Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

I THESSALONICIENS

Chapitre 2-3

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1 Car vous savez vous-mêmes, mes frères, que mon arrivée chez vous n'a pas été stérile, mais que, après avoir essuyé à Philippes, comme vous savez, des persécutions et de mauvais traitements, je suis venu, plein de confiance en mon Dieu, vous prêcher l'évangile de Dieu, au miheu de bien des combats. Car ma prédication ne se fondait ni sur une erreur, ni sur des motifs impurs, ni sur une fraude, mais selon que Dieu m'a, jugé digne pour me confier l'évangile, ainsi je parle, comme voulant plaire, non aux hommes, mais à Dieu qui sonde mon cœur.

5 Car jamais je ne suis venu avec des paroles de flatterie, comme vous savez, ni avec des prétextes inspirés par la cupidité. Dieu m'en est témoin; je n'ai pas recherché non plus des honneurs de la part des hommes, ni de vous, ni des autres; bien que, en ma qualité d'apôtre de Christ, j'eusse pu m'imposer à vous: au contraire, j'ai été plein de condescendance au milieu de vous. Comme une mère soigne tendrement ses enfants, de même moi, dans mon affection pour vous, j'étais disposé à vous donner, non seulement l'évangile de Dieu, mais ma vie même, tant vous m'étiez devenus chers.

9 Car vous vous rappelez, mes frères, mes efforts et mes peines: comment, en travaillant nuit et jour, pour n'être à charge à aucun d'entre vous, j'ai prêché chez vous l'évangile de Dieu. Vous m’êtes témoins, ainsi que Dieu, à quel point j'ai vécu saintement, justement et irréprochablement parmi vous, les fidèles; de même que vous savez aussi comment j'ai agi à l'égard d'un chacun d'entre vous, vous exhortant comme un père le ferait à l'égard de ses enfants, vous consolant et vous conjurant de vivre d'une manière digne de ce Dieu qui vous appelle à son royaume et à sa gloire.

II, 1-12. L'éloge des Thessaloniciens, fait avec complaisance en vue de leur conversion franche et sincère à la foi chrétienne, amène maintenant le souvenir des faits qui ont précédé et accompagné cette conversion. Ce n'est pas que Paul éprouve le besoin de relever ses travaux apostoliques en vue de certains détracteurs, comme il en rencontrait ailleurs; c'est plutôt l'impression heureuse, que lui a laissée son court séjour de Thessalonique, qui lui suggère cette digression. Nous y verrons ainsi, non un panégyrique vaniteux qu'il ferait de lui-même, encore moins une apologie, très-superflue ici, mais l'expression des sentiments d'amitié qu'il conservait à cette jeune église, avec laquelle ses rapports avaient été si doux et si intimes. Peut-être des expériences d'une autre nature, faites depuis à Corinthe, vinrent-elles donner un relief nouveau à ces souvenirs. Pour toutes les allusions historiques, voyez Actes, chap. XVI et XVII.

En parlant de sa confiance, Paul n'a pas autant en vue le courage qu'il a pu montrer dans l'accomplissement de son ministère, que sa ferme croyance au succès de l'Évangile, laquelle ne se laissait pas rebuter parles obstacles. Cette confiance se fondait essentiellement sur une bonne conscience, sur la conviction qu'il avait de servir une bonne cause et avec de bonnes armes. Cette idée est exprimée dans le texte d'une manière négative, au moyen de trois termes (erreur, impureté, fraude), qui ne sont pas synonymes. Le premier se rapporte à la vérité objective de l'Évangile; le second aux motifs qui pouvaient lui dicter ses actes à lui-même, motifs qui n'avaient rien de personnel ou d'égoïste; le troisième aux moyens qu'il employait et qui étaient toujours francs et loyaux. Quant à mes motifs, dit-il, aucune préoccupation mondaine, aucun besoin de plaire aux hommes, aucune ambition ne me guidait dans mon ministère. La recherche des honneurs, le désir de jouer un rôle, m'étaient tout aussi étrangers qu'une vulgaire cupidité, que l'intérêt matériel. À l'un comme à l'autre égard, j'aurais pu m'imposer à vous, litt.: peser sur vous, en ma qualité d'apôtre; j'ai préféré me nourrir du travail de mes mains, et me mettre avec vous sur un pied amical, dans un rapport d'égalité et d'intimité, vivre au milieu de vous, modestement, humblement, sans prétention. Pour ce qui est des moyens d'action, la prédication aurait été avilie, si elle s'était plu à caresser les penchants des auditeurs, ou si elle avait dû servir à satisfaire des désirs vulgaires.

Nos éditions ont très mal coupé les versets 6 à 8. Une nouvelle phrase et même une nouvelle série d'idées commence au milieu du V. 7. Paul en vient maintenant à parler de son affection personnelle pour les Thessaloniciens, qu'il ne sait mieux peindre qu'en le nommant un amour de mère (litt.: d'une mère qui nourrit). Il ne s'agit plus ici de la seule prédication, mais d'un dévouement prêt à faire au besoin le sacrifice de la vie. Mais la prédication même, dans cette disposition, loin de prendre les allures d'un froid enseignement, avait plutôt les formes d'une éducation paternelle, donnant et disant à chacun ce dont il pouvait avoir besoin et guidant ses pas d'une manière plus ou moins pressante, selon le cas, dans le chemin du salut.

Si en cet endroit l'apôtre ne fait qu'effleurer en passant, et assez obscurément, le fait qu'il aimait mieux gagner son pain par un travail manuel que de vivre aux dépens des fidèles, nous l'y verrons revenir ailleurs avec plus d'insistance et nous connaîtrons les motifs très-sérieux et très-élevés qui lui dictaient cette manière d'agir (2 Thess. III, 7. 1 Cor. IX. 2 Cor. XII, 13). En général, et non pas seulement dans ce point particulier, il pouvait en appeler au témoignage de ses lecteurs relativement à toute sa conduite publique et privée.

13 Et c'est pour cela que moi aussi je rends grâces à Dieu sans cesse, de ce que, en recevant la parole de Dieu, entendue de ma bouche, vous l'avez acceptée, non comme une parole d'homme^ mais, ainsi qu'elle Test réellement, comme la parole de Dieu, laquelle se montre efficace en vous, les fidèles. Car vous, mes frères, vous êtes devenus les imitateurs des églises de Dieu qui sont à Jésus-Christ dans la Judée, en tant que vous avez souffert, vous aussi, de la part de vos compatriotes, les mêmes choses qu'elles ont souffertes de la part des Juifs, qui ont aussi tué le Seigneur Jésus et les prophètes, et qui m'ont persécuté à mon tour; qui déplaisent à Dieu et qui sont les ennemis de tous les homm.es, en voulant m'empêcher d'évangéliser les païens pour qu'ils soient sauvés, afin de combler la mesure de leurs péchés en tout temps. Mais la colère divine les a atteints définitivement.

II, 13-16. Après la commémoration incidente de la part qu'il a prise lui-même à l'œuvre de Thessalonique, Paul revient aux éloges à donner aux membres de cette église, surtout aussi, en vue des persécutions qu'ils ont essuyées dès l'abord et qui lui suggèrent en passant des plaintes amères au sujet des Juifs, les ennemis les plus acharnés de l'Évangile.

La transition se fait par la formule c'est pourquoi, laquelle peut se rapporter à la fois à ce qui avait été dit des efforts si dignement couronnés de succès et à la grandeur du Lut mentionné en dernier lieu. Moi aussi, dit l'apôtre, je rends grâces à Dieu, car quant à vous, il va sans dire que vous avez tout lieu d'être reconnaissants envers votre Sauveur. La parole de Dieu se montre efficace en vous, en ce qu'elle vous donne la force de souffrir patiemment pour votre foi et de résister à toutes les tentations qui pourraient résulter de si cruelles épreuves. Ces idées de courage et de constance se dégageront aussi du mot imitateurs, qui ne saurait se rapporter à une souffrance purement passive, et qui n'est qu'une autre forme de la notion d'efficacité revendiquée pour la parole de Dieu.

