Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

Chapitre 1

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1 Paul, par la volonté de Dieu apôtre de Jésus-Christ, et le frère Timothée, à l'église de Dieu qui est à Corinthe, ainsi qu'à tous les fidèles qui sont dans l'Achaïe entière: que la grâce et la paix soient avec vous de la part de Dieu notre père et du Seigneur Jésus-Christ!

I, 1,2. Comparez ce qui a été dit dans l'introduction sur la destination de l'épître. Pour comprendre la liaison des idées dans les premiers chapitres, il ne faut pas perdre de vue ce qui a été dit au sujet du but prochain de l'auteur. Il voulait communiquer à ses lecteurs quelques détails sur ce qui s'était passé depuis l'envoi de la précédente lettre (perdue ou conservée, n'importe); mais il fait moins une relation historique des événements, qu'une caractéristique générale de la situation. De plus, il s'interrompt à tout instant pour se livrer à des digressions inspirées par le sentiment de l'affection qu'il porte à l'église de Corinthe et par le besoin de le lui témoigner.

3 Béni soit le Dieu et père de notre Seigneur Jésus-Christ, le père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui me console dans toutes mes tribulations, de manière que moi aussi je puis consoler ceux qui sont dans toutes sortes de tribulations, avec la consolation dont je suis consolé moi-même par Dieu! Car de même que les souffrances de Christ m'arrivent abondamment, de même par Christ aussi abonde ma consolation.

6 Mais si je suis affligé, c'est pour votre consolation et pour votre salut, lequel se réalise dans la patiente soumission aux mêmes souffrances que j'endure aussi (et mon espérance à votre égard est inébranlable!), et si je suis consolé, c'est encore pour votre consolation à vous, et pour votre salut, puisque je sais que, de même que vous avez votre part des souffrances, vous l'avez aussi de la consolation.

I, 3-7. Avant de raconter les tribulations qu'il a récemment endurées à Éphèse, Paul rend grâces à Dieu de les avoir heureusement traversées, d'avoir été consolé et tranquillisé. Ces deux idées corrélatives de tribulation et de consolation sont ici combinées de plusieurs manières. D'abord l'apôtre reconnaît avoir été consolé lui-même; mais aussitôt il constate que cette expérience le rend plus propre à exercer son ministère à l'égard de ceux qui souffrent comme lui, car il connaît maintenant la source et la portée de la vraie consolation de Dieu et peut ainsi en faire part à d'autres, en rendre témoignage et la promettre à son tour. Ses propres expériences, heureuses ou pénibles, lui apparaissent comme des faits qui peuvent et doivent immédiatement profiter aux autres chrétiens. S'il souffre, c'est bien comme apôtre, donc pour le bien de ceux qui doivent arriver au salut par son ministère; s'il est consolé, son exemple peut les rassurer et affermir leurs espérances; sans compter que l'intérêt qu'ils prennent à sa personne les remplira de joie, en le voyant à l'abri du danger. Il ne faut pas oublier, d'ailleurs, que les tribulations sont toujours considérées comme un stade à parcourir pour arriver à la gloire céleste, et comme une espèce de gage de celle-ci.

Les souffrances de Christ (et non pour Christ, comme on a voulu traduire), sont certainement celles que Jésus a endurées lui-même et qui deviennent en quelque sorte l'héritage de ceux qui le suivent (Col. I, 24. Phil. III, 10. Comp. I Pierre IV, 13. Hébr. XIII, 13).

Les différents membres de phrases qui composent le v. 6 sont en désordre dans les manuscrits. On les trouve arrangés de trois ou quatre manières différentes. C'est que l'apôtre a exprimé sa pensée d'une façon tant soit peu obscure et au moyen de répétitions embarrassantes; de sorte que les copistes ont cédé à la tentation de la rendre plus claire au moyen de divers changements. Il serait difficile de décider quelle est la leçon la plus authentique.

8 Car je ne veux pas vous laisser ignorer, mes frères, la persécution que j'ai essuyée en Asie, où j'ai été excessivement accablé, au delà de mes forces, au point que je désespérais même de conserver la vie. J'avais même prononcé en moi-même mon arrêt de mort, pour que je ne misse point ma confiance en moi-même, mais en Dieu qui ressuscite les morts. C'est lui qui m'a sauvé d'un tel danger de mort, et qui me sauve encore, et qui, je l'espère, me sauvera ultérieurement, si vous aussi vous m'assistez de vos prières, afin que la grâce, qui me sera faite en considération de beaucoup de personnes, soit aussi l'objet d'actions de grâces rendues pour moi par un grand nombre.

I, 8-11. Voyez l'introduction, pour ce qui concerne les allusions historiques. Le texte parlant par lui-même, nous nous bornerons ici à faire remarquer que Paul arrive encore une fois à intéresser directement à son récit les sympathies de ses lecteurs. S'il est sauvé du péril passé, il le doit à Dieu seul et non à ses propres efforts. S'il le sera ultérieurement, il le devra sans doute aussi aux prières de ceux qui lui sont attachés. Dieu voudra exaucer des prières ferventes, et recevoir en retour les hommages de la reconnaissance.

12 Car ma gloire à moi, c'est le témoignage que me rend ma conscience, de m'être conduit dans le monde, et surtout à votre égard, avec sainteté et sincérité envers Dieu, en me laissant guider par la grâce de Dieu, et non point par une sagesse charnelle. Car je ne vous écris pas autre chose que ce que vous lisez et connaissez, et ce que, je l'espère, vous connaîtrez jusqu'à la fin, ainsi que vous m'avez aussi reconnu en partie, comme étant pour vous un sujet de gloire, de même que vous le serez pour moi au jour du Seigneur Jésus.

I, 12-14. Ces paroles se lient intimement à celles qui précèdent. Paul venait de demander aux Corinthiens leurs prières en sa faveur, ou plutôt il y avait compté et avait supposé qu'elles se feraient spontanément. Ici il ajoute qu'il croit les avoir méritées. En effet, ses rapports avec les églises en général, et avec celle de Corinthe en particulier, sa manière d'agir, ses principes, son but, tout porte l'empreinte de la sainteté (variante: simplicité, ce qui est l'opposé de duplicité) et de sincérité; il n'y a chez lui aucune arrière-pensée, aucun intérêt égoïste, rien qui lui soit inspiré par des considérations charnelles ou mondaines, rien qu'on puisse appeler politique, sophisme, procédé d'école, finesse de rhéteur. Sa seule force, son seul guide, c'est la grâce de Dieu.

Mes lettres en particulier, ajoute-t-il, sont l'expression fidèle de mes pensées; elles ne cachent ni ne colorent rien; elles me donnent comme je suis et tel que vous me connaissez par votre propre expérience (il y a en grec un jeu de mots inimitable en français, dans les verbes lire et connaître), et l'avenir, jusqu'à la fin de ma carrière, ne vous suggérera pas une autre opinion à mon égard. (Le sens qui devait être exprimé ne saurait être méconnu; l'expression elle-même est manquée; car le plus déterminé hypocrite aurait pu dire également: Je ne vous écris que ce que vous lisez.)

De la part de l'apôtre ce n'est pas là une simple supposition. Il sait que les Corinthiens ont cette conviction (vous m'avez reconnu), bien que peut-être ils ne l'aient pas tous (en partie), puisqu'il avait là un parti contre lui. En tout cas, il espère pouvoir se glorifier un jour devant son maître des succès obtenus parmi eux et peut-être les sentiments d'affection et d'estime seront-ils réciproques.

15 Et c'est dans cette conviction que je voulais venir chez vous d'abord, pour que vous eussiez une double faveur, et me rendre de là en Macédoine; puis revenir de la Macédoine chez vous pour me faire équiper par vous pour le voyage de Judée. Or, en formant ce dessein, aurais-je donc agi avec légèreté? ou les projets que je forme me sont-ils inspirés par le caprice, de manière que chez moi le oui et le non reviennent au même?

