Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PARABOLE DU TRÉSOR.

MATTHIEU, XIII, 44.


Trésor

J'ai essayé ailleurs de vous expliquer, mes enfants, ce que l'Évangile désigne sous le nom de «royaume des cieux.» (parabole des talents) Notre Sauveur vint dans le monde avec le but d'établir ce royaume. «Car le règne appartient à l'Éternel et il domine sur les nations» (Ps., XXII, 29). «Il fait ce qui lui plaît, tant dans l'armée des cieux que parmi les habitants de la terre; et il n'y a personne qui empêche sa main et qui lui dise: Qu'as-tu fait?» (Dan., IV, 35). Mais bien que cela soit une vérité incontestable, les hommes, par une suite de leur nature perverse, ne peuvent supporter de se soumettre au Tout-Puissant. «Ils disent au Dieu fort: Retire-toi de nous, car nous ne nous soucions point de connaître tes voies; qui est le tout-puissant, que nous le servions? et quel bien nous reviendra-t-il de l'avoir invoqué?» (Job., XXI, 14, 15).

Satan, qui dès le commencement entraîna Ève à désobéir à Dieu, est appelé le Dieu et le prince de ce monde (Jean, XII, 31; 2 Cor. IV, 4; Eph., II, 2), parce que la race humaine le sert et lui obéit volontiers. La désobéissance envers Dieu est appelée «péché» dans la Bible, et le «salaire du péché, c'est la mort» (Rom., VI, 23). Tous ont péché, en sorte que tous sont condamnés à périr et à être envoyés dans le feu éternel, préparé pour le diable et pour ses anges. Mais Jésus-Christ est «venu pour détruire les œuvres du diable» (1 Jean, III, 8), «afin que par la mort, il détruisît celui qui avait» l'empire de la mort, c'est à savoir le diable» (Héb.II, 14). C'est pour cela qu'il vécut et mourut sur la terre; c'est pour cela aussi qu'il vit et règne éternellement dans le ciel. Le nombre de ceux qui l'honorent comme leur roi s'accroît continuellement; nous lisons même dans la Bible que le temps viendra où son royaume remplira la terre (Ps. LXXII, 8; Dan., II, 44). L'intention de notre Sauveur dans les divines paraboles, rapportées au Chap. XIII de saint Matthieu, semble avoir été d'expliquer à ses disciples comment serait amené ce grand événement. Ils paraissaient s'être mépris sur la nature de ce règne et sur la manière dont il devait s'établir, aussi ces paraboles sont elles admirablement bien faites pour dissiper leurs illusions.

Vous avez peut-être lu des histoires de grands hommes qui ambitionnent des royaumes, ou, s'ils étaient rois déjà, qui désiraient agrandir leurs états et commander à une multitude de peuples. Dans ce dessein, ils levaient des armées, ils s'emparaient des pays qu'ils voulaient gouverner et s'efforçaient de réduire les habitons à se soumettre à leur domination, quelquefois même ils tuaient ou emprisonnaient le roi qui avait régné avant eux. S'ils réussissaient dans leur entreprise, les peuples étaient contraints de leur obéir quel que fut l'attachement qu'ils conservaient pour leur ancien souverain, et si ces nouveaux sujets étaient rebelles, on envoyait bientôt un corps de troupes pour les punir. Mais rien de pareil n'a jamais lieu dans le royaume de Jésus-Christ. La seule charge qu'il impose à ses serviteurs est de faire connaître l'Évangile, la bonne nouvelle de ce qu'il a lui-même opéré pour la réconciliation des pécheurs avec Dieu. C'est là le seul moyen que le Sauveur emploie pour ranger les hommes sous son autorité, car quand ils croient cet Évangile, ils se soumettent à lui dans leurs cœurs. C'est l'amour et l'obéissance du cœur qu'il recherche, et quand le monde entier le reconnaîtrait pour son roi, cette soumission ne pourrait le toucher, à moins qu'elle ne partît d'un acte volontaire. Son trône n'est pas sur la terre, mais dans les cieux, et quoique sa gloire efface celle des plus puissants monarques de l'univers, elle échappe aux regards de l'homme du monde. 

Cependant, mes enfants, vous ne devez pas craindre d'approcher d'un roi si glorieux, ni vous figurer que vous ne soyez point appelés à la possession de son royaume. Dans Ésaïe, chapitre XL, 10, il est dit de Christ: «Voici, le Seigneur l'Éternel viendra contre le fort et son bras dominera sur lui; voici, son salaire est avec lui, et son loyer marche devant lui»; immédiatement après, il est ajouté au verset 11: «Il paîtra son troupeau comme un berger, il assemblera ses agneaux entre ses bras, il les placera en» son sein et conduira celles qui allaient.»

De plus, on peut remarquer que la seule fois que Jésus apparut publiquement comme roi, pendant son séjour sur la terre, de nombreuses troupes d'enfants l'entouraient, criant: «Hosanna au fils de David»; et comme quelques prêtres orgueilleux engageaient le Sauveur à les faire taire, il leur répondit: «N'avez-vous jamais lu ces paroles: Tu as tiré une parfaite louange de la bouche des enfants et de ceux» qui tètent» (Matth., XXI, 1—16).

Nous avons dit de quelle manière les conquérants se rendent maîtres des empires; il suit de là que les habitants d'une contrée tout entière peuvent se trouver à la fois forcés de reconnaître un nouveau roi, et que c'est le plus souvent avec beaucoup de pompe et de solennité qu'il vient prendre possession de ses nouveaux états. Mais il n'en est pas de même quand l'Évangile est publié, car c'est, eu général, un à un que l'on voit les hommes venir se ranger sous l'obéissance du roi Jésus, et quoique nous ayons lieu de penser que beaucoup de personnes, en différents lieux, sont chaque jour arrachées à la domination de Satan, cette révolution s'opère presque toujours d'une manière secrète et inaperçue aux yeux du monde. C'est pourquoi «les Pharisiens ayant demandé à Jésus quand le règne de Dieu viendrait, il leur répondit: Le règne de Dieu ne viendra point avec éclat, et on ne dira point: Le voici qui est ici, ou le voilà qui est là; car voici, le règne de Dieu est au-dedans de vous» (Luc , XVII, 20, 21).

Le changement qui se fait remarquer dans la conduite des sujets de Christ montrera bientôt à quel roi ils obéissent, et si on les interroge sur ce point, ils ne devront pas craindre de répondre, puisque Jésus a dit: «Quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père, qui est aux cieux, et quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père, qui est aux cieux» (Matth., X, 32, 33). Mais le moment où l'on commence à appartenir au Seigneur n'est connu que de lui seul et ne se manifeste par aucune démonstration extérieure. Cela semble particulièrement enseigné dans les paraboles du trésor caché et de la perle de grand prix. L'homme qui trouva le trésor ne paraît pas l'avoir cherché, ni avoir su qu'il était enfoui dans le champ. Pour parler à la manière des hommes, il le découvrit par hasard, et au lieu de faire grand bruit de sa trouvaille, il s'empressa de le cacher de peur que quelqu'un ne voulût s'en emparer.

Ce trésor semble destiné à représenter le salut de Christ, c'est-à-dire la délivrance du péché et de la misère éternelle qui vient de lui. Elle peut, à juste titre, être appelée un trésor, car ceux qui l'obtiennent ne manqueront jamais d'aucun bien. «Un héritage incorruptible, qui ne se peut souiller, ni flétrir, est conservé dans les cieux pour eux» (I Pier., I, 4), et quoiqu'ils ne prennent pas immédiatement possession de cet héritage, dès cette terre ils se sentent déjà riches et heureux. Ils peuvent n'avoir en partage ici-bas qu'une fortune très modique, mais «leur Dieu pourvoira à tous leurs besoins» selon ses richesses et avec gloire par Jésus-Christ» (Phil., IV, 19).

Leur Père céleste les invite à ne «s'inquiéter de rien et à lui présenter en toutes choses leurs demandes par des prières et des supplications avec des actions de grâces» (Phil., IV, 6). «En Christ toute plénitude habite et ils ont «tout pleinement en lui» (Col. I, 19; II, 9, 10).

On ne voit que trop d'hommes riches dans ce monde qui ne peuvent jamais être satisfaits, mais le trésor dont parle Jésus suffit pour remplir tous les désirs et combler tous les vœux du cœur le plus avide (Jean , IV, 13, 14). Il y a d'ailleurs un grand nombre de choses que l'or même ne peut acheter; Salomon dit: «Que si quelqu'un donnait tous les biens de sa maison pour cet amour (l'amour du Seigneur), certainement on n'en tiendrait aucun compte» (Cant. , VIII, 7). En vain un homme posséderait-il toutes les richesses de ce monde, il serait la plus misérable des créatures s'il n'avait pas un ami qui s'intéressât à lui. Eh bien! ceux qui ont trouvé le trésor de l'Évangile apprennent à connaître «un ami qui aime en tout temps et qui naît comme un frère dans la» détresse» (Prov. XVII, 17). 

Ils ont un père sage et bon qui garde fidèlement ses promesses et dont l'amour dure éternellement. Quels soulagements des millions d'or et d'argent peuvent-ils donner à un pécheur travaillé par la souffrance, n'ayant nul espoir de guérison, et ne pouvant attendre qu'un jugement terrible et un feu ardent qui doit dévorer les adversaires? (Héb., X, 27). Mais celui qui a trouvé le trésor dont nous parlons peut dire: «Mon âme bénit le Seigneur et n'oublie pas un de ses bienfaits; c'est lui qui pardonne toutes tes iniquités et qui guérit tes infirmités» (Ps. CIII, 23).

Le péché est souvent comparé à une maladie, parce qu'il enlève à l'âme toute vraie jouissance et la rend incapable de se dévouer au service de Dieu; mais Jésus est venu dans ce monde pour être le médecin des âmes (Matth., IX, 12, 13). Aussi quand il lui a rendu la santé, le pécheur peut dire: «J'ai appris à être content de l'état où je me trouve (Phil., IV,» 11—12); et quoique l'homme extérieur se détruise en moi, toutefois l'homme intérieur est renouvelé de jour en jour» (2 Cor., IV, 16).

Tandis que son corps est livré aux douleurs les plus cruelles, il se sent assuré que c'est la main d'un Père qui le visite et que son affliction ne durera pas une minute de plus que cela est nécessaire pour son bien. Il sait que si sa maladie se termine par la mort, elle ne fera que l'introduire un peu plus tôt dans le lieu où il a placé son vrai trésor, où le péché ne sera plus et où il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni travail (Apoc. XXI, 4). 

Si quelqu'un de mes jeunes lecteurs était disposé à dire: «C'est un grand trésor en effet, pourriez-vous m'indiquer où on le trouve?» Je lui répondrais: Mon cher ami, vous avez souvent été dans le champ où il est caché, j'espère même que vous y allez tous les jours: ce champ est la Bible, et combien il est réjouissant de penser que le plus pauvre enfant de notre pays peut facilement aujourd'hui se procurer une Bible. Heureux, en effet, le petit garçon ou la petite fille duquel on peut dire, comme de Timothée: «Dès ton enfance, tu as la connaissance des saintes Lettres qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ» Mais comme on peut supposer que bien des personnes ont parcouru le champ où le trésor était caché sans le découvrir, de même bien des gens lisent la Bible sans devenir «riches en la foi et héritiers du royaume que Dieu a promis à ceux qui l'aiment.» 
Ils lisent les Écritures sans considérer qu'elles contiennent un trésor, et, en conséquence, ils ne font rien pour s'en emparer. Quelques-uns cependant, après de longues années de ces lectures infructueuses, sont amenés enfin à reconnaître que la parole du Seigneur est «plus désirable que l'or et plus douce que le miel» (Ps. XIX, 11). Dieu se plaît à «leur ouvrir l'esprit, afin qu'ils puissent entendre les Écritures» (Luc, XXIV, 45). Ils sont alors surpris de trouver de telles richesses là où ils n'avaient rien su voir jusqu'alors qui leur parût digne d'être recherché. Chaque mot leur devient précieux, parce qu'ils ont appris à le croire et à le respecter, comme sortant d'une bouche  qui ne peut mentir. «Ils se réjouissent comme celui qui aurait trouvé un grand butin» (Psaume CXIX, 162), et leur joie est si grande qu'ils voudraient la faire partager à tout ce qui les entoure, Ils sont convaincus qu'une seule chose est nécessaire, «et ils choisissent la bonne part qui ne peut leur être ôtée» (Luc, X, 42). 
Ils savent qu'ils ne pourraient rien faire pour acheter.ou pour mériter ce trésor, mais ils trouvent tant de douceur dans leurs nouvelles jouissances, ils ont tant d'amour pour celui qui les leur a procurés, qu'ils renoncent avec joie au péché et même aux plaisirs dans lesquels auparavant ils ne voyaient rien de coupable. Les gens du monde s'étonnent de leur conduite, parce qu'ils n'en peuvent comprendre la raison, tout comme nous pouvons supposer que ceux qui ignoraient l'existence du trésor furent surpris quand ils virent l'homme qui l'avait trouvé vendre ses anciennes possessions pour acheter le champ qui le contenait. Leur étonnement aurait cessé s'ils avaient connu la valeur de ce fonds de terre; ainsi cesseraient le blâme et le ridicule jeté par les gens frivoles et insouciants sur le sérieux qui accompagne tous les actes d'un chrétien, s'ils découvraient un jour pour eux-mêmes les inestimables richesses de la Parole divine.

Vous voyez par là, mes chers enfants, combien il vous faut être diligents et attentifs à lire les Saintes Ecritures et à écouter la prédication de l'Évangile; le trésor dont nous vous parlons n'est pas réservé à une seule personne, car «le Seigneur est riche pour tous ceux qui l'invoquent» (Rom., X, 12). «Demandez, et il vous sera donné; cherchez, et vous trouverez; heurtez, et il vous sera ouvert; car quiconque demande, reçoit; quiconque cherche, trouve, et il sera ouvert à celui qui heurte» (Matth., VII, 7; voyez aussi Proverbes, II, 3—5, et III, 13—18).

Mais laissez-moi vous rappeler que «l'homme naturel ne comprend point les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, car elles lui sont une folie; et il ne peut même les entendre, parce qu'elles se discernent spirituellement» (1 Cor., II, 14). Ces choses sont cachées «aux sages et aux prudents» qui pensent pouvoir les découvrir par leur propre sagesse et par leur propre prudence; mais «Dieu les a révélées aux enfants» (Matth., XI, 25, 26). «Il donne son Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent», et voici le langage qu'il vous adresse: «Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes choses vous seront données par-dessus. Ne vous amassez pas des trésors sur la terre que les vers et la rouille consument, et que les larrons percent et dérobent; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni les vers, ni la rouille ne consument rien, et où les larrons ne percent, ni ne dérobent» (Matth., VI, 33, 19,20).


Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant