Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TIMOTHÉE (2)

Chapitre 2

----------

1 Toi donc, mon fils, puise ta force dans la grâce qui est en Christ Jésus, et ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, transmets-le à des hommes fidèles qui soient capables d'en instruire d'autres à leur tour. Sache souffrir avec moi, comme un brave soldat du Christ Jésus. Aucun militaire ne s'engage dans les affaires de la vie civile, s'il veut plaire à son général. Et l'athlète n'obtient la couronne que s'il lutte selon les règles. Il faut que le laboureur travaille d'abord, pour arriver à recueillir des fruits.

7 Comprends bien ce que je dis; le Seigneur te donnera bien l'intelligence en toutes choses. Souviens-toi de Jésus, issu de la race de David, du Christ ressuscité des morts, d'après cet évangile que je prêche et pour lequel je souffre, jusqu'à porter les fers comme un malfaiteur: mais la parole de Dieu n'est pas enchaînée pour cela. C'est pourquoi je supporte tout, à cause des élus, afin qu'eux aussi obtiennent le salut, en Christ Jésus, avec la gloire éternelle.

11 C'est là un fait certain: si nous sommes morts avec lui, avec lui aussi nous vivrons; si nous persévérons, nous serons de son royaume; si nous le renions, lui aussi nous reniera; si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même.

II, 1-13. Après sa courte digression, l'apôtre revient aux instructions qu'il adresse directement à son disciple, et qui pourraient à bien des égards nous paraître superflues, si nous ne nous mettions au point de vue indiqué par les circonstances historiques, au milieu desquelles la lettre est rédigée. C'étaient peut-être les dernières lignes qu'il adressait à celui qui devait continuer son œuvre; ce sont donc les principes suivis dans son propre ministère qu'il résume ici, et c'est du ton pressant d'un entretien suprême qu'il les formule.

Ainsi il est question du devoir d'assurer la pureté et la fidélité de la tradition évangélique, c'est-à-dire de l'enseignement chrétien tel qu'il avait été donné dès l'abord; puis de la nécessité de puiser des forces à la source la plus abondante, parce que la vie du ministre de Christ est une vie de luttes, de peines, de souffrances. La victoire, la récompense, le repos n'est qu'à ce prix-là. Cette dernière idée est exprimée par différentes images ou comparaisons, que nous retrouvons aussi ailleurs sous la plume de Paul. C'est d'abord celle du soldat, qui doit être prêt à supporter les fatigues et les dangers, et qui doit commencer par se détacher des liens et des occupations qui le détourneraient de ses devoirs militaires. Ainsi le ministre chrétien ne connaît plus que la bannière de son général, qui est Christ; sous lui et par lui, il retrouve une famille à aimer, un champ à exploiter, une maison à édifier, qui lui tiendront lieu de ce qu'il aura pu laisser derrière lui (Matth. XIX, 29). C'est ensuite l'image des exercices gymnastiques, dans lesquels le prix de la force et de l'adresse n'est obtenu qu'au moyen d'une vie dure et austère; de privations prolongées, et d'une application soutenue (1 Cor. IX, 24 suiv.). C'est enfin celle du laboureur qui ne gagne sa récolte qu'à la sueur de son front. Quant à cette dernière comparaison, il nous semble que l'auteur a mal exprimé sa pensée ou que très anciennement son texte a dû subir quelque altération. Car sa phrase dit à la lettre: C'est le laboureur qui travaille, qui doit être le premier à recueillir (ou: à jouir) des fruits. Pourtant il ne s'agit pas d'une priorité, mais bien d'une condition indispensable, qui est le travail. L'accent est nécessairement sur ce dernier mot, et c'est d'après cette nécessité logique que nous avons changé la construction. Pour les passages parallèles, voyez 1 Tim. I, 18; VI, 12. 2 Tim. IV, 7. Comme Paul a parlé par allégories, il ajoute: Tu me comprendras.

