Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

AUX ÉPHÉSIENS

Préliminaires

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1 Je vous recommande notre sœur Phœbé qui est diaconesse de l'église de Cenchrées, afin que vous lui fassiez accueil, en notre Seigneur, comme il convient aux fidèles, et que vous l'assistiez dans toute affaire où elle pourrait avoir besoin de vous. Car elle aussi a rendu des services à beaucoup de personnes, et à moi en particulier.

XVI, 1-2. Cenchrées était l'un des deux ports de Corinthe, celui qui était situé sur la côte orientale de l'isthme. En sa qualité de diaconesse, Phœbé a pu rendre des services divers et nombreux, et nous avons choisi à dessein cette expression toute générale pour rendre le mot grec, lequel (au masculin, bien entendu) désigne proprement un personnage officiel dont les fonctions revenaient à peu près à celles des consuls dans les grandes villes commerciales (patron d'étrangers).

3 Saluez Prisca et Aquila, mes collaborateurs en Jésus-Christ (qui ont exposé leur propre vie pour la mienne et auxquels je ne suis pas le seul à rendre grâces, mais encore toutes les églises des païens), ainsi que la communauté qui s'assemble dans leur maison.

Saluez Épénète, mon bien-aimé, qui a été pour Christ les prémices de l'Asie.

Saluez Marie qui s'est donné beaucoup de peine pour moi.

Saluez Andronicus et Junias, mes parents et compagnons de prison, qui sont distingués parmi les missionnaires, et qui même ont été chrétiens avant moi.

Saluez Amplias, mon bien-aimé dans le Seigneur.

Saluez Urbain, mon collaborateur en Christ, et Stachys, mon bien-aimé.

Saluez Apellès, lequel a fait ses preuves en Christ.

Saluez ceux de la famille d'Aristobule. Saluez mon cousin Hérodion.

Saluez ceux de la famille de Narcisse, qui sont au Seigneur.

Saluez Tryphène et Tryphosa, qui travaillent pour le Seigneur.

Saluez la chère Persis, qui a beaucoup travaillé pour le Seigneur.

Saluez Rufus, l'élu du Seigneur, et sa mère qui est aussi la mienne.

Saluez Asyncritus, Phlégon, Hermès, Patrobas, Hermas et les frères qui sont avec eux.

Saluez Philologus et Julie, Nérée et sa sœur, et Olympas et tous les fidèles qui sont avec eux.

Saluez-vous les uns les autres avec un saint baiser. Toutes les églises de Christ vous saluent.

XVI, 3-16. De toutes les personnes nommées ici, nous ne connaissons que les deux premières, le fabricant de grosses toiles Aquila, Juif originaire du Pont, autrefois établi à Rome (Act. XVIII, 2), puis à Corinthe, où Paul travaillait chez lui, enfin à Éphèse (1 Cor. XVI, 19), où il se trouvait encore à l'époque de la captivité romaine de l'apôtre (2 Tim. IV, 19). Sa femme est appelée tantôt Prisca, tantôt Priscilla.

Tous les autres noms nous sont inconnus, et les allusions mêmes à des faits ou rapports particuliers restent pour nous des énigmes. Parmi ces noms il y en a un seul d'origine hébraïque (Marie), cinq ou six latins, tous les autres sont grecs, mais en partie tronqués d'après l'usage, qui remplaçait, dans la bouche des Juifs, les dernières syllabes du mot étranger par une courte désinence aramaïque (â), laquelle, à son tour, s'hellénisait par l'adjonction d'un s. Ainsi Olympas est Olympiodore, Hermas est Hermogène ou quelque chose d'analogue, Épaphras est Epaphrodite, etc. Il en est de même des noms latins: Junias est Junianus, Amplias est Ampliatus, Silas est Sylvanus, Lucas est Lucanus, etc.

Comme les chrétiens n'avaient point encore de lieux de réunion assez spacieux, les églises dans les grandes villes durent, dès le commencement, se fractionner en petites congrégations. Ainsi nous voyons ici trois communautés mentionnées successivement aux v. 5, 14, 15.

Épénète est nommé les prémices de l'Asie, c'est-à-dire le premier converti dans la province romaine dont Éphèse était le chef-lieu. La métaphore se rattache à l'idée déjà expliquée au chap. XV, 16. — Le travail pour le Seigneur, mentionné aux v. 6 et 12, nous ramène sans doute aux services du diaconat.

17 Je vous exhorte, mes frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des égarements contraires à la doctrine que vous avez apprise; détournez-vous d'eux: car de pareilles gens ne sont pas les serviteurs de Jésus-Christ, mais de leur propre ventre, et par leurs douces paroles et leurs beaux discours ils séduisent les cœurs candides. Votre fidélité est venue à la connaissance de tout le monde: j'ai donc lieu de me réjouir à votre sujet; mais je désire que vous soyez prudents pour le bien et simples vis-à-vis du mal; et le Dieu de paix écrasera Satan sous vos pieds prochainement. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous!

XVI, 17-20. Il est fait allusion ici à des divisions dogmatiques, à des égarements contraires à la saine doctrine, et le ton de ces lignes est assez différent de celui du reste de l'épître. C'est un argument de plus en faveur de l'hypothèse développée dans l'introduction, à joindre à celui qui découle péremptoirement des faits relevés à propos des noms propres.

La fausse doctrine est caractérisée non pas seulement comme une erreur de théorie, qui pourrait être involontaire et excusable; elle aboutit à des égarements moraux et à la satisfaction de désirs charnels et égoïstes (Phil. III, 19). Il importait d'autant plus à l'apôtre de saisir toutes les occasions pour prémunir ses églises contre des tendances de ce genre, que ceux dont il redoutait l'influence pernicieuse savaient donner à leurs enseignements des attraits auxquels les gens simples, ceux qui n'avaient pas l'idée du mal, ou qui ne le soupçonnaient pas, ne résistaient que difficilement. Si jusqu'ici les choses sont bien allées, si la soumission des Éphésiens à Christ et leurs vertus chrétiennes ont été prônées partout, ils doivent tâcher de conserver cette réputation par la prudence et la simplicité, deux qualités différentes au fond, mais que le chrétien doit posséder également (Matth. X, 16). La première est le privilège de ceux qui ont de l'expérience, qui connaissent le mauvais vouloir du monde; l'autre est l'apanage de l’innocence enfantine et non encore éprouvée. Heureux ceux qui conservent cette candeur, ceux dont le cœur et la conscience ne sont pas souillés au contact du mal qu'ils rencontrent sur leurs pas dans la vie pratique, mais qui savent rechercher et combiner les moyens que cette même vie leur offre pour faire avancer le bien.

Dans cette phrase: Dieu écrasera Satan, est exprimée l'idée d'une victoire certaine et définitive du royaume de la lumière sur celui des ténèbres. Toutes les résistances seront vaincues, tous les obstacles écartés; l'Évangile achèvera sa course triomphale à travers le monde; Israël et les nations païennes s'uniront dans la foi en Christ, et cela prochainement. C'est cette perspective heureuse de l'inauguration prochaine du royaume de Christ qui soutient le courage de l'apôtre et décuple ses forces.

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