Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉPÎTRE AUX HÉBREUX

Chapitre 5

----------


1 Car tout grand-prêtre choisi parmi les hommes est établi pour le bien des hommes, en vue de leurs rapports avec Dieu, afin d'offrir des dons et des sacrifices pour les péchés, et il est capable d'user d'indulgence envers les ignorants et les égarés, comme étant lui aussi sujet à la faiblesse, à cause de laquelle il doit offrir des sacrifices expiatoires pour lui-même tout aussi bien que pour le peuple. Ensuite nul ne s'arroge cette dignité de son propre chef, mais, il y est appelé par Dieu, comme c'était le cas d'Aaron. De même Christ ne s'est pas lui-même, arrogé la gloire de devenir grand-prêtre, mais il la tient de celui qui lui avait dit: Tu es mon Fils; moi je t'ai engendré aujourd'hui! comme aussi il dit ailleurs: Tu es prêtre à tout jamais selon l'ordre de Melchisédek!

7 C'est lui qui, dans le cours de sa vie terrestre, ayant présenté ses prières et ses supplications, avec grands cris et larmes, à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé, à cause de sa piété, apprit à obéir, par ce qu'il souffrit, bien qu'il fût le Fils, et, après être arrivé à son état d'exaltation, il devint, pour tous ceux qui lui obéissent à leur tour, l'auteur d'un salut éternel, étant proclamé par Dieu grand-prêtre selon l'ordre de Melchisédek.

V, 1 -10. Le morceau que nous venons de transcrire peut être considéré comme une ébauche préparatoire de la pensée de l'auteur, qui veut comparer, d'une manière générale, Christ avec le souverain sacrificateur institué par la loi. La comparaison porte sur différentes qualités, dont les unes constituent des ressemblances, les autres des diversités. Le sacrificateur est établi dans l'intérêt des hommes, pour ce qui concerne leurs rapports avec Dieu, relativement aux péchés. Il s'agira donc tour à tour de la personne du prêtre, et du but et des moyens de son ministère, et à tous ces égards l'auteur tracera un parallèle entre le sacerdoce d'Aaron et celui de Christ. Pour autant qu'il aura ici à signaler une diversité, l'Ancien Testament lui fournira un second type, plus exactement correspondant à la position de Christ, c'est le sacerdoce de Melchisédek.

Provisoirement notre attention est appelée sur deux points spéciaux. D'un côté, il y a analogie parfaite entre Aaron et Christ à l'égard de l'origine de leur sacerdoce ou de leur vocation. L'un et l'autre sont institués, appelés par Dieu. Ainsi Aaron est institué par la loi de Jéhova (Ex. XXIX); et le même Dieu qui proclame Christ son fils, le proclame aussi sacrificateur. Cependant il faut remarquer que, pour ce qui concerne cette dernière dignité, le passage de l'Écriture qui sert à la constater (Ps. CX, 4) contient en même temps une espèce de définition du sacerdoce de Christ qui en fait entrevoir la nature particulière, exceptionnelle, supérieure. Christ est sacrificateur, non point dans Tordre d'Aaron, mais dans Tordre de Melchisédek, par la double raison qu'il aura des qualités et des attributions refusées à Aaron, et qu'il n'aura pas d'autres qualités propres à ce personnage.

Le second point peut déjà servir à illustrer ce qui vient d'être dit: 11 a été constaté plus haut (chap. II, 18; IV, 15) que le sacrificateur de la nouvelle Alliance est capable de sympathiser avec nos faiblesses, parce qu'il a été tenté aussi. À cet égard il ne se distingue pas d'Aaron; mais il n'a pas succombé à la tentation, il est resté sans péché, il n'a donc pas besoin d'offrir des sacrifices expiatoires pour lui-même; à cet égard il se distingue essentiellement d'Aaron et de son ordre.

À cela se rattachent deux autres faits très essentiels. Les tribulations n'ont pas été épargnées à Christ pendant sa vie terrestre; au contraire, il a été plongé dans l'abîme de l'angoisse et de la détresse, — l'auteur a en vue la scène de Gethsémané; — mais il en fut retiré et délivré, non pas sans doute que la mort lui ait été épargnée, mais en ce sens que ses souffrances servirent à le porter au terme de sa perfection, c'est-à-dire à la position élevée, parfaite et définitive qui lui était réservée, et dès lors il fut: 1° prêtre selon l'ordre de Melchisédek, et 2° auteur du salut de ceux qui le suivaient. Christ devint donc sacrificateur par son sacrifice même, tandis qu'Aaron faisait des sacrifices parce qu'il en avait reçu l'office précédemment; et il fut l’auteur du salut, tandis qu'Aaron ne parvenait même pas à en être le médiateur.

Ainsi tout est clair et transparent dans cet exorde. Il n'y a plus que quelques expressions accessoires qui demandent deux mots d'explication: 1° Christ fut exaucé à cause de sa piété (on traduit vulgairement et très mal: il fut délivré de ce qu'il craignait). Cette formule correspond au terme de la perfection (v. 9) et du couronnement (chap. II, 9). Il s'agit de l'exaltation de Christ, qui résulte précisément de la manière dont il supporta son abaissement, et la préposition doit se rendre par à cause, comme Luc XIX, 3 et Act. XII, 14. — 2° Il apprit à obéir; cette expression ne signifie pas qu'il y mettait de la répugnance, que pour lui c'était quelque chose de forcé; mais elle nous rappelle d'abord que le Fils, par sa nature essentielle, n'avait pas à subir de pareilles conditions, de sorte que l'abnégation volontaire, loin d'être niée, est, au contraire, relevée indirectement; ensuite le même terme insinue que pour le Fils cette abnégation ne pouvait se manifester que dans le temps, à mesure que les conditions de son existence terrestre se développaient.

Le cadre de l'exposition théologique étant ainsi tracé, l'auteur doit traiter son sujet à fond; mais il est arrêté par l'idée que ses lecteurs pourraient bien ne pas être à la hauteur de ce sujet. Il trouve donc nécessaire de les y préparer en éveillant leur attention et en leur en signalant d'avance la gravité. Ainsi le morceau chap. V, II-VI, 20 forme une espèce de digression ou d'introduction.

11 À ce sujet nous avons beaucoup à dire, et des choses difficiles à expliquer, parce que vous êtes lents à comprendre. Car tandis que, en raison du temps, vous devriez instruire les autres, vous avez besoin qu'on vous enseigne encore quels sont les premiers éléments des révélations de Dieu; vous en êtes à avoir besoin de lait et non d'une nourriture solide. Car celui qui en est au lait ne goûte point l'enseignement complet; car il est encore enfant. La nourriture solide est pour les plus avancés, pour ceux dont les facultés sont exercées par l'usage à discerner le vrai du faux.

V, 11-14. L'auteur ayant devant lui un public instruit dans l'Évangile depuis un temps comparativement assez long, devrait pouvoir lui parler du sacerdoce de Christ, thèse de théologie spéculative, il est vrai, sans risquer de ne pas être compris. Cependant il n'ose l'espérer. Ce sont là des choses qui n'appartiennent pas à renseignement populaire; il les suppose encore étrangères à ses lecteurs; il va plus loin, il craint que ceux-ci n'aient encore besoin d'être instruits dans les éléments de l'Évangile. Il va dire tout à l'heure (chap. VI, 1) ce qu'il entend sous cette dénomination. L'image du lait et de la nourriture solide est surtout connue par l'emploi qu'en fait Paul (1 Cor. III, 2); mais elle remonte plus haut et elle est familière à Philon.

Les deux derniers versets, traduits selon le génie de notre langue, ne présentent pas la moindre difficulté. Renseignement complet, c'est-à-dire celui qui s'élève jusqu'aux vérités transcendantes et spéculatives, celui qui est du domaine de la science théologique et non pas seulement de l'instruction populaire, est appelé en grec: le discours de justice, c'est-à-dire celui qui dit justement, parfaitement, tout ce qu'il y a à dire. Les plus avancés, litt.: les adultes, les parfaits. Il vaut mieux dire le vrai et le faux, que le bien et le mal, parce qu'il ne s'agit pas ici d'un enseignement moral, mais d'une méditation scientifique.

***

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant