un homme fort pauvre, d'un mendiant, nommé Lazare. Il n'était pas seulement en proie à la pauvreté, mais à un état d'affliction et de souffrance. Il n'avait ni enfants, ni amis, pour sympathiser à ses peines et pour le soulager, ni chirurgien pour panser ses plaies et adoucir ses maux. Sa position était même si malheureuse, que, n'ayant pas les vêtements nécessaires pour se couvrir, les chiens s'assemblaient autour de lui et léchaient ses ulcères. Cependant, malgré tant de misère, Lazare, étant un homme pieux, avait plus de joie en son cœur que l'homme riche au sein de sa prospérité. Ce pauvre mendiant mourut aussi, et fut porté par les anges dans le sein d'Abraham. Être dans le sein d'Abraham, signifie avoir une place dans le ciel près de ce saint homme, et cela implique que Lazare était un vrai croyant, que Dieu l'aimait, et qu'il le prit à lui pour toujours.

Nous trouvons ici une preuve frappante de la vanité de ce monde et de la folie des hommes qui préfèrent ses biens à ceux de l'éternité, qui sont si soigneux des intérêts du corps, et négligent ceux de l'âme. Peut-être des jeunes gens inconsidérés, regardant seulement aux circonstances extérieures dans lesquelles étaient placés ces deux hommes sur la terre, auraient préféré la situation de l'homme riche à celle du pauvre affligé Lazare; mais, suivez-les dans le monde des esprits, voyez quelle y est la différence de leur sort, lequel est dans la gloire, lequel dans la misère, et alors décidez entre eux! C'est là, en effet, la seule manière de juger justement et sainement. Mais la jeunesse risque souvent de se laisser tromper par les apparences, et de s'imaginer que le bonheur consiste à être riche, à avoir de beaux habits et beaucoup de bonnes choses à boire et à manger. Ce sera donc en examinant cette parabole et d'autres parties encore de la parole de Dieu que les enfants pourront se convaincre qu'un homme peut être heureux même dans l'affliction et dans la pauvreté, et que le malheur peut habiter dans le cœur d'un homme «vêtu de pourpre et de fin lin

Mais, mon jeune lecteur, gardez-vous de supposer que Lazare fut heureux et alla dans le ciel, parce qu'il était pauvre et affligé. Nullement, il fut heureux parce qu'il possédait la foi d'Abraham; il aimait Dieu et ses saints commandements. Ce fut la religion qui fortifia son cœur au milieu de toutes ses souffrances. La pauvreté et l'affliction sont sans contredit des maux en elles-mêmes, et font partie des épreuves que les gens de bien même sont appelés à endurer dans ce monde. Dans de telles circonstances, l'Évangile de Jésus-Christ peut seul apporter du soulagement h une âme. Vous savez qu'il y a beaucoup de pauvres gens plongés dans l'indigence ou dans la maladie, et très mécontents de leur état, parce qu'ils n'aiment pas le Dieu de Lazare, et sont destitués de la foi en Jésus-Christ qui leur ferait connaître les consolations de la piété. Mais quand le pauvre et l'affligé sont amenés à chercher les vraies richesses, et la guérison de la maladie du péché qui est la plus fatale de toutes, ils peuvent se dire heureux, car ils deviennent héritiers de ce royaume que Lazare a obtenu, et qui est promis à tous ceux qui croient au Seigneur Jésus-Christ.

Il ne faut pas vous figurer non plus que l'homme riche fut malheureux dès ce monde, et plus encore dans le monde à venir, seulement à cause de ses richesses. Il y a des gens riches très pieux, qui par conséquent trouvent dès ici-bas et pour l'éternité une félicité parfaite. Mais la perte de cet homme vint de ce qu'il avait concentré son cœur dans les jouissances que ses trésors pouvaient lui procurer, et de ce qu'il avait entièrement négligé les intérêts de son âme; ce fut aussi parce qu'il vivait uniquement pour lui-même, oubliant ces deux préceptes fondamentaux, de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain. Il vivait comme s'il n'eût été créé que pour ce monde et non pour l'autre; et il est à craindre qu'il n'eût endurci son cœur contre les besoins et les souffrances de ses semblables. En un mot, il était incrédule; il ne possédait pas une parcelle de la foi d'Abraham; c'est pourquoi quand il mourut son âme ne put être portée au séjour qu'habitait ce patriarche.

