Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLE DU BON BERGER.

JEAN, X, 1, 18.

PREMIÈRE PARTIE.


Bon Berger

Il est peu de choses plus intéressantes et mieux faites pour amuser des enfants que la vue d'un troupeau de moutons conduit par un berger. Ceux de mes jeunes lecteurs qui habitent dans des villes n'ont peut-être jamais vu d'autres troupeaux que ceux qu'on rencontre sur les grandes routes, et qui, harassés et poudreux, sont dirigés à coups de fouets vers la boucherie; assurément il y a peu de plaisir à voir ces pauvres animaux dans cet état: mais combien il est différent de contempler ces troupeaux nombreux de brebis blanches et nettes répandues dans de vastes champs, les unes mollement couchées, les autres broutant un épais et fin gazon. Et qui n'admirerait la sollicitude du vigilant pasteur qui le soir les rassemble autour de lui, les accompagne jusqu'au bercail, et en ferme la porte avec soin après s'être assuré qu'aucune de ses brebis n'est demeurée en arrière!

Notre Sauveur, qui connaît si bien «ce qui est dans l'homme,» s'appliqua toujours, dans sa bonté infinie, à présenter ses instructions sous une forme agréable et simple, afin que les petits enfants même pussent les comprendre et les retenir; aussi pouvons-nous remarquer que la plupart de ses paraboles sont singulièrement bien adaptées à l'intelligence des très jeunes gens. II faisait fréquemment usage de cette expression: «En vérité, en vérité,» que nous lui voyons employer ici, lorsque la chose dont il voulait parler avait une importance particulière; car nous savons que Jésus qui abhorre le mensonge, et qui est appelé le «Témoin fidèle» (Apoc. I, 5), ne parla jamais d'autre langage que celui de la «vérité» (Jean XVIII, 37). Jamais on ne l'entendit proférer de parole légère ou inutile, en sorte que c'est un grand péché de ne pas ajouter foi à ses moindres discours. Ces simples mots: «En vérité, en vérité,» semblent placés au commencement de la parabole pour commander spécialement notre attention; rappelons-nous les donc, tandis que nous allons chercher à découvrir l'instruction qui y est contenue.

La bergerie est un enclos dans lequel les brebis vont se reposer pendant la nuit et où elles se retirent en général quand elles ne paissent pas dans les champs. Elle est ordinairement entourée d'un mur ou d'une palissade assez élevée, et munie d'une porte qui ferme très exactement, afin que les voleurs ou les bêtes féroces ne puissent pas y pénétrer à la faveur des ténèbres. Si l'on voyait quelqu'un s'efforcer d'entrer dans la bergerie, en franchissant le mur d'enceinte, il serait naturel de lui supposer de mauvaises intentions; car le berger qui a la clef de la porte ne prend pas ce chemin-là pour aller visiter ses brebis; de même si l'on avait placé un gardien en sentinelle auprès de la porte, il l'ouvrirait sans doute au berger du troupeau, mais à nul autre qu'à lui.

Pour bien comprendre les versets 3 et 4, il faut être au fait de quelques coutumes particulières aux peuples de l'Orient. Dans ces contrées, le berger donne un nom particulier à chacune de ses brebis; en sorte qu'accoutumées à reconnaître la voix de leur maître, elles accourent à son appel, et au lieu de chasser ses troupeaux devant lui comme cela se fait chez nous, le berger, au contraire, marche devant eux, et ils le suivent; mais si un étranger ou un voleur essayait d'appeler les brebis, elles ne répondraient point à cette voix inconnue, et s'enfuiraient avec effroi.

Les personnes à qui Jésus adressait cette parabole n'en ayant pas tout de suite compris le sens, il condescendit à leur en donner l'explication; réjouissons-nous donc, mes enfants, de ce que le Sauveur lui-même daigne nous dévoiler la leçon cachée dans ses paroles. Les brebis représentent le peuple de Christ, composé de tous ceux qui croient en lui, et obéissent à ses paroles, elles sont souvent désignées par ce nom dans la Bible. (Voyez Ps. LXXIV, 1; LXXVIII, 52; LXXIX, 13.)

En effet, sous plusieurs rapports, les vrais chrétiens ressemblent à des brebis. La brebis est un animal pur, innocent, doux et paisible; et les chrétiens ne sont-ils pas appelés à être «sans reproche, sans tache, enfants de Dieu, irrépréhensibles au milieu de la race corrompue et perverse» (Phil. II, 15)? Ils sont exhortés à bannir toute «aigreur, toute animosité, toute colère,» toute crierie, toute médisance et toute malice» (Ephes. IV, 31), et à chercher pour ornement «un n esprit doux et paisible» (1 Pier. III, 4); ils sont invités à être enseignés par celui qui était «doux et humble de cœur» (Matth. XI, 29), et dont il est dit «qu'il ne criera point, qu'il n'élèvera point sa voix et ne la fera point entendre dans les rues» (Es. XLII, 2), «qu'il a été conduit à la boucherie comme un agneau et comme une brebis muette devant celui qui la tond, et qu'il n'a point ouvert la bouche» (Ésaïe LIII, 7).

La brebis est un animal faible et sans défense, exposé aux attaques des bêtes féroces qui souvent cherchent à la dévorer; c'est à quoi le Seigneur fait allusion au verset 12, et nous verrons qu'à cet égard aussi son peuple peut être comparé à la brebis. Jésus dit: «Je suis la porte des brebis»; c'est par la porte de la bergerie que le berger y entre. Quoique Jésus soit lui-même le souverain Pasteur (l Pier. V, 4) de son troupeau, cependant tous les ministres fidèles qui prêchent la vérité telle qu'il l'a enseignée, et «qui veillent sur les âmes comme devant en rendre compte» (Hébr. XIII, 17), sont aussi appelés pasteurs ou bergers (Actes XX, 28).

La bergerie peut représenter l'Église de Dieu. Quand les enfants entendent parler d'une Église, ils ne se figurent pas autre chose qu'un bâtiment de pierre ou de brique, où l'on s'assemble pour le culte public; mais le mot d'Église dans l'Écriture Sainte a un sens bien plus étendu; il exprime la réunion des chrétiens qui dans une certaine ville ou une certaine contrée adorent Dieu, et servent Jésus dans un même esprit; c'est ainsi qu'il nous est parlé de l'église qui est à Corinthe, à Thessalonique, de celle qui se réunissait dans la maison de Nymphas, etc. (1 Cor. I, 2; 1 Thes. 1,1; Col. IV, 15).

Mais quand il est parlé de l'Église sans nommer aucun lieu en particulier, cela désigne tout le peuple de Christ tant celui qui est sur la terre que celui qui habite déjà dans les cieux (Ephés. V, 32; Col. I, 18—24). Quoique ceux qui la composent ici-bas soient en si grand nombre qu'aucun temple ne pourrait les contenir, et quoique dispersés au milieu de toutes les nations, cependant parce qu'ils sont tous unis par la foi en Christ et conduits par sa Parole, le Sauveur les considère comme ne formant qu'un même corps, qu'il appelle son Église. Quoiqu'ils diffèrent beaucoup les uns des autres dans leur apparence extérieure et dans mille autres choses, ils sont pourtant un en ceci; c'est qu'ils aiment Jésus, et cherchent tous leur salut en lui. Mais nous nous étendrons davantage sur ce sujet un peu plus tard.

Maintenant, comment faut-il entendre que Christ est la porte de son Église? Cela est dit deux fois dans la parabole, d'abord au verset 7; et le Sauveur ajoute immédiatement: «Tous ceux qui sont venus avant moi ont été des larrons et des voleurs, et les brebis ne les ont point écoutés.»

Voici ce que cela signifie! Tous les véritables pasteurs de l'Église de Christ doivent avoir la foi en lui, et prêcher la Parole en obéissant à ses commandements; car c'est la seule manière de devenir réellement un ministre de l'Évangile, tout comme la porte est la seule voie pour entrer dans la bergerie ou dans tout autre bâtiment. Mais il y a toujours eu des hommes qui ont prétendu prêcher la Parole de Dieu, et se sont fait appeler ministres de Christ, tandis qu'ils ne croyaient pas sa vérité, et n'avaient pas même le désir de la faire connaître à leurs auditeurs; de telles gens n'ont pas plus de droit à être considérés comme pasteurs par les chrétiens, qu'un voleur entré par ruse dans la bergerie n'en aurait à se faire passer pour le berger du troupeau, et tout comme les brebis seraient effrayées si elles voyaient un étranger pénétrer dans leur enclos de cette manière; ainsi le peuple de Christ, celui qui l'aime, fuira ces prédicateurs qui parlent contrairement à sa Parole, et qui ne suivent pas ses divines ordonnances.

Au verset 9, le Sauveur dit une seconde fois: «Je suis la porte.» Il est important d'observer que là porte de la bergerie sert d'entrée non seulement au berger, mais encore aux brebis elles-mêmes; et ici les plus jeunes enfants doivent se rappeler que s'ils désirent être trouvés dans la bergerie dont nous parlons, il ne leur est pas moins nécessaire d'y être introduits par Christ, que cela ne l'est pour les ministres chargés de prêcher sa Parole. Dans l'Évangile de saint Jean, XIV, 6, Jésus dit: «Je suis le chemin; nul ne vient au Père que par moi.» Il est donc le chemin ou la porte qui conduit à Dieu. Dieu est irrité contre les pécheurs parce qu'ils lui ont désobéi, et les pécheurs ne peuvent aimer Dieu ni désirer de lui plaire; dans cet état, ils sont comparés à des brebis errantes (Es. LIII, 6) qui ne peuvent retrouver l'entrée de la bergerie; la pensée de la présence de Dieu leur est à charge; ils détestent sa Parole, ses temples et son culte, et le ciel où il habite n'éveille en eux aucun désir. C'est uniquement par Christ que ces pécheurs égarés peuvent obtenir la faveur de Dieu, être rendus à son amour, et se réjouir en sa connaissance. 
En croyant en Christ, c'est-à-dire en croyant tout ce que la Bible nous dit de Christ, ils trouvent entrée à la porte de la bergerie; car Dieu a tant aimé le monde, «qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle» (Jean III, 16). Peut-être quelques enfants disent-ils, oui, cela est vrai, j'étais une fois semblable à une brebis égarée; j'employais mes Dimanches à jouer, je ne lisais jamais ma Bible, je n'apprenais que des mauvaises paroles et des chansons profanes; mais maintenant je suis sûrement entré dans la bergerie du Seigneur: je lis un chapitre de la Bible chaque jour, j'aime mon école du Dimanche, et je ne passe plus ce jour dans les plaisirs du monde depuis qu'on m'a dit qu'une telle conduite est très coupable. J'apprends très bien mes leçons, et je sais de plus un grand nombre d'hymnes que j'ai étudiés sans que l'on me l'eût demandé; je les chante quelquefois à la maison, et je les enseigne à mes petits frères et à mes petites sœurs: aussi ma mère dit que je suis devenu un enfant très sage depuis que je vais à l'école du Dimanche. Tout cela est bien sans doute, mon cher petit ami; mais si vous en restez-la; vous avez encore autant besoin de
Jésus -Christ pour vous sauver, que dans le temps où vous couriez les rues, et où vous vous livriez à de vains amusements pendant le jour du Seigneur. Ce changement extérieur dans votre conduite peut engager les autres à croire que vous faites partie du troupeau de Christ; mais Dieu ne peut vous mettre effectivement de ce nombre tant que vous imaginez pouvoir lui plaire, et obtenir sa faveur autrement que par Jésus; si vous ne vous reposez pas sur lui seul comme sur votre Sauveur, vous ne pouvez aimer Dieu, parce que vous ne pouvez sentir le prix du don qu'il a fait de son Fils bien-aimé pour sauver les pécheurs. L'apôtre Jean dit: «C'est en ceci que consiste cet amour, que ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c'est lui qui nous a aimés, et qui a envoyé son Fils pour faire la propitiation de nos péchés. Nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le premier» (3 Jean IV, 10, 19).

Lorsque le geôlier de Philippes demanda: «Que faut-il que je fasse pour être sauvé? il lui fut répondu: «Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras» sauvé» (Actes XVI, 30, 31); et ici notre Sauveur dit lui-même: «Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et sortira, et trouvera de la pâture.» La pâture qu'une brebis aime à rencontrer, c'est de la bonne herbe en abondance. De même le pécheur qui vient à Dieu par Christ trouve en lui une nourriture spirituelle faite pour combler pleinement tous les désirs de son âme. Chacun en ce monde désire être heureux: les enfants aussi cherchent le bonheur; mais ils ne le trouvent véritablement que quand ils ont été introduits par Christ dans le troupeau ou la famille de Dieu; c'est bien assez pour les remplir de joie de savoir que l'Éternel n'est plus irrité contre eux, mais qu'il est devenu leur Père, et que Christ, leur frère aîné, est allé leur préparer une place dans la maison paternelle des cieux (Jean XIV, 2). Une pareille joie durera encore après que les folâtres années de l'enfance seront passées; et dans la vieillesse, s'ils y parviennent, loin de diminuer, elle s'accroîtra, car ils auront fait une plus longue expérience de la bonté de leur Père céleste; ils pourront voir «leur chair défaillir; mais Dieu sera le rocher de leur cœur et leur partage à» toujours» (Ps. LXXIII, 26).

Au verset 10, le Sauveur parle des pasteurs hypocrites qu'il compare à des loups dans une bergerie, et il montre combien il diffère d'eux. Ces hommes mercenaires ne pensent qu'à acquérir du crédit et des richesses, tout en perdant les âmes qui leur sont confiées. Jésus, au contraire, est venu, afin que ses brebis pussent avoir la vie et l'avoir même avec abondance. Un grand nombre avaient déjà obtenu la vie éternelle avant la venue de Christ, en croyant que Dieu enverrait un Sauveur au monde selon sa promesse. Mais quand il a paru sur la terre, il a fait connaître plus amplement ce qu'est la vie éternelle, et par quelle voie les pécheurs peuvent y parvenir. Cette vie ne consiste pas seulement dans la délivrance de la mort éternelle, mais c'est une existence pleine d'une félicité inexprimable, et embellie par toutes les choses qui peuvent rendre l'âme heureuse pendant l'éternité; c'est une vie passée tout entière en la présence de Dieu, «où il y a une plénitude de joie avec des plaisirs à sa droite pour jamais» (Ps. XVI, 11).


DEUXIÈME PARTIE.


J'ai connu quelques enfants qui, après avoir passé un an ou deux à l'école, devenaient très orgueilleux de ce qu'ils y avaient appris, en sorte que si leurs petits frères ou leurs petites sœurs leur demandaient une explication sur quelque chose qui se trouvait dans leur leçon, on les voyait prendre aussitôt un air d'impatience et de hauteur, sans daigner se donner la peine de leur répondre. Combien a été différente la conduite de notre miséricordieux Sauveur! Quoiqu'il connût toutes choses, il instruisait avec une patience sans bornes un peuple ignorant et rebelle; il condescendait même jusqu'à répéter ses enseignements sous diverses formes, afin de les approprier à l'intelligence de ses auditeurs. Ah! sans doute, il avait bien le droit de dire: «Apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur» (Matth. XI, 29).

Dans la première partie de la parabole, le Seigneur avait montré le chemin qui conduit à la véritable Église de Dieu, en se désignant lui-même sous l'emblème d'une porte. Dans cette seconde partie, il prend le titre de berger, afin d'exprimer ses soins et son amour envers ceux qui sont devenus son peuple. Il se nomme le bon berger, parce qu'il est infiniment supérieur aux plus excellents d'entre ceux qui ont été établis pasteurs dans son Église. Ce n'est pas ici la première fois que Jésus est appelé un berger: ce nom lui est fréquemment donné dans l'Ancien-Testament. (Gen. XLIX, 24; Ps. XXIII, 1; LXXX, 1; Zach. XIII, 7 , etc.)

Quelquefois des pasteurs à gages sont chargés de la conduite d'un troupeau qui n'est pas leur propriété, mais le troupeau de Christ lui appartient en propre. «Le bon berger donne sa vie pour ses brebis;» il les a rachetées, et le prix qu'il a donné pour elles, c'est sa propre vie. Les pécheurs avaient tous mérité de mourir, parce que «le gage du péché, c'est la mort;», mais Jésus s'est mis à leur place, afin de mourir pour eux, et le châtiment que Dieu réservait an péché est tombé sur lui. Oh! chers enfants, rappelez-vous cela quand vous êtes tentés de mal faire! Pensez au Fils bien-aimé de Dieu, mourant sur la croix, répandant tout son sang, afin que les pécheurs pussent être délivrés de la colère à venir, et voyez les terribles conséquences de ce que vous appelez peut-être de légères fautes. Aussi quand Jésus vit les personnes qui pleuraient, tandis qu'on le conduisait au supplice, il se tourna vers elles, et leur dit: «Ne pleurez point sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants; car si l'on fait ces choses au bois vert, que fera-t-on au bois sec» (Luc XXIII, 27, 31)?

Un loup, ainsi que le savent la plupart de mes lecteurs, est un animal cruel et sauvage qui dévore brebis et agneaux, et même des hommes quand il peut s'en emparer. On comprend donc combien doit être effrayante son apparition au milieu d'un troupeau. Aussi un berger mercenaire qui n'éprouve point d'affection pour les pauvres animaux confiés à sa garde, s'enfuira-t-il à son approche? Si vous lisez au premier livre de Samuel, chap. XVII, 34—37 , vous verrez à quels dangers les bergers et leurs troupeaux sont exposés là où ces bêtes féroces abondent.

Les brebis de Christ ont aussi un cruel ennemi: «Leur adversaire, le diable, tourne autour d'elles, comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer» (1 Pier. V, 8). Les méchants travaillent souvent à leur nuire, et comme tant qu'elles sont sur cette terre, elles ne sont pas entièrement affranchies du péché, bien des choses peuvent les entraîner hors du droit chemin. Mais leur bon berger les aime trop pour les abandonner à l'heure du danger; il est puissant pour sauver les chrétiens lorsqu'ils n'ont aucune force, et pour les rendre «plus que vainqueurs par celui qui les a aimés» (Rom. VIII, 36—37).

Leur faiblesse les oblige à regarder continuellement à lui; car ce n'est pas assez d'avoir la foi quand on entre dans son troupeau, il faut y faire des progrès chaque jour et se confier en lui. David disait: «L'Éternel est mon berger, je n'aurai point de disette; il me fait reposer dans des parcs herbeux, et me conduit le long des eaux tranquilles; il restaure mon âme, et me mène par des sentiers unis pour l'amour de son nom; même quand je marcherais par la vallée de l'ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, car tu es avec moi; c'est ton bâton et ta houlette qui me consolent» (Ps. XXIII, 1—4). 

Ce bon berger prend un soin particulier des membres les plus jeunes et les plus faibles de son Église, qu'il appelle les agneaux de son troupeau (Es. XL, 11; Jean XXI, 15). Il a dit: «Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les empêchez point, car le royaume du ciel est pour ceux qui leur ressemblent.» Et dans ce beau passage de l'Écriture, Matth. XVIII, 1—14, que chaque enfant devrait aimer à se rappeler, il exhorte sérieusement tous les chrétiens avancés dans la vie à prendre garde de ne mépriser aucun de ses petits agneaux. Ce passage surtout, depuis le verset 10, est si remarquablement assorti au sujet que nous traitons, que je regrette de ne pouvoir le citer dans toute son étendue; mais j'invite chacun de mes lecteurs à le chercher dans sa Bible.

Quoique le bon berger ait un grand nombre de brebis, il connaît avec détail ce qui concerne chacune d'elle; il sait à quels chagrins elles sont exposées et quels péchés viennent les tenter, et pour nous montrer avec quelle constance et quelle bonté il s'occupe d'elles, il nous déclare que leurs noms sont écrits sur la poitrine et sur les paumes de ses mains (Comparez Exode, XXVIII, 9—21, avec Hébr., VII, 21—28; IX, 7—14; Es., XLIX, 15, 16).

Les plus pauvres et les plus chétives lui sont aussi chères que les autres et pas une d'entre elles ne se perdra. Il dit: «Je leur donne la vie éternelle, elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main.» 

Au jour du jugement, on verra quelle connaissance parfaite il a de tous ceux qui composent son troupeau; car «toutes les nations seront «assemblées devant lui, et il séparera les uns d'avec les autres, comme un berger sépare les brebis d'avec les boucs; et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche» (Matth., XXV, 32, 33). Autant ce sera un jour de bonheur pour ceux qui auront confié leurs âmes aux soins de Christ, autant la perspective en est effrayante pour les autres. Beaucoup de ceux qui ont méprisé le Sauveur et son peuple sur cette terre, désireront alors pouvoir être de leur nombre; mais pas un seul bouc ne se trouvera mêlé parmi les brebis.

Après avoir dit: «Je connais mes brebis», le Sauveur ajoute: «Et mes brebis me connaissent.»
Là-dessus, un enfant pourrait demander: «Comment puis-je aimer Christ, puisque je ne le vois pas?» À cela nous lui répondrons: Il est vrai que vous ne pouvez pas le voir, mais si vous croyez ce que la Bible dit de lui, cela sera bien assez pour vous le faire aimer. Quand il fut sur le point de quitter ce monde, il annonça à ses disciples que dans peu ils ne le verraient plus; mais il leur promit qu'après son départ le consolateur, qui est le Saint-Esprit, viendrait à eux: et il devait justement venir pour leur enseigner bien des choses touchant la personne et l'office du Sauveur, comme cela se lit dans saint Jean, chap. XIV, 16, 17, 25, 26; XV, 26; XVI, 7—14). Cette promesse du Saint-Esprit avait déjà été faite auparavant, lorsque Jésus s'adressant aux parents terrestres leur dit: «Si vous, qui êtes méchants, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il son Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent» (Luc, XI, 13).

Rappelez-vous qu'il ne suffit pas de lire dans le Nouveau-Testament l'histoire de la vie et de la mort du Sauveur; beaucoup de personnes ont fait cette lecture durant toute leur vie sans parvenir jamais à cette connaissance de Christ qui est accompagnée de l'amour, car «nul ne peut dire que Jésus est le Seigneur,» si ce n'est par le Saint-Esprit» (1 Cor., XII, 3). Mais si un petit enfant est instruit à prier, en disant: «Éternel, tu es béni, enseigne-moi tes statuts; découvre mes yeux, afin que je regarde aux merveilles de ta loi» (Ps. CXIX, 12—18); l'Être tout bon et tout-puissant, qui habite dans les cieux, aura égard à sa prière, et le Saint-Esprit sera donné à cet enfant. Si vous êtes enseigné par lui, la lecture de la Bible ne sera plus pour vous une tâche; mais en la lisant, il vous semblera entendre Jésus vous dire combien il vous aime et quelles grandes choses il a faites et fera encore pour vous. Alors peut-être pourra-t-on vous appliquer ces paroles que saint Pierre adressait à une portion des brebis de Christ: «Sans l'avoir vu, vous l'aimez;vous croyez en lui, quoique vous ne le voyez pas encore, et en croyant, vous vous réjouissez d'une joie ineffable et glorieuse» (1 Pier., I, 8). Si vous êtes diligent et appliqué pendant votre jeunesse, vous pourrez un jour devenir un savant; mais toute votre science ne vous donnera pas le bonheur, si vous n'avez pas connu Christ de la manière que je viens de décrire. L'apôtre Paul était un homme fort savant, cependant, après avoir été enseigné par le Saint-Esprit, il dit: «Ce qui m'était un gain, je l'ai regardé comme une perte à cause de Christ; et même je regarde toutes les autres choses comme une perte en comparaison de l'excellence de la connaissance de J.-C. mon Seigneur, pour lequel je me suis privé de toutes ces choses, et je ne les regarde que comme des ordures, pourvu que je gagne Christ »(Ph.,III,7—10).

La connaissance que les fidèles ont de Christ est si intime que le Seigneur la compare à la liaison qui existe entre lui et son Père, v. 15. Par une méditation fréquente de l'œuvre du Sauveur, par des prières continuelles et par l'influence du Saint-Esprit, ils peuvent pénétrer toujours plus avant dans cette bienheureuse connaissance; en sorte que quand la mort arrive, il leur semble qu'ils vont entrer en la présence d'un frère ou d'un ami bien-aimé. Ils peuvent dire: «Je sais en qui j'ai cru et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder mon dépôt jusqu'à ce jour-là» (2 Tim., 1, 12).

Au v. 16, le Seigneur parle de ceux qui seraient mis dans la suite au nombre de ses brebis, quoiqu'à cette époque ils ne le connussent pas encore. Par là il voulait faire entendre aux Juifs qui l'entouraient que son Évangile serait prêché à toutes les nations du monde, et que dans chacune il y aurait des âmes disposées à le recevoir. Dieu avait choisi les Juifs pour être son peuple particulier, et tous les autres étaient, dans ce temps-là, en dehors de sa bergerie; mais à mesure qu'il leur a fait connaître la vérité concernant Jésus, ils ont été admis dans l'Église et leur salut a été aussi assuré que celui des enfants d'Israël. Cela est bien encourageant pour nous qui vivons à une grande distance de la terre de Canaan. Quand le Sauveur prêchait dans la Judée, nos Pères étaient encore païens, et cependant déjà ce bon berger avait aussi arrêté que du milieu de nos contrées il amènerait des brebis dans son bercail. Aujourd'hui nous entendons annoncer son Évangile parmi nous chaque Dimanche, et l'on peut dire de plusieurs de nos frères: — «Vous étiez comme des brebis errantes, mais vous êtes maintenant retournés au pasteur et à l'évêque de vos âmes» (1 Pier., II, 35).

Le temps viendra où toutes les brebis de Christ seront rassemblées autour de lui, et où il n'y aura «qu'un seul troupeau et qu'un seul berger.» Actuellement elles sont dispersées par toute la terre et assujetties à beaucoup de combats, de craintes et de dangers; mais «l'Éternel est celui qui bâtit Jérusalem, il rassemblera ceux d'Israël qui sont dispersés, il guérit ceux qui ont le cœur brisé et il bande leurs plaies» (Ps. CXLVII, 23. Il dit: «Ne crains point, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume» (Luc, XII, 32). Quand ils auront été ramenés du Nord et du Midi, de l'Orient et de l'Occident, ils formeront «une grande multitude, que personne ne pourra compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue; alors l'agneau, qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources d'eaux vives, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux» ( Apoc, VII, 9, 17 ). Aucune distance ne les séparera plus de leur tendre berger et ne les empêchera de contempler sa face, car ils seront pour «toujours avec le Seigneur.»


TROISIÈME PARTIE.


Nous lisons dans la Bible qu'à cause de nos péchés nous n'avons aucun droit à la faveur de Dieu, et que nous ne pouvons obtenir sa miséricorde qu'en vertu de ce que Christ a fait et a souffert pour nous. Mais nous ne devons pas supposer que jusque-là Dieu prît plaisir à la punition des pécheurs ou qu'il y eût en lui la volonté de ne point leur pardonner, et que l'obéissance et l'expiation présentées par le Sauveur ont changé les dispositions de son Père à notre égard; car il nous est formellement déclaré que «Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, etc. (Jean, III, 16); qu'il n'a point épargné son propre Fils, mais il l'a livré pour nous tous» (Rom., VIII, 31). Néanmoins, au v. 17, Jésus dit que son Père l'a aimé, parce qu'il a volontairement pris sur lui le châtiment réservé aux pécheurs. Jésus étant Dieu est égal au Père; le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un même Dieu, un en puissance, en sagesse et en bonté. Saint Paul nous dit que Christ «étant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une usurpation d'être égal à Dieu; cependant, il s'est anéanti lui-même, ayant pris la forme de serviteur fait à la ressemblance des hommes, et étant trouvé en figure comme un homme, il s'est abaissé lui-même et a été obéissant jusqu'à la mort, à la mort même de la croix» (Philip., II, 6—8). Il n'aurait pu être notre Rédempteur sans prendre notre nature humaine; et il a été non seulement le «méprisé et le rejeté des hommes», mais il est devenu le serviteur de son Père, afin de pouvoir obéir à ses commandements que nous avions violés, et endurer le poids de sa colère que nous avons justement méritée. Mais tandis qu'il s'humiliait ainsi sur la terre, il n'était pas moins le Tout-Puissant, comme il l'a montré par les choses admirables qu'il accomplissait (Voyez Marc, II, 3—12; Luc, VIII, 22—25).

C'était comme homme semblable à nous en toutes choses, excepté le péché, qu'il priait son Père, qu'il obéissait aux commandements de son Père et se soumettait à sa volonté (Hébr., V, 7—9). Tout cela, ne l'oublions pas, il le faisait en faveur des pécheurs et à leur place. Mes chers enfants, vous êtes prêts à dire que de telles choses confondent toutes vos idées. — Je ne m'en étonne pas, puisqu'elles échappent même à l'intelligence des anges (1 Pier., I, 12). Et en effet, quand on pense que le Fils éternel de Dieu a quitté la gloire du ciel, qu'il s'est fait homme, qu'il est descendu sur cette terre, qu'il y a souffert une mort honteuse et cruelle pour le salut de créatures pécheresses qui s'étaient révoltées contre lui, n'y a-t-il pas là un amour qui «surpasse toute connaissance?» (Eph., III, 16—19). Ah! sans contredit, «le mystère de piété est grand; Dieu a été manifesté en chair, justifié par l'Esprit, vu des anges, prêché aux Gentils, cru dans le monde et élevé dans la gloire» (1 Tim., III, 16). Mais pourriez-vous entendre parler d'un amour si merveilleux sans aimer Dieu en retour? pourriez-vous connaître ce que Jésus a fait pour sauver les âmes et demeurer indifférents aux intérêts des vôtres?

