Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉPÎTRE AUX HÉBREUX

Chapitre 8

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1 Mais le point capital, après ce qui vient d'être dit, c'est que nous avons un tel grand-prêtre qui s'est assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux, en qualité de ministre du vrai sanctuaire et du tabernacle, construit par le Seigneur et non par un homme. Car tout grand-prêtre est établi pour offrir des dons et des sacrifices, d'où il suit nécessairement que celui-là aussi doit avoir quelque chose à offrir.

4 Or, s'il était sur la terre, il ne serait pas même prêtre (puisque là il y en a d'autres qui offrent les dons selon la loi, lesquels exercent leur ministère dans ce qui n'est qu'une copie et une ombre du sanctuaire céleste, selon l'avis donné à Moïse lorsqu'il allait dresser le tabernacle: Aie soin, lui fut-il dit, de faire toutes choses d'après le modèle qui t'a été montré sur la montagne!). Mais il a obtenu un ministère d'autant plus excellent qu'il est le médiateur d'une meilleure alliance, laquelle a été promulguée sous la foi de meilleures promesses.

VIII, 1-6. Après avoir parlé de la personne du souverain sacrificateur, dont Melchisédek avait été l'image prophétique, et montré sa supériorité absolue sur le sacrificateur institué par la loi, l'auteur vient à considérer ses fondions. Ici, il s'occupera tour à tour du lien où il exerce son ministère, du sacrifice expiatoire qu'il offre, et des résultats qu'il obtient. Il est évident que ce dernier point est pour nous le point capital; c'est aussi ce que l'apôtre fait remarquer en entrant en matière.

La loi mosaïque institue un lieu de culte où les rites sacrés s'accomplissent. C'est le tabernacle que Moïse a érigé dans le désert selon les ordres de Dieu, et auquel étaient attachés les Lévites, ministres privilégiés du culte légal. Sur la terre, il n'y a donc point de place pour un autre sacerdoce en dehors de celui-là (chap. VII, 13). Mais déjà le texte qui institue ce tabernacle (Ex. XXV, 40, Comp. Act. VII, 44) parle d'un sanctuaire céleste, qui devint le type ou modèle de celui de Moïse. C'est précisément dans ce sanctuaire-là (qui est le vrai sanctuaire, parce que Dieu y réside véritablement) que Christ exerce son ministère, et ici encore la comparaison à faire entre ses fonctions et celles d'Aaron tourne à son avantage, ce dernier restant debout devant l'arche en présentant le sang de l'expiation, tandis que Christ s'est assis à la droite de Dieu, partageant ainsi les prérogatives suprêmes et ne restant pas dans la position de simple ministre.

Quant au sacrifice à offrir par Christ, l'auteur n'en parle ici qu'en passant (comp. chap. I, 3; VII, 27); il se réserve d'y revenir plus tard; mais dès à présent il est clair que, selon son point de vue, le fait capital, celui sur lequel portera la comparaison théologique et typique, ce n'est pas autant f effusion du sang de Christ sur la croix, que l’oblation de ce sang dans le sanctuaire céleste. Nous aurons à revenir sur cette particularité très importante pour l'intelligence de la théologie de cette épître.

Ensuite il est à remarquer que l'auteur ne raisonne pas ici dans le sens de la substitution d'un sacerdoce à l'autre, par suite de l'abrogation de la loi; car il dit que Christ ne pouvait pas être prêtre sur la terre, la place étant déjà occupée par d'autres légalement institués. Il raisonne dans le sens de la supériorité d'un tabernacle sur l'autre, laquelle implique la supériorité de l'alliance elle-même, et motive ainsi la préférence à donner à celle qui est la plus excellente. Les deux institutions sont plutôt juxtaposées que successives, quoique cette dernière conception, familière à Paul, ne soit pas étrangère à notre épître (v. 13).

Avant de continuer l'exposé de la thèse des deux tabernacles, l'auteur s'arrête à l'idée, énoncée incidemment, d'une alliance meilleure, à laquelle sont attachées des promesses meilleures aussi.

7 Car, si la première alliance avait été sans défaut, il n'aurait pas été question de la remplacer par une seconde. Or, c'est bien un blâme qui est prononcé quand il est dit: Voyez, dit le Seigneur, les jours vont venir où je contracterai avec la maison d'Israël et la maison de Juda une nouvelle alliance, différente de celle que j'ai faite avec leurs pères, lorsque je les 'pris par la main pour les faire sortir du pays d'Égypte; parce qu'ils ne sont pas demeurés fidèles à mon alliance, moi aussi je les ai négligés, dit le Seigneur. Or, voici quelle sera l'alliance que je contracterai avec la maison d'Israël, après ces jours-ci, dit le Seigneur: je mettrai mes lois dans leur esprit et les graverai dans leurs cœurs; et je deviendrai leur Dieu et ils deviendront mon peuple. Et nul n'aura plus besoin d'instruire son concitoyen ou son frère en disant: Reconnais le Seigneur! car ils me connaîtront tous, depuis le plus petit jusqu'au plus grand d'entre eux; aussi leur ferai-je grâce pour leurs iniquités et ne Me souviendrai-je plus de leurs péchés! En disant: une nouvelle alliance, il a déclaré la première vieillie; or, ce qui a vieilli et est suranné, est près de disparaître.

VIII, 7-13. Déjà dans la discussion précédente (chap. VII, 18) il avait été dit que l'ancienne alliance n'avait pas amené les hommes à cet état parfait dans lequel seul ils peuvent espérer de plaire à Dieu et d'obtenir ce qu'il leur avait promis. La même thèse est reproduite ici, quoique plus indirectement, en ce sens que l'auteur insiste de préférence sur l'établissement d'une nouvelle alliance, garantie par une promesse formelle du Seigneur dans un passage de Jérémie (chap. XXXI, 31 -34), cité tout au long et exprimant de la manière la plus directe l'une des pensées fondamentales de l'Évangile. La nouvelle alliance ne se fondera plus comme l'ancienne, sans cesse violée par Israël, sur des commandements extérieurs et formulés dans un livre ou sur des tables de pierre, mais sur une loi gravée dans les cœurs, sur une régénération intérieure du peuple, sur un nouvel esprit qui lui sera donné et qui cimentera entre lui et Dieu une union véritable, telle qu'elle n'avait jamais encore existé. Cette annonce, d'après l'argumentation de l'auteur, implique l'abolition de l'ancienne alliance, et exprime un blâme. Sans doute, ce blâme ne frappe pas autant l'alliance elle-même que ceux qui auraient dû en observer les lois; mais il n'en est pas moins vrai que la réalisation des volontés de Dieu s'est trouvée arrêtée et a été rendue impossible sous l’ancien ordre de choses.

Dans le dernier verset, l'auteur tire lui-même la conclusion de ces prémisses, mais on a généralement mal compris sa pensée et, par suite, on lui a même adressé le reproche d'avoir fait un faux raisonnement. On a cru qu'il voulait dire que l'ancienne alliance est près d'être abolie, parce qu'il y en a une nouvelle, tandis qu'il aurait dû conclure de ce dernier fait que l'autre était déjà abolie. Mais on oublie que ce n'est pas l'auteur qui parle du point de vue de son époque; c'est le Seigneur qui parle par la bouche d'un prophète; les mots près d'être aboli sont corrélatifs à ceux qui parlent de la nouvelle alliance au futur.

Après cette digression, le texte reprend le parallélisme entre les deux tabernacles et les rites qui s'y accomplissent.

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