Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

Chapitre 12

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1 À l'égard des inspirés, mes frères, je ne veux pas que vous restiez dans l'ignorance. Vous savez que, lorsque vous étiez encore païens, vous vous laissiez entraîner comme au hasard vers les idoles muettes. C'est pourquoi je vous déclare que personne, en parlant par l'esprit de Dieu, ne dit: Maudit Jésus! et que personne ne peut dire: Seigneur Jésus! si ce n'est par l'Esprit saint.

XII, 1-3. L'apôtre veut faire voir aux Corinthiens que la sphère d'action de l'Esprit saint n'est pas aussi étroite qu'ils le supposent, eux qui ne la voyaient que dans le phénomène de la glossolalie, tel que nous venons de le décrire. Il commence donc par leur rappeler la différence de leur ancienne situation religieuse et de leurs rapports actuels avec Dieu. «Lorsque vous étiez encore païens, dit-il (tels que les païens sont décrits, par ex. Éph. II, 11 ss.), vos rapports religieux avec vos dieux imaginaires étaient formés et réglés par des circonstances diverses et fortuites, par l'éducation, par la passion, par toutes sortes de causes et de mobiles extérieurs et charnels. Il en est tout autrement aujourd'hui que vous êtes convertis à Christ. Ce nouveau rapport est régi directement par un principe émanant de Dieu même, par son esprit. Ce n'est que guidés et poussés par lui que vous pouviez arriver à reconnaître Jésus pour votre seigneur et sauveur (Matth. XVI, 17). Cette conviction n'est pas chez vous le produit d'un travail intellectuel indépendant, ou d'un enseignement d'école, elle vous vient par le Saint-Esprit de Dieu, et c'est là ce qui lui donne sa garantie et sa valeur.» Est donc inspiré quiconque partage cette conviction, laquelle résume ce que nous appelons le christianisme, en tant qu'elle n'est pas une simple formule de croyance théorique, mais l'expression d'une foi vivante et active. Cette inspiration est, au point de vue subjectif, ce qu'il y a de plus spécifiquement chrétien; elle n'existe point, et ne saurait exister, hors delà sphère évangélique. On ne peut pas être en même temps inspiré par l'esprit de Dieu et hostile, ou seulement étranger, à cette conviction chrétienne dont Jésus est l'âme et le centre. Ainsi la conviction chrétienne («reconnaître Jésus comme seigneur») et l'inspiration par le Saint-Esprit sont deux idées corrélatives, deux termes qui se supposent l'un l'autre, deux éléments constitutifs d'un fait qui n'existerait pas si l'un d'eux venait à manquer. La différence entre la religion de l'Évangile et toute autre religion, ne consiste donc pas seulement en ce que le contenu serait autre, dans la diversité des dogmes ou de la morale, objectivement parlant, mais bien en ce que la première est produite dans l'âme par une action directe et spéciale de Dieu. Cette manière de voir est tellement familière à Paul, qu'il ne saurait commencer son instruction que par là, et qu'il peut se contenter à cet effet de quelques mots plus ou moins obscurs pour ceux qui ne se placent pas à son point de vue.

4 Mais il y a diversité dans les dons de la grâce, bien que l'esprit soit le même; et il y a diversité dans les fonctions, mais le même Seigneur; et il y a diversité dans les opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous. Et à un chacun la manifestation de l'esprit est donnée pour le bien commun.