II nous est dit que le riche, «étant en enfer et dans les tourments, vit de loin Abraham et Lazare dans son sein.» Cette vue dut ajouter un surcroît à sa douleur. Non seulement il était dans le lieu de la plus effroyable misère, endurant la punition que la justice de Dieu infligeait à ses péchés; mais quoique de bien loin, il contemplait l'assemblée des bienheureux dans le ciel; il voyait aussi ce même homme qu'il avait tant négligé et méprisé, reçu en honneur, en paix et en joie près du Père des fidèles; tandis qu'il était exilé de leur présence et livré aux reproches de sa conscience sous le poids de la colère d'un Dieu offensé. Que lui revenait-il alors de toutes les douceurs dont sa vie mortelle avait été entourée? Elles ne pouvaient pas même alors lui procurer une goutte d'eau pour rafraîchir sa langue; il était entré dans ce monde éternel où nulle autre distinction n'est connue que celle qui existe entre le juste et le méchant; il savait tout cela, mais trop tard; car la miséricorde de Dieu ne pouvait plus s'étendre sur lui, puisqu'il l'avait rejetée tandis qu'il était sur la terre, et c'est en vain qu'il s'écriait: «Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, afin qu'il trempe dans l'eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car je suis extrêmement tourmenté dans cette flamme.»

Il parle ici comme s'il pensait qu'Abraham fut plus compatissant que Dieu, et qu'il eut le pouvoir et la volonté d'assister ceux que Dieu punit. Il appelle Abraham «Père», parce qu'en qualité de Juif, il descendait de ce saint homme: c'était une opinion répandue parmi les Juifs qu'ils seraient sauvés en vertu de cette descendance; mais ce passage nous montre combien cette idée était vaine et dangereuse. Nul Juif ne pouvait être sauvé, à moins qu'il n'eût la foi de son père Abraham.

Peut-être, mon jeune lecteur, avez-vous le bonheur de posséder un père ou une mère pieuse: ils vous instruisent, je n'en doute pas, dans les choses qui appartiennent à votre éternelle paix; ils vous montrent le chemin du ciel, et vous conjurent d'y marcher. Mais ne vous abusez pas vous-même en supposant que parce que ce sont des gens religieux, vous serez sauvés aussi bien qu'eux. Au contraire, votre condition sera pire dans l'autre monde, si, ayant eu des parents religieux, vous avez refusé d'obéir à leurs instructions et d'imiter leur exemple. Il faut que vous croyiez en Jésus-Christ, que votre cœur soit changé, et que vous preniez plaisir à faire la volonté de Dieu sur la terre, sans quoi vous ne pouvez avoir aucune espérance fondée d'habiter avec vos parents dans le ciel.

Le malheureux dont nous parlons ne s'attendait pas qu'Abraham pût le délivrer de ses tourments, ni lui donner un soulagement durable; tout ce qu'il demandait était la suspension momentanée de ses souffrances, et cela même il ne put l'obtenir.
Abraham, tout en reconnaissant qu'il existait entre eux une parenté selon la chair, car il l'appela son fils, ne lui accorda cependant pas sa demande: au contraire, il lui rappela que pendant qu'il avait vécu. sur la terre, il y avait eu ses biens; il les avait cherchés dans les richesses, dans les plaisirs sensuels et dans l'orgueil de la vie, de préférence à la faveur de Dieu et à la félicité céleste. Il avait obtenu toutes ces choses que son cœur désirait, et il avait déjà dépensé toute la portion de bonheur qui lui revenait; il ne devait donc plus rien attendre que le châtiment auquel son choix insensé le condamnait. Lazare, de son côté, avait eu sa part de maux pendant sa vie; il avait préféré sa pauvreté sanctifiée, plutôt que de chercher à s'enrichir en abandonnant la crainte de Dieu. Il avait souffert ses afflictions avec patience, et elles avaient porté des fruits bénis pour son âme. Maintenant qu'elles étaient finies, il ne lui restait plus qu'à jouir de la présence de Dieu et du Sauveur qu'il avait aimé, et à être consolé de toutes ses peines dans la compagnie des rachetés.

