Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

Chapitre 7

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2 Accueillez-moi! Je n'ai offensé personne, je n'ai fait de tort à personne, je n'ai exploité personne. Je ne dis pas cela pour vous blâmer, car je vous ai déjà dit que vous êtes dans mon cœur, à la vie et à la mort. J'ai une grande confiance en vous, je suis tout fier de vous; je suis plein de consolation, je suis an comble de la joie, malgré toutes mes tribulations.

VII, 2-4. Tout ce dernier chapitre est rempli de protestations d'amour fraternel, de la part de l'auteur, pour ses lecteurs, et d'insinuations touchantes qui doivent lui faire reprendre auprès d'eux la place qu'il avait précédemment occupée. Ici il n'y a encore que des phrases générales qui reprennent le discours commencé chap. VI, 12. De mon côté, dit Paul, il n'y a pas d'obstacle à ce que la bonne entente se rétablisse; vous ne pouvez avoir aucun grief contre moi, et si j'insiste sur ce fait, ce n'est pas pour vous mettre explicitement dans votre tort; au contraire, ce qui me revient sur votre compte remplit mon cœur de joie et de consolation. — Dans ce qui suit, il entre dans des détails et reprend le fil de ses souvenirs récents, qu'il avait laissé tomber chap. II, 13.

5 Car à mon arrivée en Macédoine, je me trouvais dans une situation pleine d'inquiétudes; j'étais mal à mon aise à tous égards; au-dehors, des luttes; au-dedans, des appréhensions. Mais le Dieu qui console ceux qui sont abattus m'a consolé par la présence de Tite, et non seulement par sa présence, mais encore par la consolation qu'il avait ressentie lui-même à votre sujet, en ce qu'il vint m'annoncer votre ardent désir, vos regrets, votre zèle pour moi, de sorte que ma joie en fut d'autant plus grande.

8 Car si je vous ai causé de la tristesse par ma lettre, je ne le regrette plus, bien que je l'aie regretté d'abord (car je vois que cette lettre vous a affligés, ne serait-ce que pour peu de temps); maintenant je me réjouis, non de ce que vous avez été affligés, mais de ce que vous l'avez été de manière à changer de sentiment. Car vous avez été affligés selon Dieu, afin que vous ne fussiez lésés en rien de ma part. C'est que la tristesse selon Dieu produit une repentance salutaire qu'on ne regrette jamais; tandis que la tristesse mondaine produit la mort. Voyez plutôt, cette tristesse selon Dieu, que vous avez ressentie, quel empressement elle a produit en vous! mais encore quelles excuses I et quelle indignation! et quelle crainte! et quel désir ardent! et quelle ferveur! et quelle sévérité! De toute façon, vous avez tenu à vous montrer purs dans cette affaire.

12 Aussi bien, si je vous ai écrit à ce sujet, ce n'était pas autant à cause de l'offenseur ou de l'offensé, mais afin que votre zèle pour moi se manifestât parmi vous à la face de Dieu. C'est ce qui m'a consolé; et outre cette consolation, j'ai été réjoui davantage encore par la joie de Tite, dont l'esprit a été tranquillisé par vous tous, parce que, si je vous ai vantés devant lui, je n'ai point reçu de démenti, mais de même que je vous ai toujours dit la vérité, de même aussi l'éloge que j'ai fait de vous à Tite, s'est trouvé être la vérité. Et son affection pour vous est d'autant plus grande, qu'il se rappelle la déférence que vous avez eue tous pour lui, et la modestie respectueuse avec laquelle vous l'avez accueilli. Je suis heureux de pouvoir en toutes choses me fier à vous.

VII, 5-16. Ce morceau, d'une rare fraîcheur, au point de vue du style épistolaire, n'a pas besoin d'une longue explication. Il suffira de rappeler les faits auxquels il y est fait allusion. Paul avait dit, pour plusieurs raisons qui nous sont suffisamment connues, écrire une lettre assez sévère aux Corinthiens. Depuis que cette lettre était partie, il se préoccupait de l'effet qu'elle avait pu produire, et comme il lui était resté à lui-même l'impression qu'il s'était peut-être expliqué avec trop de vivacité, il craignait que ses rapports avec l'église de Corinthe, loin de s'améliorer, ne fussent devenus moins rassurants encore que par le passé. L'éclat qu'il avait provoqué, par l'excommunication de l'individu qui vivait en inceste avec sa belle-mère, lui donnait à réfléchir, non qu'il se repentît de sa sévérité, mais parce qu'elle pouvait avoir amené des conséquences plus fâcheuses encore, sans aboutir directement.

C'est dans ces dispositions qu'il était arrivé en Macédoine, et sa situation était on ne peut plus pénible (litt.: sa chair n'avait pas de repos, phrase dans laquelle la chair n'est pas opposée à l'esprit, mais comprend tout ce qui tient à l'existence naturelle). Tout changea à l'arrivée de Tite, qui revenait de Corinthe avec d'excellentes nouvelles. Le coupable avait été exclu; l'église avait témoigné de la déférence pour le représentant de l'apôtre; on exprimait le désir de le revoir lui-même; on prenait fait et cause pour lui contre ses détracteurs.

En présence de ces faits, Paul veut de son côté témoigner sa satisfaction et sa reconnaissance, et il est naturellement amené à parler du ton de sa précédente lettre. Il comprend que cette lettre a dû faire de la peine aux Corinthiens; il avoue même qu'il en a eu du regret; aujourd'hui il se félicite de l'avoir écrite, parce qu'elle a produit un effet salutaire. À cette occasion, il distingue deux sortes de tristesse qui peuvent être le résultat d'un blâme mérité: la tristesse selon Dieu, qui reconnaît le tort et s'applique à le corriger, et la tristesse mondaine, qui s'irrite du reproche et qui s'obstine dans le mal. Sa lettre, ayant produit le premier de ces deux sentiments, a donc été positivement utile et salutaire, et les lecteurs, bien que blâmés, n'ont pas été lésés, c'est-à-dire n'ont reçu aucun préjudice, ni matériel ni moral, de la sévérité de leur maître. L'effet en a été tout opposé: à l'égard du délinquant, indignation et sévérité; à l'égard de l'apôtre, empressement, excuses, désir cordial. Paul va même jusqu'à dire que sa lettre n'avait eu d'autre but que de leur fournir l'occasion de manifester ces sentiments, et que l'affaire en elle-même (soit à l'égard du fils offenseur, soit à l'égard du père offensé, voyez la première note sur 1 Cor. V) ne venait qu'en seconde ligne. C'est là un compliment dicté par l'amitié.

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