Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

XVI

ÉCOUTER LES VOIX DU MATIN

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(RÉCEPTION DE JEUNES FILLES)

Que l'étoile du matin se lève dans vos coeurs!

(Apoc. 2, 27)


I

Chaque heure du jour a son charme. Autre est la poésie du matin, autre celle du midi, autre celle du soir. Autre est la poésie de l'enfance, revêtue d'innocence et de naïveté; autre celle de la jeunesse, avec ses enthousiasmes vibrants et ses larges espoirs; autre celle de l'âge mûr, âge du travail fécond et de la vie intense; autre celle du crépuscule de la vie, riche de toutes les moissons du passé.

Vous êtes, jeunes chrétiennes, à l'heure matinale. Le jour commence. Sans doute occupez-vous depuis quinze ans sur la terre votre petite place, petite place bien grande aux yeux de ceux qui vous aiment. «Votre matin» pourrait désigner l'heure du berceau, l'heure où, bébés ignorant tout de la Grâce divine, vous avez été consacrées à Dieu par le baptême (*). Mais nous considérons en vous la vie de l'âme, et c'est bien maintenant, pour votre être intérieur, là véritable aurore. C'est maintenant que vous commencez à saisir le sens de cette existence dans laquelle vous vous êtes engagées jusqu'ici guidées et gardées par les mains prudentes de vos parents et de vos aînés. C'est maintenant que vous apparaît la vie; elle vous attend avec ses multiples appels, ses promesses fleuries et ses problèmes troublants, ses beautés attirantes et ses pièges redoutables.

La fraîcheur matinale baigne encore vos âmes neuves. Oh! le charme du matin sur lequel plane l'émotion de l'indécis! J'ouvre ma fenêtre sur l'aurore rose. Que sera cette journée? Fera-t-il beau jusqu'au soir? Ce petit nuage lointain grossira-t-il au point d'envahir le ciel et d'éclater en orage? De quoi les heures qui viennent seront-elles faites? D'utile activité ou de vains efforts? de rires ou de larmes? Mystère encore. Et nous qui vous entourons, sommes émus à cause de l'inconnu que recouvre la brume du Matin. Vous êtes émus, vous, parents, non seulement quand, vous retournant vers le passé vous retrouvez, si proches dans vos coeurs, les images de vos petites filles, de leurs premiers pas, de leurs premiers mots, de leurs premiers sourires, mais bien plus encore en regardant à l'avenir, avec une pensée qui est peut-être bordée pour quelques-uns de crainte ou de mélancolie. Qu'en sera-t-il demain de ces enfants? Et vous nous avez demandé de faire lever dans ces jeunes coeurs l'Étoile du matin.

Vous vous êtes tournés vers l'Église, parce que vous savez qu'il en est un, le Christ Sauveur, qui a pu dire: Je suis la lumière du monde, et parce que vous avez souhaité voir vos enfants, s'avancer dans la vie à la clarté de cette lumière.


II

Jésus-Christ est le héraut qui annonce l'aurore. Un nouveau jour s'est levé, il y a vingt siècles, sur l'humanité pécheresse et douloureuse. Désormais l'homme ne tremble plus devant le mystère d'un Dieu inconnu ou courroucé, mais répond à l'amour du Père en se jetant dans ses bras, grands ouverts pour l'étreinte du pardon. Désormais l'homme ne se sent plus le droit d'opprimer son frère par son orgueil, ou de l'écraser de son mépris, mais trouve sa joie à servir son prochain, et à se dévouer pour lui.

Au pied de la Croix, les coeurs brisés confessent leur péché et apprennent le sens du sacrifice. La souffrance s'apaise sous le souffle de l'Esprit qui console, la mort se dépouille de son masque d'épouvante, vaincue par le Ressuscité. Le Royaume de Dieu vient, le royaume d'amour, de justice et de paix, au banquet duquel le plus pauvre est accueilli, dès qu'il a revêtu l'habit de fête offert par le Roi fraternel.

