Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

XV

PRINTEMPS: SE RÉJOUIR DE LA LUMIÈRE

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La lumière est douce et il est agréable aux yeux de voir le soleil.

(Eccl. 11, 7)

(Lire aussi: Job. 24. Psaume 36. 1 Jean 1 et 2.)


L'hiver est passé, les fleurs paraissent sur la terre, le temps de chanter est arrivé (Cant. II, 11-12.). Ainsi s'expriment les poètes de tous les temps, les chantres joyeux de la vie et de l'amour; comme le dit un proverbe biblique: Ce qui plaît aux yeux réjouit le coeur (Prov. XV, 30.) Et ne sommes-nous pas tout particulièrement sensibles cette année au retour de la lumière printanière, après les longues rigueurs d'un hiver exceptionnellement sévère? J'aime à trouver célébrée la beauté de la terre ensoleillée, non seulement dans les cantiques et les psaumes d'Israël, mais jusque dans le livre le plus sombre et le plus amer de tous nos livres saints, l'Ecclésiaste: La lumière est douce et il est agréable aux yeux de voir le soleil.

Si nos auteurs sacrés, fils de l'Orient brûlant, parlent souvent de la chaleur comme d'une puissance redoutable et funeste, s'ils ont peur parfois du soleil qui frappe le voyageur de ses flèches mortelles, ils n'hésitent par contre jamais à magnifier la lumière des astres. Et il ne serait pas difficile d'extraire de la Bible le plus splendide poème de la lumière que les hommes aient jamais composé. Ce poème commencerait par la parole initiale, la première parole prononcée par le Créateur à l'origine de l'Univers: Que la lumière soit, et la lumière fut! Il montrerait ensuite l'Éternel qui dirige son peuple, même pendant la nuit, par la colonne de nuée précédant Israël, à travers les sables du désert. Nous y retrouverions les annonciateurs de l'aurore, les prophètes du salut qui aperçoivent une grande lumière prête à illuminer les pèlerins douloureux assis dans les ténèbres de la mort. Nous y verrions surtout l'incarnation de la lumière définitive en la personne de celui qui a pu dire: Je suis la lumière du monde, et qui vint ouvrir les yeux des aveugles et faire pénétrer les rayons de son amour et de son pardon jusque dans la plus noire obscurité. Nous reconnaîtrions la même lumière du Christ, qui terrasse le persécuteur Saul sur la route de Damas. Et le poème s'achèverait dans la vision du paradis de lumière, du royaume à venir où les bienheureux n'auront plus besoin de soleil pour éclairer leur marche parce que le Seigneur Dieu lui-même les illuminera de sa présence (Apoc. XXII.).

Si nous rappelons que, même dans les religions extra-bibliques, l'homme a cherché dans la lumière un symbole de la divinité inconnue, et que le plus profond de tous les philosophes païens, Platon, a lui, aussi, en une merveilleuse parabole, déclaré que au-dessus du soleil visible trônait et rayonnait, au-dessus de toute autre splendeur, la plus divine des réalités à nous connue, l'idée du Bien, soleil de l'invisible, nous n'hésiterons pas à conclure que la révélation évangélique: Dieu est lumière et il n'y a point en lui de ténèbres, exprime sous une forme définitive, et avec toute la puissance persuasive que lui confère la personne de Jésus-Christ, une vérité que tous les coeurs pressentent.

Sans chercher à épuiser un thème aussi riche que celui du Dieu-lumière, bornons-nous à quelques réflexions. Ce seront d'abord quelques pensées mélancoliques à l'adresse de ceux qui ne peuvent pas ou qui ne veulent pas s'associer à l'affirmation de l'Ecclésiaste: La lumière est douce et il est agréable aux yeux de voir le soleil. Ce seront ensuite quelques pensées sur la douceur qu'il y a à offrir en même temps qu'aux rayons du soleil, à l'action de la lumière invisible.