Ce qui rendait le refus d'Abraham encore plus accablant, c'est l'assurance donnée par lui qu'un grand abîme séparait le séjour du bonheur de celui de l'éternelle misère, en sorte que si un habitant du ciel désirait descendre dans le lieu des tour mens, il lui serait impossible d'en approcher; tandis que le même obstacle empêchait aucun pécheur condamné de quitter l'enfer pour pénétrer dans le royaume de la gloire. Les décrets immuables de Dieu assignaient à chacun pour jamais une demeure différente, et l'espoir de la délivrance ne pouvait plus se glisser dans le cœur des malheureux compagnons du prince des ténèbres.

Quand l'homme riche se fut convaincu qu'il ne pouvait obtenir aucun allégement à ses peines cuisantes, il exprima le désir de ne pas les voir augmentées. Il savait qu'une communication était ouverte entre le ciel et la terre, quoiqu'il n'en existât plus entre le séjour des bienheureux et l'enfer. Il pria donc Abraham d'envoyer Lazare à ses cinq frères, «afin de les avertir, de peur qu'ils ne vinssent aussi dans ce lieu de tourment.»

Il paraît de là que, tandis que leur frère souffrait dans les flammes de l'enfer, ils vivaient dans les plaisirs et dans la magnificence, comme lui-même l'avait fait sur la terre, et qu'ils suivaient la même route que lui. L'infortuné souhaitait que Lazare allât leur révéler les réalités de ce monde invisible, et la terrible condition à laquelle ses péchés l'avaient réduit, afin de les empêcher de marcher sur ses traces, et de les exciter à la repentance pour fuir la colère à. venir. Il craignait que leur présence dans ce lieu de tourment ne vînt encore accroître sa misère. Reconnaissant le tort qu'il leur avait fait par son exemple et par ses criminelles invitations à se plonger avec lui dans la débauche, il redoutait leurs reproches, et nous sommes autorisés à croire que le désir d'échapper à cette humiliation, plutôt que l'affection fraternelle, le poussa à faire cette requête, car l'amour est un sentiment inconnu en enfer.

Il est probable que ce riche était jeune encore quand il mourut, puisqu'il représente ses cinq frères comme vivants tous dans la maison de leur père et devant être ses héritiers. Il avait donc, dès sa jeunesse, commis beaucoup de péchés et entraîné d'autres âmes à leur perte par son mauvais exemple.

Le jeune enfant qui me lit a aussi fait le mal: il a péché contre Dieu, il a pu, suivant l'influence qu'il exerce autour de lui, devenir pour les autres une occasion de chute, tout en se faisant tort à lui-même. Peut-être un des compagnons de vos fautes, un de ceux qui vous a poussé à la désobéissance, a-t-il quitté ce monde avant vous! et s'il est mort sans que son cœur fut changé, il est allé dans le lieu de tourment. 

Si de là il pouvait vous voir marchant encore dans la même route qui l'a conduit à un sort si funeste, oh! combien il désirerait que vous pussiez vous retourner vers Dieu. S'il lui était permis de vous dire l'angoisse de son âme, le désespoir qui remplit son cœur, il vous conjurerait de vous convertir de peur que vous n'alliez où il est, et que vous n'accroissiez son supplice par vos reproches. Mais tandis que nulle voix humaine ne peut percer la tombe et parvenir jusqu'à nous, le Sauveur dans sa grande condescendance a daigné nous révéler ces importantes vérités par le moyen de cette parabole; bien plus encore, il nous commande dans sa Parole de revenir à lui, afin que nous vivions. Abraham rappela au riche que ses frères avaient Moïse et les prophètes, et qu'ils devaient les écouter; mais cet homme se figurait que si quelqu'un des morts allait les visiter, ils seraient beaucoup plus facilement amenés à la repentance. Alors le patriarche lui déclara que s'ils n'écoutaient pas Moïse et les prophètes, rien ne pourrait les persuader de revenir à Dieu. La vue d'un mort ressuscité aurait peut-être eu pour résultat de les effrayer et de les tenir quelque temps à l'abri des grands péchés; mais elle était impuissante pour leur faire haïr leurs iniquités, les humilier devant Dieu, leur faire chercher sa miséricorde et se dévouer à son service. Et vous, mes chers enfants, n'avez-vous point quelquefois pensé que si un de vos amis revenait du monde des esprits pour vous visiter et vous avertir de ce qui vous attend, vous seriez plus convaincus de la réalité des choses éternelles que vous ne l'avez été jusqu'à présent. Cela est une erreur; car si vous voyiez une telle apparition, si vous receviez cette révélation mystérieuse, elle vous terrifierait, elle vous remplirait d'alarmes sans avoir aucune influence sanctifiante sur votre cœur. Dans les jours du Fils de Dieu, ses miracles les plus frappants furent insuffisants pour le faire reconnaître par les Juifs comme le vrai Messie. Plusieurs d'entre eux virent Lazare de Béthanie sortir de sa tombe, et demeurèrent dans leur incrédulité. Ainsi ils eurent outre Moïse et les prophètes le témoignage d'un mort ressuscité, et cependant rien de cela ne put les convaincre.

Mes chers enfants, vous possédez Moïse et les prophètes, et de plus les livres du Nouveau-Testament. Si donc ceux qui vivaient au temps de Christ furent sans excuse, parce qu'ils ne lisaient, ne comprenaient et ne pratiquaient pas l'Ancien-Testament, combien votre conduite ne sera-t-elle pas plus criminelle encore si vous négligez le livre de Dieu tout entier. Le langage en est clair, et les vérités qu'il annonce sont fort simples. Il vous y est dit que vous êtes pécheurs, et vous le savez; il vous y est déclaré encore que par les œuvres de la loi nul ne peut être justifié devant Dieu, que Dieu a envoyé son Fils au monde pour sauver les pécheurs, qu'il n'y a de salut par aucun autre, que si vous croyez en lui, vous serez sauvés, que si vous ne croyez pas, vous serez condamnés. L'homme riche fut condamné à une misère éternelle pour n'avoir pas cru à ces vérités, et vous, n'importe que vous soyez riche ou pauvre, si vous négligez ce grand salut, vous n'échapperez pas à la colère à venir. Quel aveuglement, quel péché, quelle déplorable folie pour des jeunes gens, de refuser les bénédictions de l'Évangile qui leur sont offertes sans argent et sans aucun prix. Oh! gardez-vous de persévérer dans ce sentier de révolte et d'incrédulité qui conduit à l'enfer, où la miséricorde de Dieu tout infinie qu'elle est ne peut plus pénétrer, et où la misère et. les ténèbres habitent pour jamais. Voulez-vous échapper à tous ces maux? Cherchez à posséder la foi de Lazare, croyez-en Jésus-Christ, et montrez par votre préférence pour les choses de Dieu, que vous les aimez, que vous estimez le bonheur de l'âme bien plus que celui du corps, et qu'une éternité de vie à la droite de Dieu est d'une valeur infiniment plus élevée à vos yeux que tous les plaisirs passagers de la chair et des sens.


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