Que notre foi ne nous rende point aveugles. Depuis que s'est levée dans la nuit l'étoile annonciatrice, la lumière n'a pas encore dissipé les ténèbres. Après vingt siècles, c'est encore le matin pour l'histoire de notre race, obstinée dans son adoration des idoles de boue ou d'argent, et si désespérément sourde à l'appel du seul vrai Dieu. Les hymnes de paix dont les harmonies ont retenti au-dessus de la crèche de Bethléem, ont-ils dont été un vain mensonge? Non, nul n'a le droit de nier la lumière apparue. L'Évangile plane au-dessus des luttes et des folies humaines, promesse inoubliable de la définitive victoire, source inextinguible de l'espérance, qui, génération après génération, entraîne l'humanité vers des cimes plus hautes. L'Évangile du Christ demeure la colonne de feu qui guide les voyageurs de la terre, à travers le désert, et à travers la nuit, vers la patrie promise. Le Christ a annoncé l'aurore à la race humaine dont il est à la fois le Fils et le Sauveur, mais il veut aussi l'annoncer individuellement, à toute âme qui regarde à lui.

Il veut être l'Étoile de votre matin! Avez-vous parfois senti peser sur vous, tout le long du jour et jusqu'au soir le poids d'une mauvaise matinée et d'un éveil fâcheux? Il est des journées maussades commencées dans la fatigue, dans l'énervement ou dans la paresse. Il est, pareillement, des vies sur qui pèse la malédiction d'un faux départ, d'un début manqué. Parti sur la fausse route, le voyageur s'arrête enfin épuisé; le but n'apparaît point. Qu'il est difficile de rejoindre, alors que l'ombre déjà s'annonce, le juste itinéraire, qu'il est douloureux d'être envahi par les tardifs regrets, de ne pouvoir racheter le temps révolu. Combien ont pu dire: Ah! si j'avais su trouver tout de suite l'orientation exacte! si j'avais eu dans mon coeur la lumière du matin qui m'eût permis de choisir le vrai chemin!

Le Christ n'est pas seulement un génie d'autrefois, une incarnation sublime, mais provisoire de l'Esprit éternel, un personnage lointain sur lequel s'accumule la poussière des siècles. Il est un vivant! Il vit au sein de l'Église qui annonce son message et proclame son amour; Il vit au sein de cette humanité, incapable de renier l'idéal de Jésus, sans se suicider; Il vit, Esprit illimité, affranchi de toutes les bornes de l'espace et du temps.

Il vit! et il réclame des âmes en qui il puisse venir habiter. Jeunes filles chrétiennes, ce splendide honneur vous est offert, de laisser se lever dans vos coeurs la brillante étoile du matin, le Christ, et de permettre à vos vies d'être belles de sa beauté, et riches de sa richesse. Vous avez vu poindre à votre horizon cette lumière d'En-Haut, et vous avez déjà compris ce qu'elle avait à vous dire. Recueillons simplement ici les échos de quelques-unes des voix divines du matin.


III

Sois pure! Voilà une devise matinale. Certains peintres sont parvenus, par un don de leur génie, à exprimer par leur pinceau délicat la transparence spéciale de l'aube, en noyant leurs paysages, calmes dans une atmosphère de douceur et de suavité, que les mots ont peine à traduire. C'est le matin, un bain de rosée a revêtu d'une jeunesse nouvelle les herbes de la prairie, et les pétales, des fleurs. Aucun vent brutal, aucune poussière malsaine, aucun son discordant, ne viennent troubler les pures harmonies d'une nature qui s'éveille.

Réserve, timidité, douceur; nous ne sommes plus à une époque où cette parure de vertus modestes était l'ornement habituel des âmes de jeunes filles. Inutile de le nier, inutile de le déplorer. Et nous ne pouvons vous accuser, vous, d'une transformation qui a des causes complexes, La vie des villes, le progrès de l'instruction féminine, le travail industriel ont contribué à effacer ce qui en d'autres temps, put paraître constituer les traits distinctifs de la jeune fille idéale.

Mais la pureté du coeur! Voilà ce que vous ne pouvez consentir à renier, si vous voulez suivre Jésus. Et beaucoup aujourd'hui, parfois sans s'en douter, sacrifient ce trésor intime d'une âme claire et propre. Est-il vrai, oui ou non, que nombre de jeunes filles deviennent incapables de s'intéresser à autre chose qu'aux frivoles soucis de leur toilette, plus préoccupées de paraître que d'être? que les rêves de plusieurs ne dépassent pas l'horizon des plaisirs brillants, des fêtes et des bals?

Est-il vrai que des jeunes filles de seize ans s'appliquent parfois à mentir habilement afin de pouvoir, sous l'apparence d'une vie honnête, céder à des désirs impurs ou capricieux et se préparer ainsi à toutes les déchéances?

Est-il vrai qu'à notre époque (où beaucoup lisent si peu) il est des jeunes filles qui se vantent d'avoir lu tel roman scandaleux, et qu'il est des ateliers de notre ville où les conversations des ouvrières dépassent en grossièreté celles des hommes?

Est-il vrai encore, que beaucoup de nos soeurs, jeunes filles ou jeunes femmes, envisagent l'amour, le mariage, le divorce, avec cette mentalité païenne de ceux qui, vivant pour la chair et non plus pour l'Esprit, ne croient plus au devoir et sont prêtes à renier, à peine engagées dans la vie, tout idéal et toute dignité, parce qu'à l'heure de leur première jeunesse, elles n'ont pas été attentives à la voix de Dieu: Sois pure!

Souvenez-vous qu'il est bien des ruses dont l'ennemi sait se servir. Ce n'est pas seulement la sensualité brutale et grossière qui perd les âmes; l'amour de ce qui brille, les rêves de paresse, la complaisance au mensonge, les amitiés douteuses, la soif des plaisirs qui étourdissent: autant de chemins obliques sur lesquels vous vous sentirez peut-être un jour invitées à vous engager.

Mais vous saurez dire: Non! L'étoile du Christ s'est levée dans vos coeurs, la lumière de la vie immaculée! Qui regardera vers elle sans se sentir purifiée? C'est Christ qui exaucera pour vous le voeu symbolique du poète sacré:

Qu'en tout temps tes vêtements soient blancs!

Sois pure, et demeure pure.


***

Sois forte! Devise matinale. La nuit se dissipe, la nuit qui a dévoré de sa bouche d'ombre les fatigues du passé détruit. L'oiseau reprend son chant, et l'ouvrier son labeur. Heureux qui s'éveille fort pour l'action qui l'appelle! Heureux, qui, endormi entre deux soupirs de lassitude, se réveille en chantantI Et plus heureux encore celui qui se présente à l'heure matinale au Créateur pour lui dire: Me voici, pour faire ta volonté! Étoile du matin, Dieu de la force et de la victoire, tu me promets une belle journée!

La force est une qualité virile. Mais qui oserait dire que vous avez, vous, jeunes filles, moins besoin de force que vos frères? Nombreuses sont ici les épouses et les mères qui protesteraient, parce qu'elles pourraient dire, devant Dieu, les provisions d'énergie que la vie a réclamées d'elles. La femme forte est celle qui sera louée, dit déjà l'Écriture, la femme active, vigilante, laborieuse. Et plus encore aujourd'hui que jadis il faut que se lève dans la société et dans l'Église une vaillante troupe de jeunes chrétiennes fortes.

Fortes pour le travail, à l'heure où le pain quotidien doit être assuré à la famille par la collaboration de tous, et où il n'y a plus aucune perspective de bonheur possible là où l'oisiveté ou le désordre s'introduisent au foyer.

Fortes en face de l'épreuve! Il en est parmi vous, qui depuis bien des années vivent auprès d'une mère veuve, et celles-là tout au moins, témoins de bien des larmes, de bien des angoisses, comprennent ce que c'est que la femme forte, capable de rester debout, même sous le vent du destin mauvais, même dans la solitude, même dans la pauvreté.

Fortes en face du mal, capables, avec l'aide de Dieu de garder une conscience nette, incapables d'être malhonnête, incapables de mentir, incapables de se laisser acheter.

Sois forte aussi en face de l'incrédulité et de l'indifférence religieuse. Dans la religion des anciens Romains, la garde d'une flamme sacrée était confiée à des jeunes filles, les Vestales sur la persévérance desquelles les prêtres comptaient. Elles ne devaient, jamais, sous peine de mort, laisser mourir le feu perpétuel. Vous serez fortes pour veiller fidèlement autour du feu sacré de l'Évangile. Vous serez fortes, en face peut-être de la faiblesse de ceux qui, auprès de vous, doutent ou rient de votre foi. Ce sont aujourd'hui peut-être vos frères; demain, vos fiancés ou vos époux. Si nombre d'hommes sont restés solidement attachés à l'Évangile du Salut, il est permis pourtant de dire que, dans beaucoup de maisons, c'est la femme, c'est la mère, c'est la jeune fille qui a maintenu les droits de la Religion, c'est elle qui a su être forte pour Dieu.