I

Nous pensons aux vaincus et aux victimes, aux pauvres et aux malades, surtout (et cela se justifie aisément) durant les jours pénibles des frimas. C'est alors que nous visite et nous poursuit l'image de ceux qui ont froid, de ceux dont la bise glaciale secoue le corps usé. «Quand l'été vient, le pauvre adore», chantait le poète. Et il avait raison! Dieu en soit loué, alors que d'autres joies, singulièrement moins toniques, s'achètent très cher, la joie de voir s'ouvrir les premières fleurs dans les prés reverdis, et d'assister au triomphe de la lumière dans la nature, est, chez nous en particulier, à la portée de chacun. Il est une douceur de vivre que quelques heures de repos ensoleillé inspirent au promeneur le plus humble.

Mais pourtant, de par l'application de la loi des contrastes, la saison de la lumière ne nous invite-t-elle pas à penser avec émotion à ceux qui demeurent encore et malgré tout dans l'obscurité? N'est-ce pas maintenant qu'en face des corolles épanouies ou de ces paysages clairs dont la contemplation verse à l'âme la paix et la sérénité, nous nous arrêtons pensifs, honteux, peut-être de notre joie, en tout cas de notre ingratitude, devant les yeux fermés des aveugles, exilés loin de tout l'abondant trésor de la beauté du monde? Nos chambres d'hôpital, nos cellules d'asiles ou hélas de prisons! sont-elles moins tristes, ou sont-elles peut-être encore plus tristes, aux heures où y pénètre le parfum du printemps?

Agréable aux yeux de voir le soleil? Oui, sans doute, c'est la touchante pensée de ceux qui souffrent avec Dieu et dans sa communion; ils ont appris, à l'école de Jésus, à compter les bienfaits de Dieu et possèdent la grâce de savoir dire merci pour un peu de clarté apparue. Mais les autres? Voyez ces jeunes malades, qui à l'heure où leurs amis vont de nouveau préparer leurs sacs de montagne, escalader nos sommets et entonner leurs chansons familières, se retournent sur leur lit et doivent se contenter de saluer le soleil à travers la vitre! Écoutez les murmures ou les cris révoltés de ceux qui hier encore tout pleins de projets et d'espérances, disaient: «Nous irons ici et nous ferons cela», et qui se demandent en voyant un nouveau printemps s'il n'est pas peut-être leur dernier printemps!

Oui, la beauté de la nature semble parfois donner un relief plus tragique à la douleur, à la laideur humaines. Nous l'avons éprouvé pendant la guerre, quand nous avons vu les coquelicots et les bleuets s'épanouir au soleil dans les champs labourés d'obus et fumés de cadavres. Le grand poète des contrastes, Victor Hugo, a évoqué en une pièce émouvante: «Chose vue un jour de printemps» l'opposition entre une journée radieuse: «Les buissons étaient remplis de rouges-gorges», et le tableau qu'il put contempler en ouvrant la porte d'une mansarde où venait d'expirer, devant de tout petits enfants effarés, une pauvre ouvrière, vaincue par la misère. Agréable de voir le soleil? Nous osons à peine le dire, quand nous voyons se diriger vers le cimetière des mères en deuil, des orphelins, des solitaires, privés de ce qui était pour eux le soleil de leur, coeur, la force de leur vie, l'étoile de leur avenir.

Vous qui avez la santé, vous qui avez le travail et le pain, vous qui avez l'affection et l'amour, réjouissez-vous de ce que la lumière est douce à votre regard heureux. Mais n'oubliez pas ceux à qui est lourd le poids du jour, et si vous voulez les aider, et être auprès d'eux des porteurs de clarté, travaillez à pouvoir refléter sur leur route une autre lumière encore que celle de la poésie des choses, la lumière de l'amour de Jésus.


II

Il est encore une autre mélancolie. Nous rencontrons des gens qui n'aiment pas la lumière. En un passage réaliste et énergique, Job s'indigne contre ceux qui, cultivant le meurtre et l'injustice, l'adultère et l'oppression, redoutent de voir venir le matin et sont les amis des longues nuits, les ennemis de la lumière (Job. XXIV, 13 à 17.). Et les apôtres usent du même symbole en parlant de ces impies dont il est honteux de dire ce qu'ils font en secret (Eph. V, 12.), de tous ceux qui aiment l'heure des ténèbres.

