Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

Chapitre 16

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1 Pour ce qui est de la collecte au profit des fidèles, vous agirez conformément à ce que j'ai ordonné aux églises de la Galatie. Le premier jour de chaque semaine, chacun de vous mettra quelque chose de côté chez lui, amassant ainsi une somme selon ses moyens, afin que la collecte ne se fasse pas seulement lorsque je serai venu. Quand je serai arrivé, j'enverrai, avec des lettres, ceux que vous aurez choisis pour porter vos dons à Jérusalem, et s'il convient que j'y aille moi-même, ils feront le voyage avec moi.

XVI, 1-4. Le dernier chapitre est consacré comme d'ordinaire à des affaires particulières, des communications de circonstance, des rapports personnels et des salutations.

Paul parle d'abord d'une collecte à organiser en faveur des chrétiens de Jérusalem. Ces derniers pouvaient en avoir besoin surtout par suite de l'imprudence avec laquelle ils avaient gaspillé leurs fortunes, tant par une charité mal entendue, que dans des préoccupations superstitieuses relatives à l'avenir (Act. II, 45; IV, 35); peut-être aussi à cause de quelque calamité locale, comme cela avait été le cas antérieurement déjà (Actes XI, 29). En tout cas, les apôtres de Jérusalem avaient sollicité une pareille intervention (Gal. II, 10), et Paul s'était fait un devoir d'organiser la collecte sur une vaste échelle (2 Cor. VIII, IX. Rom. XV, 26). Ici il en parle comme d'une chose que les Corinthiens connaissaient déjà par des communications antérieures (comp. 1 Cor. V, 9). Le moyen proposé ici est si bien imaginé, qu'il est appliqué avec succès de nos jours encore (le système de la cotisation hebdomadaire). Paul ne sait pas encore s'il ira lui-même à Jérusalem; toujours est-il qu'il ne se chargera pas de transporter l'argent. Les Corinthiens le confieront à quelques hommes dévoués et sûrs de leur communauté. Le voyage de Paul dépendra d'autres convenances ou considérations; probablement il n'a pas voulu dire: j'irai moi-même, si la somme recueillie est assez grande pour que cela en vaille la peine.

5 Je viendrai chez vous après avoir parcouru la Macédoine, car je ne ferai que la traverser, tandis que chez vous je ferai peut-être un séjour, ou bien même j'y passerai l’hiver, afin que vous me reconduisiez là où je pourrai vouloir aller. Car cette fois-ci je ne veux pas vous voir seulement en passant; j'espère rester quelque temps chez vous, s'il plaît au Seigneur. Mais je resterai à Éphèse jusqu'à la Pentecôte, car il s'est ouvert pour moi une large porte d'activité et les opposants sont nombreux.

XVI, 5-9. Projets de voyage. Paul veut rester à Éphèse jusqu'à la Pentecôte (commencement de l'été 59). Il ne peut pas quitter cette ville dans un moment où les chances sont favorables à la propagation de l'Évangile (Act. XIX). D'un côté, la porte s'ouvre large (2 Cor. II, 12. Col. IV, 3) pour l'activité apostolique (par une abréviation rhétorique, le texte dit que la porte elle-même est active); de l'autre, les adversaires s'agitent, et il y aurait de la lâcheté à abandonner le terrain au moment d'une crise. Cependant il prévoit le moment où il se décidera à partir; il prendra la route de terre par la Troade, la Thrace, la Macédoine, la Thessalie, l'Hellade. Il ne s'arrêtera pas dans ces contrées, si ce n'est pour visiter rapidement les églises, il viendra prendre du repos à Corinthe. Ce projet a été un peu modifié dans l'exécution. Le séjour dans la Macédoine paraît s'être prolongé (Introd. à la seconde épître; comp. Act. XX, 2); puis à Corinthe Paul fit le plan de ses voyages ultérieurs (Rom. I, 15; XV, 22 ss.). À Pâques (de l'année suivante), après quelques mois de séjour à Corinthe, il était déjà de retour en Macédoine (Act. XX, 6), à la Pentecôte il était à Jérusalem (ib., v. 16). D'après Act. XIX, 21, tous ces projets auraient déjà été formés à Éphèse.

On remarquera qu'il dit aux Corinthiens que cette fois-ci il ne veut pas les voir seulement en passant; il s'ensuit que son précédent séjour dans cette ville a été de bien courte durée. Or, comme cela ne peut pas s'appliquer au séjour de dix-huit mois dont parlent les Actes (chap. XVIII, II), il faudra admettre un voyage subséquent dont les Actes ne parlent pas (comp. 2 Cor. XIII, I).

10 Si Timothée vient chez vous, ayez soin qu'il puisse rester auprès de vous sans être intimidé; car il travaille à l'œuvre du Seigneur aussi bien que moi. Que personne donc ne lui témoigne du mépris. Reconduisez-le en paix, pour qu'il vienne me rejoindre, car je l'attends avec les frères.