Femmes fortes! ah! je pourrais vous en présenter plus d'une dont je retrouve l'image en mon souvenir. C'est cette petite fille, encore une enfant, qui, par sa persévérance, amène un jour à la tempérance, puis à la vie chrétienne son rude homme de père, aujourd'hui chef de toute une grande famille d'enfants et de petits enfants, grandis dans la sobriété, dans le bonheur. C'est cette jeune fille qui a le courage de renoncer au rêve d'amour commencé, parce qu'elle a compris soudain que le jeune homme qui l'aime, mais qui n'aime pas Dieu, n'est pas celui sur qui elle pourra vraiment s'appuyer de toute son âme et de toute sa confiance. C'est cette mère vénérable qui m'amenait il y a quelques jours son fils, un enfant de... quarante ans, qu'elle voulait encore tenter de remettre sur la route du devoir; c'est cette mère persévérante qui en face de l'indifférence absolue du père, veille à ce que ses enfants ne partent pas pour la vie sans avoir entendu l'appel de l'Évangile; c'est l'épouse qui, serrant dans le silence de son coeur, bien des blessures secrètes, ne cesse pas de prier, de croire et d'espérer, et qui un jour, a la joie d'amener au Temple, ce qui est bien, et à Dieu même, ce qui est mieux, celui qui si longtemps se croyait plus fort que Dieu, et que le repentir et la prière ont enfin vaincu!

La race des femmes fortes n'a pas disparu. Fortes, vous le serez, vous qui avez écouté les paroles du Seigneur, vous qui avez appris à prier, vous qui, dans de petites choses déjà avez pu faire l'expérience bénie qui est au centre même de la Religion:

L'Éternel est la force de ma vie!

Sois forte! Comment ne le serais-tu pas, en faisant vivre en toi l'esprit de Jésus, vainqueur du péché, consolateur de la souffrance, triomphateur de la mort? Que se lève en vos coeurs l'Étoile du matin, lumière qui donne la force!


***

Sois bonne! Devise matinale. Hier peut-être le soleil s'est couché sur votre colère. Mais à la clarté d'un nouveau jour que sont donc ces petites rancunes, ces mesquines jalousies, ces susceptibilités et ces amertumes? Ouvre tes yeux sur la vie et trouve-la aimable et sois aimable! Toutes les jeunes filles devraient être aimables; elles ne le sont pas toutes. Est-ce à dire que l'amabilité est un don charmant qui est réservé à celles-là seulement qui sont les plus jolies ou les plus vives, les plus spirituelles ou les mieux douées? Non point, nous connaissons des êtres infirmes ou ignorants qui sont aimables; la vraie amabilité n'est pas une qualité extérieure, elle est l'agréable fleur qui s'épanouit dans une âme qui sait aimer, servir, se dévouer. Si vous voulez être aimables, soyez aimantes, comme doivent l'être des soeurs du Christ.

Oh! que de facilité et que de bonheur répandu dans vos familles et dans le monde, si ceux qui disent: nous connaissons le Christ, prenaient au sérieux sa devise: Je suis venu pour servir! Servir, non en maugréant, mais dans la joie; alléger tous les jours par ce service complaisant le poids de soucis, de fatigues qui pèse sur les parents, et sur les aînés; servir le prochain qu'on voit dans la peine, l'amie qui pleure, la compagne malade, le coeur attristé ou désemparé; voilà aussi votre vocation.

Je le sais, la loi de Jésus, Aimez-vous comme je vous ai aimés, apparaît parfois difficile. Jésus nous demande d'aimer même qui nous blesse, même qui ne nous plaît guère, même qui ne nous remercie pas. S'oublier soi-même, sacrifier un peu de nôtre cher égoïsme, ce n'est pas facile à chacun, à vous non plus les jeunes, parfois si sûrs de l'importance de votre petite personne.

Mais l'étoile du matin s'est levée dans vos coeurs. L'esprit de Jésus est l'Esprit de la bienveillance et du service empressé, l'Esprit du bon accueil et du dévouement fidèle. Le Christ veut que le service de Dieu soit un service de tous les jours, le culte qu'il réclame de vous c'est celui que vous lui offrirez par votre activité bonne; en dehors de la volonté d'aimer et de servir, toute prière est vaine. Écoutez la voix du Sauveur. Si tu viens au Temple, avec une pensée de haine... va d'abord faire la paix avec ton frère. Si tu donnes un verre d'eau à un humble qui a soif, tu le fais à moi-même. Vous ne pouvez pas regarder à la vie du Christ, qui s'est abaissé dans le service, qui a étendu son amour sur les bons et sur les méchants, sur les malades et sur les vaincus, sur les enfants et sur les solitaires, et ne pas sentir dans sa communion sainte jaillir en vous la source de la charité et de la bonté. Ce qui fait le charme d'une personne, dit l'Écriture, c'est sa bonté. Soyez bonnes!


IV

Sois joyeuse! Je n'ai pas commencé par cette parole; je termine par elle. La joie ne se commande pas; et si vous cherchez à l'acquérir artificiellement, elle vous échappe; la joie c'est la couronne, c'est l'ornement qui s'ajoute à une vie de pureté, de force et de bonté. Si tu laisses grandir en ton âme la lumière de Dieu, si tu lui demandes de dissiper en toi le péché, la crainte et l'égoïsme, alors discrète et parfumée, la joie s'épanouit, la joie d'un matin plein de promesses.

Sois joyeuse! oui devise matinale, devise de votre jeunesse pleine d'espoirs. Mais votre joie est faite déjà non seulement d'espoir, mais encore de certitude. Vous savez que Dieu vous aime, vous vous sentez tenues par sa main puissante, gardées par son amour vainqueur.

Sois joyeuse! Plusieurs d'entre vous ont déjà connu cette joie de se dire: Dieu m'a exaucée, Dieu m'a répondu. Quelle sécurité que de tout remettre à un Dieu qui m'aime, que d'avoir un Sauveur qui me connaît par mon nom I Oui, par dessus les joies de la vie morale, de la vie pure, de la volonté forte, de l'âme bonne, il y a encore la joie suprême, celle que le monde ne peut ni donner ni enlever, celle qui dépasse notre intelligence; c'est la joie de sentir le regard de Dieu sur moi, le regard qui porte la guérison, et qui promet la victoire et la gloire.

Seule la foi chrétienne a osé dire: Sois toujours joyeuse! parce que seule la foi chrétienne connaît une source intérieure, intarissable, de joie et d'allégresse: La présence du Père, l'amour du Père qui dans sa grâce, au jour où vous vous consacrez à Lui d'un coeur sincère inscrit vos noms au livre éternel, la sérénité d'un Sauveur qui a été le grand semeur de joie!

Notre époque n'est pas une époque joyeuse. C'est parce que beaucoup sont pauvres de la vraie joie, qu'ils s'en vont mendier un peu de joie de camelote à tous les marchands de plaisir et de vanité. Et leur soif n'en est point apaisée. Et, beaucoup disent ou pensent: Comment être à la joie quand la vie dresse sur nos pas tant d'obstacles et tant de tableaux de douleur et de misère et tant d'incertitudes et de peines?

Mais vous, vous sentez l'Étoile du matin se lever en nos coeurs! Il y a une joie, que le Christ peut faire éclore dans le plus pauvre jardin de l'existence la plus dépouillée et jusque dans l'ombre froide de la douleur. Une nuée de témoins vous appelle aujourd'hui; ce sont ceux, ce sont celles qui ont été marquées du signe de la Joie, parce qu'ils ont été animés par l'Esprit de Jésus-Christ, et qui, à travers les siècles, répètent dans la gloire du Ciel, ou dans leurs luttes d'ici-bas, les hymnes du triomphe.

Je me réjouirai en l'Éternel, et mon âme sera ravie d'allégresse en mon Dieu, car il m'a revêtu des vêtements du salut. Rien ne me séparera de l'amour de mon Dieu.

Sois pure, sois forte, sois bonne, sois joyeuse!

Chères jeunes filles! Que ces voix du matin clair retentissent en vos coeurs, que leur écho se prolonge jusqu'à la fin de votre course... car qu'est-ce après tout que notre vie rapide, si ce n'est la longue aurore qui prépare un jour plus radieux, celui où toute obscurité sera abolie et où la nuit ne sera plus?

Vous qui avez salué l'Étoile du matin, vous qui la sentez se lever dans votre coeur, marchez à sa lumière et comme des enfants de la lumière.

Mai 1925.

* Note de la bibliothèque «Regard»:

Au sujet du baptême, n'oublions pas de prendre en considération que le baptême fait suite à une décision PERSONNELLE qui suit un acte de repentance «Repentez-vous, et (ensuite) que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés…» (Actes II. 38)

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