Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLES DE LA BREBIS PERDUE ET DE LA PIÈCE DE MONNAIE.

 LUC, XV, 3-10


Brebis +

Au commencement du chapitre qui contient ces paraboles, nous lisons que «tous les publicains et les gens de mauvaise vie s'approchaient de notre Seigneur pour l'entendre.» Les publicains ou péagers avaient la charge de recueillir les impôts pour les Romains. L'expression de publicain et gens de mauvaise vie est souvent employée dans le Nouveau Testament pour désigner des personnes particulièrement vicieuses et d'une conduite si décriée, qu'un honnête homme ne pouvait supporter d'être vu en leur compagnie. Aussi les scribes et les Pharisiens murmuraient-ils de ce que le Sauveur permettait à ces pécheurs déclarés de l'approcher. Quant à eux, ils se croyaient beaucoup plus saints que les autres, parce qu'ils avaient l'habitude de faire de longues prières, qu'ils donnaient beaucoup d'argent aux pauvres, et qu'ils étaient fort exacts à accomplir les ordonnances extérieures de la loi de Dieu. Cela leur inspirait un orgueil excessif; en même temps, ils méprisaient tous ceux qui n'agissaient pas de la même manière, en particulier les publicains et les gens de mauvaise vie. Afin d'humilier l'orgueil de ces Pharisiens si hautains et d'encourager les plus grands pécheurs à venir à lui, le Sauveur leur proposa ces paraboles destinées à décrire la condition de tous les hommes, jeunes et vieux, tels qu'ils sont dans leur état naturel, c'est-à-dire l'état dans lequel ils sont nés.

À beaucoup d'égards, les pécheurs sont semblables à des brebis perdues, aussi cette comparaison est-elle souvent employée dans la Bible (Voyez Ps., CXIX, 176; Es., LIII, 6). La brebis est un animal fort sujet à s'égarer, et qui ne sait point retrouver son chemin une fois qu'il l'a perdu. Une pauvre brebis est sans aucune force contre les dangers qui l'environnent; si elle est attaquée par les bêtes féroces, elle ne peut se défendre: sa toison s'est-elle engagée parmi les épines et les ronces, il lui est impossible de s'en arracher; tombe-t-elle dans l'eau, elle se laissera submerger; et si on ne la conduit pas dans un pâturage, à peine sera-t-elle capable de chercher sa nourriture elle-même: tôt ou tard elle se perdra certainement, à moins que quelqu'un ne la ramène à son bercail.

Vous auriez sans doute compassion d'une pauvre brebis dans la détresse; mais, mes chers enfants, vos âmes sont encore plus dignes de pitié, tant que vous continuez à vous égarer loin de Dieu, et vous vous êtes éloignés de lui, c'est-à-dire que vous avez vécu dans l'oubli de son saint nom, et dans la désobéissance, dès vos plus jeunes années (Ps., LI, 5; LVIII, 3). Vous avez bientôt commencé à devenir impatients et colères dès qu'on ne vous permettait pas de faire votre propre volonté: vous avez de bonne heure appris à désobéir à vos parents; et s'ils vous parlaient de Dieu votre Père céleste, en essayant de vous faire comprendre combien vous devez l'aimer, vous étiez bientôt fatigués de les entendre. Au lieu de devenir meilleurs en grandissant, n'avez-vous pas contracté de très mauvaises habitudes? et pouvez-vous dire que la prière et la lecture de la Bible aient maintenant plus d'attrait pour vous qu'elles n'en avaient alors?

Tout comme les bêtes sauvages épient une pauvre brebis égarée pour la mettre en pièces; ainsi le «diable, votre adversaire, tourne autour de vous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer» (1 Pier., V, 8). C'est un cruel ennemi pour vos âmes, il se réjouirait de leur destruction éternelle, et n'a que trop de moyens de les perdre. Il est plus fort et plus rusé que vous, en sorte que vous êtes par vous-mêmes incapables de lui résister. 

Plus vous avancerez dans la vie, plus vous verrez les tentations au mal se multiplier autour de vous, et vous éprouverez que «la voie de ceux qui agissent perfidement est rude» (Prov., XIII, 15). Vous apprendrez par votre propre expérience que le péché a apporté toutes sortes de misères dans ce monde, et si vous désirez vous retourner vers Dieu, cela vous paraîtra beaucoup plus difficile que dans les jours de votre jeunesse. En effet, si vous essayez de revenir à lui sans le secours du bon berger, la chose vous sera positivement impossible. Après avoir erré dans «un pays désert, vos pieds broncheront sur les montagnes obscures» (Jér., XIII, 16), et vous tomberez enfin dans l'étang ardent «de feu et de soufre» (Apoc, XX, 15).

La raison pour laquelle les pécheurs sont comparés à une pièce d'argent perdue est peut-être que Dieu considère leur âme comme étant d'une valeur infinie (Matth., XVI, 2G). L'aine du plus petit enfant subsistera après que le monde entier aura été consumé. Vos corps et vos âmes, mes chers lecteurs, appartiennent à Dieu. Ils sont sa propriété, car il les a faits, et ils doivent être constamment et entièrement employés à le servir et à le glorifier. Mais vous vous êtes détournés de lui, vous êtes donc perdus. Une pièce de monnaie, lorsqu'elle est perdue, ne peut plus être d'aucun usage à celui qui la possédait. Ainsi vous n'êtes pas capables d'être employés au service de Dieu tant que vous ne l'aimez pas et que vous ne désirez pas de lui plaire. Mais votre état de perdition signifie quelque chose de plus encore: il signifie que si vous n'êtes  ramenés à Dieu, vous serez misérables et condamnés pour toujours. Maintenant Jésus «est venu sauver ce qui était perdu», et montrer aux pécheurs le moyen de revenir à Dieu. 
Remarquez que l'homme de la parabole possédait quatre-vingt-dix-neuf brebis, outre celle qui était égarée, la femme aussi avait encore neuf drachmes à côté de celle qui était perdue. De même Dieu a près de lui dans le ciel des multitudes d'anges qui ne l'ont jamais offensé, et qui au contraire le servent et le glorifient continuellement. Mais tant a été grand son amour envers des pécheurs qui l'avaient méchamment abandonné, et qui ne témoignaient aucun désir de revenir à lui, que Jésus-Christ s'est arraché aux adorations de ces êtres célestes pour venir dans ce misérable monde, et y ramener à son Père le cœur des hommes égarés, afin qu'ils lui appartinssent plus complètement; il les a rachetés à un prix immense, savoir avec son propre sang; et comme l'homme et la femme mentionnés dans la parabole cherchaient diligemment ce qu'ils avaient perdu jusqu'à ce qu'ils l'eussent trouvé, Jésus aussi cherche continuellement vos âmes. Il vous a donné la Bible, et vos parents, vos instituteurs, vos ministres, pour vous avertir du danger qui vous menace, et pour vous faire connaître le bonheur de ceux qui se tournent vers lui. Quoique vous ayez déjà bien souvent oublié ou méprisé leurs salutaires admonitions, ils ne se lassent point de continuer à vous instruire, parce qu'ils savent que c'est le commandement du Seigneur.

Christ vous attend pour vous faire grâce: il peut vous délivrer de la main de Satan , et vous donner le pouvoir de résister aux tentations. Son Esprit vous enseignera à aimer Dieu et à détester le mal, et en considération de ses souffrances, son Père est prêt à vous recevoir. «Il ne veut pas qu'aucun périsse»; il vous conjure de revenir à lui, et si vous le faites, il s'en réjouira. Les personnes mentionnées dans la parabole appelèrent leurs voisins et leurs amis pour se réjouir avec elles dès qu'elles eurent retrouvé ce qu'elles avaient perdu; et le Sauveur ajoute «qu'il y a pareillement de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui vient à la repentance.»

Observez que quand les pécheurs retournent à Dieu, il nous est dit qu'ils se «repentent», c'est-à-dire qu'ils sont confus et affligés de leurs péchés passés, et désirent sincèrement en être préservés à l'avenir. Que nul d'entre vous n'imagine qu'il s'est égaré trop loin pour pouvoir revenir en arrière. Ce sont les premiers des pécheurs que Jésus est venu chercher et sauver: il est venu pour faire aimer la vérité aux menteurs, pour donner aux jureurs la crainte de prendre le nom de Dieu en vain; et si vous êtes assez mauvais pour vous moquer des gens de bien et tourner la religion en ridicule, il est puissant pour vous faire trouver dans la piété vos délices. Venez à lui tels que vous êtes, et dès «aujourd'hui, si vous entendez sa voix, il vous mettra parmi les brebis de sa pâture.» Il ne se souviendra plus de vos fautes passées, parce qu'il a lui-même porté le châtiment qu'elles avaient mérité; et vous ne risquerez plus de vous égarer, car il sera votre guide et vous fera marcher dans les sentiers de la justice. Allez donc à lui sans retard, car si vous différez, il n'y a peut-être «qu'un pas entre vous et la mort» (1 Sam., XX, 3).

Cependant, il pourrait arriver que quelques-uns de mes lecteurs, semblables aux scribes et aux Pharisiens, se figurassent «être assez justes pour n'avoir pas besoin de repentance.» Ils ne sont ni menteurs, ni blasphémateurs, ils suivent assidûment l'école du Dimanche et récitent fort exactement leurs leçons; ils sont, en général, obéissants envers leurs parents et passent auprès de leurs amis pour des enfants très sages. Mais s'ils s'enorgueillissent de ces choses, et pensent ne pas avoir besoin de repentance, je dois leur rappeler qu'ils ne sont pas approuvés de Dieu: «Dieu résiste aux orgueilleux.» Si donc ils supposent par leur bonne conduite pouvoir mériter sa faveur, ils sont dans une grande illusion, car Dieu a dit: «Que personne ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi (GaI., II, 16). Ne connaissant donc point la justice de Dieu et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se soumettent point à la justice de Dieu»(Rom., X, 3);et cela ne peut que lui déplaire, car c'est tout comme s'ils disaient que Dieu n'avait pas besoin d'envoyer son Fils au monde pour sauver les pécheurs, puisqu'ils peuvent se sauver par eux-mêmes. Ces paraboles nous apprennent donc que la repentance et la conversion sincère d'un pauvre enfant pécheur sont plus agréables à Dieu que toute la bonne conduite dont les autres se vantent. Ceux-ci méprisent, sans doute, ceux de leurs camarades qui mentent, qui dérobent et qui prennent le nom de Dieu en vain; mais s'ils en voient à la fin quelques-uns, convertis par la grâce de Christ, entrer dans le royaume des cieux, tandis qu'eux-mêmes seront laissés dehors, oh! combien alors leurs pensées sur la nécessité de la repentance seront différentes!

Avant de finir, je voudrais essayer de les convaincre qu'il y a en réalité moins de différence qu'ils ne le croient entre eux et les enfants qui leur inspirent tant de mépris. Je tiens à donner cette explication, parce que je sais qu'il leur est impossible d'être heureux tant qu'ils ont d'eux-mêmes une plus haute opinion qu'ils ne doivent.

Je les invite donc à se rappeler que «l'Eternel n'a point égard à ce à quoi l'homme a égard, car l'homme a égard à ce qui est devant ses yeux; mais l'Eternel a égard au cœur »(1 Sam., XVI, 7), et l'orgueil qu'il voit dans leur cœur lui paraît aussi détestable que le mensonge ou les jurements.

D'ailleurs, ce n'est pas tout que de se bien conduire, le Seigneur regarde aux motifs par lesquels on agit, et s'ils ne sont pas bons, la conduite la meilleure en apparence ne saurait rencontrer son approbation. Les enfants que j'ai particulièrement ici en vue suivent peut-être avec assiduité une école du Dimanche; mais est-ce parce qu'ils aiment l'instruction et sont désireux de connaître la voie du salut? ou bien n'est-ce pas plutôt pour s'attirer des louanges et obtenir une récompense? Ils apprennent volontiers leurs leçons et peuvent les réciter sans faute; mais cela vient-il de ce qu'ils aiment la Bible et sentent le besoin d'être pénétrés de ses vérités? ou bien y a-t-il seulement en eux le désir d'être distingués par leurs maîtres, comme plus dociles et plus attentifs que leurs camarades. Ils obéissent à leurs parents; mais le font-ils parce que Dieu a dit: «Honore ton père et ta mère», ou parce qu'ils savent que le châtiment suivrait de près la désobéissance?

Je prie, de tout mon cœur, ceux de mes jeunes lecteurs qui se croient justes comme les Pharisiens de s'adresser sérieusement ces questions à eux-mêmes. Je les conjure de se retirer à part et de passer en revue chacune des choses qui leur attirent des louanges ou qui leur semblent en devoir mériter; je les conjure d'examiner quelle est la véritable raison qui les porte à mener une bonne conduite, et de se demander s'ils seraient bien aises que leurs parents ou leurs instituteurs vinssent à la découvrir. Qu'ils essayent alors de se représenter ce qu'ils éprouveront en ce jour, où Dieu «jugera les secrets des hommes par Jésus-Christ» (Rom., II, 16). Ils verront bientôt, je pense, qu'au lieu de n'avoir pas à se repentir, leurs meilleures œuvres ont encore besoin de repentance. Je suis persuadé qu'un bon motif a toujours manqué à leurs actions, parce qu'ils n'aimaient pas Dieu, et qu'on ne peut réellement bien agir que quand on est conduit par l'amour de Dieu, et quand on l'aime, au lieu d'être satisfait de soi-même, on s'afflige toujours de ne pas faire davantage pour lui. Oh! mes chers enfants, ne vous abusez pas plus longtemps sur l'état véritable de votre cœur, mais confessez humblement vos péchés et confiez-vous à ce Sauveur miséricordieux qui «est venu appeler à la repentance non les justes, mais les pécheurs.»


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