Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉPHÉSIENS

Chapitre 6

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1 Enfants, obéissez à vos parents, en Christ, car cela est juste. Honore ton père et ta mère! c'est là le premier commandement accompagné d'une promesse: afin que tu sois heureux et que tu restes longtemps sur la terre. Et vous, pères, n'irritez point vos enfants, mais élevez-les dans la discipline et l'instruction du Seigneur.

VI, 1-4. Le second rapport de famille, placé par l'apôtre sous la sanction des principes évangéliques, est celui des parents et des enfants. L'antiquité réglait ce rapport par la consécration de l'autorité absolue du père, et imposait ainsi aux enfants une soumission toute légale et pleine de crainte. Paul ne veut pas qu'on tombe dans l'extrême opposé, mais il demande une éducation chrétienne à la fois sérieuse et douce et une obéissance de cœur, joyeuse et spontanée. La mention du Seigneur, des deux côtés, représente l'élément chrétien dans cette morale; nous avons l'habitude de nous servir, à la place de ce nom et des prépositions qui l'introduisent, d'un simple adjectif; la formule apostolique est plus significative, parce qu'elle ne se perd pas dans les abstractions et qu'elle rappelle le grand principe de l'Évangile, que toute vie saine découle de l'union personnelle avec Christ.

L'auteur insiste encore sur cette circonstance que le commandement relatif au devoir filial est le premier (le seul) dans le décalogue auquel se rattache une promesse spéciale. Il va sans dire que cette promesse n'est point prise ici dans un sens purement matériel où elle se bornerait soit à la longévité individuelle, soit au tranquille séjour en Canaan.

5 Vous, esclaves, obéissez à vos maîtres selon la chair, avec crainte et humilité, dans la simplicité de votre cœur, comme à Christ, ne faisant point le service pour les yeux seuls, comme ayant à plaire à des hommes, mais en faisant de bon cœur la volonté de Dieu comme serviteurs de Christ, servant avec affection, comme s'il s'agissait du Seigneur et non des hommes, sachant que chacun sera récompensé par le Seigneur de ce qu'il aura fait de bien, qu'il soit esclave ou libre. 9 Et vous, maîtres, agissez-en de même à leur égard, vous abstenant de menaces, sachant que votre maître à vous et à eux est aux cieux et qu'il ne fait point acception de personnes.

VI, 5-9. Le troisième et dernier rapport domestique à sanctifier par l'esprit de l'Évangile, c'est celui des maîtres et des esclaves. L'apôtre ne songe pas du tout à provoquer une révolution sociale à cet égard: les conditions existantes peuvent subsister (1 Cor. VII, 21 s. Philém., introd.). Le devoir des maîtres est très simple; on n'a besoin, pour le faire comprendre, que d'invoquer une vérité universellement reconnue dès à présent, c'est qu'il y a %n Dieu pour tous (malheureusement l'expression est affaiblie dans le texte vulgaire), donc nul ne doit disposer de l'autre injustement et arbitrairement.

Pour ce qui est des esclaves, il leur est conseillé de comprendre leur position comme une condition dans laquelle Dieu les a mis. En se prêtant à ces exigences, c'est donc, à vrai dire, lui qu'ils servent. Leur soumission, leur déférence, leur résignation, doit être affaire de cœur et non de forme et de calcul, un service pour les yeux. Cela veut dire que le maître humain, en exigeant un service, est content quand il le voit fait, fût-ce à contre-cœur; le maître céleste regarde à l'intention, à la bonne volonté qu'on y met. Les mots: crainte et tremblement (litt.), pris dans le sens qu'ils ont actuellement, ne nous semblent pas bien en harmonie avec la tendance du texte. Nous devrions plutôt dire: déférence et respect.

10 Au reste, cherchez votre force dans le Seigneur et dans la vertu de sa force à lui. Revêtez-vous de l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister aux artifices du diable; car ce n'est pas contre la chair et le sang que nous avons à lutter, mais contre les chefs, les puissances, les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits malins des régions célestes.

13 Ainsi donc, prenez l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister dans les mauvais jours, et rester debout après avoir remporté une complète victoire. Tenez donc ferme, ayant les reins ceints de vérité, revêtus de la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de bonnes dispositions pour l'évangile de la paix, prenant par dessus tout cela le bouclier de la foi, au moyen duquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin.

17 Saisissez aussi le casque du salut et l'épée de l'esprit, c'est-à-dire la parole de Dieu, en lui adressant en tout temps, par l'esprit, toutes sortes de prières et de supplications, et en veillant à cela avec une entière persévérance; priant pour tous les fidèles, ainsi que pour moi, afin que, lorsque j'ouvrirai la bouche, il me soit donné la parole pour que je fasse connaître librement le mystère de l'Évangile, pour lequel je suis en mission, quoique enchaîné, et que je parle courageusement comme je le dois.

VI, 10-20. Paul veut terminer; c'est ce qu'annonce le mot Au reste, qui commence ses formules de conclusion (2 Cor. XIII, 11. Gal. VI, 17. Phil. IV, 8. 2Thess. III, 1). Et il termine en effet par une éloquente exhortation au combat contre tout ce qui est contraire à l'Évangile, au-dedans comme au-dehors. Le royaume des ténèbres suscite des entraves à l'œuvre de Christ dans ces deux sphères et la lutte doit être énergique, parce qu'elle ne se dirige pas contre un adversaire mortel (chair et sang), c'est-à-dire faible et méprisable, mais contre des esprits disposant d'une formidable puissance. Cette idée, d'ailleurs familière à Paul (2 Cor. X, 4. Rom. XIII, 12. 1 Thess. V, 8), n'est développée nulle part avec autant de détails allégoriques.

Les qualités représentées par les diverses pièces de l'armure militaire sont: 1° La vérité. Nous avons choisi ce mot pour ne pas trop nous éloigner du grec; mais nous sommes convaincu qu'il faut le prendre dans le sens hébreu de fidélité, de ferme adhésion, de constance. En tout cas il n'est pas question de véracité, dans le sens ordinaire. 2° La justice, c'est-à-dire la rectitude et la droiture dans les actes. Voyez pour ces deux premières qualités, chap. V, 9. 3° La bonne disposition pour l'Évangile, le zèle avec lequel on défend sa cause et étend son empire. 4° La foi. 5° Le salut, est sans doute placé ici pour les biens à venir, et remplace par conséquent la notion de l'espérance (comp. 1 Thess., 1. c). 6° l'esprit est celui de Dieu, inspiré à l'homme et devenant pour lui une qualité d'autant plus nécessaire qu'elle est aussi plus directement une arme. Car ce qui est dit de la parole de Dieu peut être rapporté à la promesse faite Matth. X, 20. Marc XIII, 11. Mais dût-on préférer de le prendre dans le sens habituel, de l'Évangile lui-même, la combinaison avec l'épée, arme d'agression et de conquête, se justifiera encore.

Le détail archéologique de l'armure (ceinture, cuirasse, chaussure, bouclier, casque, épée), n'a pas besoin d'explication. L'apôtre en parle en laïque, prenant les choses au hasard, de sorte que ses combinaisons ne sont pas les mêmes que dans les passages parallèles ci-dessus cités. Les anciens tiraient avec des flèches embrasées pour mettre le feu à des bâtiments. C'est à cela qu'il est fait allusion dans ce qui est dit des attaques du diable.

La prière aussi est une arme du chrétien; elle sert à obtenir toutes les autres, et c'est dans ce sens qu'il en est parlé ici; surtout aussi dans l'application spéciale qui en est faite à l'auteur, lequel déclare avoir besoin avant tout de cette arme dont il avait été question en dernier lieu. C'est aussi ce qui nous confirme dans l’idée qu'il faut entendre la parole de Dieu dans le sens que nous avons proposé. Les traducteurs effacent généralement ce qu'il y a de spirituel dans la combinaison paradoxale des mots de mission et de chaînes.

21 Mais pour que vous aussi vous sachiez ce qui me concerne personnellement, ce que je fais, Tychicus, le bien-aimé frère et fidèle ministre du Seigneur, vous fera tout connaître. Je l'envoie exprès chez vous, afin que vous ayez connaissance de ce qui me regarde et qu'il console vos coeurs.

VI, 21-22. Tychicus, le porteur de la lettre, est aussi nommé Col. IV, 7. 2 Tim. IV, 12. Act. XX, 4. Tite III, 12. Il paraît avoir été l'un des principaux membres de l'église d'Éphèse, et avoir fait de fréquents voyages dans l'intérêt de l’Évangile. La portée de la phrase: pour que vous aussi vous sachiez, a été discutée dans l'Introduction. La consolation se rapporte à la captivité de l'apôtre.

23 Que la paix soit avec les frères, ainsi que l'amour uni à la foi, de la part de Dieu le père et du Seigneur Jésus-Christ. Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ d'une manière inaltérable!

VI, 23 ? 24. Contre l'usage, les formules de bénédiction et les salutations finales sont écrites ici à la troisième personne. Cela s'expliquera facilement si l'on songe que les lettres ont dû toujours être remises aux Anciens (1 Thess. V, 27), par la main desquelles elles arrivaient à la connaissance des autres fidèles.

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