Les compatriotes des Thessaloniciens, c'est la populace païenne de leur ville, dont il est parlé Actes XVII, 5. Cependant comme l'apôtre n'ignorait pas que les Juifs étaient les véritables instigateurs des vexations auxquelles il fait allusion, d'autres et de plus anciens griefs à produire contre ces derniers viennent se présenter naturellement à son esprit. En tout temps, dit Paul, autrefois déjà, selon le témoignage de l'histoire, aujourd'hui encore, d'après ma propre expérience, ils en ont fait assez pour combler la mesure et pour mériter le châtiment de Dieu. Anciennement ils faisaient mourir les prophètes (Matth. V, 12; XXIII, 31, 37. Actes VII, 52. Hébr. XI, 38); naguère ils crucifièrent le Christ, plus récemment ils m'ont pourchassé, banni, expulsé partout où je me présentais. Ils déplaisent à Dieu, soit en général par cet esprit de rébellion déjà signalé par l’Écriture, soit en particulier en s'obstinant aujourd'hui à ne pas reconnaître sa volonté à l'égard des hommes. Ils sont ses ennemis, en ne se contentant pas de repousser le salut qui leur est offert à eux-mêmes, mais en faisant encore leur possible pour en priver les autres. En effet, c'est surtout par l'opposition que les Juifs faisaient à l'évangélisation des païens, qu'ils se montraient hostiles à Paul et à la volonté de Dieu. Ce n'est pas le particularisme national et antipolythéiste dénoncé par Tacite (Hist. V, 5), et persiflé par Juvénal (XIV, 100 ss.), qui a pu inspirer cette phrase à l'apôtre, mais bien la jalousie pharisaïque qui demandait à faire des promesses de Dieu une affaire de coterie.

La dernière phrase est tant soit peu obscure. Le verbe étant à l'aoriste, il devra être traduit par un passé. L'apôtre dirait donc que la punition a déjà frappé les Juifs, les a pour ainsi dire déjà saisis, atteints. S'il fallait voir ici une allusion à la ruine de Jérusalem, comme on l'a pensé, ce serait un argument irréfragable à faire valoir contre l'authenticité de l'épître. Mais Paul ne pouvait-il pas, en observateur attentif et religieux des signes du temps, en vue des prédictions bien explicites de Jésus-Christ et surtout dans la conviction d'un avènement prochain du Seigneur (IV, 15), parler d'une catastrophe éventuelle et inévitable comme d'un fait déjà présent, ou plutôt n'est-on pas autorisé à dire qu'il s'agit ici moins de la ruine matérielle et politique de la nation Israélite, que de la solennelle réprobation qui la frappe au point de vue théocratique? Cette même pensée n'est-elle pas au fond exprimée partout où Paul déplore l'incrédulité des Juifs? Pour ce qui est du dernier mot de cette même phrase, le contexte nous semble réclamer un sens qui tienne compte d'abord de la préposition, laquelle implique une relation d'avenir, et ensuite de la valeur ordinaire du substantif, qui exclut l'idée d'un changement ultérieur. Paul veut dire: la nation juive s'est placée vis-à-vis de Dieu dans une condition telle, que ses destinées sont dès aujourd'hui réglées, arrêtées définitivement, dans le sens déterminé par l'expression biblique bien connue de la colère divine.

17 Mais moi, mes frères, ayant été séparé de vous pendant quelque temps, de corps mais non de cœur, j'ai d'autant plus ardemment désiré de vous revoir face à face. Aussi voulais-je venir chez vous, moi Paul, une ou deux fois, mais Satan y a mis obstacle. Car qui, si ce n'est vous aussi, serait mon espérance ou ma joie, ou la couronne dont je ferais ma gloire, en présence de notre Seigneur Jésus, lors de son avènement? Oui, c'est vous qui êtes ma gloire et ma joie.

II. 1 C'est pour cette raison que ne pouvant me patienter plus longtemps, j'aimai mieux rester seul à Athènes et j'envoyai Timothée, mon frère et le compagnon d'œuvre de Dieu pour l'évangile de Christ, pour vous fortifier et vous exhorter, relativement à votre foi, afin que personne ne se laissât séduire dans les présentes tribulations. Car vous savez vous-mêmes que c'est là notre destinée; aussi, quand j'étais chez vous, je vous prédisais que nous serions en butte aux tribulations, comme cela est arrivé, en effet, ainsi que vous le savez. C'est pour cela aussi que, ne pouvant me patienter plus longtemps, j'envoyai pour m'informer de votre fidélité, de peur que le tentateur ne vous eût tentés et que ma peine n'ait été perdue.

6 Mais quand naguère Timothée revint de chez vous auprès de moi, et m'apporta de bonnes nouvelles de votre foi et de votre charité, et du bon souvenir que vous me gardez toujours, en désirant me revoir, comme je le fais aussi à votre égard, par tout cela je fus consolé à votre sujet, mes frères, par votre fidélité, malgré toutes mes afflictions et tribulations: car pour le moment je ne vis qu'en tant que vous demeurez fermement attachés au Seigneur. Aussi comment pourrais-je assez remercier Dieu à votre sujet, pour toute la joie que j'éprouve à cause de vous en face de Dieu, quand je le supplie nuit et jour et avec instance, de faire que je vous revoie en personne, et que je puisse compléter ce qui manquerait encore à votre foi!

11 Puisse Dieu notre père et notre Seigneur Jésus aplanir ma route vers vous! Et vous-mêmes, puisse le Seigneur vous remplir de plus en plus et surabondamment d'amour les uns pour les autres et pour tous, comme moi je l'ai pour vous, afin de fortifier vos cœurs dans la sainteté, pour qu'ils soient irréprochables devant Dieu notre père, lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus au milieu de tous ses saints.

II, 17 -III, 13. Tout ce morceau, qu'on a eu bien tort de déchirer par la coupe des chapitres, peut être considéré comme la suite de l'exposé historique dont la première partie (chap. II, 1 -12) rappelait aux lecteurs ce qui s'était passé entre eux et l'apôtre à l'époque du séjour de ce dernier au milieu d'eux. Les excellents rapports qui s'étaient établis alors devaient naturellement entretenir chez Paul le désir d'un retour personnel, et il va leur dire combien ce désir l'a préoccupé et ce qu'il a pu tenter pour le satisfaire.

Il dit avoir été séparé à eux pendant quelque temps, litt.: pour une heure seulement (1 Cor. VII, 5. 2 Cor. VII, 8). Cette phrase peut servir à déterminer approximativement l'époque de la rédaction de l'épître. Quant à l'expression française de séparé, que nous avons dû prendre faute de mieux, elle est bien faible à côté de celle de l'original, qui parle d'un père privé de ses enfants. — Moi Paul: la circonstance que le singulier du pronom, accompagné même du nom propre, apparaît ici pour la première fois dans le grec, a fait dire aux interprètes, que l'apôtre, après avoir jusque-là parlé communicativement, insinue ici qu'il parle d'un projet purement personnel. Mais cela n'est pas nécessaire. Il importait peu de dire aux Thessaloniciens, que Sylvain et Timothée ne devaient pas s'associer à ce voyage, et ç'aurait été peu aimable de signaler chez eux un moindre empressement. Paul, tout en disant partout nous (dans le grec), n'a parlé dans toute l'épître qu'en son propre et privé nom, ce dont il est facile de s'apercevoir; aussi bien avons-nous remis le singulier comme rendant mieux sa pensée; si le 7ious est tout à-coup remplacé par le moi, c'est que la syntaxe grecque ne permet pas de dire nous Paul, comme cela se ferait à la rigueur en français. L'antithèse n'est pas entre Paul et ses deux amis, mais entre l'apôtre et Satan.

C'est Satan, le diable personnel, l'ennemi du royaume de Dieu, qui a mis obstacle à ses projets de voyage. Cet obstacle a dû être un empêchement matériel ou moral quelconque, que nous ne pouvons plus préciser, mais que Paul a dû regarder comme quelque chose de désavantageux pour les intérêts de l'Évangile. Car ailleurs il attribue des empêchements de ce genre au Saint-Esprit, bien entendu, quand il y reconnaît un avis utile, un avantage réel.

Les dernières lignes du 2° chapitre sont destinées à justifier le désir et l'empressement de l'auteur. Il y avait pour lui une suprême satisfaction à se trouver dans une église dont il pouvait être si fier. S'il parle ici d’espérance, il n'a pas en vue les progrès que ses disciples avaient encore à faire dans la perfection chrétienne, il se représente le jour solennel où il aurait à rendre compte de son œuvre à celui dont il tenait sa mission. C'est lors de l'avènement de Christ, à la face de son maître et juge, qu'il espérait présenter l'église de Thessalonique, elle aussi, comme un titre de gloire (Phil. II, 16; IV, 1), comme pouvant lui faire obtenir la couronne du succès et de la victoire dans les luttes incessantes de sa carrière. L'image, empruntée aux jeux publics, est très fréquente chez les auteurs du Nouveau Testament (I Cor. IX, 25. 2 Tim. IV, 8. Jaq. I, 12. I Pierre V, 4. Apoc. passim).

Le reste de ce morceau ne donne guère lieu à des remarques importantes. Les allusions au séjour d'Athènes et au voyage de Timothée ont été discutées dans l'introduction. Notre traduction, du reste très-exacte, aura fait comprendre qu'il ne s'agit que d'une seule et même mission du disciple, bien que l'auteur, qui s'était laissé entraîner à poursuivre une autre série d'idées, parle une seconde fois d'une mission (au v. 5), sans répéter le nom propre, ce qui n'autorisera personne à y intercaler un autre nom au moyen d'une conjecture parfaitement superflue. Les copistes choqués de voir nommer Timothée (à la lettre) un collaborateur de Dieu, ont changé le texte de diverses manières, comme on peut le voir dans les éditions et traductions vulgaires. Cependant cette expression bien comprise n'a rien d'étrange. Un ministre de l'Évangile est à l'égard de Dieu ce que le compagnon d'œuvre est à l’égard de son chef et maître. La besogne est commune, la position différente. L'œuvre évangélique est bien certainement une œuvre fondée, organisée, dirigée par Dieu, les hommes doivent s'y associer, y coopérer chacun à la place qui lui est assignée et dans la mesure de ses forces (1 Cor. III, 9; XII, 4 suiv.).

Paul avait quitté Thessalonique dans un moment de crise; la persécution s'organisait contre la communauté naissante; ses amis l'avaient obligé à mettre sa personne en sûreté. On comprend qu'il était inquiet, préoccupé, impatient d'avoir des nouvelles de la Macédoine, on comprend aussi que celles qu'il reçut plus tard durent le combler de joie. Tout cela se peint à merveille dans ces épanchements si simples et si éloquents à la fois, et on trouvera que les redites mêmes et ce qu'il peut y avoir de décousu dans le style (encore cela ne se fait-il guère sentir dans une bonne traduction) ne déparent nullement ce morceau si touchant.

C'est à dessein que nous avons deux fois mis le mot de fidélité à la place de foi. On sait que ces deux notions s'expriment par le même terme dans le grec du Nouveau Testament. Or, ce dont Paul se préoccupait à Athènes, c'était de savoir si les Thessaloniciens étaient restés fidèles à l'Évangile qu'ils venaient d'embrasser; si les persécutions n'avaient pas été pour eux une cause de défection; si son travail apostolique avait produit des fruits durables. Quant à ce dernier souci, il en fait connaître la grandeur et la gravité, en affirmant que sa me dépend en quelque sorte de la fidélité de ses églises; qu'il aimerait mieux ne pas vivre que de les voir se détacher du Seigneur. Du reste, cette fidélité même, si digne d'éloges qu'elle soit, n'exclut pas la nécessité du progrès dans la foi, dans la nouvelle vie religieuse. Aussi bien Paul, en exprimant le désir de retourner en Macédoine, a-t-il soin d'ajouter qu'il est sûr d'y trouver à compléter l'œuvre commencée.

Le vœu qui termine ce morceau ramène encore une fois (comp. chap. 11,19) l'idée du retour de Christ pour le jugement dernier et cela d'une manière qui semble assez familière à notre auteur (voyez par ex. 1 Cor. I, 8. Col. I, 22). La seule difficulté qui se présente ici, c'est de savoir quels sont les saints avec lesquels Jésus doit paraître dans cette solennité finale. De nombreux passages parallèles (par ex. Matth. XVI, 27; XXV, 31. Marc VIII, 38. Jud. 14, etc.) ont fait penser aux anges; cependant nulle part Paul ne désigne ces derniers par ce terme absolu: les Saints, lequel, comme on sait, est généralement et fréquemment employé par lui pour parler des chrétiens. Nous croyons donc qu'il n'y a pas lieu de lui donner ici une autre signification. Seulement nous n'admettons pas que l'apôtre ait voulu dire que Jésus, lors de sa parousie, amènera avec lui les fidèles antérieurement morts (comme on l'entend ordinairement); il dit au contraire qu'il apparaîtra pour se trouver avec eux; car nous allons lire tout à l'heure (chap. IV, 15 s.) que tous les chrétiens, morts ou vivants, se trouveront encore sur la terre au moment de l'avènement prochain de Christ.

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