Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TIMOTHÉE (2)

Chapitre 3

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1 Tu dois savoir que dans les derniers temps il viendra des jours bien difficiles: car les hommes seront égoïstes, avares, présomptueux, orgueilleux, médisants, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, implacables, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, indifférents, traîtres, téméraires, vaniteux, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant les dehors de la piété, mais en reniant l'essence.

6 Évite ces hommes-là! Car ce sont là ceux qui se glissent dans les familles, pour captiver des femmelettes chargées de péchés, travaillées par toutes sortes de passions, voulant toujours apprendre et ne pouvant jamais arriver à connaître la vérité. De même que Iannès et Iambrès se sont opposés à Moïse, de même ceux-ci s'opposent à la vérité, ces hommes d'une raison corrompue et d'une foi qui ne soutient pas l'épreuve. Mais ils n'arriveront pas à leur but; car leur folie est patente pour tous, comme l'a été celle de ces autres.

III, 1-9. Le commencement de ce morceau a beaucoup d'analogie avec le passage 1 Tim. IV, 1 suiv. Seulement les couleurs sombres, dont l'apôtre charge son tableau, semblent ici plus naturelles, quand on se rend compte de la situation dans laquelle il écrivait. Déjà les innombrables obstacles que l'Évangile rencontrait partout avaient pu désillusionner les esprits qui s'attendaient à un retour glorieux de Christ, pour une époque tout à fait prochaine. Maintenant, après une vie de luttes et de privations, Paul n'était guère plus avancé, et du fond de sa prison les chances de succès pouvaient lui paraître singulièrement amoindries. Mais au lieu de se décourager et de concevoir des doutes quant au dénouement final, il n'y voyait que la confirmation de cette prophétie, que la Synagogue même caressait, savoir que les derniers temps, ceux qui précéderaient la grande et soudaine révolution, seraient aussi les plus tristes, les plus terribles, les plus difficiles. Il redit cela à son disciple, pour qu'il ne soit pas pris au dépourvu, ni ne se laisse abattre. Tous les vices imaginables seront l'apanage de la majorité des hommes; mais c'est une raison de plus pour que la minorité, le petit troupeau, se tienne à part, résiste à la contagion, sauvegarde l'héritage promis à la fidélité. (Une énumération pareille se trouve Rom. I, 29 suiv.)

Il ne faut pas trop presser le futur, comme si Paul voulait dire: tout cela ne se verra que plus tard. Au contraire, il reproduit un pressentiment, une prédiction déjà ancienne qu'il trouve fondée, parce que dès à présent les symptômes précurseurs de cet état des choses se produisent d'une manière évidente (2 Thess. II, 7). Parmi ces symptômes, il signale la facilité avec laquelle bien des personnes se laissent gagner et égarer par des moyens aussi absurdes que déplorables. Ce sont surtout les femmes auprès desquelles des doctrines mystérieuses, s'adressant à la superstition et flattant les sens, trouvent accès de préférence. Tantôt c'est un réveil de la conscience, tantôt le dépit d'être abandonnées du monde, tantôt une sotte curiosité, ou le besoin de l'intrigue, qui les jette entre les bras de quelque charlatan, dont les belles paroles fascinent leur imagination et servent à exploiter leur crédulité.

C'est à dessein que nous employons ici le terme de charlatan, car évidemment l'apôtre ne parle pas, de ce que nous appelons aujourd'hui des hérésies, dans le sens dogmatique. À titre d'exemple, il cite les sorciers de Pharaon, qui disputèrent à Moïse le privilège de faire des miracles (Exod. VII), et auxquels la tradition avait fini par donner des noms propres. Il voyait donc à Éphèse quelque chose de semblable (Act. XIX, 13 s.). Mais une consolation naît de l'étrangeté même de ce phénomène. Une pareille folie, que les moins intelligents doivent reconnaître pour telle, ne saurait prévaloir indéfiniment, elle se ruine par son absurdité même, comme les sortilèges des devins de Pharaon ont été autrefois appréciés à leur juste valeur. Les séducteurs peuvent sans doute aller toujours plus loin dans leur mauvaise voie (chap. II, 16; III, 13); mais la situation générale n'empire pas pour cela dans la même progression; pour celle-ci, il y a une limite.

10 Mais toi, tu m'as suivi à l'égard de l'enseignement, de la conduite, de la résolution, de la foi, de la patience, de la charité, de la constance, des persécutions et des souffrances, telles que je les ai essuyées à Antioche, à Iconium, à Lystres. Ces persécutions, je les ai supportées, et le Seigneur m'en a chaque fois délivré. Aussi bien, tous ceux qui voudront vivre pieusement en Christ Jésus, seront persécutés. Mais les hommes méchants et les charlatans iront de mal en pis, tant les séducteurs que les égarés. Toi, persiste en ce que tu as appris et dont tu as reconnu la certitude, en te rappelant de qui tu l'as appris, et que depuis ton enfance tu connais les saintes Écritures qui, par la foi dans le Christ Jésus, peuvent t'instruire pour le salut. Toute écriture est divinement inspirée et utile pour l'enseignement, pour l'admonition, pour la correction, pour l'éducation dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et rendu propre à toute bonne œuvre.

III, 10-17. Du lugubre tableau qu'il vient de tracer dans le morceau précédent, l'apôtre, par une transition naturelle, passe à la perspective consolante que lui offrent les souvenirs et les espérances qui se rattachent à la personne de son cher disciple. Jusqu'ici (v. 10) celui-ci a fidèlement suivi la route que son maître lui a indiquée; pour l'avenir (v. 1.4), l'exhortation de n'en pas dévier est certainement superflue. Mais voyant approcher sa fin (chap. IV, 6), il se plaît à s'arrêter à cette idée rassurante que son œuvre est confiée à des mains sûres.

La première phrase est généralement traduite de manière que tous les mots qui la composent représentent des exemples donnés par Paul: ma conduite, ma résolution, etc. Pour le fond, cela revient au même, puisque de toute manière l'auteur affirme l'entière communauté de principes et de conduite chez lui et chez Timothée. Il nous a semblé cependant que cette pensée est mieux exprimée dans la forme que lui donne notre traduction. Le fait que nous ne savons rien de persécutions endurées par Timothée ne saurait être un argument à faire valoir contre celle-ci, puisque l'auteur aussi suppose un pareil événement. (Comp. d'ailleurs la note sur Tim. VI, 12.)

En venant à parler de persécutions, Paul, bien qu'il eût pu parler d'autres plus récentes (2 Cor. XI, 23 suiv.), rappelle de préférence celles qu'il a essuyées dans la patrie même de Timothée (Actes XIII; XIV), parce que ces dernières appartenaient à l'époque où le jeune homme fut initié à la foi chrétienne et se décida pour la carrière apostolique, malgré ces premières impressions fâcheuses.

L'apôtre se préoccupe un moment du souvenir de ces persécutions pour y rattacher une double consolation: d'un côté, c'est le fait que, dans ce bas monde, une vie tranquille et heureuse n'est point l'apanage de ceux qui préfèrent Christ et la vérité aux jouissances matérielles et aux intérêts terrestres. Or, un fardeau qu'on porte avec beaucoup d'autres, est moins lourd par cela même. De l'autre côté, c'est le fait que Dieu veille sur les siens et que maintes fois déjà il a étendu sa main protectrice sur son fidèle apôtre, au moment même où le danger était le plus pressant. D'ailleurs il n'y a pas à se faire illusion: les persécutions, loin de cesser, prendront des proportions plus grandes. Car les méchants aussi ne s'arrêtent pas dans leur chemin; les meneurs d'abord, ensuite aussi ceux qu'ils égarent. Par les premiers, l'auteur entend naturellement ceux dont il vient de faire le portrait. Il les appelle charlatans (magiciens, sorciers), en vue des moyens qu'ils emploient et des fins qu'ils poursuivent, comme plus haut il les a placés sur la même ligne que les magiciens de Pharaon. Il est évident qu'il ne s'agit pas là d'hérétiques dans le sens des siècles postérieurs.

Revenant à Timothée, l'apôtre lui recommande de persister dans la direction qu'il a prise, et arrive à lui retracer une dernière fois, en quelques lignes (chap. IV, 1-5), le cercle de ses devoirs. Mais auparavant il lui signale deux sources auxquelles il pourra toujours puiser pour raviver ses forces, s'il devait en sentir le besoin. D'abord c'est le souvenir de ceux qui ont été ses premiers guides dans les sentiers de la foi chrétienne. (Il y a une variante dans cette phrase: de qui tu l’as appris; si l'on met le pronom grec au singulier, il s'agit de Paul; si on le met au pluriel, on le rapportera plus convenablement à la famille même de Timothée, chap. I, 5.) Ensuite c'est l'Écriture sainte, les livres sacrés de l'ancienne alliance, qui peuvent aider à développer l'intelligence de tout ce qui tient au salut, chez celui qui a la foi en Christ. On remarquera que l'apôtre ne dit pas que l'Ancien Testament fera directement naître cette foi, autrement les Juifs auraient dû se convertir en masse; mais là où elle existe on comprend mieux l'Écriture (2 Cor. III, 12 ss.) et la foi y trouve un appui solide.

Enfin la mention faite de l'Écriture amène la thèse finale dont l'exégèse traditionnelle a singulièrement exagéré la portée, en s'en servant comme d'une preuve directe du dogme de l'inspiration de toute la Bible. Mais Paul ne peut avoir parlé de toute la Bille, par la raison qu'elle n'existait pas encore, et que l'article, qui autrement serait indispensable, ne se trouve pas dans le texte. Tout aussi peu croyons-nous devoir adhérer à l'interprétation d'Origène, de Luther et de beaucoup de modernes, qui traduisent: Toute écriture, inspirée de Dieu, est utile, comme s'il s'agissait d'une réserve ou condition. Les deux adjectifs sont joints au substantif au même titre, ce sont des attributs, et le premier n'est pas une simple épithète, Paul veut confirmer ce qu'il vient de dire de la vertu des Écritures de l'Ancien Testament (au pluriel); il ajoute: toute écriture, c'est-à-dire chaque passage pris à lui seul (Marc XII, 10; XV, 28. Luc. IV, 21. Jean XIX, 37. Act. I, 16; VIII, 35, etc. etc.), compris, cela va sans dire, dans le corps du code sacré, est inspiré, l'un comme l'autre; ce n'est pas le pur caprice des hommes qui l'y aurait mis; et par cette raison, il est propre à contribuer au progrès moral et spirituel du chrétien. Ce n'est donc pas le cas de dire que telle partie du texte ne nous regarde plus; l'origine divine de toutes les parties leur assure à toutes une valeur pratique et salutaire.

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