Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TITE

Chapitre 2-3

----------

1 Mais toi tu prêcheras ce qui convient à la saine doctrine: que les hommes d'un âge mûr soient sobres, graves, sages, en parfaite santé quant à la foi, à la charité, à la patience; que les matrones pareillement s'appliquent à une sainte modestie dans leur tenue, qu'elles ne soient pas médisantes, ni adonnées à des excès de boisson, qu'elles sachent donner de bonnes instructions pour diriger sagement les jeunes femmes à aimer leurs maris et leurs enfants, à être sages, chastes, ménagères, bonnes, soumises à leurs maris, pour que la parole de Dieu ne soit pas décriée.

De même tu exhorteras les jeunes gens à être sages, donnant toi-même à tous égards l'exemple des bonnes œuvres, de la pureté dans l'enseignement, de la gravité, d'une prédication saine et irrépréhensible, afin que l'adversaire soit confondu, en ne pouvant rien dire de mal sur notre compte. Aux esclaves, tu recommanderas d'être soumis à leurs maîtres, de chercher à leur plaire en toutes choses, de ne pas les contredire, de ne rien dérober, mais de montrer toujours une parfaite fidélité, afin de faire honneur en toutes choses à la doctrine de Dieu notre sauveur.

II, 1-10. Instructions générales relatives à l'objet de la prédication. Ce qui nous frappe ici tout d'abord, c'est la tendance toute pratique que l'auteur veut qu'on donne à renseignement. Ce sont les éléments mêmes d'une morale sociale on ne peut plus simple, qu'il veut faire inculquer avant tout; et l'on n'a pas de peine à se persuader que c'est surtout dans les premiers temps du christianisme, où les communautés se recrutaient dans une population auparavant abandonnée à elle-même et sans instruction de ce genre, que le besoin d'un pareil enseignement a dû se faire sentir impérieusement. Il faut se rappeler ce que des passages comme 1 Cor. VI, 9-11, et autres semblables, nous permettent d'entrevoir. Plus tard, d'autres préoccupations vinrent rejeter sur le second plan cet élément de la prédication.

Pour les détails, nous pouvons nous borner à quelques remarques: Foi, charité et patience (cette dernière remplacée ailleurs par le terme d’espérance) représentent (selon la formule paulinienne bien connue) les trois sphères de la vie spirituelle du chrétien. Comp. aussi 2 Thess. III, 5. — La sainte modestie est une traduction un peu libre d'un terme qui est ailleurs commenté par l'auteur lui-même (1 Tim. II, 10. Comp. Éph. V, 3) par la phrase: ce qui sied à des saints, ou à des personnes qui prétendent l'être. — On remarquera que la direction morale des jeunes personnes de l'autre sexe est confiée plutôt à leurs aînées ou mères, qu'au pasteur, sans doute pour éviter toute apparence de mal, ou tout prétexte de médisance. — Pour les devoirs conjugaux, comp. Éph. V, 22. Col. III, 18. 1 Cor. XIV, 34. — Au lieu de ménagères, une autre leçon dit casanières, c'est-à-dire restant chez elles et ne courant pas la ville pour faire du commérage (1 Tim. V, 13). — Une conduite exemplaire des membres de la communauté est le plus sûr moyen de faire taire la calomnie et de réconcilier l'opinion populaire avec la parole de Dieu, c'est-à-dire avec la religion chrétienne. — Pour les devoirs des esclaves, voyez 1 Cor. VII, 21. Éph. VI, 5. Col. III, 22.

11 Car la grâce de Dieu, salutaire à tous les hommes, s'est manifestée à l'effet de nous instruire pour que, renonçant à l'impiété et aux convoitises mondaines, nous vivions sagement, justement et pieusement dans ce siècle, en attendant l'objet de notre bienheureuse espérance, la manifestation de la gloire du grand Dieu et de notre sauveur Jésus-Christ, qui s'est donné pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire à lui un peuple particulier, purifié et zélé pour les bonnes œuvres.

II, 11-14. Ces lignes sont destinées à confirmer une pensée émise dans le morceau précédent. Mais cette pensée n'est pas celle de l'universalité de la grâce, laquelle comprend même les esclaves, de manière qu'on devrait traduire: la grâce s'est manifestée à tous les hommes. C'est plutôt celle du but pratique et pédagogique de l'Évangile, lequel a été révélé, non seulement pour nourrir des espérances, mais avant tout pour nous instruire dans les conditions et moyens de les voir réalisées à son profit. Le but prochain de la prédication évangélique est de conduire les hommes à une vie conforme à la volonté de Dieu, ce qui est exprimé ici tant négativement que positivement. Son but ultérieur est de diriger nos regards vers le ciel, vers ce qui est au-delà de ce siècle, vers ce qui est l'objet de notre espérance. Celle-ci sera réalisée lors de la consommation des choses, quand Christ reparaîtra pour fonder son royaume dans la gloire (après avoir autrefois donné sa vie à l'effet de le fonder dans les cœurs des hommes), et pour recueillir ceux qui devaient lui appartenir en propre, et se montrer dignes de prendre part à l'héritage céleste.

Il y a, dans ce texte, d'ailleurs parfaitement clair et simple, une phrase douteuse qui a beaucoup exercé la sagacité des exégètes. Nous avons traduit: la manifestation glorieuse du grand Dieu et de notre sauveur Jésus-Christ. Mais les règles de la grammaire ne s'opposent pas à ce qu'on traduise: la manifestation glorieuse de notre grand Dieu et sauveur Jésus-Christ. L'exégèse traditionnelle a d'autant plus insisté sur cette dernière version, qu'elle y trouvait un texte favorable à la thèse de la divinité du Christ. Cette interprétation peut se prévaloir: 1° de ce qu'il n'y a dans la phrase qu'un seul article; 2° de ce que Dieu (le père) n'est jamais appelé (dans le Nouveau Testament) le grand Dieu; 3° des constructions semblables, 2 Pierre I, 11; III, 18; 4° de ce que la manifestation (la parousie) est toujours attribuée à Christ, et non à Dieu. — L'opinion contraire peut invoquer le fait: 1° que dans les épîtres pastorales rien n'est plus fréquent que la mention simultanée des deux personnes (1 Tim. I, 1,2; V, 21; VI, 13, etc.); 2° que jamais, dans le Nouveau Testament, on ne rencontre cette formule: notre Dieu Jésus-Christ; 3° que l'auteur a l'habitude de joindre des épithètes au nom de Dieu (le père), 1 Tim. I, 11, 17; IV, 10, 15, 16; 4° que d'autres passages (2 Pierre I, 1. 2 Thess. I, 12. Jude 4 (texte reçu), offrent des phrases tout à fait analogues, sans qu'on soit obligé, ou même disposé, à y admettre l'unité de la personne, à cause de l'unité de l'article; enfin, 5° que la lettre du texte ne parle pas exclusivement de la parousie de Christ, mais aussi de la manifestation de la gloire de Dieu, laquelle correspond à la première manifestation dont il vient d'être parlé, c'est-à-dire à celle de la grâce de Dieu.

15 Voilà ce que tu dois prêcher, recommander, revendiquer, avec une entière fermeté.

1 Que personne ne te méprise. Rappelle-leur qu'ils ont à se soumettre aux magistrats et aux autorités, à être obéissants et prêts à toute bonne œuvre, qu'ils ne doivent médire de personne, éviter les querelles et montrer de la condescendance et de la douceur pour tout le monde. Car, nous aussi, nous étions autrefois insensés, désobéissants, égarés, esclaves de toutes sortes de convoitises et de passions, vivant dans la méchanceté et dans la jalousie, dignes de haine et nous haïssant les uns les autres.

4 Mais lorsque la bonté de Dieu, notre sauveur, et son amour pour les hommes se sont manifestés, il nous sauva, non en vue des œuvres de justice que nous aurions faites, mais en vertu de sa propre miséricorde, par le bain de la régénération et en nous renouvelant par le Saint-Esprit, qu'il répandit sur nous largement par Jésus-Christ notre Seigneur; afin que, justifiés par sa grâce, nous devinssions, en espérance, héritiers de la vie éternelle. C'est là un fait certain, et je désire que tu les en convainques, afin que ceux qui ont cru en Dieu prennent à cœur de faire de bonnes œuvres.

9 Voilà ce qui est bon et utile aux hommes; mais les sottes questions et les généalogies, et les querelles et disputes relatives à la loi, tâche de les écarter, car elles sont inutiles et vaines. Si quelqu'un fomente des divisions, après une première et une seconde admonestation, tu rompras avec lui, sachant qu'un tel homme est dans le tort et perverti, et qu'il a prononcé lui-même son arrêt.

II, 15-III, 11. L'auteur reprend le fil de ses instructions pastorales, et continue à signaler les points sur lesquels la prédication doit porter de préférence. Les détails ne donnent guère lieu à des observations. L'obéissance aux autorités constituées est aussi inculquée ailleurs (1 Tim. II, 2. Rom. XIII, 1 s.). Les autres recommandations ont une portée tout à fait générale. Il est dit surtout qu'elles doivent être faites avec énergie, et non pas mollement, que Tite songe à se faire respecter par la fermeté avec laquelle il surveille l’ordre et la conduite du troupeau. (Le mot grec que nous avons rendu par revendiquer, comprend les deux notions de démontrer et de réfuter.)

La nouvelle digression dogmatique comprise dans les v. 3-8 n'est pas amenée, comme on le croit généralement, par la pensée que le souvenir des défauts que les chrétiens ont eus autrefois eux-mêmes, doit les porter à user de ménagements envers ceux qui y sont sujets maintenant. cela irait contre la tendance générale de l'épître. Au contraire, l'auteur veut dire: Nous autres, qui avons cru en Dieu (qui sommes devenus chrétiens), nous devons nous appliquer à tous ces devoirs, parce que, grâce à Dieu, notre état moral antérieur, qui était détestable (comp. Éph. IV, 17 s.), a dû et pu faire place à un état nouveau et meilleur, dont nous sommes redevables à l'intervention de Dieu, qui nous a régénérés par son esprit et reçus au nombre des héritiers de son royaume, par le symbole du baptême. Cette antithèse entre les deux phases de la vie des hommes, avant et après leur conversion, se reproduit aussi plusieurs fois sous la plume de Paul (1 Cor. VI, 11. Gal. IV, 3. Éph. II). Ce passage, du reste, résume en quelques lignes toute la théologie paulinienne, car il y est question successivement de la grâce de Dieu comme cause première du salut, de la manifestation de cette grâce à un moment donné de l'histoire, de l'impuissance des œuvres à mériter l'approbation du juge céleste, de la médiation de Jésus-Christ, de la communication du Saint-Esprit, de l'initiation baptismale et de l'espérance de la vie éternelle. Ces idées n'ont pas besoin d'être analysées ici de nouveau. Disons seulement que l'auteur ne parlerait pas d'un bain de la régénération (comp. 1 Cor. VI, 11. Éph. V, 26), s'il ne songeait au baptême, et qu'il ne parlerait pas du baptême s'il n'y voyait qu'un acte purement extérieur et sans liaison avec un fait intérieur correspondant (Rom. VI, 4).

On voit d'ailleurs, par ce même passage, dans quel étroit rapport l'auteur place l'élément dogmatique et l'élément moral de la prédication chrétienne, et combien peu il admet que l'un puisse aller sans l'autre. C'est dans ce sens que nous prenons aussi la conclusion: voilà ce que je désire que tu prêches et inculques; et non pas: voilà ce dont je voudrais te convaincre (!); comme s'il y avait eu lieu de supposer que les convictions du disciple, chargé de la direction d'une église, n'étaient pas suffisamment affermies.

Pour ce qui est signalé comme devant être évité, sottes questions, généalogies, querelles sur la loi, nous en avons parlé dans l'Introduction. Enfin, nous prions nos lecteurs de remarquer que, dans la dernière ligne, nous parlons, à bon escient, d'hommes qui fomentent des divisions, et non d’hérétiques, dans le sens ecclésiastique.

12 Quand j'aurai envoyé auprès de toi Artémidore ou Tychicus, hâte-toi de me rejoindre à Nicopolis. Car c'est là que j'ai résolu de passer l'hiver. Pour ce qui est du légiste Zénodore et d'Apollonius, tu auras soin d'eux, afin que rien ne leur manque pour leur voyage. Il faut que les nôtres aussi apprennent à pratiquer les bonnes œuvres quand le besoin s'en fait sentir, pour qu'ils ne soient pas sans produire des fruits. Tous ceux qui sont avec moi te font saluer. Salue les fidèles qui nous aiment. Que la grâce soit avec vous tous.

III, 12-15. Artémidore et Zénodore sont des personnages inconnus. On ignore donc si ce dernier a été un scribe juif ou un légiste grec. Tychicus figure parmi les compagnons de voyage de Paul, dans les Actes XX, 4. Il se trouvait aussi avec lui à Césarée pendant sa captivité, et fut porteur des lettres aux Éphésiens et aux Colossiens. Il est aussi nommé dans la seconde à Tim. IV, 12. Quant à Apollonius (Act. XVIII, 24 s.), il en est surtout question dans la 1re aux Corinthiens. Du reste, il a été parlé dans l'introduction de tous ces personnages et de leurs voyages respectifs.

***

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant