Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

Chapitre 1

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Paul, appelé par la volonté de Dieu à être apôtre de Jésus-Christ, et le frère Sosthènes, à l'église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui se sont sanctifiés en Jésus-Christ après avoir reçu la vocation de sainteté, ainsi qu'à tous ceux qui invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ en tout lieu, tant de leur côté que du nôtre que la grâce et la paix soient avec vous de la part de Dieu notre père et du Seigneur Jésus-Christ I

I, 1-3. Paul relève ici sa mission apostolique, qui lui a été conférée par Dieu même, comme il l'avait fait en s'adressant aux Galates, et par des motifs analogues; cependant il y insiste moins en ce moment. Le frère Sosthènes ne peut avoir été qu'un personnage obscur; c'était sans doute le secrétaire qui écrivait sous la dictée de l'apôtre on qui copia sa minute. Car il y avait en ce moment à Éphèse des hommes plus marquants, qui auraient pu et dû être nommés dans l'adresse, s'il avait été dans l'intention de Paul d'écrire en nom collectif.

Les chrétiens auxquels s'adressent les salutations de l'apôtre sont désignés par diverses épithètes, qui font ressortir le caractère spirituel et religieux de la communauté, mais qu'il ne faut pas vouloir considérer comme étant formulées dans un ordre systématique. À ce dernier point de vue, comme il n'est pas fait mention de l'élection, le premier terme qui se présentera, c'est la vocation, Dieu commençant par faire appel à l'individu qui doit arriver au salut en Christ; à cette vocation correspond de la part de l'homme la sanctification, c'est-à-dire la consécration à Dieu, l'éloignement du monde et du péché, faits qui se réalisent en Christ, c'est-à-dire par l'union personnelle et intime avec le Sauveur, et qui aboutissent à l'état de sainteté. Tout cela, comme il va sans dire, et comme le prouve surabondamment la suite de l'épître, est dit au point de vue idéal et théorique et ne saurait faire préjuger la situation réelle de l'église de Corinthe. Cela se montre encore dans une tournure particulière à notre texte et qui ne se retrouve nulle part ailleurs dans les formules de salutation: c'est que celles-ci s'adressent ici à tous les chrétiens indistinctement, en tous lieux. Non pas que Paul ait entendu écrire une lettre encyclique et universelle, mais il est en ce moment préoccupé de l'idée de la communion spirituelle qui unit tous ceux qui ont appris à invoquer le nom de Christ. En souhaitant une ample effusion de grâce et de paix à une église particulière, il se plaît à généraliser ce vœu, parce que la diversité des lieux est un fait sans importance en face de celui de l'unité de Dieu, du sauveur, de l’humanité et du salut. Les commentateurs n'ont pas généralement compris cette association d'idées; ils ont donné à la phrase: tant de leur côté que du nôtre, différents sens absolument inacceptables; tandis que cette phrase s'explique très bien, quand on songe qu'en ce moment la mer séparait l'écrivain des lecteurs qu'il avait en vue.

4 Je ne cesse de remercier mon Dieu à votre égard, au sujet de la grâce qui de sa part vous a été accordée en Jésus-Christ. Car vous avez été richement dotés à tout égard, par votre union avec lui, en instruction et en intelligence, le témoignage de Christ ayant été solidement établi parmi vous, de sorte qu'il ne vous manque aucun don de la grâce, en attendant la manifestation à venir de notre Seigneur Jésus-Christ.

8 Celui-ci vous affermira aussi jusqu'à la fin, afin que vous soyez irréprochables, au jour de notre Seigneur Jésus-Christ. Car il est fidèle à sa parole, ce Dieu par lequel vous avez été appelés à la communion de son fils Jésus-Christ, notre Seigneur.

I, 4-9. L'apôtre débute, comme presque partout ailleurs, en rendant grâces à Dieu de ce que le bienfait de l'Évangile ait été octroyé à ceux auxquels il s'adresse en ce moment. La nature même d'un pareil exorde l'amène à s'arrêter de préférence au côté satisfaisant du résultat, bien que l'épître, presque d'un bout à l'autre, doive s'occuper essentiellement de défauts à signaler, d'abus à redresser, d'égarements à châtier. Cependant on aurait bien tort de voir ici un simple moyen rhétorique, employé pour mieux captiver l'esprit des lecteurs. Car non seulement on est autorisé à supposer que tous les membres de l'église de Corinthe ne méritaient pas le blâme à un égal degré, il convient aussi de remarquer que ce que notre passage renferme d'éloges ne s'applique pas à toutes les sphères de la vie chrétienne indistinctement, de sorte que, dès le premier pas, l'apôtre paraît vouloir réserver la place à des communications d'un genre tout opposé. En effet si, d'un côté. Dieu a richement doté les chrétiens de Corinthe, en pourvoyant à leur instruction religieuse et en leur accordant les divers dons nécessaires et utiles à l'édification de l'église (chap. XII), eux, de leur côté, ne sont loués ici que pour une seule raison: ils possèdent Y intelligence de la volonté de Dieu, et la connaissance du témoignage de Christ, c'est-à-dire de l'Évangile, est solidement établie parmi eux; en d'autres termes, l'apôtre ne voit pas aujourd'hui en face de lui des erreurs religieuses, qui auraient égaré la majorité, ou bien encore cette faiblesse de caractère qui lui ferait craindre la défection, le retour vers le paganisme. Mais quant au moral, il n'en est question qu'au futur, par forme de vœu: Christ, je l'espère, vous affermira, il fera en sorte, par l'action de son esprit, qu'au jour du jugement vous puissiez vous présenter devant lui sans avoir à craindre la réprobation (1 Thess. III, 13; V, 23). Et cet espoir, Paul le fonde essentiellement sur la promesse de Dieu, qui ratifiera la vocation adressée à chaque fidèle par l'assistance perpétuelle de sa grâce. Cette espèce d'antithèse entre la situation présente et réelle, et la perspective idéale, est encore marquée par la phrase: il ne vous manque rien en attendant la manifestation à venir de Christ (2 Thess. I, 7), comme s'il voulait rappeler à la fois le but et les moyens, la perfection qu'il s'agit d'atteindre, mais dont on est encore bien éloigné, et les secours spirituels que le dispensateur de tout bien accorde si largement à ceux qui veulent en user, et que les Corinthiens, comme on va le voir, ont encore si peu mis à profit.

10 Cependant je vous exhorte, mes frères, en vue de notre Seigneur Jésus-Christ, à être tous d'accord dans vos discours, en sorte qu'il n'y ait point de scission entre vous, mais que vous soyez parfaitement unis d'esprit et de sentiment. Car il m'a été rapporté à votre égard, mes frères, par les fils de Chloé, qu'il y a des discordes parmi vous.

12 Je veux dire que tel d'entre vous dit: Moi, je suis du parti de Paul! tel autre: Moi, je suis d'Apollos! moi, je suis de Pierre! moi, je suis de Christ! Christ est-il divisé? est-ce Paul qui a été crucifié pour vous! ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés? Je rends grâces à Dieu de ce que je n'ai baptisé aucun d'entre vous, si ce n'est Crispus et Gaïus afin que personne ne dise que vous avez été baptisés en mon nom. J'ai aussi baptisé la famille de Stephanas; autrement je ne sache pas que j'aie baptisé quelqu'un d'autre encore.

I, 10-16. Paul aborde, sans autre préambule, le premier sujet qu'il est obligé de traiter dans cette épître, le premier défaut à signaler dans l'église de Corinthe, celui qui probablement était la source de la plupart des autres: les dissensions intérieures qui déchiraient la communauté. Ce fait était de nature à préoccuper sa sollicitude pastorale, même indépendamment des causes qui l'avaient amené; car l'unité de l'Église, fondée sur l'unité de la personne du Sauveur, et sur l'égalité de tous en face des conditions du salut, est bien l'une des notions fondamentales de la théologie évangélique. Aussi bien verrons-nous que, dans cette première épître du moins, l'apôtre n'oppose pas, l'une à l'autre, les conceptions radicalement différentes de l'Évangile, comme nous le lui avons vu faire dans l'épître aux Galates; il s'attache moins aux causes des discordes qu'il déplore, qu'à leur manifestation, tant en paroles qu'en actes. C'est ainsi que nous nous expliquerons qu'il ait pu commencer par recommander à ses lecteurs l'accord dans les discours. Cela ne se rapporte pas à l'uniformité désirable des formules dogmatiques ou des professions de foi, dont il n'est pas question ici, mais, comme on le voit quelques lignes plus bas, à la prétention de faire valoir certaines prédilections relativement à des personnes, et en général à cet esprit de coterie, qui était d'autant plus regrettable qu'il avait moins de raison d'être. Par ce début même, nous voyons que Paul, provisoirement du moins, se préoccupe beaucoup plus du côté moral et social de ces divisions, que de ce qu'il pouvait y avoir d'éléments théoriques.

Pour ce qui est de la nomenclature ou classification des divers partis, dont le texte nous signale l'existence à Corinthe, nous renvoyons nos lecteurs à l'introduction générale, dans laquelle nous avons dû nous expliquer plus au long sur cette matière encore aujourd'hui assez controversée. Bornons-nous ici à dire d'avance que la différence dogmatique qui séparait positivement le parti de Pierre (et de Christ) de celui de Paul, n'est ni relevée ni discutée dans notre épître. Ce n'est que dans la suivante que l'apôtre y revient, et très-sérieusement. Ici il circonscrit à dessein ses remontrances dans un cercle d'idées plus étroit et moins important, car il va restreindre ses observations de détail à ce qu'il y avait à dire sur les différences entre le parti de Paul et celui d'Apollonius, lesquels n'étaient guère séparés que par ce besoin de dissidence et d'opposition si profondément inhérent à la nationalité grecque.

Et plus particulièrement il décline l'honneur très-équivoque de voir son propre nom servir de drapeau à un parti. Comme il n'y a qu'un Christ, et par conséquent une seule et unique Église, aucun individu, apôtre, prédicateur, directeur ou surveillant ne saurait prendre ou occuper, aux yeux des fidèles, la place réservée à Christ seul; les bienfaits spirituels acquis par celui-ci à l'humanité ne sont dus à personne d'autre, et l'acte d'initiation, par lequel le nouveau converti est reçu membre de l'Église, et qui est à vrai dire le symbole de son union personnelle avec Christ, ne doit pas être interprété de manière à substituer à celui-ci la personne du simple frère qui l'administre. Bien que cette dernière supposition soit passablement singulière, Paul semble la regarder comme possible, parce qu'il se félicite de n'avoir guère eu l'occasion de la provoquer. Bornant habituellement son activité pastorale à l'enseignement, il avait, à Corinthe aussi, chargé ses amis et disciples de l'administration du baptême, de sorte que les moins intelligents mêmes ne pouvaient point être amenés à se méprendre sur sa véritable position dans l'Église. À ce propos, il cherche à recueillir ses souvenirs et constate que le nombre des individus qu'il avait baptisés de sa propre main, dans cette populeuse, communauté, a été comparativement minime. Nous avons sans doute quelque peine à comprendre que Paul doit avoir eu besoin d'une pareille argumentation, et de cette emphase rhétorique pour la faire valoir (Je rends grâces à Dieu, etc.), mais la suite prouvera que de la part des Corinthiens il pouvait s'attendre à bien des aberrations de jugement. (Pour Crispus, voyez Act. XVIII, 8. Quant à Gaïus,nous savons par Rom. XVI, 23, que les réunions des chrétiens se tenaient dans sa maison. Enfin Stephanas sera encore nommé plus bas, chap. XVI, 15, 17, comme le premier converti de Corinthe et comme l'un des députés envoyés auprès de Paul à Éphèse.)

17 Car ce n'est pas pour baptiser que Christ m'a fait apôtre, mais c'est pour prêcher l'Évangile, et cela non point au moyen d'une éloquence philosophique, afin que la croix de Christ n'y perdit rien. Car la prédication concernant la croix est une folie aux yeux de ceux qui sont perdus; pour nous, au contraire, qui sommes sauvés, elle est une puissance divine. Car il est écrit: «Je perdrai la sagesse des sages et je mettrai à bas l’intelligence des intelligents.»

20 Où sont les philosophes, où sont les docteurs de la loi, où sont les savants de ce siècle? Dieu n'a-t-il pas changé en folie la sagesse de ce monde? Car puisque, d'après les sages desseins de Dieu même, le monde, par sa philosophie, n'a pas appris à connaître Dieu, celui-ci a bien voulu sauver les croyants par une prédication réputée folie, et tandis que les Juifs exigent des miracles et que les Grecs demandent de la philosophie, nous, nous prêchons le Christ crucifié, un Christ qui est pour les Juifs un scandale, pour les païens une folie, mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, la puissance même et la sagesse de Dieu.

25 Car cette «folie» de Dieu est chose plus sage que ce qui vient des hommes, et cette «faiblesse» de Dieu l'emporte sur la puissance des hommes. Voyez plutôt, mes frères, comment s'est faite votre vocation: il n'y a pas là beaucoup de philosophes, dans le sens vulgaire, beaucoup d'hommes puissants ou de haute naissance; mais c'est ce qu'il y avait de stupide, au gré du monde, que Dieu a choisi pour confondre les philosophes; c'est ce qu'il y avait de faible, au gré du monde, que Dieu a choisi pour confondre les puissants; ce sont ceux d'une condition inférieure, ceux qu'on méprisait, que Dieu a choisis, ceux qui n'étaient rien, pour réduire au néant ceux qui étaient quelque chose, afin qu'aucun mortel ne pût se glorifier devant Dieu. C'est par lui que vous êtes unis au Christ Jésus, lequel est devenu, de par Dieu, notre «philosophie», savoir justice, sanctification et rédemption, afin que, selon ce mot de l'Écriture, quiconque veut se glorifier, se glorifie au sujet du Seigneur!

I, 17-31. Dans les lignes qui précèdent le morceau qu'on vient de lire, Paul, en blâmant l'esprit de coterie qui aimait à abuser des noms propres, a refusé pour sa part l'honneur qui lui revenait en apparence; il arrive maintenant, par une transition rapide et assez légèrement accusée, à un point de vue opposé, à un côté de la question plus important au fond, et auquel par conséquent il s'arrête plus longtemps (jusqu'à chap. III, 4).

Ce qui le préoccupe maintenant, c'est qu'à Corinthe on était porté à préconiser d'autres noms que le sien; non pas que son amour-propre en ait été blessé, mais parce qu'il y voyait le signe évident d'une méprise relative à l'essence même de l'Évangile. Paul avait appris (c'est ce qui résulte clairement de toute la discussion dans laquelle il va s'engager) que son genre d'enseignement n'était point goûté par bien des personnes, au gré desquelles sa rhétorique était trop pauvre de ressources, sa prédication trop simple. Les Grecs, habitués à la faconde raisonneuse de leurs rhéteurs, demandaient plus d'art et d'apprêt, une dialectique plus brillante, et faisaient moins de cas des vérités évangéliques, considérées en elles-mêmes, que de la forme savante et philosophique sous laquelle d'autres avaient essayé de les leur présenter. Car il est impossible de méconnaître que Paul ne parle pas ici d'après une pure hypothèse, mais qu'il fait une allusion directe à des jugements formulés à Corinthe et sur lesquels il lui était parvenu des renseignements positifs. Nous entrevoyons même que l'orateur préféré à cet égard n'était autre que son ami et successeur Apollonius, qui en ce moment même se trouvait auprès de lui à Éphèse.

Or, Paul, dont la théologie tout entière revenait à cette thèse que la mort de Jésus sur la croix est la cause et la base du salut de l'humanité, tenait à faire passer cette conviction dans l'âme de ses auditeurs, mal disposés à cet égard, et à cause même des difficultés qu'il rencontrait, soit du côté des Juifs et de leurs préjugés théologiques et nationaux, soit du côté des Grecs et de leur engouement pour la spéculation et la rhétorique. Il estimait, non sans raison, que l'Évangile risquait de perdre en force intrinsèque ce qu'on voulait lui faire gagner par l'art et l'éloquence purement extérieure. Il était convaincu que par lui seul, et dans sa simplicité, nous aurions presque dit dans sa nudité, il parviendrait toujours à être efficace, à révéler la puissance divine qui lui est inhérente, là où l'esprit de Dieu touchait ceux qui devaient être sauvés, et que, à ce point de vue, il contenait aussi la plus haute et la seule véritable philosophie. S'il apparaît à d'autres comme une folie, s'il se montre quelque part impuissant à produire des effets salutaires, tant pis pour ceux qui l'ont mal jugé, et qui se perdent eux-mêmes en le dédaignant dans l'orgueil d'une science toute mondaine.

L'apôtre s'arrête avec complaisance à cette antithèse entre la vérité simple et absolue qui vient de Dieu par la révélation, et les théories purement humaines qui prétendent s'imposer aux esprits à l'aide de la science, sans donner satisfaction aux besoins de l'âme. Un passage d'Ésaïe (chap. XXIX, 14) est cité par lui comme proclamant d'avance cette incomparable supériorité de la vérité évangélique, considérée comme sagesse ou philosophie divine, et mettant à bas celle des hommes, c'est-à-dire en dévoilant l'impuissance et la fragilité. Il défie les savants de ce siècle, philosophes grecs ou docteurs juifs, de faire valoir leurs systèmes, de les produire au grand jour, pour les comparer et les opposer à la sagesse des simples croyants, éclairés et inspirés par Dieu, en face de laquelle la plus haute spéculation se fait reconnaître comme une triste et pitoyable folie. L'antithèse ne se borne pas à faire ressortir cette faiblesse de la philosophie du monde qui ne parvient pas même à une notion positive de Dieu, malgré ses audacieux essais de scruter les mystères de l'univers; elle se complaît dans le paradoxe, elle affecte de se placer momentanément au point de vue qu'elle combat, et qualifie directement de folie la prédication de l'évangile du Christ crucifié. Car le monde incrédule ne peut que s'en moquer et s'en scandaliser; le Grec n'y retrouve pas plus que le Juif ses traditions d'école; ils se détournent tous les deux avec un superbe dédain d'un si sot enseignement, lequel, à vrai dire, révèle à ceux qui lui ouvrent leur cœur, les ressources infinies de la grâce d'un Dieu qui peut, sait et veut sauver ceux qui ne croient pas pouvoir se passer de son secours.

La puissance et la sagesse de Dieu se montrent d'autant plus éclatantes, que les moyens qu'il emploie pour parvenir à ses fins sont ou paraissent être moins en rapport avec l'effet qu'ils doivent produire. Pour fonder son royaume, pour former le noyau de cette Église qui doit être le levain préservateur de l'humanité, à qui s'est-il adressé? Les Corinthiens n'ont qu'à regarder autour d'eux, ils trouveront la réponse. Sans doute, l'Évangile a pu être entendu de tous, mais qui sont ceux qui l'ont accepté? ceux par lesquels Dieu veut faire sa grande œuvre? Le jugement des hommes est ici en opposition avec le choix de Dieu. Lui, il n'a pas besoin de l'aristocratie de la naissance, de la fortune, de l'intelligence; les simples, les pauvres, les esclaves même lui suffisent; car il veut qu'on reconnaisse que c'est lui, et lui seul, qui est l'auteur du salut, et que les hommes ne puissent pas dire que leur science à eux, leurs efforts et leurs sacrifices, en réclament la gloire.

En effet, il n'y a qu'une seule vraie gloire, c'est celle du Dieu sauveur; comme l'a si bien dit le prophète Jérémie (chap. IX, 23): sagesse, puissance, fortune, tout est vain et sans valeur durable; heureux celui-là seul qui peut se vanter de connaître le Seigneur, lequel répand sur la terre grâce, justice et salut! Oui, dit à son tour l'apôtre à ses lecteurs, vous êtes bien, vous, dans le cas de vous vanter, car vous avez reçu de la main de Dieu cette connaissance, et en même temps le bienfait par excellence, en ce qu'il vous a unis à Christ, qui vous tiendra lieu de tout ce que le monde appelle philosophie et ce qu'il exalte comme telle, puisqu'il vous rachète, vous justifie et vous régénère.

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