XVI, 10-11. Nous savons déjà que Timothée (chap. IV, 17) avait pris les devants pour aller à Corinthe, mais comme la présente lettre, remise aux députés de Corinthe, devait arriver à sa destination par un chemin beaucoup plus court, Paul pouvait parler de l'arrivée de son disciple comme d'un événement ultérieur. Timothée était jeune encore; Paul est inquiet au sujet de l'accueil qui pouvait lui être fait dans une église aussi divisée et indisciplinée que l'était alors celle de Corinthe. Il juge donc à propos de dire encore une fois quelques mots de recommandation. Reconduisez-le (comp. v. 6), quand il aura accompli sa mission, fournissez-lui les moyens du retour, accompagnez-le un bout de chemin, munissez-le de ce qui pourra lui être nécessaire, exercez envers lui les devoirs de l'hospitalité jusqu'à la fin. Les frères sont d'autres chrétiens qui accompagnaient Timothée; nous en connaissons au moins un de nom (Act. XIX, 22).

12 Quant à notre frère Apollos, je l'ai beaucoup engagé à aller chez vous avec les autres frères, mais il a refusé absolument d'y aller à présent; il ira, quand il en aura le loisir.

XVI, 12. Il paraît que les Corinthiens avaient exprimé le vœu que leur ancien pasteur, Apollonius, auquel beaucoup d'entre eux étaient très attachés (chap. I, 12), revînt dans leur ville. Apollonius refusa, nous ne savons par quel motif, bien qu'il eût eu une occasion favorable, soit en allant avec Timothée, soit (ce qui convient mieux) en se joignant aux députés de Corinthe, porteurs de la présente lettre.

13 Veillez, soyez fermes dans la foi, ayez un courage viril et assuré! Que tout chez vous se fasse dans un esprit de charité!

XVI, 13-14. Exhortations finales, telles que Paul les écrit quand il va déposer la plume. (2 Cor. XIII, II. 1 Thess. V, 14 ss., etc.)

15 Encore une prière, mes frères! Vous connaissez la famille de Stéphanas; c'étaient les prémices de l'Achaïe et ils se sont dévoués au service des fidèles... Ayez de la déférence pour des hommes pareils, ainsi que pour tous ceux qui travaillent et qui prennent part à l'œuvre. Je me réjouis de la présence de Stephanas, de Fortunatus et d'Achaïcus; ils ont suppléé à votre absence, car ils ont tranquillisé mon esprit en même temps que le vôtre. Sachez apprécier de tels hommes I

XVI, 15-18. La famille de Stephanas (chap. I, 16) avait été la première à Corinthe qui reçût le baptême. Depuis cette époque elle n'avait cessé de s'employer pour le bien commun, soit par le ministère de la parole, soit par d'autres services. En ce moment le chef de cette famille avait bravé les ennuis du voyage d'Éphèse, pour aider, autant qu'il était en lui, à remettre l'ordre dans l'église de Corinthe. Si l'envoi de la députation avait été, pour les bons éléments de cette dernière, une satisfaction et un gage d'amélioration, l'apôtre de son côté déclare que leur arrivée l'a consolé et rassuré.

19 Les églises d'Asie vous saluent; Aquila et Priscilla vous adressent leurs salutations chrétiennes les plus empressées, ainsi que la communauté qui se réunit dans leur maison. Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les uns les autres avec un saint baiser I

XVI, 19, 20. L'Asie est la province proconsulaire dont Éphèse était le chef-lieu; elle comprenait à cette époque entre autres les sept églises nommées dans l'Apocalypse, ainsi que celles de Colosses et d'Hiérapolis.

Aquila et sa femme sont connus par le 18e chapitre des Actes. Les chrétiens n'ayant pas encore, à cette époque, des lieux publics de réunion, l'un ou l'autre membre offrait un local convenable dans sa maison. Dans les grandes villes, il y avait dès lors plusieurs lieux de réunions de ce genre, selon les besoins, les localités étant rarement très spacieuses. 11 est possible que Paul ait logé chez son ancien patron.

21 «Un salut de moi, Paul, de ma propre main! Si quelqu'un n’aime pas le Seigneur, qu'il périsse! Maran athâ! Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous! Mon amour est avec vous tous en Jésus-Christ!»

XVI, 21-24. Post-scriptum autographe, comp. 2Thess. III, 17. — Il consiste, outre un vœu de bénédiction et une protestation d'amour fraternel, en deux formules ou sentences religieuses qui sont comme des maximes ou des symboles de communauté de foi, ou encore comme une espèce d'épigraphes et d'adages.

L'une de ces sentences est énoncée en idiome aramaïque: Maran athâ (notre Seigneur vient ou est venu). On peut envisager cette phrase comme un mot de ralliement pour tous les chrétiens dont les croyances et espérances communes se résumaient dans celle de la venue (première ou seconde) du Seigneur Jésus. (Mar, seigneur, dont le féminin est Marthe, nom de femme, dame, maîtresse.)

L'autre a été à tort considérée comme une formule d'imprécation, d'excommunication. L'apôtre n'avait aucun motif de songer à cela en ce moment. C'est plutôt l'expression énergique de cette idée fondamentale de son enseignement, qu'il n'y a de salut que dans l'union avec Christ, et que hors de là il n'y a que mort et malheur éternel. Si quelqu'un refuse ce moyen unique de salut, tant pis pour lui! La traduction vulgaire (d'ailleurs littérale): qu'il soit anathème! c'est-à-dire: qu'il soit maudit! peut s'appuyer sur des passages analogues (chap. XII, 3. Gal. I, 8), mais dans ces derniers il s'agit d'un acte hostile et digne de réprobation, et non, comme ici, d'une espèce d'indifférence inerte.

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