Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TIMOTHÉE (1)

Chapitre 2

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1 Je te recommande donc avant toutes choses de faire faire des prières, des supplications, des intercessions et des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois, et toutes les autorités, afin que nous menions une vie paisible et tranquille en toute piété et honnêteté. Car cela est bon, et agréable à Dieu, notre sauveur, lequel veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.

5 Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, l'homme Christ Jésus, qui s'est donné en rançon pour tous, fait révélé en son propre temps, et pour l'attestation duquel j'ai été désigné comme prédicateur et apôtre (je dis la vérité, je ne mens pas!), pour instruire les païens dans la foi et la vérité.

II, 1-7. Après les considérations d'une portée plus générale, l'apôtre entre dans des détails relatifs au culte public. Car il faut bien se pénétrer de ce fait, que dans tout ce chapitre il est question, non de prières individuelles et domestiques, mais de ce qui doit avoir lieu dans les réunions de la communauté entière. Quant aux synonymes accumulés au v. 1 (comp. Phil. IV, 6), il ne faut pas trop se soucier de la signification particulière à chacun d'eux, bien qu'il ne soit pas impossible de distinguer des prières d'adoration, d'actions de grâces, de requête et autres.

La prière pour les autres doit être universelle, parce qu'il y a un même Dieu et sauveur pour tous, dont la grâce s'étend à tous, qui ne refuse son secours à personne. Mais si nous ne devons refuser le concours de nos prières à personne, l'auteur applique ce principe d'une manière plus spéciale à une certaine catégorie d'hommes, comme pour en revendiquer l'absoluité d'une manière plus énergique. Il a pour cela des motifs particuliers (comp. Rom. XIII). L'esprit juif était naturellement frondeur en face de l'autorité païenne, et de fausses idées de liberté chrétienne pouvaient entraîner les Grecs dans la même direction. Les rois dont il est question dans le texte, sont les empereurs romains, auxquels on donnait ce nom dans les pays de langue grecque. En nous accoutumant à prier pour les souverains et les magistrats, nous nous préservons nous-mêmes de toute velléité de désobéissance, et, par suite, nous mènerons une vie paisible, nous ne causerons pas de désordre, et on nous laissera en repos. Cet avertissement était d'autant plus nécessaire, que l’autorité civile devait regarder comme politiquement suspects tous ceux qui se séparaient de la religion de l'État.

Ce passage a aussi une certaine portée dogmatique, en ce qu'il exclut assez explicitement l'idée de l'élection dans le sens strict et absolu, ou de la prédestination individuelle. Calvin a tâché de l'accommoder à son système, en n'y voyant que la thèse de l'application de la grâce à toutes les catégories d'hommes. Voyez aussi Rom. V, 18; IX, 30; XI, 32. Tite II, 11. Du côté opposé, on a cru pouvoir déduire de notre texte l'universalité du salut, parce qu'il semble impossible que ce qui est voulu de Dieu, n'arrive pas. Tout cela montre seulement que les écrits apostoliques ne sont pas des traités de théologie, dans lesquels les besoins de l'enseignement pratique et populaire céderaient la place aux exigences des théories et de la pure logique. On remarquera par exemple ici, que l'unité de Dieu est pour l'auteur une vérité qui ne se renferme pas dans la sphère de l'abstraction, mais qui se traduit en effets vivants et concrets dans la sphère évangélique (comp. 1 Cor. VIII, 1 s. Éph. IV, 4).

Le nom de médiateur n'est donné à Christ que dans. ce seul endroit des épîtres, mais l'idée du fait se retrouve aussi Rom. V, 10. 2 Cor. V, 19. Col. I, 20. Jésus est en même temps distingué de Dieu, du seul Dieu (1 Cor. VIII, 6). C'est en sa qualité d’homme qu'il est médiateur, comme Moïse l'a été autrefois (Gal. III, 20), tandis que la gnose hérétique demandait la médiation à des anges (Col. II, 15, 18) ou autres êtres intermédiaires. La théologie officielle de l'Église a très énergiquement combattu cette formule, en insistant sur ce que Christ a été médiateur par sa double nature d'homme et de Dieu.

Entraîné par la liaison naturelle des idées, Fauteur oublie qu'il a commencé à donner des instructions pour le culte public; l'universalité de la grâce lui rappelle les païens appelés à l'héritage commun, et ainsi il arrive à reproduire encore une assertion favorite de Paul, en parlant de la mission spéciale de celui-ci,"qu'il affirme solennellement en vue de ceux qui la contestaient. La vocation des païens a dû être l'objet d'une déclaration (ou témoignage) particulière de Dieu, faite à un moment déterminé de l'histoire (Gal. IV, 4. Tite, I, 3). Tout cela rentre dans la prédication usuelle de Paul, sans que la phraséologie soit servilement copiée sur les passages parallèles. Nous rappelons, à ce propos, la remarque que nous avons faite sur chap. I, 16.

8 Je veux donc qu'en tout lieu les hommes prient en levant des mains pures, sans colère ni mauvaises pensées; de même les femmes, en vêtements décents, se parant de pudeur et de modestie, non de tresses et d'or, ou de perles et d'habits somptueux, mais de bonnes œuvres, comme cela convient à des femmes faisant profession de piété. La femme doit suivre l'instruction en silence avec une entière soumission.

12 Je ne permets pas à la femme d'enseigner, ni de s'émanciper de l'autorité de l'homme: elle doit garder le silence. Car c'est Adam qui fut créé le premier, et Ève ne le fut qu'après; et ce n'est pas Adam qui fut séduit, mais ce fut la femme qui, s'étant laissé séduire, se trouva être en défaut. Cependant elle sera sauvée par la maternité, si elle persiste dans la foi et dans la charité; et dans la sanctification avec modestie.

II, 8-15. L'auteur revient à son sujet, en ajoutant d'autres règles à celles qu'il avait données d'abord à l'égard des réunions de culte. En venant à ces assemblées et en participant aux prières qui se font en commun, chaque sexe doit se garder de certains défauts. Les hommes doivent se défaire d'avance de toute passion ou pensée incompatible avec la piété et la charité chrétiennes (Matth. V, 23), les femmes de tout ce qui trahirait des préoccupations mondaines et vaniteuses. Au dedans comme au dehors, la prière demande une disposition conforme à la sainteté de l'acte.

Puis il y a encore une règle particulière à l'autre sexe (comp. 1 Cor. XIV, 34 s.). La place de la femme, dans la société humaine, est une autre que celle de l'homme. L'homme a la puissance de la parole, l'initiative de l'enseignement et de l'action; la femme doit se subordonner et se taire en public. Cette manière de comprendre la position respective des deux sexes, est pleinement acceptée par la psychologie et la morale philosophique et sociale. Seulement, la science fera ses réserves sur la portée des arguments produits ici (comp. 1 Cor. XL, 8, 9) à l'appui de la thèse formulée. Notamment on pourra demander si Adam a fait preuve d'une plus grande force morale qu'Ève, en se laissant séduire par un être en tout cas plus faible que celui qui l'avait séduite elle-même. Mais la question n'est pas là. L'argumentation de l'auteur est conforme à l'esprit du récit de la Genèse, qui aboutit à la même conclusion. (Comp. 2 Cor. XI, 3. Sir. XXV, 24 (32).

Au point de vue évangélique, au contraire, il n'y a pas de différence entre les sexes (Gal. III, 28); le salut est destiné et offert à l'un comme à l'autre; et tous les deux, dans leur position respective, ont des devoirs à remplir, dont l'accomplissement est indispensable. La destination, terrestre de la femme, c'est la maternité, qui, loin de l'empêcher de faire son salut, lui offre des occasions spéciales de s'exercer au devoir, pourvu que les devoirs généraux, foi, sanctification, etc., ne soient pas négligés. Il est évident que l'auteur parle ici d'une manière toute générale, et au point de vue pratique, nous dirions volontiers humanitaire. Le fait que toutes les femmes ne deviennent pas mères, n'y change rien. Il y a seulement à dire que l'auteur qui a écrit 1 Cor. VII, s'est placé à un tout autre point de vue que le nôtre. Cependant celui-ci n'a pas voulu dire que la femme est sauvée par le fait même qu'elle devient mère, au sens physique. La maternité dont il parle, c'est l'ensemble de tous les devoirs particuliers à l'autre sexe, y compris surtout l'éducation des enfants. C'est aussi pour cette raison que nous rapportons le dernier verbe du texte, bien qu'il soit au pluriel, aux femmes et non aux enfants, l'auteur n'ayant pas voulu dire: elles seront sauvées en devenant mères, pourvu que les enfants soient chrétiens.

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