Dans les v. 17 et 18, le Sauveur déclare que le sacrifice de sa vie est volontaire, et qu'il peut, à son gré, la quitter et la reprendre. Nous savons même que personne ne pouvait mettre la main sur lui sans sa permission; car saint Matthieu rapporte que quand une grande troupe d'hommes, armés d'épées et de bâtons, furent envoyés en Gethsémané pour le saisir, il ne fit aucune résistance et empêcha ses disciples de le défendre; mais il dit à l'un d'eux: «Crois-tu que je ne pusse pas maintenant prier mon Père, qui me donnerait présentement plus de douze légions d'Anges? Mais comment seraient accomplies les Écritures qui disent qu'il faut que cela arrive ainsi?» (XXVI, 47—56).

Il est vrai qu'il fut ensuite lié et conduit au supplice par les soldats qui veillèrent autour de sa croix après l'y avoir cloué (Matth., XXVII, 27—36). Mais celui qui avait passé sain et sauf au milieu d'une multitude furieuse assemblée pour le lapider (Luc, IV, 28—30), ne pouvait-il pas aussi facilement échapper aux mains de ceux qui l'avaient lié et descendre de la croix où ils l'avaient attaché? celui qui avait rendu plusieurs personnes à la vie, ne pouvait-il pas empêcher sa propre mort? Ce qui montre encore que cette mort fut volontaire, c'est que Jésus expira beaucoup plus tôt que l'on ne pouvait le présumer, malgré ses cruelles souffrances. Pilate témoigne une grande surprise en apprenant combien sa fin avait été prompte (Marc, XV, 44), et nous savons que loin d'avoir perdu ses forces, il rendit l'esprit en criant à haute voix (Marc, XV, 37 au v. 18), il donne la raison pour laquelle il abandonne si volontiers sa vie: «J'ai reçu ce commandement de mon Père.» Comment pourrions-nous assez admirer cette obéissance si entière à la volonté de Dieu! L'Éternel avait déclaré que «sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés» (Lévit., XVII, 11; Hébr., IX, 22). Et Christ est devenu homme afin de pouvoir verser son sang pour les pécheurs.

Rappelons-nous aussi qu'outre ses souffrances corporelles, il eut d'horribles angoisses de l'âme à endurer en supportant le poids de la colère de Dieu contre les péchés accumulés de tout le monde; et il les sentait avec un cœur d'homme, et combien il lui devait être amer de se voir exposé aux coups de la justice divine, lui, le bien-aimé du Père, pour des iniquités qui n'étaient pas les siennes! Aussi nous pouvons comprendre ses angoisses d'après la prière qui lui échappe: «O mon Père, s'il est possible, fais que cette coupe passe loin de moi»; puis surmontant son effroi, aussitôt il ajoute, avec une inexprimable douceur: «Toutefois non point comme je le veux, mais comme tu le veux» (Matth., XXVI, 36—44, et aussi XXVII, 46). 

Pas une seule parole d'impatience ne sortit même de ses lèvres, tandis qu'on lui crachait au visage, qu'on le chargeait de coups, de moqueries et de fausses accusations (Matth., XXVI, 59—68; XXVII, 27—31). En toutes choses, il a été un exemple pour nous; et si nous sommes bien convaincus que ce fut l'amour de nos âmes qui lui attira ces outrages multipliés, nous ne pourrons nous dispenser de chercher à imiter sa douceur et sa patience dans toutes les épreuves que nous aurons à supporter. Mon jeune lecteur, comment vous conduiriez-vous en pareille circonstance? Quand vous êtes malade et que vos bons parents veulent vous faire prendre quelque remède, vous y prêtez-vous de bonne grâce? votre mal ne vous entraîne-t-il point à l'humeur et à l'impatience? Oh! rappelez-vous alors les paroles du miséricordieux Jésus quand il souffrait des douleurs que celles d'aucune créature humaine n'ont jamais pu égaler: «Ne boirai-je pas la coupe que mon Père m'a donné à boire?» (Jean , XVIII, 11).

Ne vous voit-on pas rougir de colère dès que vous entendez dire à un de vos camarades un mot qui blesse votre amour-propre? n'êtes-vous pas prêt à lever votre main pour frapper, quoique ce qui a été dit ne soit peut-être que l'exacte vérité? Pensez alors à Jésus entouré de ses ennemis, qui lui parlaient de la manière la plus insultante, et qui cependant ne leur répondit pas un mot, et écoutez-le s'écrier, tandis qu'ils le clouaient sur la croix: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. » Mais la gloire qui suivit la mort de Jésus fut proportionnée à ce qu'avaient été ses souffrances; il avait dit: «Je laisse ma vie pour la reprendre.» En effet, son corps fut déposé dans la tombe, une grosse pierre en ferma l'entrée, et ses ennemis placèrent des soldats autour du sépulcre pour le garder et empêcher qu'on ne l'ouvrit. Mais il avait prédit la durée du temps que son corps y devait demeurer, et sitôt que ce temps fut écoulé, il se releva de la tombe sans aucune difficulté; un ange enleva la pierre qui le recouvrait, et ce corps, qui avait été glacé par la mort, fut revu peu après plein de force et de vie (Matth., XXVII, 59—66; XXVIII, 1—7).

Cette résurrection d'entre les morts était destinée à manifester autre chose encore que la puissance de Jésus pour reprendre la vie. En le ressuscitant, Dieu voulait témoigner qu'il avait reçu une satisfaction parfaite de tout ce que son Fils avait fait et souffert pour les pécheurs: il s'était soumis à tout ce qui était nécessaire pour les délivrer de la misère éternelle; et comme il avait été leur représentant dans sa mort, il l'a été aussi dans sa résurrection, afin de montrer que tous ceux qui croient en lui reprendront aussi sa vie, et ce sera pour l'éternité. Oh! combien cette perspective adoucit l'idée du tombeau, toujours environnée de terreur, surtout pour les enfants!

Maintenant, savez-vous bien pourquoi vous avez peur de mourir? C'est parce que vous avez péché contre Dieu, car l'Écriture Sainte dit que l'aiguillon de la mort, c'est le péché. Mais Christ a «aboli l'infidélité, a consumé le péché, a fait propitiation pour le péché et a amené la justice des siècles» (Dan., IX, 34). 

De plus, Dieu a promis que «il ne se souviendrait plus des péchés, ni des iniquités de ceux qui croient en son Fils» (Hébr., X, 17). Et Jésus est monté au ciel, où il continue son office de Médiateur et de Sauveur: «Il est entré une fois dans les lieux saints avec son propre sang, après avoir obtenu pour nous une rédemption éternelle; c'est pourquoi aussi il peut sauver pour toujours ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux» (Hébr. , IX, 12; VII, 25).

Il est allé préparer une place dans la maison de son Père pour ses disciples (Jean, XIV, 2, 3). Leurs corps, il est vrai, reposeront pour un temps dans la poussière; mais si nous «croyons que Jésus est mort et qu'il est ressuscité, de même aussi ceux qui dorment en Jésus, Dieu les ramènera avec lui» (1 Thess., IV, 14). Et alors «il transformera notre corps vil, afin qu'il soit rendu conforme à son corps glorieux, selon le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses» (2 Philip., III, 21).

Rappelons-nous cependant que tandis que les uns «se réveilleront pour la vie éternelle, les autres se réveilleront pour les opprobres et pour l'infamie éternelle» (Dan., XII, 2).
Ceux qui n'ont pas voulu entrer dans le bercail de Dieu par Christ qui en est la porte, auront alors leur partage avec leurs plus cruels ennemis, savoir: Le diable et ses anges. «Efforcez-vous donc d'entrer par la porte étroite, car plusieurs tâcheront d'entrer et ils ne le pourront, après que le Père de famille se sera levé et qu'il aura fermé la porte» (Luc , XIII, 24 , 25).

Supposons qu'un loup eût le don de la parole, peut-être essaierait-il de persuader à une brebis que c'est fort triste de rester toujours enfermée dans la bergerie et de ne pouvoir faire un pas sans la permission du berger, et qu'il est beaucoup plus agréable d'errer partout en liberté, d'autant qu'on peut toujours à temps chercher un asile dans la bergerie si quelque danger venait à se présenter. Supposons que la brebis fût assez sotte pour le croire, elle ne tarderait pas à s'apercevoir que le loup cherchait seulement une occasion favorable pour la dévorer, et qu'après s'être laissée entraîner loin de son enclos, elle a vainement désiré le secours de son vigilant berger. Vous pouvez de la même manière être conduits à penser que c'est une chose ennuyeuse et fatigante de faire la volonté de Christ et d'être constamment attentifs à écouter sa voix, et vous enviez le bonheur de ceux qui marchent en liberté selon que leur cœur les mène. Mais soyez assurés que Satan vous inspire toutes ces mauvaises pensées pour vous perdre, car tout enfant qui «craint le Seigneur dès sa jeunesse» vous dira qu'il a trouvé «la paix et la joie en croyant les paroles de Christ», et qu'il «y a une grande paix pour ceux qui aiment la loi de Dieu» (Rom., XV, 13; Ps. CXIX, 165). Jésus lui-même chérit tendrement ses brebis, il les appelle sa propriété, et elles sont heureuses de reconnaître «qu'elles ne sont plus à elles-mêmes, car elles ont été achetées à grand prix et doivent glorifier Dieu dans leur corps et dans leur esprit qui appartient à Dieu» (l Cor., VI, 20). 

Ainsi donc, mes chers enfants, voilà le souhait par lequel je termine l'explication de cette parabole: «Que le Dieu de paix, qui a ramené d'entre les morts le grand pasteur des brebis par le sang de l'alliance éternelle, savoir: Notre Seigneur Jésus-Christ, vous rende accomplis en toute bonne œuvre, faisant lui-même en vous ce qui lui est agréable, par Jésus-Christ, auquel soit gloire aux siècles des siècles. Amen» (Hébr., XIII, 20, 21).


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