Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

APOCALYPSE DE JEAN

Chapitre 15

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1 Et je vis au ciel un autre signe grand et étonnant: sept anges qui tenaient les sept dernières plaies, par lesquelles s'accomplissait la colère de Dieu.

XV, 1. Après les préludes consignés au chapitre précédent, celui-ci doit enfin amener et décrire les châtiments eux-mêmes dont les réprouvés ont été menacés, ou plutôt raconter prophétiquement les catastrophes qui vont changer la face du monde. C'est aussi ce que l'auteur annonce dans les quelques lignes par lesquelles il débute ici. Mais nous n'avons encore dans ce texte qu'une espèce de programme ou de suscription, car ce n'est qu'au V. 5 que les sept anges en question deviennent réellement visibles et paraissent sur la scène. Il convient donc de se rendre compte de la place que ces sept anges occupent dans l'économie générale du drame. À cet effet, il faut se rappeler que le livre de l'avenir était fermé avec sept sceaux, ouverts successivement en présence du prophète; le 7e sceau fait apparaître les sept anges avec les trompettes; la 7e trompette fait apparaître les sept anges avec les dernières plaies, que nous allons voir à l'œuvre. Nous avons donc ici une dernière évolution de la série des visions, tout à fait symétrique avec les deux précédentes, savoir: d'abord quatre anges dont la besogne forme un ensemble, séparé de ce qui suit; puis un cinquième et un sixième, isolés dans leur ministère; puis un entracte; enfin le septième et dernier.

2 Et je vis comme une mer transparente mêlée de feu, et ceux qui avaient été victorieux contre la bête et son image et le chiffre de son nom, étaient placés sur cette mer transparente et tenaient des harpes de Dieu. Et ils chantaient le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l'agneau, en disant: Grandes et admirables sont tes œuvres. Seigneur Dieu tout-puissant! Justes et vraies sont tes voies, 6 Roi des nations! Qui ne craindrait point, ô Seigneur, et ne glorifierait ton nom? Car toi seul tu es saint, et toutes les nations viendront se prosterner devant toi, parce que tes jugements se sont manifestés!

XV, 2-4. Une troisième fois (comp. chap. XI, 15 suiv., et XIV, 1 suiv.) l'accomplissement promis et imminent des décrets de Dieu est célébré d'avance par ceux qui y trouveront le repos et la félicité. La certitude absolue de l'issue ne pouvait être mieux marquée que par ce cantique de triomphe anticipé. On remarquera que les élus, tout à l'heure abrités sur la montagne de Sion, se retrouvent ici sur la me7' de verre ou de cristal (chap. IV, 6), c'est-à-dire au ciel, lequel cependant ne se présente pas ici dans sa sérénité parfaite, image du bonheur, mais porte, dans ses rayons de feu, les symboles de la colère vengeresse du Juge qui s'apprête à frapper le grand coup.

Le cantique de Moïse et le cantique de l'agneau ne sont point deux cantiques différents, et le premier n'est point celui de l'Exode (chap. XV) ou du Deutéronome (chap. XXXII). C'est un seul et même cantique, dont le texte, consigné ici, se compose de réminiscences de l'Ancien Testament, de doxologies très fréquentes dans les psaumes surtout (voy. par ex. Ps. CXI, 2; CXXXIX, 14; CXLV, 17. Jér. X, 7, etc.). L'association des noms de Moïse et de Christ nous fait voir encore une fois l'étroit et indissoluble lien qui unit l'ancienne et la nouvelle alliance dans l'esprit de Fauteur, pour lequel l'Église est le vrai Israël. Comp. chap. II, 9; III, 9; VII, 4 suiv. ; X, 7; XI, 1; XIV, 1, etc.

5 Après cela je vis comme le sanctuaire du tabernacle céleste du témoignage fut ouvert, et les sept anges qui tenaient les sept plaies en sortirent, revêtus d'un lin pur et éclatant, et ceints de ceintures d'or autour de la poitrine. Et l'un des quatre animaux donna aux sept anges sept coupes d'or remplies de la colère du Dieu qui vit aux siècles des siècles. Et le sanctuaire se remplit de fumée par la gloire de Dieu et sa puissance, et personne ne pouvait entrer dans le sanctuaire jusqu'à ce que les sept plaies des sept anges fussent accomplies.

1 Et j'entendis une voix puissante qui disait aux sept anges: Allez verser sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu!

XV, 5-XVI, 1. Plusieurs fois déjà (chap. VII, 15; XI, 19; XIV, 15, 17) il a été question d'un temple qui est dans le ciel; ici ce temple est désigné par le nom de tabernacle du témoignage, expression consacrée dans la Bible grecque pour désigner le sanctuaire ambulant des temps mosaïques. Nous nous représenterons ici Dieu siégeant dans l'intérieur de ce tabernacle, dans le Saint-des-Saints, comme on l'appelait, sur les Chérubins (les animaux de l'Apocalypse); et si à cet endroit ce sanctuaire s'ouvre et qu'il en sort une voix, cela veut dire que Dieu enfin prend une part directe et décisive à l'action. Mais c'est en même temps une nouvelle preuve de ce fait que, pour la forme des visions, les différentes scènes ne sont pas dans une dépendance absolue Tune de l'autre. Jusqu'ici, du moins au commencement (chap. IV), nous avons pu nous représenter le trône de Dieu placé dans un endroit parfaitement visible et pour ainsi dire en plein air.

La majesté de Dieu, malgré l'ouverture des portes, se cache dans la fumée (Ésaïe VI, 4), produite, non par l'encens qu'on brûlerait devant lui, mais par l'éclat même de sa gloire et de sa grandeur. Elle reste inaccessible pendant la durée de l'accomplissement de ses décrets, parce que dans ce moment ce n'est point la clémence du père des miséricordes qui se révèle au dehors, c'est l'ardeur dévorante du courroux de sa justice. — Pour les sept anges qui reçoivent l'ordre d'exécuter le décret suprême, on peut comparer le tableau du neuvième chapitre d'Ézéchiel, quoique les détails ne soient pas les mêmes.

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