Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

APOCALYPSE DE JEAN

Chapitre 7

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1 Après cela je vis quatre anges placés aux quatre coins de la terre, et qui retenaient les quatre vents de la terre, afin qu'il ne soufflât pas de vent sur la terre, ni sur la mer, ni sur un arbre. Et je vis un autre ange qui montait du côté du soleil levant, et qui tenait le sceau du Dieu vivant. Et il cria d'une voix forte.aux quatre anges, auxquels il était donné de faire du mal à la terre et à la mer, en disant: Ne faites point de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce que nous ayons mis le sceau sur le front des serviteurs de notre Dieu.

VII, 1-3. D'après la combinaison symétrique du plan du livre, le chap. VII forme l'entracte entre le 6e et le 7e sceau. Les fléaux, qui frappent l'humanité avant la fin, sont passés, les justes et les méchants ont souffert indistinctement. Le 7e sceau doit amener un changement dans l'ordre actuel des choses; il doit préparer la catastrophe qui séparera définitivement les deux catégories des hommes, pour donner à chacun selon ses œuvres. L’entr'acte est destiné à une opération préservatrice en faveur des fidèles. Ils doivent être marqués du sceau de Dieu comme lui appartenant, pour être reconnus par lui et pour échapper ainsi aux coups réservés désormais aux incrédules seuls (comp. 2 Cor. I, 21).

Il se fait un moment de silence dans l'univers; les vents se taisent; aucun souffle n'agite les airs, les éléments déchaînés tout à l'heure sont rentrés dans un repos absolu, sauf à revenir à la charge dès que Tordre leur en sera donné, et pendant ce moment de répit les justes sont marqués du sceau de Dieu.

Comp. pour les quatre coins de la terre et les quatre vents: Jér. XLIX, 36. Zach. VI, 5. Dan. VII, 2. Le sceau n'est autre chose que le nom ineffable de Dieu, chap. II, 17; III, 12; XIV, 1.

4 J'entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau: cent quarante-quatre milliers, de toutes les tribus des enfants d'Israël, étaient marqués du sceau. De la tribu de Juda douze mille étaient marqués du sceau; de la tribu de Ruben, douze mille; de la tribu de Gad, douze mille; de la tribu d'Aser, douze mille; de la tribu de Nephthali, douze mille; de la tribu de Manassé, douze mille; de la tribu de Syméon, douze mille; de la tribu de Lévi, douze mille; de la tribu d'Isachar, douze mille; de la tribu de Zabulon, douze mille; de la tribu de Joseph, douze mille; de la tribu de Benjamin, douze mille étaient marqués du sceau.

VII, 4-8. Le prophète entend, le nombre; cela veut dire que lui-même ne peut pas compter les individus, Dieu seul connaissant les siens du premier jusqu'au dernier; mais le nombre est proclamé par un ange et c'est ainsi qu'il parvient à sa connaissance. Il est essentiel de remarquer qu'en ce moment le prophète se trouve encore transporté en extase au ciel; l'opération de l'impression du sceau sur les fronts est censée se faire sur la terre, où les fidèles vivent encore. Il ne les aperçoit qu'après l'opération dont le résultat est annoncé au ciel par l'ange.

Il est positif que dans ce dénombrement Israël représente, par un nom symbolique, le véritable peuple de Dieu, dans le sens évangélique, et non la nation juive, ou les judéo-chrétiens seuls, comme il a plu à beaucoup de commentateurs de le soutenir. Les douze tribus représentent l'idée de la totalité; le nombre douze et son carré est le nombre parfait et absolu, le coefficient mille marque l'idée de la multitude. Il serait absurde de croire que l'auteur aurait pu s'imaginer qu'il y avait tout juste 12,000 croyants bien comptés dans chacune des douze tribus, pas un de plus ou de moins, et aucun en dehors.

La nomenclature des douze tribus présente des singularités que l'exégèse a souvent mal interprétées. L'ordre et le choix des noms diffèrent de ceux de tous les passages parallèles de l'Ancien Testament. C'est le pur hasard qui a dicté l'un et l'autre, par la simple raison qu'à l'époque apostolique ces noms ne répondaient plus à aucune réalité politique ou autre, et n'étaient plus qu'une affaire de mémoire, et une espèce de forme conventionnelle. Ainsi il a pu arriver à l'écrivain d'énumérer Joseph à côté de Manassé, au lieu de distinguer ce dernier d'Éphraïm, avec lequel il forme en commun la tribu de Joseph; en revanche, pour avoir mis un nom de trop, il en omet un autre, la tribu de Dan, ce qui a donné lieu à la singulière hypothèse que l'Antéchrist devait sortir de cette dernière tribu. Le fait est que déjà dans l'Ancien Testament la nomenclature est une autre dans chaque passage. En comptant Lévi, Joseph ne forme qu'une seule tribu (Gen. XLIX). Quand on compte Joseph pour deux (Ephraïm et Manassé), Lévi est omis (Nombr. XIII. Éz. XLVIII). En comptant toutes les trois, on en omet une autre, par exemple Siméon (Deut. XXXIII) ou Dan (1 Par. IV, ss.). Le nombre douze était sacré et conventionnel; les tribus elles-mêmes disparaissaient comme telles avec les progrès de la civilisation politique et sociale.

9 Après cela je regardai et voilà qu'une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, peuple, tribu et langue, était placée en face du trône et en face de l'agneau. Ils étaient vêtus de robes blanches et tenaient des palmes dans leurs mains, et ils criaient d'une voix forte en disant: La victoire est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l'agneau! Et tous les anges se placèrent en cercle autour du trône et des vieillards et des quatre animaux, et se jetèrent la face contre terre devant le trône et adorèrent Dieu en disant: Amen! Bénédiction, gloire, sagesse, reconnaissance, honneur, puissance et force à notre Dieu aux siècles des siècles!

12 Et l'un des vieillards prit la parole et me dit: Ceux-là qui sont vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d'où sont-ils venus? Et je lui dis: Mon Seigneur, c'est toi qui le sais. Et il me dit: Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation et qui ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'agneau. C'est pour cela qu'ils sont en face du trône de Dieu et l'adorent jour et nuit dans son temple et celui qui est assis sur le trône établira sa demeure au-dessus d'eux: ils n'auront plus ni faim, ni soif, et le soleil ni aucune chaleur ne les accablera plus, car l'agneau qui est au milieu vers le trône les paît et les conduit aux sources des eaux de la vie et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.

VII, 9-17. Ce morceau a donné lieu à une méprise commune à la presque totalité des commentateurs de toutes les nuances. Ils ont cru que la foule innombrable qui paraît ici sur la scène, est différente des 144,000 Israélites précédemment nommés, et représente par conséquent les convertis du paganisme. Rien n'est plus contraire à l'idée de l'auteur. Un ange avait proclamé le nombre des élus marqués du sceau; maintenant Jean les voit paraître devant le trône, c'est-à-dire abrités près de Dieu dans le repos et la paix après les tribulations de la terre. Il est naturel qu'il les appelle une foule innombrable, car aucun mortel ne comptera 144,000 hommes d'un seul coup d'œil. La phrase, d'après laquelle ils sont de toutes les nations, donne la véritable interprétation de la figure de l'lsraël aux douze tribus. On voit qu'il s'agit, non de l'Israël historique (selon la chair, 1 Cor. X, 18), mais de l'Israël de Dieu (Gal. VI, 16), qui est répandu parmi tous les peuples. Nous retrouverons les 144,000 au chap. XIV, et il n'y sera pas question d'une foule différente d'eux.

Les palmes sont le symbole de la victoire; aussi Dieu est-il glorifié ici comme vainqueur et libérateur. — La fiction d'une conversation avec un ange, pour amener l'explication d'une scène allégorique, est empruntée à Zach. IV, 4. — C'est toi qui le sais, est une formule destinée à constater et à excuser l'ignorance de celui qui parle. — Pour les images de la béatitude, voyez És. IV, 6; XXV, 4, 8. Le tout est copié de És. XLIX, 10.

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