Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLE DU FIGUIER STÉRILE

LUC, XIII, 6-9


Figuier

Une bonne méthode à employer lorsqu'on cherche à bien comprendre un passage de l'Écriture Sainte, c'est de lire en même temps ce qui précède et ce qui suit; il est utile aussi d'examiner quelle est la personne qui prononce les paroles dont on désire avoir l'explication et à qui elle les adresse. La parabole qui nous occupe maintenant, fut enseignée par Jésus aux Juifs dans le moment où il venait de leur dire que s'ils ne se convertissaient, ils périraient tous aussi bien que les Galiléens dont il leur avait raconté l'histoire: je m'en vais essayer de vous montrer quel rapport il y a entre cette déclaration et la parabole du figuier stérile.

Peut-être n'avez-vous jamais vu de figuier; il y en a peu dans ce pays; mais c'est un arbre fort commun dans les contrées où prêchait notre Sauveur. Celui dont il est question dans la parabole avait reçu toute la culture nécessaire à son accroissement, en outre il était bien d'âge à porter du fruit, et malgré cela, il n'avait jamais produit une seule figue, quoique le maître de la vigne n'eût pas négligé depuis trois ans d'en venir chercher chaque année; il pensa donc que c'était dommage de consacrer une portion de son terrain à une plante aussi inutile, et il ordonna à son jardinier de la couper. Mais le jardinier le supplia de patienter encore une année, promettant de ne rien épargner pour faire rendre du fruit à son figuier, et dans le cas contraire de le détruire.

Si vous lisez les sept premiers versets du Ve chap. d'Ésaïe, vous y verrez quelque chose qui a beaucoup de rapport avec cette parabole, et qui pourra vous aider à la comprendre. Le figuier planté au milieu d'une vigne semble représenter la nation juive, et les soins qu'on se donne pour le cultiver, le tailler et l'arroser, figurent tous les avantages religieux dont ce peuple jouissait. Nul autre n'avait été favorisé de la parole de Dieu, de son culte, ni de l'envoi de ses serviteurs, pour lui faire connaître sa volonté. Le Seigneur lui avait donc accordé des privilèges qui étaient refusés à tous les autres; en conséquence, il aurait été naturel de s'attendre à ce que les Juifs aimeraient leur Dieu et garderaient ses commandements, et pourtant ce n'était point le cas. Aussi Dieu les avait souvent menacés de les rejeter et de leur retirer ses faveurs, mais toujours il répugnait à le faire; il avait attendu bien des années pour leur donner le temps de se repentir; et quand cette parabole leur fut adressée, ils devaient être épargnés encore un peu de temps. Mais le Sauveur les avertit que les jugements prononcés contre Jérusalem étaient à la veille de s'accomplir, et qu'il fallait se hâter de commencer à faire «des œuvres convenables à la repentance

Quoique cette parabole concernât premièrement les Juifs, elle est aussi écrite dans la Bible pour vous, mes jeunes amis, qui la lisez, et qui pouvez y puiser une salutaire instruction. On peut dire de la plupart des enfants qui vivent en France, en Suisse, en Angleterre, qu'ils sont plantés dans la vigne du Seigneur, car les occasions de connaître la volonté de Dieu ne leur manquent point. Et même parmi vous, mes chers lecteurs, n'en est-il pas qui ont des parents pieux qui vous ont instruits dans la vraie religion dès votre bas-âge, qui vous ont donné de bons exemples, qui ont prié avec vous chaque jour, qui vous ont mené dans la maison de Dieu, et vous ont conjuré de chercher le salut de vos âmes. Plusieurs d'entre vous ne suivent-ils pas une école du Dimanche où vous avez de bons instituteurs qui souvent vous parlent de l'amour de Christ et du bonheur qu'il réserve aux petits enfants qui l'aiment? 

N'y en a-t-il pas aussi qui connaissent des ministres bienveillants et affectueux pour la jeunesse qui vous prêchent des sermons à votre portée, et vous font chaque semaine répéter votre catéchisme pour vous en donner l'explication. Outre cela, je suis convaincu que chacun de vous possède une Bible, et j'espère que vous la lisez chaque jour. On peut donc assurément s'attendre à ce que vous portiez du fruit, et peut-être sans que vous vous en doutiez, Dieu en est-il venu chercher depuis plus de trois ans; mais pensez-vous qu'il en ait trouvé? Vous a-t-il vus obéissants envers vos pères et mères en toute chose et en tout temps? Vous a-t-il vus diligents dans vos études et pleins d'une respectueuse attention pour vos maîtres? Vous a-t-il vus attentifs et recueillis dans ses temples, vous efforçant de retenir et de comprendre tout ce que vous y entendez? A-t-il pu remarquer que vous éloigniez de vous la dissipation et les entretiens frivoles durant la journée tout entière du Dimanche, et que vous passiez votre temps d'une manière convenable à la sainteté de ce jour, lors même qu'aucun regard humain n'était arrêté sur vous? Vous a-t-il entendus le prier chaque matin et chaque soir dans la retraite de votre cabinet? Vous a-t-il entendus parler toujours, et quoiqu'il pût vous en coûter, le langage de la vérité? Vous a-t-il vus bons et affectionnés envers vos frères et sœurs et d'un esprit conciliant au milieu de vos camarades? Voilà quelques-uns des fruits que votre Père céleste pouvait espérer de vous! Si votre conscience témoigne que vous les ayez portés eu effet, ne vous en glorifiez pas, mais soyez reconnaissants envers celui qui vous a fait parvenir une bonne instruction, et vous a rendus capables d'en profiter.

Et ne pensez pas que vous ayez été aussi abondants en fruits que vous auriez pu l'être. Cherchez bien si vous n'auriez pas pu de diverses manières vous rendre plus utiles à vos parents, si, par exemple, vous n'auriez pas pu enseigner à vos petits frères et à vos petites sœurs quelqu'une des bonnes choses que vous avez apprises. Voyez s'il ne vous aurait pas été possible de montrer aux pauvres et aux malades plus de bonté que vous ne leur en avez témoigné jusqu'à présent. Enfin, autant de fois que vous aurez négligé de faire le bien qui était à votre portée, dites-vous que vous avez occupé la terre inutilement.

Mais je crains que plusieurs de mes lecteurs n'aient la triste conviction que Dieu n'a pu trouver aucun fruit en eux. Si cela est, mes enfants, soyez reconnaissants de ce que le maître de la vigne vous a épargnés jusqu'à ce jour, et rappelez-vous qu'il peut à chaque instant dire de l'un ou l'autre d'entre vous: «Coupez-le; pourquoi occupe-t-il la terre inutilement?»

Vos bons parents, vos maîtres, vos pasteurs ont bien souffert en voyant la stérilité de leurs efforts depuis tant d'années, et ont ardemment prié le Seigneur de vous épargner, dans l'espérance qu'il se ferait un changement en vous; ils ont essayé de nouvelles méthodes d'enseignement, et tenté tous les moyens de vous rendre attentifs à vos leçons; quelquefois ils vous ont puni, et d'autres fois, ils vous ont récompensé; ils vous ont exhorté; ils ont prié avec vous de la manière la plus pressante et la plus affectueuse, et tout cela aurait-il donc été en vain? Ah! vous ne savez pas ce qu'ils ont éprouvé quand ils ont vu que vous méprisiez leurs tendres et paternelles admonitions; tandis que vous jouez dans les rues ou dans les champs, indifférents à tout ce qui ne touche pas à vos occupations puériles, souvent ils soupirent et pleurent sur vous; tandis que vous dormez profondément, souvent ils passent des nuits sans sommeil, mouillant leur oreiller des larmes que leur arrache votre déplorable légèreté; et quoique vous ne soyez point émus de leurs pleurs, de leurs soupirs et de leurs prières, Dieu les regarde avec compassion, peut-être est-ce même à cause d'eux qu'il vous supporte si patiemment; mais il ne permettra pas que vous occupiez toujours la terre inutilement; le jardinier demanda que le figuier pût subsister encore une année, mais qui vous dit que vous serez épargnés encore une semaine! Oh! si vous étiez retranchés dans votre état de stérilité actuelle, quel sort affreux serait le vôtre! Vous savez que l'arbre inutile, condamné à être abattu parla cognée, n'est bon à rien qu'à être brûlé. Et «qui de vous pourra séjourner avec le feu dévorant? qui pourra subsister avec les ardeurs éternelles» ( Ésaïe, XXXIII, 14)?

Le moment actuel est le seul qui vous appartienne en propre; c'est donc aujourd'hui même qu'il faut commencera porter des fruits. Ne souffrez pas que les efforts et les peines dont vous êtes l'objet se prodiguent plus longtemps en vain; pendant bien des années, on a pu vous comparer à des rameaux desséchés, devenez maintenant des rameaux fertiles; Dieu lui-même vous y encourage; il vous dit encore: «Mon enfant, donne-moi ton cœur» (Prov., XXIII, 26 ). «Ne crieras-tu point désormais vers moi; mon Père, tu es le guide de ma jeunesse» (Jér., III, 4). Je puis vous assurer que si vous ne donnez votre cœur à Dieu, il est impossible que vous parveniez à lui plaire si vous ne le prenez pour guide dès votre jeunesse, il est impossible que vous accomplissiez vos bonnes résolutions. Le cœur est comme la racine de l'arbre; si la racine n'est pas bonne, le fruit ne peut être bon, en sorte que quand même vous régleriez extérieurement votre conduite pour vous attirer les éloges de vos parents, si Dieu voit que votre cœur est demeuré mauvais, il continuera à vous compter parmi ceux qui occupent la terre inutilement. Confiez-vous donc en ce Tout-Puissant Sauveur qui sauve son peuple de leurs péchés. Priez-le que son amour vous obtienne un cœur nouveau et un esprit droit; par sa grâce un arbre stérile peut se couvrir de fruits de justice. Si vous cherchez cette grâce, vous l'obtiendrez assurément et par elle vous germerez «comme» les saules auprès des eaux courantes» (Es., XLIV, 4); car «les justes étant plantés dans la maison de l'Éternel, fleuriront dans les parvis de notre Dieu, ils et porteront encore des fruits dans la vieillesse toute blanche» (Ps., XC1I, 13, 14).


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