Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARTIE II

QU'EST-CE QUE SE CONVERTIR ?

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Une réponse complète à cette grande question nous entraînerait sans doute fort au-delà des bornes que nous devons nous prescrire aujourd'hui ; c'est pourquoi, sans prétendre vous exposer la nature et tous les traits d'une conversion véritable, nous nous contenterons de vous présenter, sur ses principaux caractères, un certain nombre de questions, qui pourront vous mettre à même, si vous voulez être sincères, de connaître l'état de votre cœur en la présence de Dieu.

Cependant, avant de vous les adresser, il est indispensable ici de vous rappeler un principe fondamental, que trop de gens parmi nous oublient ou méconnaissent. — C'est que, bien qu'on doive sans doute reconnaître à leurs fruits les véritables enfants de Dieu, la conversion n'est point proprement une œuvre extérieure.

C'EST AU CŒUR QUE DIEU REGARDE ; C'EST LE CŒUR QUI DOIT CHANGER.

Et comme le père le plus tendre repousserait avec dégoût les égards les plus empressés et les soins les plus assidus de son fils, s'il savait que ce fils, s'ennuyant de sa présence et n'ayant point d'amour pour lui, ne le sert qu'avec contrainte, pour ne pas encourir ses châtiments, ou pour s'assurer une meilleure part dans l'héritage paternel  ; à bien plus forte raison, notre Dieu, qui réclame tout amour, qui sonde les reins et les cœurs (Apoc. II. 23.), et qui connaît ce qui est en l'homme (Jean II. 25.), notre Dieu ne saurait agréer un culte d'esclave, ni les vains efforts d'un cœur vide de Son amour, où la créature a son trône, où le Créateur est détrôné.

Mon enfant, nous dit-il, donne-moi TON COEUR (Prov. XXIII. 26.)  ;

tu aimeras le Seigneur ton Dieu DE TOUT TON COEUR (Marc XII. 30.)  ;

Je n'ai point égard à ce à quoi l'homme a égard : l'homme regarde à ce qui est devant ses yeux, mais moi, l'Éternel, JE REGARDE AU COEUR (1 Sam. XVI. 7.)  ;

et quand vous donneriez tout votre bien pour la nourriture des pauvres, quand vous livreriez votre corps pour être brûlé, si vous n'avez pas la charité, c'est-à-dire l'amour, dans le cœur, vous n'êtes rien (1 Cor. XIII. 3).

C'est l'amour que Dieu demande à Sa créature ; c'est par l'amour qu'il veut être servi ; c'est l'amour qui fait la vie des Cieux ; c'est l'amour qui ne périra jamais.

La conversion, je le répète, est donc une œuvre intérieure ; et, pour me servir des définitions même de l'Écriture,

c'est le rétablissement de l'image de Dieu dans le cœur de l'homme déchu ;

c'est le changement du cœur,

c'est la circoncision du cœur,

c'est le dépouillement du cœur de pierre,

c'est l'obéissance du cœur,

c'est la purification du Cœur,

c'est l'amour de sort Dieu dans le cœur.

Il pourrait sembler superflu peut-être de rappeler dans un temple chrétien des principes si clairs, et en apparence si généralement admis : — mais, au nom de tout ce que vous avez de plus précieux, au nom de votre âme et de votre éternité, prenez-y garde ; sondez attentivement votre cœur.

N'imitez pas tant de malheureux qui, se laissant décevoir par les vaines apparences d'une réforme toute extérieure, se persuadent n'avoir point eux-mêmes à se convertir,

parce qu'ils ont reçu les eaux du baptême,

parce qu'ils fréquentent les assemblées chrétiennes,

parce que leur conduite est décente et régulière aux regards des hommes ;

tandis cependant que leur cœur est encore secrètement éloigne de Dieu ;

tandis que l'honneur mondain,

tandis que l'amour du monde y tient encore la place qu'y devraient occuper la crainte et l'amour du Seigneur ;

tandis que les maximes du monde, l'approbation du monde, la faveur du monde, font encore et la règle de leur vie, et leur but, et leur récompense.

Examinez-vous donc bien, Mes Frères, nous vous en conjurons. — Pensez que ces terribles paroles : « SI VOUS NE VOUS CONVERTISSEZ, VOUS PÉRIREZ  », sortirent de la bouche même de Celui qui n'avait quitté la gloire des Cieux que pour descendre dans l'abîme de vos misères, et que pour vous délivrer de la colère à venir par les prodiges d'une miséricorde plus haute que les Cieux et plus profonde que les abîmes.

Pensez que toutes les études, tous les soins, toutes les gloires de cette vie passagère ne sont après tout que de pompeuses puérilités, auprès de cette question, d'où dépend une éternité devant laquelle mille vies ne seraient encore que comme un jour :

«  Suis-je converti ?

Serai-je mis à la droite ou à la gauche ?

Suis-je en Christ ou hors de Christ ? »

Prêtez donc une oreille attentive aux questions que je vais vous adresser :

1. AIMEZ-VOUS VOTRE DIEU ? Votre première ambition, votre plus ardent désir sur la terre, est-il de recouvrer l'image de Dieu dans votre cœur, de Le connaître et de L'aimer tous les jours davantage ?

2. Est-ce là ce qui cause vos craintes et vos joies, vos désirs et vos douleurs ?

3. Le péché vous est-il devenu de plus en plus odieux, et l'inclination qui vous y porte est-elle aujourd'hui votre plus pesant fardeau, votre plus douloureuse infirmité ?

4. Aimez-vous votre Dieu ? et comme un vrai fils, aimez-vous les enfants de votre Père Céleste ?

5. Avez-vous cette dévotion pure et sans tache devant Dieu notre Père, laquelle consiste à visiter les veuves et les orphelins dans leurs afflictions, et a se préserver des souillures du monde ? (Jaq. 1. 27.)

6. Aimez-vous ceux qui ne vous aiment pas, ou comme les Pharisiens, n'aimeriez-vous que ceux qui vous aiment ? (Luc. VI. 32.)

7. L'avènement du règne de Christ est-il l'objet fréquent de vos désirs, de vos prières et de vos pensées ?

8. Voyez-vous avec émotion le tort que les impies font à l'Église de Christ ; et s'ils jouissent de quelque rang dans le monde, évitez-vous avec eux cette familiarité que vous vous garderiez bien d'entretenir avec des détracteurs de votre patrie, de votre famille, ou de votre personne ?

9. AIMEZ-VOUS VOTRE DIEU ? et de l'abondance de votre cœur votre bouche parle-t-elle (Mat. XII. 34.)  ?

L'homme passionné de la politique parle constamment des évènements du jour, la femme mondaine de ses plaisirs, le négociant de ses calculs ; le fils bien-né loin du toit paternel, l'épouse ou la tendre mère, séparée de l'objet de leur tendresse, ramènent sans cesse dans leurs entretiens l'être chéri dont la douce pensée revient à tout instant émouvoir et remplir leur cœur :

Eh bien.... vos sujets de conversation les plus chers et les plus habituels sont-ils ceux d'un enfant de Dieu, d'une épouse de Jésus-Christ ?

Recherchez-vous dans ce but les amis de votre Père Céleste ?

Êtes-vous étonnés de voir tant de personnes, qui cependant seraient bien offensées qu'on leur refusât le nom de CHRÉTIENS, pouvoir passer des journées entières, des mois, des années, avec leurs parents, leurs enfants, leurs frères, leurs soeurs, et tout ce qu'ils aiment le mieux sur la terre, sans leur parler jamais du Sauveur, du salut, des trésors d'en haut, et des choses invisibles qui sont éternelles ?

Êtes-vous étonnés, êtes-vous affligés de voir, d'un côté, avec quel empressement et quel intérêt toujours nouveau tant de personnes peuvent parler d'affaires, de sciences, et des évènements de la vie les plus indifférents ; et de l'autre, avec quelle langueur, quelle rareté, quelle prompte fatigue, on s'entretient de la sainte Bible, de l'avenir éternel, de la venue de Jésus parmi les hommes, de Ses promesses, de Sa présence au milieu des Siens, et de cette bonne nouvelle qui cependant doit être, dans tous les âges, pour le vrai peuple de Dieu le sujet d'une grande joie  ?

AIMEZ-VOUS VOTRE DIEU ?

Aimez-vous SELON DIEU vos enfants, vos parents, vos amis, vos domestiques ? Aimez-vous leurs âmes ?

Quel est pour eux le premier objet de vos craintes et de vos douleurs, de vos espérances et de vos joies ?

Êtes-vous plus occupés et plus inquiets de leurs progrès dans la connaissance de Christ et dans la sainteté, que de ceux qu'ils pourront faire dans leurs études, dans la faveur du monde et dans les avantages du siècle ?

AIMEZ-VOUS VOTRE DIEU ?

Et de la même manière qu'un cœur aimant ne désire rien tant que de se rapprocher de l'objet aimé, de contempler ses traits, d'entendre sa voix chérie, et de lui manifester sa tendresse, est-ce un besoin pour vous, est-ce une joie que de parler à votre Dieu dans la prière, que de L'entendre dans Sa parole, que de Le contempler dans Son culte ?

Est-ce dans les cieux que vous avez mis votre trésor et votre cœur  ?

L'éternité, cet Océan sans bornes, qui jadis entrait si peu dans vos calculs, occupe-t-elle maintenant vos premières pensées ?

En examinant vos sentiments les plus habituels, en étudiant quelles sont vos solitaires pensées, dans ces moments de rêverie, où vous laissez errer votre imagination au gré secret des désirs de votre cœur, — où vous portent-elles ?

au ciel ; ou sur la terre ?

vers le créateur, ou vers la créature ?

vers les joies de cette vie passagère, ou vers cet héritage incorruptible, qui ne peut ni se souiller ni se flétrir, et que Jésus réserve aux Siens ?

La parole de votre Dieu fait-elle vos délices ?

Votre cœur entend-il la voix du bon Berger (Jean X. 3-4.)  ? La préférez-vous à toute autre voix, à toute autre lecture ; et pour parler avec un Apôtre, désirez-vous, comme un enfant nouvellement né, le pur lait de la parole, afin qu'il vous fasse croître (1 Pier. II. 2.) ?

Trouvez-vous aujourd'hui dans la prière, au lieu de la langueur et de la secrète répugnance qui vous y poursuivait naguères, un soulagement, une consolation, une joie véritable ?

Le Sabbat Chrétien enfin, ce beau jour que le Seigneur a mis à part pour les siens, ce beau jour est-il devenu pour votre âme un jour de fête ?

Appelez-vous le Sabbat vos délices, et honorable ce qui est consacré a l'Éternel (Ésaïe LVIII. 12.)  ?

Est-il pour vous un jour de recueillement, de charité, de prière et d'une sainte joie, au lieu d'être, comme autrefois avant que vous connussiez votre Sauveur, un jour de contrainte, sombre et fastidieux, ou bien un jour de dissipation, plus consacré peut-être aux vanités du monde que ne l'étaient encore les six autres jours de la semaine ?

En un mot, Mes Frères, demandez-vous à ces différents traits, SI VOUS ÊTES CONVERTIS ; si vous servez Dieu avec le cœur d'un enfant ou avec la contrainte d'un esclave ; si vous avez enfin cet amour, sans lequel il est impossible d'avoir connu le Seigneur Jésus, et sans lequel votre foi prétendue serait une foi morte, une foi fausse, un corps sans âme (Jaq. III. 17 à 26). — Ah, convertissez-vous, [c'est la parole que l'Éternel adressait à Son peuple par la bouche de Malachie, ] convertissez-vous, et C'est ALORS que vous connaîtrez. LA DIFFÉRENCE qui existe entre le juste et celui qui ne l'est pas, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas. (Mal. III. 18) — MAIS COMMENT SE CONVERTIR ? COMMENT CHANGER SON CŒUR, COMMENT DONC ÊTRE SAUVÉ ?

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