XII, 4-7. Le premier point ayant été établi ou plutôt rappelé en deux mots, l'apôtre en vient à signaler le caractère particulier de chacun des deux éléments, dont l'existence simultanée constitue la religion ou le sentiment religieux chez le chrétien. L'élément divin est un et identique par son origine et son but, l'élément humain est multiple et varié par ses formes et ses moyens. C'est toujours le même Dieu qui agit en tous par son esprit; c'est toujours le même esprit qui amène les âmes au Seigneur; c'est toujours le même Seigneur qui préside aux destinées de son église; enfin, c'est toujours le bien de cette église, c'est-à-dire la plus grande somme possible de bien pour l'humanité, qui est le but de cet ordre providentiel. Mais les effets produits par l'action de Dieu (les opérations) ne sont pas les mêmes chez tous les individus; les moyens d'action (les dons), qui leur sont concédés par la communication de l'esprit pour concourir à la réalisation du but de Dieu, sont divers et ne se ressemblent guère extérieurement; les charges ou devoirs, qui sont imposés à chacun individuellement, selon la place particulière qu'il doit occuper dans cette grande et sainte économie (les fonctions), établissent une certaine inégalité apparente entre les membres de l'Église. Mais cette inégalité n'existe que dans les formes de la manifestation de l'action divine. La variété, quoique nécessaire comme moyen, et motivée par la nature humaine, est de peu d'importance au fond, et disparaît en présence de l'unité de la cause et du but résultant de la nature de Dieu.

Ce dernier élément, avec tout ce qui y tient, n'ayant pas besoin d'une explication ultérieure, l'apôtre s'occupe immédiatement et exclusivement du premier, c'est-à-dire de l'élément humain, de l’élément passif, ou, si l'on veut, de l'agent subalterne et de la variété de ses manifestations. Cette variété peut être ramenée à deux causes. Elle résulte, soit du mode de manifestation, c'est-à-dire du genre de l'activité chrétienne produite dans les individus par l'Esprit saint (chap. XII, 8-30), soit de la proportion dans laquelle la puissance de l'action subjective de l'individu se combine avec l'action ou l'influence de l'esprit (chap. XIV, 1-33).

8 En effet, à l'un il est donné par l'esprit une parole de sagesse, à un autre une parole d'intelligence, selon le même esprit; à tel la foi, dans le même esprit, à un autre le don de guérir, dans ce même esprit, à un autre celui d'opérer des miracles, à un autre la prophétie, à un autre le discernement des esprits; à tel diverses espèces de gloses, à un autre l'interprétation des gloses. Toutes ces choses, un seul et même esprit les opère, en les distribuant à chacun comme il veut.

12 Car de même que le corps forme un seul tout, bien qu'il ait beaucoup de membres, et que tous les membres du corps, malgré leur grand nombre, ne forment qu'un seul corps, de même il en est de Christ. Car nous tous, Juifs ou Grecs, esclaves ou libres, nous avons été baptisés dans un seul esprit pour être un seul corps, et tous nous avons été abreuvés d'un même esprit.

14 En effet, le corps aussi ne se compose pas d'un seul membre, mais de plusieurs. Si le pied disait: comme je ne suis pas la main, je n'appartiens pas au corps I appartiendrait-il moins au corps pour cela? Et si l'oreille disait: comme je ne suis pas l'oeil, je n'appartiens pas au corps! appartiendrait-elle moins au corps pour cela? Si tout le corps était œil, où serait l'ouïe? S'il était tout entier ouïe, où serait l'odorat? Maintenant Dieu a disposé les membres dans le corps, chacun comme il l'a voulu. Si tous étaient le même membre, y aurait-il un corps? Maintenant donc il y a beaucoup de membres, et un seul corps.

21 L'œil ne peut pas dire à la main: je n'ai pas besoin de toi! Ou bien encore la tête ne doit pas dire aux pieds: je n'ai pas besoin de vous! Bien au contraire, les membres du corps qu'on estime être les plus faibles, sont très-nécessaires; et ceux que nous estimons être moins distingués, nous les honorons davantage; et ceux qui ne sont pas décents reçoivent de plus grands soins de décence, tandis que ceux qui sont décents par eux-mêmes n'en ont pas besoin. Mais c'est Dieu qui a composé le corps de manière à donner une plus grande dignité à ce qui était moins bien partagé, afin qu'il n'y eût pas de division dans le corps, mais que les membres fussent unis par des soins mutuels. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre se trouve bien, tous les membres jouissent avec lui de son bien-être.

