Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARABOLE DU FILET JETÉ DANS LA MER

MATTHIEU XIII, 47-50


Filet

Au commencement du chapitre qui contient cette parabole, il nous est dit que Jésus s'assit dans une nacelle, et parla à la multitude qui se tenait sur le bord de la mer; puis au verset 36, nous voyons que Jésus «ayant laissé les troupes, s'en alla à la maison.» Là, ses disciples vinrent à lui, et après leur avoir expliqué la parabole de l'ivraie, il leur en proposa quelques autres, tandis qu'ils étaient ainsi familièrement rassemblés autour de lui; il est probable que cette maison n'était pas éloignée de la mer, peut-être même avait-on de là quelques barques de pêcheurs en vue. Quoi qu'il en soit, nous savons que plusieurs des disciples du Seigneur ayant été pêcheurs connaissaient bien l'usage des filets, et la manière de trier le poisson après qu'on l'a pris (Marc I, 16—20). Il était donc tout naturel que Jésus voulant leur expliquer les choses qui concernent le royaume de Dieu, prit pour terme de comparaison un filet jeté dans la mer. Quand nous nous représentons le Fils unique de Dieu daignant se prêter à instruire ses disciples avec tant de bonté et de condescendance, nous sommes portés à dire: Heureux ceux qui ont vu ce bon Sauveur, et qui ont entendu le son de sa voix! et nous avons besoin de nous rappeler les paroles qu'il prononça dans une autre occasion: «Parce que tu as vu, Thomas, tu as cru; bienheureux sont ceux qui n'ont point vu et qui ont cru» (Jean XX, 29).

Quand on jette un filet dans la mer, il arrive souvent que différentes sortes de poissons s'y viennent prendre. Les pêcheurs ne savent cependant pas ce qu'il contient jusqu'à ce qu'ils l'aient tiré sur le rivage. Alors ils recueillent soigneusement dans des paniers le poisson de bonne qualité, et ils jettent de côté le mauvais. Si quelqu'un de mes jeunes lecteurs s'est promené parfois au bord de la mer près d'un lieu où il y eût des pêcheurs, il aura pu voir de ces poissons de rebut épars çà et là sur le sable de la grève.

J'ai déjà dit que les serviteurs de Christ doivent travailler à l'accroissement de son règne en faisant connaître l'Évangile, et le principal moyen pour y parvenir est sans doute la prédication. L'Évangile est la bonne nouvelle du salut pour toute espèce de gens, et tous sont également appelés à l'entendre. Aussi, quand les portes des églises et des chapelles s'ouvrent à l'heure du culte public, qui que ce soit qui s'y présente y est librement admis. Mais les apôtres et les autres disciples de Christ ne bornent pas leur prédication à de certains temps et à de certains lieux. Partout où ils rencontrent des personnes disposées & les écouter, ils leur font connaître «les richesses incompréhensibles de Christ», tout de même que les pêcheurs lancent leurs filets là où ils pensent trouver le plus grand nombre de poissons. Par exemple, quand la multitude du peuple accourut pour voir le boiteux que Pierre et Jean avaient guéris, Pierre saisit aussitôt cette occasion de leur annoncer l'Évangile (Actes III, 11—26). Nous voyons aussi les apôtres enseignant dans le temple dès le matin, au moment où ils venaient d'être délivrés de la prison par l'ange du Seigneur (Actes V, 19—21). Pierre et Jean prêchaient l'Évangile dans plusieurs bourgades en se rendant de Samarie à Jérusalem (Actes VIII, 25); et près de la ville de Philippes, Paul avait établi sa prédication au bord de la rivière. En agissant ainsi, les apôtres obéissaient aux directions que leur maître leur avait données. Dans une de ses paraboles, il disait. «Allez dans les carrefours des chemins, et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez» (Matth. XXII, 9). De plus, outre la prédication, on a de nos jours une bien bonne manière de répandre l'Évangile; je veux parler des écoles du Dimanche. 

Quelques-uns de vous, mes jeunes lecteurs, peuvent se rappeler d'un temps où il n'y avait point d'école du Dimanche dans votre voisinage, peut-être vous rappelez-vous aussi l'époque où quelques personnes pieuses vinrent dans la maison que vous habitez et dans celles qui vous avoisinent, afin de s'informer si les enfants recevaient ou non une instruction religieuse. Ces personnes parlèrent avec bonté à vos parents et à vous-mêmes, et vous invitèrent à suivre une école qu'elles se proposaient d'ouvrir le Dimanche. Cette invitation ne fut pas faite uniquement aux enfants qui passaient pour être de bons écoliers; non, elle fut adressée à tous sans exception, et tous ceux qui fréquentèrent l'école y trouvèrent l'accueil le plus cordial, et y furent soigneusement instruits dans la voie du salut. C'était là précisément jeter le filet de l'Évangile. J'espère que quelques-uns des enfants qui étaient réellement méchants quand ils entrèrent à l'école y seront devenus bons par la bénédiction que Dieu aura répandue sur sa parole; mais il y en a sans doute encore des uns et des autres dans l'école. Vos instituteurs ont souvent beaucoup à souffrir de la part des mauvais écoliers; cependant ils ne les renvoient pas; ils continuent à les instruire patiemment, et se réjouissent d'être en état de les conduire à celui qui est le Sauveur des pécheurs; ils ne sont pas seuls à user de support envers cette jeunesse indocile; Jésus lui-même regarde à elle du haut de son trône céleste, et il se complaît dans les efforts de ceux qui cherchent à la tourner vers lui. Il est patient à leur égard, «ne voulant pas qu'aucun périsse, mais que tous se repentent» (2 Pier. III, 9). 
Il est plein de compassion maintenant tout comme il l'était quand il vit sa ville de Jérusalem, «et pleura sur elle, disant: Oh! si loi aussi eusses connu, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix, mais maintenant elles sont cachées devant tes yeux» (Luc XIX, 41, 42) !

