Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

Chapitre 9

----------

1 Car pour ce qui est du secours destiné aux fidèles, il est superflu de vous écrire, puisque je connais votre bonne disposition, au sujet de laquelle je fais votre éloge aux Macédoniens, en disant que l'Achaïe s'est tenue prête dès l’année passée, et le zèle dont vous donnez l'exemple en a stimulé un grand nombre. Cependant j'envoie ces frères, afin que l'éloge que j'ai fait de vous ne soit pas démenti à cet égard, mais que vous soyez prêts comme je le disais, de peur que, les Macédoniens arrivant avec moi et ne vous trouvant pas prêts, cette confiance ne tourne à ma honte, pour ne pas dire à la vôtre. J'ai donc jugé nécessaire de prier ces frères de me devancer auprès de vous, et d'organiser préalablement votre libéralité, déjà annoncée d'avance, afin qu'elle fût prête comme une véritable libéralité, et non comme une lésinerie.

IX, 1-5. La liaison de ce chapitre avec le précédent a été l'objet d'un examen spécial dans l'introduction. Nous nous bornerons ici à dire qu'à la rigueur elle peut s'établir de la manière suivante: Paul venait d'annoncer aux Corinthiens l'arrivée de trois députés, il les prie de justifier les éloges qu'il leur avait prodigués par anticipation, car, ajoute-t-il, il sera inutile de traiter ici le fond même de la chose en question. Mais tout le monde voit que c'est là une manière assez singulière d'entrer en matière quand on a déjà épuisé un sujet. Nous nous en tiendrons donc plutôt à la solution donnée plus haut.

Comme du reste les lignes qu'on vient de lire ne font que récapituler le contenu des pages précédentes, l'auteur trahit suffisamment sa crainte que le résultat ne soit pas en proportion de ce qu'il se croyait autorisé à attendre. Il dit s'être avancé en Macédoine en préconisant le zèle des Corinthiens, et maintenant il trouve nécessaire de faire prendre les devants à quelques amis, pour être sûr de ne pas se trouver compromis lors de l'arrivée des députés macédoniens, qui devaient plus tard l'accompagner lui-même. Ces derniers ne sont pas les mêmes que ceux dont il a été question plus haut et qui sont encore une fois annoncés ici.

6 Au reste, celui qui sème parcimonieusement, moissonnera aussi parcimonieusement, et celui qui sème avec libéralité, moissonnera aussi avec libéralité. Chacun selon qu'il se le propose en son cœur, non pas avec regret, ni par contrainte; car Dieu aime celui qui donne avec joie. Mais Dieu peut aussi vous combler de toutes sortes de grâces, afin que, ayant toujours en toutes choses suffisamment pour tous vos besoins, il vous en reste encore au delà, pour toutes sortes de bonnes œuvres, selon cette parole de l'Écriture: Il a répandu, il a donné aux pauvres, sa justice subsiste à jamais.

IX, 6-9. L'apôtre fait valoir ici un nouveau motif en faveur de la charité bienfaisante envers le prochain; c'est que Dieu la récompense, et que plus on donne, plus on reçoit pour donner encore. Ce motif, sur la valeur duquel nous nous sommes expliqué plus haut (chap. VIII, 14), se rattache ici à ce qui avait été dit sur les deux manières de donner (chap. VIII, 12; IX, 5), dont l'une fait perdre à l'acte tout son prix. La phrase de transition, V. 7, pourrait être mise en parenthèse, ou bien être rattachée à la précédente par un mot, comme par exemple: voici ce que je veux dire, ou: Pénétrez-vous bien de ceci, etc. Les phrases adverbiales: parcimonieusement, avec libéralité, dont nous ne voulions pas effacer la couleur par une traduction moins figurée (peu, beaucoup), ne s'appliquent bien qu'aux semailles; l'apôtre les applique aussi à la moisson, ce qu'il pouvait faire parce que tout le monde voit que c'est une métaphore et que le sens primitif n'y est pour rien. Paul veut dire: Dieu vous donnera comme vous aurez donné aux autres. Au point de vue moral, cette pensée est dominée par le principe de la juste et modeste appréciation de ce qui est nécessaire et suffisant, principe par lequel on fait encore la part très large à l'égoïsme naturel de l'homme, le chrétien pouvant aller bien au delà. Le superflu est un dépôt que nous devons faire valoir au profit des autres, en qualité d'agents comptables de la Providence, laquelle permet et amène les inégalités de fortune et de ressources parmi les hommes, pour les rapprocher les uns des autres par des liens plus nobles et plus sacrés que ceux du sang. L'Ancien Testament aussi, que l'auteur invoque à cet effet (Prov. XXII, 8. Ps. GXII, 9), exalte la bienfaisance et la charité, et lui assure la rémunération divine. En hébreu, les notions de justice et aumône sont exprimés par le même mot, au moins dans le langage des temps apostoliques, et ici elles se tiennent de très près aussi dans la phrase qui va suivre.

10 Celui qui fournit au semeur la semence et du pain pour sa nourriture, vous fournira la semence à vous aussi et la multipliera, et augmentera les fruits de votre justice, vous enrichissant de toutes manières pour toutes sortes de libéralités, lesquelles, par mon entremise, provoqueront des actions de grâces rendues à Dieu. Car l'accomplissement de cette sainte œuvre ne servira pas seulement à pourvoir aux besoins des fidèles, mais il donnera un excédant par leurs nombreuses actions de grâces rendues à Dieu. C'est qu'en vue de la preuve donnée par ce service ils glorifieront Dieu au sujet de la soumission que vous professez pour l'Évangile de Christ, et de la libéralité de votre cadeau envers eux et envers tous. Ils prieront Dieu pour vous, parce qu'ils éprouveront de la sympathie pour vous à cause de la grâce dont Dieu vous a comblés. Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable!

IX, 10-15. D'après le texte vulgaire, cette péroraison se présente sous la forme d'un vœu, les verbes étant à l'optatif. La différence, au fond, n'est pas grande. Les idées qui y sont développées sont d'ailleurs contenues en substance dans les versets précédents. La charité chrétienne est encore une fois comparée à des semailles, qui rapportent plus, en quantité comme en valeur, qu'on n'a dû dépenser pour les faire. La semence, dans le sens de la métaphore, c'est le petit sacrifice qu'on demande aux Corinthiens en faveur de leurs frères nécessiteux. Par le secours rémunérateur de Dieu, non seulement elle profitera à ces derniers et comblera leur déficit (v. 12; chap. VIII, 13), mais elle donnera encore un excédant, un bénéfice net, qui reviendra aux donateurs et augmentera leurs moyens pour des cas analogues. Les fruits de la justice (voyez la note précédente) sont précisément les bienfaits de ce genre inspirés aux fidèles par le sentiment de leur devoir.

Ce passage prouve aussi l'importance que l'apôtre attachait à la prière, et plus particulièrement à la prière d'intercession. En recevant ce don de mains étrangères et autrefois païennes, les chrétiens de Jérusalem seront doublement portés à rendre grâces à Dieu, d'abord pour la conversion de leurs frères, ensuite pour les sentiments qui les ont engagés à songer aux besoins d'hommes qu'ils ne connaissaient pas même. Du reste, ces sentiments n'ont rien de purement personnel; inspirés par l'Esprit saint, ils se manifestent virtuellement envers tous les frères, sans distinction, et se manifesteront, le cas échéant, de la même manière envers d'autres. De pareils sentiments sont par eux-mêmes déjà une grâce visible de Dieu, pour laquelle il convient de le remercier.

***

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant