Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

COLOSSIENS

Chapitre 3

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1 Or donc, si vous êtes ressuscités avec Christ, recherchez ce qui est en haut, là où Christ est assis à la droite de Dieu: dirigez vos pensées vers ce qui est en haut, et non vers ce qui est sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu, et quand un jour Christ, notre vie, sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui glorieusement.

III, 1-4. On admet généralement que l'auteur passe ici de la partie théorique de son épître à la partie pratique. Cette division peut être acceptée pour la commodité de l'analyse. Mais il est positif qu'elle a été étrangère à la pensée de Paul. Le premier verset, au point de vue rhétorique, est l'antithèse du 20e du chapitre précédent, et celui-ci exprimait déjà négativement ce qui est ici inculqué d'une manière affirmative. Pour la forme figurée du discours, comp, Éph. II, 6 suiv. Phil. III, 14, 20. Rom. VI, 4 suiv.

Entre le monde, mauvais et opposé à Dieu, et le chrétien, le lien naturel est rompu, par la mort mystique qui est le point de départ, le premier élément de la régénération ou nouvelle création. C'est là le principe théorique de la morale évangélique. De là découlent les principes pratiques que Paul résume ici par ce seul mot: rechercher ce qui est en haut. Puisqu'il parle à ses lecteurs comme à des hommes déjà morts, il est évident que leur vie n'est pas simplement la vie future d'outre-tombe, et que les choses d'en haut n'appartiennent pas exclusivement à l'avenir.

Il s'agit donc de s'approprier des éléments, des forces, des biens qui ne sont pas du domaine du monde terrestre, mais que le ciel seul, dès à présent ouvert et accessible au croyant, peut lui donner. Cette pensée est précisée par trois remarques spéciales: 1° Christ est aujourd'hui assis à la droite de Dieu, partageant sa gloire et sa puissance; ce fait est pour nous un gage de l'obtention de ces choses d'en haut, sur lesquelles nos regards et nos pensées doivent se diriger (Éph. IV, 8 suiv.). 2° La vie nouvelle, qui doit être alimentée par ces forces d'en haut, n'arrive pas ici-bas à son entier et parfait développement, tant au point de vue de l'intelligence, qu'à celui de la sainteté; il sera donc toujours question d'une recherche, d'efforts et de luttes. 3° Enfin cette même vie, quelle que soit l'intensité à laquelle elle arrive à ces deux égards, se trouvera circonscrite dans la sphère intérieure et spirituelle, et les conditions matérielles de l'existence ne répondront point, sur cette terre, à ce que la parole de Dieu promet et à ce que la foi espère (2 Cor. V, 7). À cet égard, c'est l'avenir, c'est le moment où Christ viendra inaugurer son royaume d'une manière visible, qui opérera un glorieux changement (Rom. VIII, 18). Jusque là, la condition idéale et normale de cette vie est cachée en Dieu, avec Christ, en tant que c'est Dieu qui nous la réserve, et que notre union avec le Sauveur nous la garantit.

5 Mortifiez donc vos membres terrestres, le libertinage, l'impureté, la luxure, la mauvaise convoitise et cette cupidité qui est une espèce d'idolâtrie. C'est à cause de ces choses que la colère de Dieu frappe les hommes rebelles, parmi lesquels vous aussi vous marchiez autrefois, lorsque vous viviez d.ms ces vices. Mais maintenant vous devez vous défaire de tout cela, de toute colère, animosité, méchanceté, médisance; ôtez de votre bouche tout propos déshonnête;

9 ne vous mentez pas les uns aux autres; dépouillez-vous du vieil homme avec ses œuvres, et revêtez le nouvel homme, qui se renouvelle d'après l'image de son créateur, pour arriver à une intelligence où il n'y a plus ni païen, ni Juif, ni circoncis, ni incirconcis, ni étranger, ni barbare, ni esclave, ni homme libre, mais où Christ est tout en tous.

III, 5-11. L'idée de la régénération, qui a une tendance naturelle à se produire sous la forme d'une allégorie, en tant qu'elle se décompose en celle d'une mort et d'une résurrection, amène ici de nouvelles applications figurées. Les différents vices sont représentés comme les membres de ce corps charnel, dont l'empire doit être détruit; le renoncement aux passions de la chair est appelé une mortification, une mise à mort, un crucifiement (Gal. V, 24). Du reste, tout cela nous est connu par les passages, en partie textuellement parallèles, Eph. II, 2, 3; V, 3-5; IV, 22 suiv.

La cupidité, l'amour des biens matériels et terrestres, est appelée une espèce d'idolâtrie, dans le sens de Matth. VI, 24. — La phrase que nous avons traduite par ces mots: pour arriver à (une) intelligence, offre une certaine difficulté. Elle ne se rattache pas d'une manière bien nette aux autres membres du discours. Cependant en nous aidant de chap. I, 9, 10, nous pouvons dire, que pour le chrétien l'intelligence des choses divines marche de front avec le renouvellement moral, et que le but ou terme de ce double progrès est un état des choses où toute différence d'origine, de nationalité, de condition sociale aura disparu, pour faire place à cette égalité qui se fonde sur la communauté de la grâce, de la foi et de l'esprit. — Le mot grec barlaros indique moins un homme non civilisé, que quelqu'un qui, en sa qualité d'étranger, parle une langue inconnue; c'est le Scythe du texte qui représente ce que nous appelons le barbare.

12 Appliquez-vous donc, en votre qualité de saints, élus de Dieu et bien-aimés, à la pitié, à la bonté, à l'humilité, à la mansuétude, à la longanimité, vous supportant les uns les autres et vous pardonnant mutuellement, vous aussi, si quelqu'un a un reproche à faire à son prochain, comme Christ aussi vous a pardonné: et par dessus tout à l'amour, qui relie les perfections comme en faisceau.

15 Et que dans vos cœurs préside la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés de manière à former un seul corps, et soyez reconnaissants. Que la parole de Christ demeure parmi vous richement; instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, en chantant dans vos cœurs à Dieu, avec reconnaissance, des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels: et tout ce que vous ferez, en paroles ou en actions, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâces par lui à Dieu le père.

III, 12-17. L'énumération des vices mondains est suivie de celle des vertus chrétiennes. Ni l'une ni l'autre des deux séries n'a la prétention d'être complète, et il serait facile d'y montrer des lacunes plus ou moins importantes, à côté de répétitions à peu près inutiles. De pareils passages ne sont pas écrits pour servir de base à une classification scientifique, telle qu'on la réclamerait d'un traité de morale. Il suffira ici de faire remarquer que d'un côté il est question principalement des deux vices les plus communs parmi les Grecs, la débauche et l'esprit de querelle, de l'autre, surtout de la charité fraternelle envers les autres chrétiens, et de la reconnaissance envers Dieu. Les passages parallèles de l'épître aux Éphésiens sont chap. IV, 2, 3, 32; et V, 19, 20.

La construction de la première phrase est un peu négligée, si bien qu'on a cru devoir mettre en parenthèse le 13e verset; cependant le style de Paul ne s'astreint pas à des règles trop strictes, et passe facilement d'une forme du discours à l'autre. — La pitié, à la lettre: des entrailles de pitié; les entrailles étant considérées comme le siège de ce sentiment, que nous plaçons dans le cœur. — Il n'est pas dit ailleurs que le pardon du péché est dû directement à Christ (comp. Éph. IV, 32. Col. II, 13), cependant, comme il est peu probable que l'auteur parle ici d'offenses personnelles de la présente génération envers Christ, il convient de ramener cette phrase à l'idée que Christ, en souffrant pour les pécheurs en général, a bien commencé par être animé envers eux d'un sentiment de commisération et d'amour. — Le chant sacré est sans doute avant tout un exercice public et commun, mais dans ce contexte, il est essentiellement représenté comme une expression du sentiment de gratitude que le chrétien éprouve en face des bienfaits de la grâce, et nous comprenons que l’auteur parle de cette manifestation comme de quelque chose qui vient du cœur, et qui même se produit intérieurement, avant de se faire connaître au dehors.

18 Vous femmes, soyez soumises à vos maris, comme il convient à des chrétiennes. Vous, maris, aimez vos femmes, et ne vous emportez pas contre elles. Vous, enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, car cela est agréable au Seigneur. Vous, pères, n'aigrissez pas vos enfants, pour qu'ils ne se découragent point.

22 Vous, esclaves, obéissez en toutes choses à vos maîtres, selon la chair, ne faisant point le service pour les yeux seuls, comme ayant à plaire à des hommes, mais dans la simplicité de votre cœur et en craignant le Seigneur: tout ce que vous ferez, faites-le de bon cœur, comme s'il s'agissait du Seigneur, et non des hommes, sachant que vous recevrez, de la part du Seigneur, l'héritage rémunérateur. Servez le Seigneur Christ; 25 car celui qui fait mal, recevra le salaire du mal qu'il aura fait, et il n'y a pas là d'acception de personnes.

1 Vous, maîtres, fournissez à vos esclaves ce qui est juste et équitable, sachant que vous aussi vous avez un maître au ciel.

III, 18-IV, 1. Ce morceau, destiné à rappeler quelques devoirs sociaux relatifs aux relations de la vie domestique, n'est guère que la reproduction, un peu abrégée, mais souvent littérale, du passage Éph. V, 21 -VI, 9. Il n'est donc guère besoin d'entrer ici dans des détails.

Dans la première phrase nous avons mis: comme il convient à des chrétiennes, au lieu de ce mot du texte: comme il convient dans le Seigneur. L'apôtre avait en vue, en tout cas, ce qu'il avait dit, dans l'autre épître, de l'analogie entre les rapports conjugaux et ceux de Christ et de l'Église. Ceux-là doivent pour ainsi dire refléter ceux-ci; le mariage chrétien (en Christ) doit être l’image de cette union qui attache les élus à leur sauveur, tant par l'affection mutuelle, que par la soumission de la femme à son chef (1 Cor. XI, 3). Cette même idée, d'une sanctification des devoirs sociaux et domestiques, par des considérations religieuses, qui découlent du point de vue évangélique, amène plus loin des formules analogues, dans ce qui est dit des enfants et des esclaves.

Les pères sont avertis de traiter leurs enfants avec douceur, parce que la sévérité excessive, peut-être injuste, loin de corriger des défauts réels, contribue à étouffer le zèle et à provoquer l'indifférence ou l'endurcissement.

C'est avec une certaine complaisance que l'apôtre s'arrête aux esclaves, plus qu'aux autres personnes dont il parle ici. Et c'est moins pour leur inculquer le sentiment du devoir, d'un devoir qui pouvait souvent sembler dur et triste, que pour le leur faire agréer par des considérations d'un ordre différent de celui qui prédominait dans la morale sociale ordinaire, laquelle ne connaissait guère ici que la nécessité. On servira le maître selon la chair (le maître terrestre), en se pénétrant de cette pensée, que c'est là un mode ou moyen de servir le maître selon l'esprit, Christ. Il y a même un avantage à cette substitution idéale d'un maître à l'autre. Le premier maître ne doit rien à l'esclave qui le sert; il n'est pas question là de récompense (Luc XVII, 7 s.). L'autre, au contraire, qui n'en doit pas davantage, laisse agir sa grâce et accorde une récompense: savoir, celle de l'héritage céleste. — Ce qui est dit de la parfaite justice de la rémunération, à l'égard de laquelle il n'y aura point d'acception de personnes, de manière qu'elle serait accordée de préférence à ceux qui ont occupé un rang plus éminent, s'expliquerait très bien comme un avertissement donné aux maîtres, qui, devant le tribunal de Dieu, ne seront pas privilégiés (Éph. VI, 9); mais dans notre texte, tout le v. 25 paraît être à l'adresse des esclaves qui manqueraient à leurs devoirs. Si l'apôtre avait déjà eu en vue les maîtres, avec l'intention de consoler les esclaves injustement maltraités, il se serait exprimé d'une manière assez peu nette.

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