Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

III

SERVIR LA VRAIE GRANDEUR

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Ils avaient discuté en chemin sur celui d'entre eux qui était le plus grand.

(Marc 9. 34)


Celui qui parle beaucoup ne manque pas de pécher, est-il écrit au livre des Proverbes (Prov. X. 19), et s'il fallait prendre au pied de la lettre la déclaration de Jésus: Au jour du jugement chacun rendra compte de toute parole vaine qu'il aura proférée, (Mat. XII. 36.) il y aurait de quoi nous confondre. Même interprétée dans un sens large, cette déclaration condamne bien des paroles que nous avons à regretter, bien des conversations méchantes ou funestes auxquelles nous n'aurions pas dû participer et après lesquelles nous éprouvons un sentiment de malaise.

De quoi discutiez-vous en chemin? Souhaiteriez-vous que cette question vous fût à brûle pourpoint adressée par la voix de quelque prophète divin ou par la voix même du Christ soudain apparu au détour de la route ? N'y a-t-il pas dans vos discours, à table ou dans la rue, dans l'atelier ou en famille, bien des conversations dont en face de Dieu vous avez honte parce que vous les reconnaissez ou frivoles ou grossières ou malveillantes ?

Nous pensons volontiers que si Jésus était pour nous présent corporellement comme pour les premiers disciples, sa compagnie suffirait à élever nos esprits au-dessus de leurs faiblesses ; il n'était pas possible que les cœurs de ses amis ne fussent remplis, en sa présence, de pensées pures; il n'était pas possible que leurs conversations fussent futiles, sottes, ou terre à terre alors que leurs âmes venaient de boire aux sources mêmes de la vie divine. Ouvrons cependant l'Evangile.


I

Nous voici au soir d'une journée particulièrement sérieuse. Hier, c'était la transfiguration ; aujourd'hui, les paroles graves par, lesquelles le Maître aimé annonce son prochain départ. Jésus, enfermé dans ses pensées et concentré dans sa prière muette, a marché devant ses amis, les laissant quelques pas en arrière. Au déclin du jour, à l'heure bénie des épanchements intimes, Jésus leur demande simplement : De quoi avez-vous parlé en chemin ? Troublés ils se taisent, saisis soudain par le contraste entre les paroles de Jésus qui évoquaient le chemin de la croix, la fidélité dans l'amour et dans la mort, et leurs sottes querelles : «Je vaux plus que toi ; j'aurai la première place aux côtés de Jésus! Non, c'est moi!» ils avaient discuté pour savoir lequel était le plus grand.

Péché d'orgueil ; péché radical de la race humaine, le dernier qui s'attache au cœur, même à l'heure où il s'est débarrassé de tant d'autres esclavages fâcheux; péché tenace qui vit dans l'âme du croyant comme dans l'âme de l'impie; péché qui a fait la misère de l'Église alors même qu'elle prenait les mesures les plus sévères pour exclure de son sein tout pécheur scandaleux.

Certes il est impossible de supposer que des amis intimes de Jésus, dans les grandes journées qui précèdent et annoncent sa passion, pousseraient l'inconscience et la folie jusqu'à perdre leur temps en conversations infâmes ou légères. Mais l'orgueil s'insinue jusque dans les conversations les plus religieuses en apparence. Les disciples sont pleins de la pensée du royaume de Dieu, du salut futur, de la gloire du Christ. Et c'est dans ce cadre de hautes pensées et de fervente piété que le démon naturel fait son œuvre et inspire à plusieurs d'entre eux la pensée d'orgueil, si facilitée d'ailleurs par l'éducation judaïque et leur attente naïve d'une récompense calculée à proportion de leurs prétendus mérites. Lequel d'entre nous est le plus grand?

Ces douze hommes également honorés par l'appel de Jésus qui en a fait ses apôtres, ces douze hommes qui vivent depuis des mois une vie commune dans une saine fraternité inspirée par la présence du Maître, n'en n'ont pas moins entre eux des diversités dont ils sont conscients. Différences sociales.

Encore qu'ils fassent actuellement bourse commune, les pêcheurs André, Pierre et les autres ne sont pas de la même caste sociale que le péager Matthieu. Puis n'y a-t-il pas quelque droit de préséance en faveur des tout premiers que Jésus a rencontrés, Pierre et André, Jacques et Jean ? Ouvriers de la première heure, ils ont droit de regarder de haut les associés plus tardifs que Jésus a voulu joindre au petit groupe d'abord constitué. Et Jésus lui-même n'a-t-il pas eu avec deux ou trois intimes les témoins de sa transfiguration sur la montagne, une plus grande intimité qu'avec les autres ?

Jean n'a-t-il pas le droit de dire: Je suis, moi, son disciple bien aimé ? Et à ces considérations se joignent d'autres discussions peut-être plus amères. Un disciple rappelle à un autre le souvenir de telle scène pénible, de telle occasion où il n'a pas su comprendre Jésus et où il a peut-être cherché à lui désobéir. Tel autre se vante d'avoir plus d'intelligence spirituelle que ses camarades : «Je comprends mieux que toi, dit-il ; je prie plus que toi !» Et dans leurs cervelles de fils d'Israël ils s'imaginent un ciel où Dieu classe ses élus suivant l'ordre de leurs mérites ; et chacun de calculer la place qu'il occupera, en invoquant dans son cœur toutes les excellentes raisons qu'il peut trouver de se dire : Je vaux mieux que mon voisin.

Disons à la décharge de ces hommes aveuglés, que dès que la question de Jésus résonne à leurs oreilles, la certitude de leur sottise les confond. De quoi discutiez-vous en chemin ? Ils se taisent et leur silence est une confession de leur erreur. En un instant ils voient la vérité. En parlant comme ils le faisaient tout à l'heure, c'étaient les anciens juifs qui parlaient par leurs lèvres coupables, ce n'était pas l'esprit du Maître qui les animait. Ils baissent les yeux devant celui qui est le vraiment grand et qui dans sa grandeur a accepté le chemin du sacrifice que ferme une croix sanglante.


***

Dans le passé le plus lointain comme dans notre époque, les chrétiens ont eu cette grave faiblesse de reprendre la conversation des disciples et de se disputer pour savoir lesquels étaient les premiers.

Voyez ces chrétiens de Corinthe dont les uns se vantent d'être les disciples de saint Paul, et les autres du prédicateur Apollos dont la sagesse et l'éloquence leur paraissaient supérieures encore à celles du grand apôtre. Songez à toutes les divisions, toutes les sectes formées à travers les siècles par des esprits qui pensaient sincèrement avoir trouvé de l'évangile une traduction plus exacte et une compréhension plus parfaite. Et, au sein même d'une seule église, qui niera la persistance des raisonnements misérables des disciples et des calculs de leur orgueil ? Voici des Chrétiens, fiers de leurs traditions de famille ou de leur longue fidélité, qui ont peine à admettre, avec Jésus, que des païens et des débauchés, que des fils de l'orient et de l'occident puissent devancer dans le royaume invisible les fils de Jérusalem, disons aujourd'hui des fils de la Genève calviniste ou de la Rome papale.

Voici des âmes consacrées qui pensent à part elles que le nombre de réunions auxquelles elles assistent leur assure automatiquement une prééminence spirituelle sur de pauvres fidèles ordinaires dont le zèle pour les choses de l'église parait bien faible.

Nous connaissons des hommes résolus qui se vantent devant Dieu de n'être pas comme tant de vulgaires disciples partagés entre le doute et l'incrédulité et qui paraissent, eux, être entrés dans le Conseil de Dieu et connaître tous les secrets du Ciel et tous les mystères du Très-Haut. Il est des âmes qui croient aimer beaucoup Jésus parce qu'elles parlent constamment de lui. Il est des privilégiés de l'ordre matériel qui, contrairement à l'évangile, pensent que la porte est ouverte plus grande dans le ciel pour les riches que pour les pauvres ; des privilégiés de l'esprit qui, contrairement à l'évangile, pensent que les sages et les savants auront plus vite fait que les enfants et les ignorants de forcer l'entrée du royaume de Dieu; des privilégiés ecclésiastiques qui, contrairement à l'évangile, sont certains que ceux qui ont beaucoup à faire avec le temple et la loi de Dieu sont mieux préparés que quiconque à avoir part aux récompenses éternelles ; des privilégiés de l'éducation, qui, contrairement à l'évangile, croient qu'il sera plus facile à de petits pécheurs qui se croient très braves d'être sauvés qu'à de grands pécheurs qui pleurent sur leurs fautes. Tout cela existe encore, tout cela constitue encore le grand péché de l'orgueil des chrétiens. Vingt siècles ne nous ont pas encore suffi pour apprendre à raisonner comme Jésus, et à voir la vraie grandeur là où Lui l'a vue.


Il

Où l'a-t-il vue ?

Si quelqu'un veut être le premier... Ah! j'aime à remarquer que Jésus cherche à se placer sur le plan même de ses interlocuteurs. Il ne refuse pas de les comprendre en leur disant brutalement Il est stupide de vouloir être le premier, ou encore: Tous sont égaux, et il n'y a point de premier. Non, Jésus ne condamne jamais une pensée sans retenir d'elle l'élément de vérité qu'elle peut renfermer. Le désir d'être le premier est un souhait absurde s'il s'agit uniquement d'avoir une place meilleure que son voisin ; mais il peut aussi exprimer une ambition légitime, l'ambition d'être un chrétien véritable, accompli ; il peut exprimer la soif du disciple fidèle, qui veut arriver au but.

Il y a une ambition spirituelle que l'évangile n'a pas voulu condamner. Plus tard, empruntant ses comparaisons à la vie du stade et des gymnastes grecs, Paul parlera des lutteurs qui courent dans l'arène ; ils suivent la règle, ils s'imposent la discipline nécessaire pour recevoir la couronne du vainqueur. Imitez-les, chrétiens, qui combattez pour la couronne inflétrissable ! Et Jésus de même dit aux siens : Quelqu'un désire-t-il être le premier ? Je vais lui indiquer le vrai moyen.

Et voilà qui nous rappelle ce que n'est pas l'humilité chrétienne.

Elle n'est pas le culte de la médiocrité, la paresseuse confession de notre incapacité qui s'arrêterait à cette parole : Nous sommes des créatures si misérables que nous ne pouvons et ne devons aspirer à aucune espèce de grandeur. La soif d'être moralement grand ? mais elle est le plus beau titre de gloire des enfants des hommes. Quoi donc ? Jésus aurait vécu, incarnation splendide de l'homme dont la grandeur touche aux cimes divines, pour que ceux qui se réclament de son nom passent leur vie prosternés dans le sentiment de leur néant, et ne pensent à honorer leur Maître qu'en regardant du fond de leur misère à sa richesse insaisissable, du sein de leur poussière à sa gloire inaccessible? Non pas !

Il s'est fait pauvre, dira Paul, afin que vous soyez enrichis (Il Cor. VIII. 9.); et Jésus a demandé lui-même au Père que ses disciples aient leur part à sa grandeur et à sa gloire. Dans l'église chrétienne comme dans toutes les sociétés, dans la famille, dans l'école, dans la cité, il peut y avoir une sainte émulation dépouillée de toute basse jalousie, de toute rivalité mesquine et si quelqu'un éveille en vous un désir passionné de grandir, c'est bien Jésus qui ouvre devant vous, aussi devant toi, mon frère le plus pauvre, le plus petit, le plus méprisé, la possibilité radieuse : Être grand aux yeux de ton Dieu.


III

Si quelqu'un veut être le premier il sera le dernier et le serviteur de tous. Le voilà le paradoxe du Sauveur, le renversement de tous les systèmes humains d'évaluation ; Jésus met sens dessus-dessous notre sagesse et nos calculs. Il introduit dans l'humanité une idée toute nouvelle qui devra travailler le monde jusqu'à le bouleverser. La suprême grandeur c'est le service. Parole occasionnelle ? Non pas, mais bien résumé de la formidable révolution morale opérée par le Christ. Jésus dit : Soyez comme ce petit enfant et vous serez grand dans le Royaume; prends la dernière place et tu seras appelé à monter plus haut ; Jésus humble dans toute sa carrière s'abaisse vers les pécheurs et s'abaisse, jusqu'à la mort en Golgotha, jusqu'à être le Jésus crucifié comme un malfaiteur entre deux malfaiteurs. Le plus grand ? C'est celui qui aura le mieux servi. Le culte même que nous rendons aujourd'hui au Fils de l'Homme venu pour servir et non pour être servi, proclame l'approbation que Dieu a donnée au programme du Christ.

N'est-ce pas le lieu de redire ici ce que Jésus dit aux siens le soir où il leur lava les pieds, leur donnant une inoubliable parabole en action, capable de leur remémorer la divine beauté du service : Vous êtes heureux si vous savez -ces choses pourvu que vous les pratiquiez? (Jean XIII. 17.) Certes, depuis que Jésus a ouvert la voie de la vraie grandeur, par son message et par son sacrifice, les sources du service n'ont pas cessé de jaillir au sein de l'histoire humaine. Siècle après siècle, dans l'Église et hors de l'Église, des vies humaines altérées de vraie grandeur, ont trouvé leur joie à se donner.

Frères et sœurs voués aux soins des malades, au relèvement des tombés, à l'instruction des ignorants, existences de sacrifices obscurs ou glorieux d'hommes et de femmes qui n'ont vécu que pour servir et servir encore! Quels trésors d'intelligence, de dévouement, de souffrances fécondes dans vos vies! Nous avons appris, n'est-il pas vrai ? à situer la vraie grandeur là, dans cette fidélité à l'idéal de Jésus, plutôt que dans les gloires éphémères du monde.

Gardons-nous cependant d'une trop facile satisfaction, gardons-nous de nous consoler de nos égoïsmes personnels par la considération du dévouement des autres. Si les chrétiens en étaient tous arrivés à situer la vraie grandeur dans le service, il n'y aurait pas tout près de nous encore tant de larmes que personne ne sèche, tant de douleurs que personne ne console ; il ne subsisterait pas non plus entre les disciples tant de vaines contestations et de rivalités:

Si tu veux être grand, sois le serviteur de tous.

Il y a dans la pensée de Jésus une double universalité. Que chacun vise à être le serviteur de tous ! Chacun et pas seulement vous qui avez une vocation spéciale, vous, les missionnaires, les pasteurs, les diacres, les garde-malades. La grandeur du service (et cela a été l'un des mérites de la Réforme de le rappeler) doit être réalisée dans les cadres de la vie naturelle, dans la famille, dans le travail, dans la cité. S'il est vrai que dans notre société beaucoup ont peine à accomplir leur besogne quotidienne dans la joie, s'il est des professions dont on peut se demander si elles permettent la pensée du service, ce doute ne condamne pas la morale de Jésus ; il condamne plutôt notre monde où son esprit a si peu triomphé. Mais, en dépit même du retard de notre civilisation, qui dira qu'il ne trouve dans son existence mille occasions de servir et de servir sous les formes multiples que peut revêtir l'amour chrétien, depuis le verre d'eau donné à un petit, jusqu'au témoignage par qui nous pouvons amener un frère, de la nuit de l'incrédulité à la lumière de la foi et de la divine espérance ?

Que chacun soit le serviteur de tous. Tous ? ah il me semble voir les regards étonnés des disciples surpris. «Rendre service à Jean ? oui; mais à Jacques ou à tel autre? Celui-ci ne m'est pas sympathique ; celui-là, en tout cas, m'a fait trop de peine!» Mais Jésus a dit : Tous. Oui, ni dans le cercle de la famille, ni dans celui de vos relations, Dieu ne vous donne le droit de choisir les quelques personnes que vous aimez assez pour bien vouloir leur rendre service, peut-être avec la vieille pensée intéressée que, eux aussi vous ont rendu service ou vous rendront service bientôt. Tous, et aussi ceux envers qui tu crois n'avoir aucun devoir, tous sont enfants du Père. Celui qui est sur ta route et qui a besoin qu'on l'aime et qu'on l'aide, c'est celui-là que tu serviras, et c'est dans ce service désintéressé, spontané, joyeux, que tu connaîtras le bonheur d'être d'accord avec l'esprit de ton Maître.


IV

Nous l'avons avoué avec douleur, notre Société, basée sur l'égoïsme et la concurrence n'est pas toujours, loin de là, organisée en vue de faciliter l'esprit du service. Et nous pourrions à ce sujet, longuement gémir et soupirer. Il y a mieux à faire. Comme chrétiens, Dieu nous donne dès aujourd'hui, en vue des transformations futures de la Société dans le sens de l'évangile, un moyen de réaliser immédiatement le service collectif. Ce moyen c'est l'Église.

Elle fut à l'heure de sa naissance l'admirable société des services mutuels; elle fut dans le vieux monde païen l'îlot prophétique, l'annonciatrice des temps nouveaux où le frère vivrait pour le frère et où le plus grand se ferait le serviteur de tous. Aujourd'hui nombre de chrétiens appellent de leurs prières un réveil ; ce réveil, si Dieu nous l'accorde par l'envoi de son esprit, sera-t-il un réveil purement individualiste? Verrons-nous simplement des âmes retrouver le sentiment de leur misère personnelle, venir crier à Dieu leur repentance et appeler le pardon de leurs péchés et le salut de leur âme perdue ? Certes si nous voyons de semblables choses nous en bénirons Dieu, nous savons le prix d'une âme. Mais ce que l'Esprit demande par dessus tout à l'Église, c'est de préparer les voies à un réveil qui soit autre chose encore: un réveil du sens fraternel et de l'esprit de service.

Les disciples d'aujourd'hui, comme ceux d'autrefois, sont menacés par l'orgueil spirituel. Il y a chez nous trop de chrétiens qui discutent en chemin : Quel est le plus grand ? Il en est qui se figureront demain que le premier dans le royaume de Dieu c'est celui qui dit : «Seigneur, Seigneur! » L'étude de la parole de Dieu, les réunions où l'on prie et l'on chante, la ferveur et la concentration, tout cela est bon à sa place, c'est-à-dire en vue du service, en vue du don de soi à ses frères.

Partout où la piété oublie la compassion de Jésus sur la foule sans berger, partout où la religion sépare l'adoration de l'action, et l'amour pour le Père invisible de l'amour pour le frère visible, elle s'égare; les sources qu'on s'était réjoui de voir jaillir en fleuves d'eau vive vont se perdre dans les déserts de l'orgueil ; la prière rejoint le vain discours du pharisien satisfait : Mon Dieu! je te remercie de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes (Luc XVIII. 11.). Que Dieu nous préserve des émotions religieuses qui n'aboutissent à aucun réveil de l'amour. En face de tant d'oeuvres nécessaires à soutenir, de tant de malheureux à aimer, de tant d'âmes à éclairer, que la devise du réveil soit : Plus près de Jésus pour mieux servir. Et alors, mais alors seulement viendrait pour l'église le temps du rafraîchissement spirituel, l'époque attendue par le Christ dans laquelle les siens ne se disputeraient plus pour savoir qui a le mieux compris sa doctrine et le mieux prêché sa parole et le mieux célébré ses vertus ; mais toutes ces discussions, si mesquines en face de l'amour d'un Dieu, s'effaceraient devant la seule sainte passion du service !

Ainsi Jésus-Christ redeviendrait le Vivant aux yeux de notre siècle incrédule parce que sa figure apparaîtrait à travers des chrétiens qui enfin mettraient leur seule ambition à servir, leur seule gloire à se donner.


1927.


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