Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

Chapitre 13

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4 L'amour est patient, plein de bonté; l'amour n'est pas envieux, l'amour n'est pas présomptueux, il n'est pas enflé d'orgueil, il n'agit pas malhonnêtement, il n'est point égoïste, il ne s'irrite pas, il n'est pas rancuneux, il ne prend pas plaisir à l'injustice, mais il se réjouit du vrai bien; il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout.

XIII, 4-7. La préférence donnée à l'amour chrétien sur tout ce qui peut s'appeler un don particulier de l'esprit, ou plutôt l'assertion que l'amour seul peut donner une valeur, même au don le plus excellent, amène ici une véritable digression. Paul perd de vue son sujet, pour faire en passant le panégyrique de l'amour. On voudra bien remarquer qu'il insiste exclusivement sur ce fait, que l'amour est antipathique à toute cette série de défauts auxquels l'homme attache d'habitude fort peu d'importance, et qu'il trouve très-excusables. Il en résulte que, à plus forte raison, les aberrations plus sérieuses ne sauraient se concilier avec l'amour.

Il ne sera pas nécessaire de définir exactement la portée du mot tout dans la dernière phrase. Il s'appliquera à ce qui vient des autres hommes, et caractérisera la disposition véritable du chrétien placé en face des imperfections de ses frères. Le contexte ne favorise pas l'explication qui veut rapprocher cette phrase de la toute dernière du chapitre.

8 L'amour ne finit jamais: s'agit-il de discours de prophètes, ils auront leur terme; s'agit-il de gloses elles cesseront; s'agit-il de science, elle aura son terme. Car notre savoir est imparfait, et notre prophétisme est imparfait; mais quand la perfection sera venue, alors ce qui est imparfait aura son terme.

11 Tant que j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; quand je fus devenu homme, je mis un terme à ce qui tenait à l'enfance. Aujourd'hui nous voyons les choses obscurément, au moyen d'un miroir; mais alors nous les verrons face à face; aujourd'hui ma science est imparfaite, mais alors je reconnaîtrai tout aussi bien que j'aurai été reconnu moi-même. Il reste donc ces trois choses: la foi, l'espérance, l'amour; mais l'amour est la plus grande des trois.

XIII, 8-13. Une dernière qualité de cet amour, la plus excellente de toutes, c'est qu'elle conserve toujours sa valeur, tandis que les dons, tout excellents qu'ils sont, ont un but spécial, et par conséquent une durée circonscrite dans des limites bien plus étroites. Ils doivent servir aux besoins actuels de l'Église et ne vont pas au delà. Quand tous les chrétiens seront arrivés à la vie glorieuse de Dieu avec Christ, qu'auront-ils besoin d'être sermonnés encore, de quelque manière que ce soit? À quoi bon alors la science, aujourd'hui nécessaire? surtout quand on considère qu'elle reste toujours imparfaite, tant que nous restons nous-mêmes de simples mortels sujets à l'imperfection. Nos plus éloquents discours prophétiques, tout inspirés qu'ils sont, ne saisissent encore qu'une faible portion des grands mystères de Dieu. Notre savoir actuel est comparable à ces images qui se reflètent dans un miroir (les anciens avaient des miroirs métalliques fort insuffisants; d'autres pensent cependant qu'il s'agit plutôt d'une espèce de verre dont on se sert encore aujourd'hui en Russie pour les fenêtres (de la pierre de Marie), à travers laquelle on n'aperçoit que des images confuses). Il ne nous donne qu'une idée imparfaite de la vérité. Cela doit changer un jour. Pareil au passage de l'enfant à l'âge mûr, le passage du mortel à l'immortalité amènera un progrès immense dans ses pensées, dans ses raisonnements. Alors seulement il y aura pour lui un savoir parfait, immédiat, par intuition, comparable à celui de Dieu qui voit au fond même du cœur.

L'amour restera, quand tous les dons, toutes les formes de l'activité chrétienne et sociale auront perdu leur importance et leur application. Il ne restera pas seul: la foi et l'espérance, ces deux autres éléments fondamentaux de la vie du croyant, restent avec lui, l'une comme la forme de la communion avec Christ et Dieu, l'autre comme le gage de l'éternité; mais l'amour est le plus grand des trois, parce qu'il est un attribut divin, tandis que la foi et l'espérance ne sont jamais que des qualités humaines. (Comp. Hist, de la théol. apost., II, 240 s.)

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