Après cela (v. 8 suiv.), l'apôtre s'arrête aussi à la perspective de la récompense qui est réservée à ceux qui combattront le bon combat. Ici encore c'est Jésus-Christ qui garantit la couronne, comme tout à l'heure il imposait la lutte. Sa double dignité, d'homme de race royale (et comme tel, héritier des promesses messianiques) et de fils de Dieu, légitimé par la résurrection (Rom. I, 3, 4. 1 Tim. III, 16), sert de gage à nos espérances. (Jésus n'est pas mentionné ici comme ayant donné l'exemple de la constance dans la passion et dans la mort.) C'est là, dit Paul, un élément important de mon évangile (Rom. II, 16; XVI, 25), de l’évangile tel que je le comprends et que je le prêche, et ma conviction à cet égard est si inébranlable, qu'elle me donne la force de rester fidèle à ma mission, et dans les fers, et en face de la mort. Il y a plus, c'est une vérité si puissante, si irréfragable, qu'aucune puissance humaine ne l'arrêtera, dût-on incarcérer tous ses apôtres! Mais il est toujours du devoir de ceux-ci de la proclamer hautement, pour que ceux que Dieu a élus (prédestinés au salut) arrivent successivement à en avoir connaissance.

Paul termine, toujours dans le même ordre d'idées, en reproduisant une de ses thèses favorites d'après laquelle le croyant, uni à son sauveur par un lien personnel et mystique, partage les destinées de celui-ci, sa mort et sa résurrection, tantôt dans le sens figuré de la régénération morale (Rom. VI, 4 suiv. Gal. II, 20. Col. II, 12), tantôt, comme ici, dans le sens propre des souffrances de cette terre, de la mort physique et de la vie à venir (Rom. VIII, 17. 2 Cor. IV, 10).

14 Voilà ce que tu dois leur rappeler en les conjurant, au nom de Dieu, de ne point faire de ces disputes de mots, qui ne servent à rien, si ce n'est à perdre les auditeurs. Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un ouvrier éprouvé et qui n'ait pas besoin de rougir, en suivant droitement la parole de la vérité. Écarte les discussions profanes et vaines, car ils progresseront dans l'impiété, et leur doctrine fera des ravages comme une gangrène.

18 De ce nombre sont Hyménée et Philète, qui se sont éloignés de la vérité, en disant que la résurrection a déjà eu lieu, et qui renversent ainsi la foi de plusieurs. Cependant l'édifice solidement fondé par Dieu subsiste; il porte cette inscription: «Le Seigneur connaît les siens,» et puis: «Que quiconque prononce le nom du Seigneur, se sépare de l’iniquité.» Dans une grande maison, il n'y a pas seulement des vases d'or et d'argent, mais aussi des vases de bois et de terre, les uns tenus en honneur, les autres réputés vils. Donc, si quelqu'un se conserve pur, en se séparant de ceux-ci, il sera un vase d'honneur, sanctifié, utile au maître, propre à toute bonne œuvre.

22 Fuis les passions du jeune âge, recherche la justice, la foi, la charité, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur. Quant aux questions sottes et absurdes, tu t'en abstiendras, sachant qu'elles font naître des querelles. Mais un serviteur du Seigneur ne doit pas se quereller, il doit être plein de condescendance envers tout le monde, savoir instruire et supporter le mal, tâcher de ramener les opposants par la douceur, dans l'espoir que Dieu les fera revenir à d'autres sentiments et leur fera reconnaître la vérité, de manière qu'ils recouvrent leur bon sens et échappent aux pièges du diable, qui les tient captifs pour les assujettir à sa volonté.

II, 14-26. À partir d'ici, et jusque dans les premiers versets du 4e chapitre, les instructions données à Timothée sont entremêlées, dans une proportion très sensible, d'avertissements polémiques relatifs à un enseignement contraire à l'esprit de l'Évangile, contre lequel le disciple doit se mettre en garde, et dont il doit préserver l’Église à la tête de laquelle il est placé. Ces avertissements sont généralement formulés dans des termes analogues à ceux que nous rencontrons dans la 1re épître à Timothée et dans celle à Tite: par exemple, les disputes de mots, 1 Tim. VI, 4; les discussions vaines et profanes, 1 Tim. VI, 20; les questions sottes, Tit. III, 9. Le nom d'un certain Hyménée est également prononcé dans la 1re épître, chap. I, 20. Les erreurs et les injonctions sont introduites par des verbes étrangers aux autres épîtres, mais qui se lisent aussi dans celles que nous venons de citer; comp. v. 16 et 23 avec Tite III, 9, 10; v. 18 avec Tite I, 11.1 Tim. I, 6, Des phrases entières sont simplement reproduites dans celles-ci: v. 22; comp. 1 Tim. VI, 11, etc. Pour toutes les questions historiques et critiques que ces faits peuvent soulever, soit par eux-mêmes, soit par leur ressemblance avec les textes parallèles indiqués, nous renvoyons nos lecteurs à notre Introduction aux épîtres dites pastorales, où le sujet sera traité à fond, et nous nous bornons ici à quelques observations de détail.

On remarquera d'abord que l’auteur appelle l'attention de Timothée sur les personnes qu'il a en vue, sans même les désigner d'une manière formelle et précise: v. 14, conjure-les, dit-il, et ce n'est que par la suite qu'on arrive à comprendre qu'il s'agit là d'une certaine catégorie d'hommes. De même au v. 16: ils progresseront...., leur doctrine....

Les v. 19 à 21 contiennent une espèce d'allégorie qui n'est pas bien transparente, surtout parce qu'il en est fait différentes applications, tant dans la forme qu'à l'égard de l'interprétation. Cependant il est clair que les images sont suggérées à l'auteur par le fait de la présence, dans l'Église, d'éléments étrangers et dangereux; c'est de ce point de vue que nous tâcherons de nous rendre compte de l'intention de l'apôtre. Nous dirons donc que l'Église est comparée à un édifice, à une maison (1 Cor. III, 10 suiv. Éph. II, 20, etc.), dont le fondement, jeté par Dieu même, ne saurait être ébranlé, quoi qu'il arrive. Ainsi l'Église peut bien être troublée momentanément par l'invasion d'idées erronées ou de méthodes nuisibles, contre lesquelles il conviendra de la prémunir, mais son existence même n'est pas menacée pour cela. Elle est, pour ainsi dire, placée sous la sauvegarde de deux principes, lesquels (dans l'allégorie) sont représentés comme des inscriptions (le texte dit: un cachet, parce que les cachets des anciens, comme ceux des Orientaux de nos jours encore, portaient souvent des légendes) tracées sur l'édifice. L'une de ces inscriptions contient une consolation: Dieu connaît les siens, il saura distinguer les purs des impurs, les fidèles des fauteurs d'erreurs; ils n'ont donc pas à risquer d'être oubliés par lui ou d'avoir à souffrir pour les fautes d'autrui. La seconde inscription contient un ordre, savoir celui de fuir la communauté des impies et des injustes. Ainsi les fidèles, en faisant leur devoir à cet égard, peuvent compter sur la protection de Dieu. Comme les deux phrases, qui servent ici d'épigraphes, se trouvent dans un même chapitre de l'Ancien Testament (Nomb. XVI, 5, 26), on est peut-être autorisé à y voir une réminiscence, si ce n'est une citation directe, des textes sacrés.

Après cela, l'allégorie de l'édifice est encore tournée autrement. Paul parle des vases (meubles, instruments, etc.) qui se trouvent dans une grande maison, et qui diffèrent les uns des autres par la matière dont ils sont faits, et par les usages auxquels ils servent. Ces vases représentent les hommes (Rom. IX, 21), qui se trouvent de fait dans l'Église, mais chacun doit s'efforcer d'être un vase (instrument) utile et précieux. Pour cela, il faut qu'il ne se mêle pas aux vases vils, qu'il se sépare de ceux qui ne sont pas purs. Non seulement cette image n'est pas bien nettement tracée, mais, à la fin, l'auteur la laisse tomber tout à fait, en ce que les adjectifs de sa dernière phrase ne peuvent plus se rapporter à des vases, mais seulement à des hommes et à des chrétiens.

Les passions du jeune âge (comp. 1 Tim. IV, 12) auraient de quoi nous étonner ici, s'il ne nous était permis de songer à des défauts qui, tout en caractérisant de préférence la jeunesse, restent quelquefois aux hommes d'un âge mûr, par exemple la vanité qui s'exagère son propre mérite, la dépense excessive de paroles, une certaine légèreté d'humeur, l'insouciance, etc.

***

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant