Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLE DU BON SAMARITAIN

LUC, X, 25-27


Bon Samaritain

La question présentée au Sauveur par ce docteur de la loi, v. 25, est de la plus grande importance, et certainement le Seigneur Jésus-Christ, qui «a les paroles de la vie éternelle (Jean, VI, 68), et qui est venu afin que son peuple pût avoir la vie, qu'il l'eût même avec abondance» (Jean , X, 10), était mieux placé que personne pour donner une réponse satisfaisante. Il ne paraît pas que dans cette occasion ce docteur fût sous l'impression d'une anxiété réelle à l'égard de son salut éternel, car il est dit «qu'il se leva pour tenter Christ»; il désirait tirer de lui une réponse par laquelle il pût le trouver en faute, et plus d'une fois cette méthode fut employée par les ennemis du Sauveur (Matth., XXII, 15; Luc , XX, 27). Mais «ils ne pouvaient résister à la sagesse et à l'esprit par lequel il parlait», et au lieu de triompher de lui, ils se voyaient, au contraire, complètement réduits au silence. Cependant, quoiqu'il connût parfaitement leurs mauvaises intentions, jamais il ne leur répondit avec aigreur ou impatience, il en prenait bien plutôt occasion de leur adresser de précieux enseignements qui ont été recueillis dans la Bible pour notre profit. Le scribe ou docteur, dont il est ici question, avait la charge d'expliquer la loi de Dieu, c'est pourquoi le Sauveur lui demanda, v. 26, ce qui y était écrit; il donna aussitôt une réponse dont Jésus loua l'extrême justesse. Car, en effet, si un homme pouvait sincèrement et constamment aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme lui-même, il mériterait d'obtenir la vie éternelle. Ce docteur pensait peut-être qu'on ne pourrait le trouver en faute dans ce qui concernait l'amour de Dieu; mais sa conduite envers les hommes étant mieux connue, il sentit qu'elle ne pourrait supporter l'examen, c'est pourquoi, dans l'intention de chercher à s'excuser, il dit à Jésus: «Et qui est mon prochain?» Jésus alors lui rapporta l'histoire du bon Samaritain, qu'on suppose généralement n'être pas une parabole, mais le récit d'un fait réellement arrivé

On sait que plusieurs sacrificateurs et lévites vivaient à Jéricho, ce qui les obligeait à faire souvent le trajet de cette ville à Jérusalem; or, comme la route traversait un désert, les voyageurs y étaient facilement exposés aux attaques des voleurs. Le pauvre homme dont le Seigneur parle ici, fut assailli par eux sans que personne pût venir à son secours et le délivrer de leurs mains, et étant demeuré nu et couvert de blessures, il se trouvait hors d'état de poursuivre son chemin, et voyant approcher la nuit, il redoutait plus encore peut-être le voisinage des bêtes féroces que la cruauté des brigands. Comme il devait prêter l'oreille pour discerner au loin le pas d'un voyageur, et quand il l'eut enfin entendu, avec quelle anxiété il devait attendre son assistance! car il était naturel d'imaginer que personne ne pourrait voir sa situation déplorable sans essayer de lui porter secours. Mais une fois et même deux son espérance fut cruellement trompée, v. 31. Or, il se rencontra qu'un sacrificateur descendait par ce chemin-là; «un sacrificateur, un ministre de la miséricorde, devait assurément prendre pitié d'un malheureux; mais quand il le vit, il passa de l'autre côté», afin de n'être pas retenu en écoutant ses plaintes, et peut être aussi pour ne pas risquer de se laisser émouvoir, puisqu'il était résolu à ne pas s'arrêter, v. 32.

«Un lévite aussi étant arrivé en cet endroit-là vit cet homme.» Figurez-vous avec quelle angoisse le blessé attachait ses regards sur lui, tâchant de découvrir quelque sentiment de compassion sur sa physionomie; mais non, lui aussi passa de l'autre côté, en sorte qu'après avoir éprouvé cet amer désappointement de la part de deux serviteurs de Dieu, le pauvre délaissé dût commencer à croire qu'il était condamné à périr dans l'obscurité et dans l'abandon.

Vers. 33. «Mais un certain Samaritain passant son chemin vint vers cet homme, et le voyant, il fut touché de compassion.» Nous sommes informés par la Bible que «les Juifs n'avaient point de communication avec les Samaritains» (Jean, IV, 9). Ces deux nations se haïssaient mutuellement et chacune regardait l'autre comme entièrement exclue de la faveur de Dieu. Peut-être le sacrificateur et le lévite avaient-ils excusé à leurs propres yeux la dureté de leur conduite en la rejetant sur l'heure avancée et sur la crainte des voleurs. Le Samaritain aurait eu d'aussi fortes raisons pour agir de la même manière, d'autant plus que c'était chose inaccoutumée pour un Samaritain de parler à un Juif, et que s'il eût été placé dans les mêmes circonstances, il est fort probable qu'un Juif lui aurait refusé son secours. Mais aucune de ces considérations ne put empêcher le Samaritain d'assister un être souffrant dans sa détresse.

Les 34e et 35e versets nous dépeignent, en termes touchants, sa bonté; pour rendre la santé à ce malheureux, il n'épargna ni dépense, ni embarras, ni fatigue. Ç’aurait été déjà beaucoup s'il se fut borné à le faire transporter et secourir par les gens de l'hôtellerie la plus rapprochée; mais, au lieu de cela, il bande lui-même ses plaies, il le place sur sa propre monture, et durant la nuit, il le veille et le soigne lui-même. Il ne peut prévoir combien de temps ce pauvre blessé sera retenu dans l'hôtellerie, ni combien de frais entraînera sa maladie, et cependant il s'engage volontairement à tout payer, et son caractère paraît être si bien connu que l'on se fie à sa promesse.

Versets 36, 37. Quand Jésus eut achevé ce récit, il demanda au docteur: «Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé entre les mains des voleurs», et il répondit: C'est celui qui a exercé sa miséricorde envers lui. Ainsi le Seigneur lui fit trouver par lui-même la réponse à sa question.

Quand on parle du prochain, on se figure, en général, que ce titre s'applique à ceux qui vivent dans la même maison, dans la même rue, ou tout au moins dans le même pays. Mais ici les deux hommes qui sont considérés sous ce rapport, appartenaient à des nations différentes et étaient entièrement étrangers l'un à l'autre. Cela nous apprend que le commandement d'aimer notre prochain comme nous-mêmes s'étend à tous les hommes qui sont dans le monde; il est clair qu'il existe une multitude de gens et de peuples que nous ne verrons jamais; néanmoins, si nous aimons notre prochain comme nous-mêmes, «nous ferons des prières, des requêtes, des supplications et des actions de grâce pour tous les hommes» (1 Tim. , II, 1). Avec autant de zèle et de régularité que pour ce qui nous concerne en particulier. Le Sauveur a donné, dans une autre circonstance, la meilleure explication de cette loi, lorsqu'il dit: «Toutes les choses que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les leur aussi de même; car c'est là la loi et les prophètes» (Matth., VII, 12). 

L'exhortation que Jésus adresse au docteur fut: «Va et fais de même»; et c'est ainsi, mes chers lecteurs, ce que nous vous dirons. Je m'attends bien à ce que vous répliquiez: «Je ne suis qu'un enfant, je ne puis parcourir les routes écartées afin d'assister les pauvres voyageurs.»

Cette observation serait juste, mais remarquez bien que le sens des paroles du Sauveur n'est pas: Va et fais exactement ce que fit le Samaritain; mais, va et agis dans le même esprit que lui. Maintenant donc, si un de vos voisins venait à mourir, laissant un joli petit enfant, aux yeux brillants et doux, aux joues rosées, au sourire gracieux, ne seriez-vous pas enchanté à l'idée de nourrir et d'élever ce pauvre orphelin et de vous en amuser tout le long du jour, et ne croiriez-vous pas par-là montrer votre amour pour votre prochain? Je suis loin de le nier sans doute, mais pour obéir à la loi dont nous parlons, vous devriez être également disposé à secourir un mendiant sale et déguenillé qui languirait de misère dans une obscure cabane. Si un de vos meilleurs amis était malade, on vous verrait quitter vos jeux avec empressement pour aller vous établir près de son lit, lui faire quelque lecture et essayer de le distraire de ses maux. 
Eh bien! si vous aimez votre prochain comme vous-mêmes, et que vous connaissiez une personne âgée, infirme, qui vive toute seule, et dont sa vue commence à s'affaiblir, vous vous ferez un plaisir de lui offrir l'appui de votre bras pour la mener respirer le grand air du jardin et se réchauffer aux rayons du soleil, et vous ne témoignerez ni impatience, ni ennui, quoique sa démarche soit lente et pénible, et que sa société ne vous paraisse pas très-amusante; ou bien si la bonne dame préfère rester au coin de son feu, vous lui proposerez de lui lire quelque chose malgré la peine que vous aurez à vous faire entendre d'elle. Je suppose encore qu'un aveugle s'arrête à votre porte, chantant agréablement en jouant quelque joli air sur le violon, vous ne résisterez pas à l'envie de lui faire l'aumône et vous aurez raison d'agir ainsi; mais rappelez-vous que le pauvre païen de l'Afrique est entièrement aveugle quant aux choses de Dieu et à ce qui concerne les intérêts de son âme: lui aussi est votre prochain, et, par conséquent, vous devez mettre quelques sous en réserve pour contribuer à lui envoyer la lumière de l'Évangile; mais rappelez-vous qu'il ne faut faire aucune de ces choses sans l'autorisation de vos parents, car un enfant ne peut juger par lui-même, dans bien des cas, de la manière dont il doit se conduire, et d'ailleurs celui qui n'obéit pas à ce commandement «d'honorer son père et sa mère», montre par-là qu'il n'a pas l'amour de son prochain dans le cœur. Ce serait un signe bien affligeant de bassesse et de fausseté dans un enfant que de le voir se faire remarquer par ses attentions pour les pauvres et les affligés, tandis que ses parents auraient à se plaindre de sa négligence et de son indocilité.

Je serai bien réjoui, mes chers enfants, si après ce que vous venez de lire vous prenez la résolution d'accomplir ce commandement du Sauveur: «Va et fais de même.» Souvenez-vous cependant que ce n'est pas par vos œuvres que vous pourrez obtenir la vie éternelle; vous avez déjà violé plus de dix mille lois la loi de l'amour envers Dieu et envers votre prochain; et vous connaissez ces terribles paroles, dans lesquelles est écrite votre condamnation: «Maudit soit celui qui ne persévère dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire» Gal., III, 10)

. Que deviendriez-vous donc si «Christ ne nous avait rachetés de la malédiction de la loi ayant été fait malédiction pour vous?»(Gal., III, 10). Il nous a montré, par son exemple, comment on aime son prochain comme soi-même. Il n'y avait rien d'aimable dans le caractère des pécheurs, ni rien d'attrayant dans l'œuvre de leur rédemption, et pourtant «lorsque nous étions fort abaissés, il s'est souvenu de nous, parce que sa bonté demeure à toujours» (Ps. CXXXVI , 23). «II a regardé, et il n'y a eu personne qui l'aidât; il a été étonné, et il n'y a eu personne qui le soutînt; mais son bras à apporté le salut (Es., LXIII, 5); il a magnifié sa loi et l'a rendue honorable (Es., XLII, 21). C'est par la foi en lui que les pécheurs sont justifiés de toutes les choses dont ils n'ont pu être justifiés par la loi de Moïse (Actes, XIII, 39), et la foi, quand elle est véritable; opère par la charité; maintenant donc ces trois choses demeurent: La foi, l'espérance et la charité; mais la plus excellente est la charité» (1 Cor., XIII, 13).


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