Ces choses ne sont point cachées aux enfants qui fréquentent une école du Dimanche, aussi leur dirons-nous d'une manière pressante: «Cherchez l'Eternel pendant qu'il se trouve; invoquez-le tandis qu'il est près: que le méchant délaisse sa voie, et l'homme injuste ses pensées, et qu'il retourne à l'Eternel, et il aura pitié de lui, et à notre Dieu, car il pardonne abondamment» (Ésaïe LV, 6, 7).

C'est une occupation délicieuse que celle de parler de l'amour de Christ envers les pécheurs, et du privilège qui leur est accordé d'entendre le message d'amour; mais nous devons nous tourner vers une scène d'un genre bien différent, décrite aux versets 49 et 50; il est toujours pénible à des amis de se quitter, et les enfants aussi sont affligés lorsqu'il faut se séparer de leurs camarades, quoique leurs réunions aient souvent été troublées par des querelles. Mais à la fin du monde la séparation qui aura lieu sera éternelle, peut-être ceux qui ont été assis sur les mêmes bancs d'école, recevant instruction de la bouche du même maître, seront alors violemment séparés les uns des autres. Pendant le temps de leur séjour sur la terre, il y avait de la joie dans le ciel parmi les anges de Dieu chaque fois que l'un d'eux venait à se repentir; mais alors ces mêmes anges seront employés à arracher les méchants du milieu des justes, et ce ne sera pas tout encore, ils les jetteront ensuite dans ce lieu que l'écriture dépeint fréquemment d'une manière si terrible sous l'image «d'une fournaise de feu où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Là où le ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point» (Marc IX, 44). Que les enfants s'adressent donc sérieusement à eux-mêmes ces questions solennelles: «Qui est-ce d'entre nous qui pourra séjourner avec le feu dévorant? Qui est-ce d'entre nous qui pourra séjourner avec les ardeurs éternelles» (Es. XXXIII, 14).

J'ai déjà parlé de ces écoliers indociles qui donnent beaucoup de peine et d'ennui à leurs instituteurs; mais ne pensez pas, mes chers amis, que vous soyez à l'abri du feu de l'enfer, parce que vous vous conduisez bien à l'école, et que vous êtes généralement réputés pour être des enfants pieux. Quelques-uns de vos camarades ont beaucoup de malice, d'autres, sans être tout à fait aussi méchants, ont cependant une conduite moins bonne que la vôtre; je suis disposé à le croire, mais tout cela ne suffit pas pour faire de vous des enfants de Dieu; et pourtant, comme il n'est point parlé d'une classe intermédiaire, il faudra qu'au dernier jour vous vous trouviez rangés à la droite ou à la gauche du juge suprême; les anges, chargés de vous y conduire, ne feront point de méprise, car ils agiront sous la direction de celui «qui sonde les cœurs et les reins» des enfants, des hommes. Il est présent au milieu de leurs assemblées et par la bouche d'un de ses prophètes, il signale ceux qui viennent à lui comme s'ils faisaient «partie de son peuple, et ils s'asseyent devant lui, et écoutent ses paroles, mais ils ne les mettent point en effet; ils les répètent comme si c'était une chanson profane, mais leur cœur marche toujours après leur gain déshonnête» (Ezéch. XXXIII, 31).

Hélas! il est bien à craindre que dans toutes les écoles et dans tous les temples, on ne trouve un trop grand nombre de personnes de cette sorte. L'œil de l'homme ne peut actuellement les distinguer «des vrais adorateurs qui adorent le Père en esprit et en vérité.» Mais leur perversité sera ouvertement déclarée dans ce jour où Dieu jugera les secrets des cœurs par Jésus-Christ. Nous lisons au livre des Proverbes, chap. V, vers. 11 à 14, une description frappante de la misérable fin réservée à celui qui semblait avoir écouté les instructions d'un maître religieux, et s'être mêlé à la congrégation des justes. Combien donc n'est-il pas nécessaire à tous ceux qui entendent la voix de l'Évangile de dire avec David: «O Dieu fort! sonde-moi et considère mon cœur; éprouve-moi et considère mes discours, et regarde s'il y a en moi aucun dessein de chagriner autrui, et conduis-moi par la voie du monde» (Ps. CXXXIX, 33, 24).


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