27 Or vous, vous êtes le corps de Christ et individuellement ses membres, et Dieu en a placé quelques-uns dans l'Église premièrement comme apôtres, en second lieu comme prophètes, troisièmement comme docteurs, ensuite d'autres pour les miracles, pour le don de guérir, pour les assistances, pour les administrations, ou diverses espèces de gloses. Tous sont-ils apôtres? tous sont-ils prophètes? tous sont-ils docteurs? tous font-ils des miracles? tous ont-ils le don de guérir? tous parlent-ils en gloses? tous savent-ils interpréter?

XII, 8-30. L'Église, qui est la sphère d'action du chrétien sur cette terre, peut être comparée à un corps organique, par exemple à celui au moyen duquel nous vivons aujourd'hui (Rom. XII, 4 ss.). Un tel corps forme une unité composée d'une foule de membres également indispensables, mais très différente pour leur forme, leur mode d'action, leur but, leur utilité dans la vie générale. Ainsi dans le corps physique il y a des mains, des pieds, des yeux, des oreilles, et une infinité d'autres organes fonctionnant chacun selon les lois que le créateur lui a tracées et en vue d'un but spécial qui se combine avec le but spécial de tous les autres, et amenant ainsi par leur action collective et normale la santé du corps entier.

L'allégorie est transparente et très bien choisie. L'apôtre entre même dans des détails d'application qui sont provoqués par les circonstances particulières en vue desquels il écrit. Parmi les membres du corps il y*en a un certain nombre auxquels nous attachons une importance majeure, par exemple les organes des sens; mais il n'est pas dit que les autres soient moins nécessaires, fussent-ils même petits, faibles, cachés, sans apparence. Il y en a que nous estimons être beaux par eux-mêmes, d'autres que nous prenons la peine d'orner, de relever par l’habillement, etc. Au point de vue de l'image, ces détails sont un peu recherchés; il y en a même qu'on pourrait dire singuliers, mais ils sont on ne peut plus aptes à faire ressortir la pensée intime de Fauteur. Car dans l’Église aussi, telle fonction donne du relief au membre qui la remplit; un autre membre sera moins en évidence, mais non moins utile ou nécessaire

Car dans le corps spirituel, qui est l'Église, chaque membre se trouve en possession de certaines forces destinées à produire certains effets, lesquels, combinés avec les effets produits par les forces départies aux autres membres, constituent la santé de ce corps, son développement normal et le bien-être de chaque membre en particulier. Ces forces ou moyens d'action, répartis pour le bien du grand tout entre tous les membres, sont appelés des charismes, c'est-à-dire des dons dus à la grâce, parce que le sentiment chrétien y reconnaît un bienfait spécial destiné à généraliser, ou, si l'on veut, à individualiser (car il s'agit de le rendre plus universel en le faisant parvenir à un plus grand nombre d'individus) le bienfait fondamental de la rédemption et du salut. Déjà Jésus en avait parlé dans sa parabole des talents, en relevant le point essentiel, savoir que ces talents sont confiés par le Seigneur aux individus dans des proportions diverses, mais toujours avec le mandat de les faire profiter aux grands intérêts de Dieu dans le gouvernement du monde. Le langage moderne s'est hâté d'adopter ce terme figuré des talents, mais en le dépouillant de son caractère évangélique. Il en est résulté que les dispositions, dites naturelles, des individus, lesquelles peuvent et doivent être employées au service de l'Église, ne nous apparaissent plus guère comme un don direct de l'Esprit saint, et que les charismes signalés par l'apôtre se présentent à nos yeux comme une dispensation particulière à son époque. C'est l'impuissance de notre siècle de se dégager de son rationalisme inné, et de s'élever au point de vue du mysticisme de l'apôtre, qui a fourvoyé l'exégèse et appauvri notre christianisme.

Paul cite quelques-uns de ces charismes ou talents, dans les deux passages que nous avons indiqués (Rom. XII, 6 ss., et le nôtre, v. 8 ss., v. 28 ss.); mais il serait absurde de prétendre que son énumération doit être complète. Avec la même raison on pourrait dire que son énumération des membres de l'organisme physique est complète aussi, et qu'il n'existe, en réalité, que ceux qu'il nomme explicitement. Ainsi, parmi les membres de l'Église, les uns sont missionnaires, les autres orateurs sacrés à domicile fixe; d'autres se chargeront utilement du gouvernement de l'église, d'autres auront soin des intérêts matériels de la communauté et des individus, ou se consacreront plus particulièrement à l'assistance des pauvres et des malades; tel saura venir au secours de ces derniers par des connaissances médicales, tel autre sera distingué par la puissance d'opérer des miracles. Et ce n'est pas seulement dans l'énergie de certaines qualités de l'intelligence ou de certaines directions de la volonté, au milieu des relations sociales, que se manifeste l'action bienfaisante de l'esprit de Dieu; l'apôtre y rapporte aussi ce que nous appellerions aujourd'hui le caractère moral, en tant qu'il se révèle par certaines vertus prépondérantes, la charité, la piété, la patience, l'hospitalité et tant d'autres (voy. Rom., 1. c), les mêmes vertus n'étant pas développées au même degré dans tous les individus, bien que chacun doive y aspirer également. La foi, la simple foi, qu'on dirait devoir être regardée comme quelque chose de tout à fait général dans l'Église, devient le charisme particulier d'un membre, tandis qu'un autre brillera par le don de la parole. Tant il est vrai que tout ce qu'il y a de bon et de salutaire dans l'Église, en fait de qualités, de dispositions, de moyens d'action, spirituels, moraux ou matériels, est attribué par la théologie apostolique à une intervention directe et immédiate de l'esprit de Dieu. Le mal seul vient de l'homme.

Dans ce premier stade de son exposition, Paul n'examine pas le rapport que la psychologie pourrait vouloir établir entre cette action de Dieu et une disposition antécédente de l'esprit humain, d'après laquelle se réglerait la répartition des charismes. Au contraire, la théologie de l'Évangile est intéressée à maintenir avant tout le fait de l'action divine, au point d'en proclamer l'absoluité: L'esprit distribue à chacun les dons comme il veut. Et c'est malgré la diversité de ces dons, ou plutôt en vertu d'elle, que s'établit la vraie unité, l'unité organique. L'esprit de Dieu, le même pour tous les fidèles, leur donne à tous une même nourriture, il est pour tous comme un breuvage qui leur communique des forces nouvelles; il les plonge pour ainsi dire dans le milieu d'une vie plus énergique, et leur fait subir ainsi une espèce de baptême, dont le baptême d'eau n'est qu'un pâle symbole.

Un dernier mot sur le catalogue des charismes, qui se trouve en tête du morceau que nous venons d'étudier. Il ne sera pas hors de propos de constater que l'apôtre les énumère deux à deux, d'une manière comparative ou antithétique. — 1° Deux espèces de paroles, c'est-à-dire de genres de discours instructifs. La distinction qu'il fait ici entre la sagesse et Vintelligence, a échappé à tous les commentateurs; comme il y reviendra indirectement au chap. XIV, et de manière à en faire un point capital de sa discussion, nous en parlerons à cette même occasion. — 2° Aux différentes espèces de discours est opposée la foi; c'est l'antithèse de la conviction qui se transmet, et de celle qui se renferme dans l'individu, tous ne sachant pas parler et instruire, sans être pour cela moins chrétiens que les autres. — 3° Le don de guérir par les moyens de la science, et celui d'opérer des miracles, sans doute dans un Lut analogue, qui est celui de la grande majorité des miracles racontés dans les Évangiles et dans les Actes. Ce dernier don est plus brillant, sans doute, le premier n'en est pas moins utile. — 4° Le don de la prophétie, qui consiste à parler d'inspiration (chap. XIV), et celui du discernement des esprits, qui consiste à savoir distinguer le vrai du faux dans tout ce qui paraît, ou veut paraître, provenir d'inspiration (1 Jean IV, 1. 1 Thess. V, 21). — Enfin 5° les gloses proférées par les uns, interprétées par les autres, et sur lesquelles nous aurons à revenir Par toutes ces antithèses, Paul fait ressortir ce fait, qu'aucun don n'est le seul bon et utile; le don opposé, bien qu'essentiellement différent, peut l'être au même titre; aucun don ne doit donc être méprisé ou regardé comme superflu.

31Aspirez aux dons les plus grands! Cependant je vous indiquerai encore un chemin à suivre de préférence.

1 Quand je parlerais en gloses des hommes et des anges,(Nous ferons remarquer dès à présent que nous nous servons à dessein de ce mot de gloses, le vocabulaire français n'en offrant aucun d'équivalent. La traduction vulgaire par langues, est de nature à donner, dès l'abord, une fausse idée de la chose.) si je n'ai point d'amour, je ne suis qu'un airain sonore ou une cymbale retentissante. Et quand j'aurais le don de prophétie, connaissant tous les mystères et possédant toute la science; quand j'aurais même la foi la plus parfaite, de manière à transporter des montagnes, si je n'ai point d'amour, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens, et quand je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n'ai point d'amour, cela ne me sert de rien!

XII, 31-XIII, 3. Jusqu'ici l'apôtre avait raisonné de manière à se placer au point de vue purement théorique et abstrait, d'après lequel tous les dons de l'esprit, en raison de leur commune origine, ont une égale valeur. Il aborde maintenant la question au point de vue pratique, et veut faire voir qu'il y a aussi, entre ces dons, une différence autre que celle qui résulte de leur forme ou manifestation. Tous ne sont pas également propres à édifier la communauté. Il y a certaines manifestations de l'action de l'esprit sur l'individu, qui ne profitent directement qu'à celui qui la ressent d'une manière immédiate. Il y en a d'autres dont le bénéfice se transmet facilement au dehors, dans une sphère plus ou moins étendue. Au point de vue ecclésiastique et social, ces derniers sont préférables, sont les plus grands; ce sont ceux-là qu'on doit ambitionner et surtout faire valoir. Ambitionner, aspirer: ces expressions ménagent à elles seules une grande liberté à l'activité humaine, tandis que tout à l'heure l'auteur, parlant au nom de la pure théorie, proclamait en quelque sorte l'absoluité de la volonté divine. Ici, comme ailleurs, les deux formules ou conceptions se trouvent côte à côte, inconciliables pour la logique, mais ne se gênant point dans l'enseignement populaire.

Mais l'apôtre ne poursuit pas cette idée de la valeur relative des dons. Il y reviendra au chap. XIV, dont elle fera le fond. Il s'arrête à une observation préalable qui domine son sujet. L'exercice de tous les charismes est subordonné, quant à sa valeur intrinsèque, au sentiment qui dirige celui qui les possède. Or, ils n'ont de valeur qu'autant que l’amour, la charité fraternelle, les accompagne et les fait agir. Cette observation incidente et préliminaire est introduite par cette phrase: Je vais vous indiquer un chemin à suivre de préférence, c'est-à-dire une règle souveraine, qui doit guider ici votre jugement, savoir que, sans l'amour, il n'y a pas de don qui vaille.

Cette thèse est développée dans une triple gradation. D'abord, Paul nomme la glossolalie, le don préféré par les Corinthiens à tous les autres; il en exagère même la grandeur, en parlant, par hyperboles, d'un langage des anges, comme de ce qu'on pourrait imaginer de plus extraordinaire en fait de discours extatique. En second lieu, il énumère les autres dons auxquels lui-même accordait la préférence, celui du discours inspiré et improvisé, celui de la plus profonde intelligence de la révélation (chap. II, 7), celui d'une foi fervente et héroïque qui ne reculerait devant aucun obstacle (Matth. XXI, 21). Enfin, il signale les sacrifices qui coûtent le plus à l'homme, l'abandon de son bien et de sa vie, une mort douloureuse, choses qui, dans l'occasion, commandent l'admiration du monde: tout cela, dit-il, n'a ni sens ni valeur, au point de vue de la religion évangélique, si cela n'est pas l'effet, le produit de l'amour, si quelque mobile égoïste devait l'avoir inspiré.

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