Les oeuvres de la nuit! Nos agents de police du XXe siècle en parleraient plus savamment encore que les vieux auteurs sacrés. Dans nos villes, l'heure du soir n'est pas l'heure de l'adoration et du silence; elle est l'heure de la fièvre et du plaisir, qui prélude trop souvent au désordre et au péché. La signification biblique de la lumière échappe à ceux pour qui vivre c'est agir dans l'ombre et dans le mensonge.

Nous saluons la douceur de la lumière de Dieu qui baigne l'univers d'une beauté nouvelle. Mais il est même parmi nous, et dans une patrie aussi privilégiée que la nôtre, des âmes que ce charme n'est plus capable d'attirer, et pour qui la joie n'est rien là où elle n'est pas associée au péché ou au luxe. Il nous faut penser avec pitié à ceux qui trouveront, même à travers les sourires printaniers de la nature, plus de bonheur dans un dîner plantureux et richement arrosé, dans une fête ou dans un bal nocturne, que dans la promenade paisible sous le grand ciel de Dieu, dans la campagne peuplée du chant des oiseaux et imprégnée du parfum des fleurs. Ah! pauvre humanité, si souvent volontairement pauvre, parce que tu refuses de saisir les dons du Créateur!

Oui, pitié pour eux ! mais, (car à quoi serviraient ici les lamentations stériles?) humilions-nous aussi de ne pas mieux savoir garder nos enfants, nos amis, nos concitoyens de ce mépris de la vraie beauté, qui est la signature de Dieu sur l'oeuvre merveilleuse de sa Création. Si nous voulons aider les yeux de nos frères à s'ouvrir et à trouver agréable la lumière du soleil, la vraie méthode n'est-elle pas de nous mettre à l'école de celui qui, maître divin des paraboles, a dit aux siens: Regardez les oiseaux de l'air et les fleurs des champs et les a conduits à travers les campagnes lumineuses non seulement pour s'y reposer et pour y rêver, mais pour adorer à travers ses oeuvres le Père sans cesse actif, qui demande à ses enfants d'agir, eux aussi, dans la lumière?


III

Pensons à ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas se réjouir avec nous. Et nous-mêmes, réjouissons-nous et cherchons derrière la lumière créée Celui dont il est dit: Il s'entoure de la lumière comme d'un manteau (Ps. CIV, 2.). Il est agréable à nos yeux de voir le soleil parce que nos coeurs se sont ouverts à la vraie lumière de la vie.

Le Dieu lumière, c'est le Dieu de la Vie. Lorsque le voyageur découvre dans le désert de Syrie, l'opulente oasis de Baalbeck il s'arrête, interdit, devant les ruines d'un temple formidable, dont quelques colonnes dressées, gigantesques, proclament la splendeur révolue. Il se demande à quel dieu fabuleux a pu être élevé jadis ce sanctuaire. L'histoire lui répond: à un dieu du soleil. En Asie, en Afrique, sur la terre entière, les peuples poussés par l'instinct religieux à la rencontre du premier principe des choses ont peu à peu délaissé leurs ridicules idoles pour se prosterner devant les grandes forces de la nature. Ce fut par un progrès magnifique que les hommes élurent roi des dieux le soleil, source première de la vie universelle. Une fois que les hommes ont adoré le soleil, que pouvaient-ils en vérité adorer de plus grand jusqu'au jour où l'Esprit devait dire à Israël: Pour toi, peuple de Dieu, tu n'adoreras plus les astres, mais tu adoreras Celui qui est le maître des astres, Celui qui leur a dicté leur route dans l'espace; Celui qui a voulu la lumière, parce qu'il a voulu la vie!

La Création a un sens qui à coup sûr dépasse notre horizon borné. Mais ce que notre intelligence nous permet de saisir de l'oeuvre de Dieu, nous amène à voir le but de cette création, dans le triomphe de la vie. La marche des atomes est suspendue aux lois de la radiation et de l'électricité; la lumière est la condition de l'apparition des premières cellules vivantes; la vie ne peut fleurir sur les astres gelés, privés de toute source lumineuse.

Mais sur notre planète, Dieu a voulu que la vie triomphât, et le cantique de la terre chante la vie. Et où est donc le but dernier? Dans la fleur qui aujourd'hui s'épanouit et demain est jetée au four? Dans ces êtres animaux, si admirablement pourvus de force ou d'instinct, mais qui s'entre-dévorent mutuellement? Non, certes, mais c'est dans la race humaine que s'annonce le triomphe d'une vie qui redevient la vie divine, la vie dans l'amour et la clarté. Oui, la lumière du soleil est agréable à celui qui derrière la vie fuyante saisit la vie qui demeure, et qui connaîtra d'autres soleils et d'autres foyers que ceux des astres périssables. Le Dieu lumière c'est le Dieu qui veut la vie, non pas pour que la vie s'évanouisse et s'éteigne, mais pour que la vie soit, pour qu'elle persiste, pour qu'elle s'affirme. Oh! sublime révélation de Jésus-Christ qui a permis aux hommes d'autrefois de transformer la fête antique du soleil naissant en la fête du soleil éternel, celle du Noël chrétien! Oh! la tranquille assurance des vrais vivants qui derrière le soleil de la vie à qui ils doivent leur première naissance, saluent le soleil des résurrections, le Christ vainqueur! à qui ils doivent d'avoir part à l'héritage divin dans la lumière qui n'aura pas de crépuscule.

Le Dieu lumière c'est le Dieu Vérité à qui tout est transparent; même la nuit n'est pas obscure pour lui (Ps. CXXXIX, 12.). Celui qui aime à marcher en pleine lumière c'est celui qui n'a pas peur que le soleil éclaire sa pauvreté, sa honte ou sa laideur. On revêt dans l'ombre un vieil habit qu'on ne porterait pas en plein midi de peur que ne soient révélés ses trous et ses taches. Le soleil de Dieu nous éclaire complètement, à fond, sans ménagement. Toute créature est à nu devant lui (Héb. IV, 13.). Savons-nous vivre dans cette conviction? Nous la professons, sans nul doute, et vous avez dès longtemps compris que Dieu était Celui à qui il était inutile de vouloir mentir.

Dans nos relations mutuelles nous arrivons à nous tromper les uns les autres; ceux-là même qui ne souffriraient pas de se voir traités de fourbes, cherchent inconsciemment à se montrer sous leur aspect le plus favorable et parviennent parfois à tromper non seulement les autres, mais à se tromper eux-mêmes. Nous ne voyons plus les côtés les moins purs ou les plus sombres de notre nature, tellement nous nous habituons, dans la société humaine, à porter des masques. Mais Dieu paraît et les masques tombent. Dieu parle; et nous voici, sous les rayons de sa parole, tels que nous sommes vraiment dans notre âme profonde, et ce n'est sans doute ni très beau ni très glorieux. Mais c'est en tout cas salutaire. Inutile de me cacher, de me faire illusion, de m'enfuir.

Dieu connaît, Dieu sait, Dieu voit. Quelle invitation solennelle à vivre dans la vérité! Lumière sévère, direz-vous et qui nous dissuade de nous appliquer en face de l'invisible témoin la réflexion de l'Ecclésiaste: La lumière est douce. Pendant des siècles les hommes de l'ancienne alliance, aveuglés par la gloire du Dieu saint, ont tremblé devant elle et ont cherché par l'obéissance à la loi, à lui offrir une vie aussi correcte que possible; ils ont rêvé d'arriver à vivre dans la lumière sans jamais être sûrs d'y parvenir absolument. Comment l'homme serait-il pur devant Dieu?

Mais avec Jésus, le Dieu lumière c'est aussi le Dieu qui porte la santé dans ses rayons, le Dieu qui guérit et qui sauve. Et comment ne comprendrions-nous pas à nouveau le vieux symbolisme biblique à notre époque où le soleil est célébré par la science comme le grand tueur de microbes, comme l'ennemi victorieux de la tuberculose, comme le grand pourvoyeur de l'énergie physique? Le soleil rendra la force à celui-là seul qui consentira à s'exposer systématiquement, longuement, fidèlement à ses rayons, qui les fera se concentrer sur son corps malade. Et voilà ce qu'est dans la vie spirituelle le Dieu de l'Évangile pour ceux qui consentent à cette cure merveilleuse et nécessaire. Elle réclame de vous l'attitude intérieure de la foi, de la confiance entière et sans réserve en l'amour du Père et la volonté de maintenir avec lui, par Jésus-Christ, la communion. Ah! douce lumière de l'évangile! Ce que nous ne pouvons pas faire par nous-mêmes, nous purifier de toute injustice, nous débarrasser de tout ce qui est ténèbres, l'amour de Dieu le fait pour nous et en nous dans la mesure où nous nous offrons à son action sainte.

Si Dieu vous éclaire et projette sur vous sa lumière qui vous condamne, ce n'est pas pour vous juger, pour vous plonger dans le désespoir et la ruine. C'est pour vous guérir. À l'heure où en face de lui l'âme se sent confuse, indigne, incapable, la prière jaillit, l'appel au secours; et le Dieu d'amour vient, en Christ, nous élever dans sa lumière.


IV

Vie, vérité, santé! derrière toutes ces manifestations de l'invisible, nous reconnaissons la présence adorable de l'amour divin. Marchons dans la lumière comme il est dans la lumière, et le sang du Christ nous purifiera de tout péché. Prendre au sérieux cet appel, c'est apprendre à bénir derrière ce qui fait la joie de nos yeux, Celui qui fait la joie de nos coeurs.

Marchons dans la lumière, et nous serons en communion les uns avec les autres, dit encore saint Jean. Ce qui sépare les hommes c'est l'ombre, c'est le péché, ce sont les oeuvres de la nuit. Quand quelques âmes ont fait les unes et les autres la même découverte du Dieu qui donne la guérison, elles sont rapprochées par ce qu'il y a en elles de plus essentiel; elles boivent à la même source, elles puisent au même trésor, et la joie leur est accordée de se rencontrer dans la lumière.

Chrétiens, nous ne devrions plus jamais nous rencontrer sur ces terrains maudits où les hommes se heurtent, se jalousent, se font la guerre. Arrachés par l'amour d'un Dieu aux servitudes de notre égoïsme, instruits par ce Dieu qui nous a révélé notre misère et nous a dit son pardon, nous nous sentons les frères et les égaux de tous ceux qu'il a appelés et qui lui ont répondu. Nous sommes invités à vivre toute notre existence sous le signe de l'amour qui unit le frère au frère, et tous les frères au Père.

Bien plus, le Dieu qui fait lever son soleil sur les bons et les méchants, et qui veut que tous les hommes soient sauvés, nous pousse à aimer aussi ceux qui marchent dans les ténèbres. Sans la Grâce d'en haut qui a fait lever sur nous l'aurore, nous serions encore avec eux dans la nuit. La charité du Christ nous presse, et nous nous offrons à son inspiration pour qu'il fasse de nous des flambeaux qui brillent dans l'obscurité du monde. Mission glorieuse, mais que nous pouvons entrevoir sans orgueil; car la clarté que peuvent répandre notre prière et notre action, est une richesse que nous avons nous-mêmes reçue et qui nous a été donnée par le Père de toute Grâce et de tout don excellent.

La lumière est douce et il est agréable aux yeux de voir le soleil. Le pessimiste Ecclésiaste le disait avec mélancolie. Il s'exhortait à jouir des heures de soleil avant que ne viennent bientôt les jours sombres. Ce n'est pas ainsi que nous répéterons sa parole, nous qui vivons dans le rayonnement de l'Évangile. La vie nous apparaît belle, digne d'être vécue et digne d'être aimée, parce que Jésus l'illumine et que Dieu la remplit.

Lorsque se lève un nouveau matin, heureux êtes-vous si vous chantez à l'Éternel le cantique de la confiance, et saluez l'aube qui invite au travail et à l'amour; heureux êtes-vous, si par les jours gris comme par les jours clairs, vous savez vous offrir aux rayons fidèles de la Grâce. Alors vous voyez votre sentier s'élever de clarté en clarté vers Celui à qui vous savez dire: 0 Éternel, c'est Toi qui es notre véritable soleil et c'est par ta lumière que nous voyons la lumière. (Psaume XXXVI, 40,).

1929.

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