Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES ÉPÎTRES CATHOLIQUES

AVANT-PROPOS

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Catholique = Ensemble de sept lettres du N.T. [Nouveau Testament]: celle de Jacques, les deux de Pierre, les trois de Jean et celle de Jude (...). Elles s'adressent aux chrétiens en général plutôt qu'à des églises ou à des personnes déterminées (http://www.cnrtl.fr/definition/catholique)

Outre les treize épîtres de Paul, le Nouveau Testament en contient encore une série d'autres de différents auteurs, presque toutes extrêmement brèves et se distinguant, à bien des égards, non seulement de celles de l'apôtre des gentils, mais surtout aussi les unes des autres. La diversité du but, de la méthode, de la date de ces petits écrits, jointe à leur brièveté même, en rend l'intelligence moins facile, parce qu'elle nous empêche d'en faire une étude comparative, comme on peut la faire si utilement pour les épîtres pauliniennes. De là sont nées aussi de nombreuses divergences relatives soit à des points de détail, soit à des questions générales que la critique a l'habitude de soulever. Dès les plus anciens temps de l'Église il a régné une grande incertitude quant à l'origine de la plupart de ces documents, et de leurs titres au privilège d'être compris dans la collection officielle des livres sacrés, et si, après quelques siècles d'hésitation et d'opposition, l'usage vulgaire, qui leur fut de plus en plus favorable, finit par prévaloir, la science de la réforme, quoique fort incomplète encore, ressuscita les anciens doutes, qui ne furent assoupis dans la suite que pour se réveiller de nos jours avec plus d'énergie.

Nous avons exposé les curieuses péripéties de cette partie de l'histoire de la littérature apostolique, dans notre ouvrage sur l'histoire du Canon. Nous ne reproduirons donc ici que ce qui est absolument nécessaire pour expliquer le terme par lequel ces épîtres sont aujourd'hui généralement désignées. Ainsi il est de fait que vers la fin du deuxième siècle la plupart des églises, du moins en Orient, possédaient, outre les treize épîtres de Paul, deux autres épîtres encore, auxquelles elles reconnaissaient une origine apostolique, l'une portant en tête le nom de Pierre, et nommée plus tard la première de cet apôtre, l'autre anonyme, mais généralement attribuée à Jean (plus tard la première de Jean). À première vue, ces deux écrits se distinguaient, des treize autres, parce qu'ils étaient adressés, non à une communauté particulière, mais soit à l'universalité des chrétiens, soit au moins à un cercle de lecteurs tellement étendu, que les rapports personnels des auteurs avec les églises, et les besoins locaux de celles-ci, cet élément si caractéristique et si intéressant des épîtres pauliniennes, s'effacent ici complètement. Ce fait n'ayant pas manqué d'être remarqué, on s'accordait à désigner ces écrits, et d'autres pareils, par un nom spécial: on les appelait des épîtres catholiques, c'est-à-dire générales, universelles. C'est par ce nom que par exemple Denys d'Alexandrie (Eusèbe, Hist. ecclés., VII, 25) distingue la première épître de Jean des deux autres adressées à des individus. Clément d'Alexandrie (Strom., IV, p. 512) l'applique à la lettre émanée delà conférence de Jérusalem, dont il est parlé au quinzième chapitre des Actes, et Origène (contre Celse, I, 63) s'en sert à propos de l'épître dite de Barnabas.

Lorsque peu à peu d'autres petites épîtres s'introduisirent dans diverses communautés et se répandirent de plus en plus dans les églises, où elles étaient acceptées comme apostoliques, on les joignit à celles qu'on avait déjà et Ton s'habitua dès lors à en former une collection à.part. Le nom d'épîtres catholiques, donné à celles qui avaient formé le noyau de cette collection, n'eut pas de peine à s'étendre aux autres ajoutées plus tard, et à se maintenir avec cette extension croissante du recueil. Car les épîtres* de Jacques, de Jude, et la seconde de Pierre, qui y entrèrent successivement, justifiaient ce titre tout autant que celles qui l'avaient motivé d'abord. Il n'y a que les deux petites épîtres anonymes, connues sous le nom. de la seconde et de la troisième de Jean, dont la nature est en contradiction avec le titre général, en ce qu'elles ne s'adressent pas même à des communautés spéciales, mais à des personnes isolées. Cependant leurexiguité même aidait à faire disparaître cet inconvénient, ou cette contradiction: le terme d'épîtres catholiques avait déjà si bien passé dans les habitudes du langage ecclésiastique, que leur présence ne put plus rien y changer. Déjà du temps d'Eusèbe (Hist, ecclés., II, 23; VI, 14) il désignait la totalité des sept pièces que nous comprenons encore aujourd'hui sous le même nom.

Une remarque particulière est à faire sur l'Épître aux Hébreux. Au fond, cet ouvrage, le plus important de tous ceux dont il sera question dans ce volume, pourrait tout aussi bien être appelé une épître catholique que ceux dont nous venons de parler, malgré certaines allusions à une sphère plus restreinte en vue de laquelle l'auteur aurait écrit. Cependant jamais et nulle part l'Épître aux Hébreux n'a été comprise dans le nombre des épîtres catholiques, et cela par une raison bien simple. On sait qu'elle est l'un des livres qui ont eu le plus de difficulté à se faire admettre et reconnaître par l’universalité des églises chrétiennes, et qu'elle n'a fini par triompher de cette opposition que parce que l'opinion qui l'attribuait à saint Paul eut la chance de prévaloir, en Orient d'abord, plus tard, au cinquième siècle, aussi en Occident. Ainsi, partout où on la recevait, c'est aux épîtres de Paul qu'on la rattachait; le titre d'épître catholique ne signifiait déjà plus autre chose que non paulinien.

Ce titre, du reste, a passé de l'Église grecque aux églises protestantes. L'Église latine, au contraire, à partir du cinquième ou du sixième siècle, en adopta un autre passablement mal choisi: celui d'épîtres canoniques. Dans l'origine, il devait sans doute affirmer plus explicitement la canonicité ou l'autorité apostolique de ces écrits, jadis moins répandus ou même contestés; mais comme ce caractère revient également aux épîtres de Paul, on aurait dû éviter l'équivoque.

Dans la présente partie de notre travail on trouvera d'un côté l'Épître aux Hébreux et celle dite la première de Pierre, lesquelles se rapprochent l'une et l'autre, quant à l'élément théologique, des écrits de Paul. Un second groupe est formé par les épîtres de Jacques et de Jude, qui représentent un autre type de l'enseignement apostolique. Cependant nous n'avons pas cru nécessaire de rien changer à l'ordre dans lequel ces diverses pièces se suivent dans nos éditions grecques ordinaires. Mais nous nous en écartons à l'égard de la seconde de Pierre, en lui assignant, et pour des motifs analogues, la place que lui avait aussi réservée Calvin. Les Bibles catholiques et protestantes, et même celles des Luthériens et celles des Réformés, diffèrent entre elles en ce qui concerne Tordre de toutes ces épîtres; il y a même aujourd'hui des éditions grecques qui placent l'Épître aux Hébreux avant celles à Timothée. Quant aux trois épîtres de Jean, nous avons préféré les réunir au quatrième évangile, avec lequel elles sont dans un rapport plus intime.

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