18 Foi de Dieu, ma parole à vous n'est point oui et non! Car le fils de Dieu, le Christ Jésus, qui a été prêché par nous parmi vous, par moi et Sylvain et Timothée, n'a point été oui et non, mais quant à lui, cela a été un oui! Car à l'égard de toutes les promesses de Dieu, c'est en lui qu'a été le oui, en lui l'amen, par moi, à la gloire de Dieu.

21 Et celui qui me donne cette fermeté pour Christ, à moi ainsi qu'à vous, et qui m'a oint, c'est Dieu, lequel m'a aussi marqué de son sceau et a mis, à titre d'arrhes, son esprit dans mon cœur. Je prends donc Dieu à témoin sur mon âme, que c'est pour vous épargner que je ne suis plus revenu à Corinthe. Non que je sois le maître de votre foi, mais parce que j'ai la mission de travailler à votre joie. Car pour ce qui est de la foi, vous y restez fermes!

I, 15-24. Dans ce morceau, Paul s'excuse évidemment de n'être pas encore venu à Corinthe, comme il l'avait promis. Son dessein primitif avait été d'y aller directement par mer, de faire depuis Corinthe une simple excursion en Macédoine, et de revenir à Corinthe pour s'y embarquer pour Jérusalem. Tout cela a dû être annoncé aux Corinthiens; les uns s'en étaient réjouis, les autres l'avaient craint, et quand Paul ne vint pas, quand on sut qu'il s'était rendu en Macédoine et qu'un mois après l'autre passa sans qu'il accomplît sa promesse, on s'imagina qu'il avait peur, qu'il n'osait pas affronter ses adversaires, qu'il était vacillant dans ses résolutions (comp. surtout le chap. X, et dans la 1re épître, chap. IV, 18). Sa présence à Corinthe devait être une faveur, une marque de son amitié; c'est à ce point de vue qu'il voulait s'arranger de façon à séjourner deux fois à Corinthe, il voulait ménager, à ceux qu'il aimait ainsi, une seconde faveur, après celle d'une première visite. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait? Pourquoi a-t-il changé son plan de voyage? Est-ce par légèreté? Ne pourrait-on plus compter sur sa parole? Bien au contraire, ce changement même est une nouvelle preuve de son amitié: c'est pour les épargner qu'il a retardé son arrivée; c'est pour leur donner le temps de redresser les abus, pour ne pas avoir besoin de les réprimander sévèrement, pour que son séjour ne fût point troublé par des conflits douloureux. Et il dit cela, non pour insinuer qu'il est leur maître; il ne prétend pas exercer sur eux une domination spirituelle: sa mission est plutôt de travailler avec eux à leur salut, à leur bonheur. C'est là le vrai mobile de ses actes. Aussi bien ne leur reprochait-il pas une infidélité envers Christ, mais des défauts incompatibles avec la profession de la foi évangélique.

On voit que les deux derniers versets de notre texte se lient intimement aux trois premiers. Mais entre le commencement et la fin il y a une pensée incidente. Après avoir déclaré qu'il n'est pas homme à dire tantôt oui, tantôt non, pour la même chose, l'apôtre ajoute: Dans toutes les choses sérieuses, j'ai mes convictions bien arrêtées. Dans ma prédication, c'était un oui, ferme, assuré, solennel! Or, toute la prédication évangélique se résume dans le nom, la personne et l'œuvre de Christ; et quant à Christ, j'ai déclaré, sans hésiter et sans varier, que toutes les promesses de Dieu ont abouti à Christ, ont convergé vers lui. Et cette fermeté de conviction, je la dois à ce même Dieu qui m'a oint, c'est-à-dire qui m'a donné ma mission apostolique, et qui m'a marqué de son sceau comme lui appartenant en propre. Ce sceau, c'est l'Esprit saint que j'ai reçu comme arrhes, comme un acompte des biens futurs réservés aux croyants. (ThéoI. apost., II, 228 s.)

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