Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

APOCALYPSE DE JEAN

Chapitre 10

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1 Puis je vis un autre ange puissant qui descendait du ciel, enveloppé d'un nuage; il avait Parc-en-ciel au-dessus de sa tête, et sa face était comme le soleil, et ses jambes comme des colonnes de feu, et dans sa main il tenait un petit livre ouvert. Et il posa son pied droit sur la mer et son pied gauche sur la terre, et il cria d'une voix forte comme le rugissement d'un lion, et lorsqu'il cria, les sept tonnerres firent entendre leurs voix. Et quand les sept tonnerres eurent parlé, je voulais écrire; mais j'entendis une voix du ciel qui disait: Scelle ce qu'ont dit les sept tonnerres et ne l'écris point! Et l'ange que je voyais debout sur la mer et sur la terre, leva sa main droite vers le ciel et jura par celui qui vit aux siècles des siècles, qui créa le ciel avec ce qui y est, et la terre avec ce qui y est, et la mer avec ce qui y est, qu'il n'y aurait plus de délai, mais qu'aux jours de la voix du septième ange, lorsqu'il viendrait à sonner de la trompette, le mystère de Dieu serait accompli, comme il l'avait annoncé à ses serviteurs les prophètes.

8 Et la voix que j'avais entendue du ciel me parla encore une fois et dit: Va prendre le petit livre ouvert dans la main de l'ange qui est placé sur la mer et sur la terre! Et j'allai vers cet ange, en lui disant de me donner le petit livre. Et il me dit: Prends-le et l'avale; il te causera des douleurs dans les entrailles, mais dans ta bouche il sera doux comme du miel. Et je pris le petit livre de la main de l'ange et je l'avalai, et dans ma bouche il était comme du miel doux, mais quand je l'eus mangé, je sentis des douleurs dans mes entrailles. Et on me dit: Il faut que tu prophétises encore sur beaucoup de peuples, de nations, de langues et de rois.

X, 1-11. Parallèlement à l'entracte qui s'est placé plus haut (chap. VII) entre l'ouverture du 6e sceau et celle du 7e nous avons ici un second entracte placé entre le signal de la 6e trompette et celui de la 7e. Mais ce second entracte, plus solennel que le premier, parce qu'il est plus rapproché de la catastrophe finale, est aussi plus solennellement amené ou préparé dans la série des visions. Car outre la scène elle-même qu'il comprend, nous voulons dire la partie du drame apocalyptique qui est intercalée entre la 6e trompette et la fin (chap. XI, 1-13), il y a d'abord encore, dans le morceau qu'on vient de lire, une préparation nouvelle et particulière du prophète appelé à recevoir ces communications célestes de plus en plus terribles et saisissantes.

Un nouvel ange paraît sur la scène pour transmettre au prophète la connaissance de ce qui ne lui avait pas encore été révélé jusqu'ici, c'est-à-dire, de tout ce qui arrivera après la sixième plaie, soit avant, soit après le signal à donner par la septième et dernière trompette. Cet ange est donc pour les uns le héraut du châtiment définitif, pour les autres il annoncera le triomphe de la bonne cause. Aussi son extérieur, d'ailleurs impossible à reproduire par le pinceau, symbolise-t-il ces deux faces de l'avenir, d'un côté le nuage et le feu, de l’autre le soleil et l'arc-en-ciel. Il tient un petit livre ouvert, petit, parce qu'il ne contient plus que la dernière partie de l'avenir réservé au monde présent, dont les destinées prochaines ont déjà été révélées antérieurement; ouvert, parce que Dieu n'en veut plus rien cacher, après avoir déjà ouvert le dernier sceau du grand livre.

L'ange crie, les tonnerres répondent, le prophète s'apprête à écrire, mais il lui est enjoint de sceller encore ce qu'il vient d'entendre. Comme ce dernier terme, dans le langage apocalyptique (Dan. VIII, 26; XII, 9; comp. Apoc. XXII, 10), signifie simplement tenir secret, il y a une apparente contradiction entre l'ordre donné verbalement et le symbole du livre ouvert. Cette contradiction disparaîtra si l'on suppose que le sens de toute la scène doit être celui-ci: Le prophète apprendra le tout, rien no lui restera caché, mais il doit ne le faire connaître que successivement, selon l'évolution régulière des faits; l'impatience naturelle du mortel pouvant autrement l'engager à passer immédiatement à la description du résultat final. Aussi bien l'ange, qui vient de lui intimer l'ordre de sceller ce qu'il a entendu, jure-t-il que cette injonction n'implique pas le fait de nouveaux délais dilatoires, qu'au contraire le mystère de Dieu, c'est-à-dire précisément l'ensemble des décrets divins relatifs aux destinées du monde et des hommes et non encore connus en ce moment, va être accompli incontinent. — Les sept tonnerres peuvent à la rigueur être dérivés du 29e Psaume; il sera cependant plus simple de n'y voir qu'un superlatif. L'ange parle, le ciel répond par ses échos, l'une et l'autre voix doivent être censées résumer en deux mots le décret définitif, dont l'accomplissement doit commencer tantôt avec le signal de la 7e trompette. Mais il y aura bien des choses à voir et à décrire, avant que le rideau ne se lève pour la scène finale; jusque-là le dernier mot, prononcé d'avance au nom du Très-Haut, doit être scellé.

L'idée de la communication de la science de l'avenir à un mortel est symbolisée, d'après Ézéchiel (chap. III), par l'image du livre avalé, image grotesque pour ceux qui s'en tiendraient à la forme et qui voudraient la saisir par l'imagination, mais parfaitement naturelle dès qu'on s'en tient à l’idée qu'elle exprime. Il doit être doux à l’homme d'être honoré de pareilles communications, son amour-propre peut en être flatté, mais bientôt il se sentira accablé sous le fardeau immense qui lui est imposé; dépositaire de secrets terribles, il aura l'amertume au cœur (traduction littérale) et il aimerait mieux en décliner la responsabilité. Il y a une idée profondément vraie dans ce symbole, qui est absolument mal compris quand on y trouve le sens de choses heureuses pour les uns et malheureuses pour les autres, que le prophète aurait à révéler. Si c'était là ce que l'auteur avait voulu dire, il n'aurait pas mis les douleurs après la douceur.

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