Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉPITRE A PHILÉMON

INTRODUCTION

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Nous venons de lire dans l'épître aux Colossiens (chap. IV, 9) que l'une des personnes auxquelles l'apôtre Paul confia cette lettre était un certain Onésime, Colossien lui-même, et retournant dans son pays à cette occasion. Par le petit écrit que nous allons voir maintenant, nous apprenons que cet Onésime avait été l'esclave d'un membre distingué de la communauté de Colosses, nommé Philémon; qu'il s'était soustrait par la fuite à l'autorité de son maître, probablement à la suite de quelque acte coupable (v. 18), et que, par un enchaînement de circonstances qui nous sont inconnues, il était arrivé à avoir avec Paul, pendant la captivité de celui-ci, des rapports à la suite desquels il embrassa la foi chrétienne (v. 10). C'est dans cette condition que l'apôtre le renvoie à son maître avec une lettre de recommandation, à l'effet d'obtenir pour lui le pardon et un accueil favorable.

Sur Philémon lui-même, nous ne savons que ce que nous pouvons conclure de quelques allusions peu précises, contenues dans cette lettre. Il paraît que c'était Paul qui l'avait autrefois converti au christianisme (v. 19). Il doit avoir été un homme considéré et jouissant d'une certaine aisance. C'est dans sa maison que se tenaient les assemblées des chrétiens de Colosses (v. 2), auxquels il paraît d'ailleurs avoir rendu d'autres services encore (v. 7).

C'est peut-être pour ces raisons que Paul l'appelle son collaborateur (v. 1), sans que cette expression doive nous le faire regarder comme un prédicateur attitré, voire comme l'évêque, ainsi que le veut la légende, qui reporte volontiers cette dignité sur les personnages mentionnés dans les épîtres. Quant aux autres noms propres, compris dans la formule de salutation, on a l'habitude d'y retrouver les membres de la famille de Philémon. Cela est très vraisemblable pour la dame Apphia; nous n'oserions l'affirmer pour Archippus, déjà signalé ailleurs (Col. IV, 17), comme exerçant des fonctions dans l'église de sa ville.

Le sujet de cette petite épître n'a guère d'importance pour l'histoire, et encore moins pour l'enseignement dogmatique. Tout de même elle est un précieux document, en ce qu'elle nous fait connaître, dans une sphère non officielle, le caractère et l'esprit de l'apôtre Paul. On ne peut assez admirer la gracieuse finesse avec laquelle il présente sa requête à un homme justement indisposé contre l'individu recommandé, et les spirituelles tournures avec lesquelles il plaide une cause, mauvaise en elle-même, mais rendue intéressante par les considérations toutes chrétiennes qu'il sait y rattacher. On ne doit surtout pas perdre de vue, que le retour d'Onésime à Colosses, et sa résolution de rentrer au service de Philémon, lui auront été suggérés par Paul, qui aimait mieux assurer à son nouveau pupille une condition tolérable avec le repos de la conscience, que de le dégager de ses anciens liens et de le faire jouir d'une complète liberté aux dépens du droit d'autrui.

La conservation de cette page, unique dans son genre parmi les écrits apostoliques, est due sans doute au respect que la famille de Colosses portait à l'auteur. On comprend qu'elle y ait été l'objet d'une constante attention et d'une espèce de culte, et que par suite la communauté entière ait fini par en joindre une copie à ce qu'elle possédait elle-même de la main de l'apôtre. Mais on ne peut se défendre de l'idée que, dans la longue carrière de Paul, et avec les nombreuses relations plus ou moins intimes qu'il cultivait dans différentes villes, les occasions d'écrire de pareilles lettres toutes familières ont dû être fréquentes aussi, et par conséquent le plaisir qu'on éprouve à lire la seule qui nous reste réveille en même temps le regret d'avoir perdu les autres.

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