Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLE DU ROI ET DE SES DEUX SERVITEURS

MATTHIEU XVIII, 23-35


Roi + deux serviteurs

Notre Sauveur venait de dire à ses disciples que quand l'un d'eux aurait fait tort à un autre, s'il lui confessait sa faute et en témoignait du repentir, l'offensé devait lui accorder son pardon. Alors son apôtre Pierre lui demanda combien de fois il faudrait pardonner à quelqu'un qui aurait péché contre lui; à quoi Jésus lui répondit que si l'un de ses frères venait à l'offenser, même jusqu'à des centaines de fois, il devrait néanmoins lui accorder son pardon aussi souvent que cela lui serait demandé: puis il proposa cette parabole pour montrer à Pierre son devoir par un exemple frappant.

Un roi qui avait confié des sommes considérables à ses serviteurs désira connaître l'emploi qu'ils en avaient fait. Cet argent ne leur appartenant pas en propre, ils devaient en user selon les intentions de leur souverain: de même vous savez que Dieu est le roi du ciel et de la terre, et que tous les peuples du monde sont rangés sous son autorité; c'est de lui qu'ils tiennent tout ce qu'ils possèdent, aussi ne devraient-ils jamais s'en servir que pour accomplir sa volonté, et seront-ils appelés au jour du jugement à rendre compte de l'usage auquel ils l'auront consacré.

Mon jeune lecteur, si Dieu vous appelait maintenant à rendre compte, pensez-vous que vous pussiez soutenir cet examen? Il vous a donné la Bible; la lisez-vous chaque jour, et cherchez-vous à faire tout ce qu'elle commande; souvenez-vous que vous aurez à répondre un jour de tous les avantages qui vous ont été accordés.

Le roi découvrit bientôt qu'un de ses serviteurs s'était fort mal conduit; il avait dissipé mal à propos dix mille talents de l'argent de son maître; c'était une somme immense, et qui peut être évaluée, je crois, à environ cinquante millions de francs. Cette dette prodigieuse est bien faite pour nous rappeler la masse énorme de nos péchés contre Dieu. Combien de fois n'avez-vous pas négligé la sainte observation du Dimanche, et n'avez-vous pas manqué de respect aux enseignements de la Bible? 

Combien de fois n'avez-vous pas désobéi à vos pareils, et peut-être essayé de cacher votre faute par un mensonge? Vos péchés sont si nombreux, que vous ne pourriez venir à bout de les compter. On vous a dit que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs, et qu'il vous invite à venir à lui pour être sauvé, maintenant si vous ne le faites pas, c'est là le plus grand de tous vos péchés; car l'Esprit-Saint dit: «Celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui» (Jean III, 36).

Le serviteur n'ayant pas été en état de payer sa dette, le roi ordonna qu'il fût vendu avec sa femme, ses enfants et tous ses biens. Je suis sûr que mes jeunes lecteurs auraient eu pitié de ces pauvres gens au moment où ils s'attendaient à être dépouillés de tout, et à être vendus eux-mêmes comme des bêtes de somme. Cela nous apprend d'une manière figurée dans quel misérable état nous sommes comme pécheurs devant Dieu; sa loi demande une parfaite obéissance; car il est écrit: «Maudit soit celui qui ne persévère point dans les paroles de cette loi pour les faire» (Deutér. XXVII, 26). Nous mériterions d'être punis quand nous n'aurions à nous reprocher qu'un seul péché; et combien plus lorsque nous en avons commis un si grand nombre: nous sommes donc semblables au serviteur qui n'avait pas de quoi payer.

Cependant il supplia son maître d'être patient envers lui, l'assurant qu'il acquitterait toute sa dette. Peut-être vous aussi, mon jeune ami, pensez-vous que si Dieu veut être patient envers vous, s'il veut prolonger votre vie en ce monde, vous commencerez à devenir religieux et à faire tout ce qu'il vous commande; et vous espérez qu'à cause de cela, il ne vous punira pas. Mais quand vous pourriez acquérir dès aujourd'hui la sagesse, croyez-vous que cela effacerait vos fautes passées? D'ailleurs ne vous flattez pas de pouvoir à l'avenir vous garder du péché sans la grâce de Christ, mieux que vous ne l'avez fait jusqu'à ce jour.

Le roi savait bien qu'il serait impossible à son serviteur de lui payer une somme aussi énorme, en sorte qu'il lui pardonna gratuitement, c'est-à-dire qu'il promit de ne point lui redemander de paiement. C'était une grande bonté, mais celle de Dieu envers les pécheurs est plus admirable encore. Il a envoyé son Fils unique et bien-aimé dans le monde, afin de payer la dette qu'ils avaient contractée, ou eu d'autres termes, afin d'y souffrir la punition qu'ils s'étaient justement attirée. Tout ce que Jésus a enduré tandis qu'il vivait sur la terre, et quand il est mort sur la croix, c'était dans le but d'acquitter cette dette qui n'aurait pu l'être autrement. En conséquence, si vous allez à Dieu, lui confessant que vous ne méritez rien qu'une éternelle misère, et vous confiant en Jésus-Christ seul, il vous pardonnera tous vos péchés; il vous adoptera pour son enfant, et vous traitera comme si vous ne l'aviez jamais offensé.

Mais comment se conduisit ce serviteur qui venait d'éprouver une si grande clémence de la part de son maître? À peine sorti de la présence du roi, il rencontra un de ses compagnons de service qui lui devait cent deniers. Cette somme était bien légère comparativement à celle dont il était lui-même débiteur. Néanmoins, dès qu'il vit cet homme, il se jeta sur lui et avec beaucoup de rudesse, lui commanda de lui rendre immédiatement ce qu'il lui devait. L'infortuné, sans répondre à ses injures et à ses coups, tomba humblement à ses pieds, et le conjura, disant: «Aie patience, et je te rendrai tout.» C'étaient précisément les mêmes paroles que le méchant serviteur avait employées peu auparavant en demandant grâce; mais, au lieu de se laisser attendrir comme le roi l'avait fait, et de montrer de la bonté, il s'en alla, et fit mettre son compagnon de service en prison.

Vous êtes sans doute frappés, mes chers lecteurs, de la cruauté et de l'ingratitude de cet homme; mais êtes-vous sûrs de n'être pas vous-mêmes autant à blâmer que lui. Dieu a été patient envers vous pendant des années, quoique vous ayez constamment péché contre lui, et pourtant ne vous est-il pas souvent arrivé de vous livrer à l'impatience et à la colère dès qu'il arrivait à l'un de vos camarades de faire ou de dire quelque chose qui vous déplaisait? Dieu est disposé à mettre en oubli et à vous pardonner toutes vos fautes pour l'amour de son Fils; mais si quelqu'un vous a offensé, vous en conservez une longue rancune, et vous saisissez avez plaisir l'occasion de lui laisser voir combien vous êtes irrités contre lui. Je ne pense pas que le méchant serviteur pût être heureux après la manière cruelle dont il avait traité son compagnon, et je suis sûr que vous ne l'êtes pas non plus, quand vous avez frappé ou injurié un enfant qui vous a contrarié. 

Peut-être le serviteur se figura-t-il que son maître ne découvrirait pas son indigne conduite; mais il ne se passa pas longtemps avant que ses autres compagnons de service ne l'en eussent informé. De quelle honte il dût être couvert lorsque le roi le fit comparaître en sa présence, et lui dit: «Méchant serviteur, je t'ai remis toute cette dette parce que tu m'en as prié; ne te fallait-il pas aussi avoir pitié de ton compagnon de service comme j'avais eu pitié de toi?» Quant à notre bon Dieu, il n'a pas besoin qu'on lui aille dire ce que vous faites, car il connaît toutes choses; il voit la mauvaise humeur et la haine qui s'emparent de vos cœurs, quand même vous n'osez par les montrer ouvertement, et le temps viendra bientôt où vous devrez paraître devant lui pour être interrogés sur les moindres circonstances de votre vie.

Il est dit que le roi livra son serviteur aux sergents «jusqu'à ce qu'il lui eut payé tout ce qui lui était dû;» et Jésus ajoute: «C'est ainsi que vous fera mon Père céleste, si vous ne pardonnez de tout votre cœur chacun à son frère ses fautes.» Rappelez-vous donc, mes enfants, que si vous vous laissez dominer par le dépit et la vengeance dans vos rapports avec les personnes qui vous entourent, vous irez indubitablement après votre mort habiter dans un lieu où il n'y aura que haine, tourment et misère pendant toute l'éternité. Oh! sentez dès aujourd'hui la nécessité de répéter du cœur et non des lèvres ces paroles de la prière du Seigneur: «Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés», vous rappelant qu'au chapitre VI de saint Matthieu, versets 14 et 15, il est dit: «Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera les vôtres; mais si vous ne pardonnez point aux hommes leurs fautes, votre Père céleste ne vous pardonnera pas non plus les vôtres.»

Mes chers enfants, votre cœur est naturellement porté à rendre «le mal pour le mal.» Je crains même que vous n'alliez quelquefois jusqu'à frapper vos frères et vos sœurs, et à leur parler durement quoiqu'ils n'aient rien fait pour vous provoquer. Mais si vous croyez réellement que vous êtes d'aussi grands pécheurs que la Bible vous le dit, vous serez disposés à regarder les autres comme meilleurs que vous-mêmes, et quand vous penserez qu'au lieu de vous envoyer en enfer Dieu a donné son Fils unique afin qu'il mourût pour vous, vous serez honteux d'avoir pu souvent vous irriter pour des causes si légères. C'est seulement en croyant ce que Dieu vous a déclaré par Jésus-Christ, et en vous confiant à lui comme à votre Sauveur, que vous pourrez être délivrés de votre mauvaise humeur et de tous vos autres péchés. Si vous aimez ce bon Jésus, vous prierez Dieu de vous donner le même esprit qui fut en lui; car il était doux et humble de cœur; il pria pour ses meurtriers après qu'ils l'eurent élevé sur la croix, en disant: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.»


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