Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre 22

----------

1 «Mes frères et mes pères, écoutez la justification que je vais vous présenter» Quand ils entendirent qu'il leur parlait en idiome hébraïque, ils se tinrent plus tranquilles encore, et il dit :) «Je suis un homme juif, né à Tarse, en Cilicie, et élevé dans cette ville-ci; j'ai fait mes études aux pieds de Gamaliel, selon toute la rigueur de la loi de nos pères, plein de zèle pour la cause de Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui. J'ai persécuté cette doctrine jusqu'à la mort, faisant arrêter et mettre en prison hommes et femmes, comme le grand-prêtre et tout le Sanhédrin peuvent me l'attester. Car c'est d'eux que je reçus des lettres pour nos frères de Damas, où je me rendis pour emmener prisonniers à Jérusalem ceux qui se trouveraient là, afin de les faire punir.

6 Or, il m'arriva en chemin, comme je m'approchais de Damas, que vers midi, tout à coup, une vive lumière venue du ciel éclata autour de moi; et je tombai à terre, et j'entendis une voix qui me disait: Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? Et je répondis: Qui es-tu, Seigneur? Et il me dit: Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes. Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n'entendirent point la voix de celui qui me parlait. Cependant je dis: Que dois-je faire, Seigneur? Et le Seigneur me dit: Lève-toi et va-t'en à Damas; là on te dira tout ce qui t'est ordonné de faire. Et comme j'avais perdu l'usage de mes yeux, par l'éclat de cette lumière, j'arrivai à Damas en me laissant conduire à la main par ceux qui étaient avec moi.

12 Or, un certain Ananias, un homme selon la loi, qui jouissait d'une bonne réputation auprès de tous les Juifs de cet endroit, vint se présenter chez moi et me dit: Saul, mon frère, ouvre les yeux! Et à l'instant même je recouvrai la vue et je le vis. Et il me dit: Le Dieu de nos pères t'a prédestiné à connaître sa volonté, et à voir le Juste et à entendre la voix de sa bouche; car tu dois être son témoin auprès de tous les hommes, relativement à ce que tu as vu et entendu. Et maintenant, pourquoi tarderais-tu? Lève-toi, reçois le baptême et lave-toi de tes péchés, en invoquant son nom.

17 Et quand je fus de retour à Jérusalem, comme je faisais ma prière dans le temple, il m'arriva de me trouver en extase, et de le voir qui me disait: Hâte-toi de sortir au plus tôt de Jérusalem, car ils n'accepteront pas ton témoignage à mon égard. Et je répondis: Seigneur, ils savent eux-mêmes que je faisais jeter en prison et fustiger dans les synagogues ceux qui croyaient en toi, et que, lorsque coula le sang d'Étienne, ton témoin, moi aussi j'y étais, applaudissant à sa mort, et gardant les vêtements de ses bourreaux. Et il me répondit: Va, car je veux t'envoyer au loin chez les païens »

XXII, 1-21. Pour toutes les observations essentielles à faire sur le récit qu'on vient de lire, nous renvoyons nos lecteurs à notre commentaire sur le passage parallèle du neuvième chapitre. Nous n'ajouterons que peu de mots sur ce qui est nouveau dans cette seconde narration.

L'entrevue avec Ananias est racontée avec des détails omis plus haut, mais très naturels et très nécessaires. Paul tient d'abord à constater l'orthodoxie judaïque de ce disciple, homme selon la loi (ou, d'après une autre leçon, pieux selon la loi), comme il avait aussi insisté sur ses propres précédents. Ainsi, ni chez l’un, ni chez l'autre, les tendances et convictions chrétiennes ne proviennent d'un sentiment hostile à la loi, au contraire, elles s'allient toujours à un attachement sincère aux institutions nationales. La doctrine (le christianisme) n'est donc point quelque chose d'opposé au mosaïsme, et ce dernier a tort de la haïr et de la persécuter. Témoins les Juifs de Damas, qui portaient un jugement tout à fait favorable sur le chrétien Ananias. Car ce dernier est à la fois un Juif fidèle à la loi et un organe de Christ (le Juste par excellence, III, 14; VII, 52) pour faire connaître à Paul sa vocation nouvelle.

Le second fait, l'apparition de Jésus au temple, n'est pas mentionné ailleurs. Mais nous voyons par 2 Cor. XII, I, que des visions de ce genre n'étaient pas absolument rares dans la vie de Paul. Ce qui est raconté ici de paroles échangées entre Jésus et Paul, nous permettrait de jeter un regard dans l'âme de ce dernier et de reconnaître le travail qui se faisait en lui, à l'époque où il dut prendre une résolution définitive sur son futur ministère. Car il est très probable que ce fait se rattache au voyage de Jérusalem mentionné au chap. IX, 26. Malheureusement le texte n'est pas bien clair. Jésus dit: Quitte Jérusalem, car les Juifs ne t'écouteront pas. Paul répond: Ils savent que j'ai persécuté les chrétiens. Jésus insiste et le fait apôtre des païens. Dans quel sens devons-nous prendre la réponse de Paul? Veut-il simplement dire que c'est chose naturelle que les Juifs ne veuillent pas l'écouter, un homme qui change de conviction étant toujours mal vu de ceux qu'il quitte? Ou bien le sens de sa réponse est-il que ses antécédents, son ancien fanatisme, dont le souvenir n'est pas effacé, devrait prouver aux Juifs que sa conversion est bien sérieuse et pourrait être un motif de plus pour eux de l'écouter? Dans le premier cas, Paul abonderait dans le sens de l'invitation qui lui est adressée, dans le second, il ferait une objection. Si nous consultons notre sentiment, cette dernière interprétation nous paraît préférable; Paul voudrait rester, se consacrer aux Juifs, les faire arriver là où il est arrivé lui-même. Une impulsion supérieure domine son secret désir, et lui assigne un champ à la vue duquel il pouvait éprouver une certaine hésitation, comme on l'éprouve en face de l'inconnu. De nombreux passages des Épîtres militent en faveur de cette conception; c'est Christ lui-même qui l'a envoyé au dehors (Gal. 1,16. Éph. III, 2 ss., etc.), lui, il aurait voulu rester dans la sphère que lui assignait sa naissance (Rom. IX, 1 ss.).

On peut admettre que Paul voulait continuer son apologie pour expliquer ses relations avec les païens. Mais la mention seule du fait éveille les antipathies de ses auditeurs, qui ne lui permettent pas de continuer.

22 Ils l'écoutèrent jusqu'à ce mot; mais alors ils élevèrent la voix et crièrent: «Qu'on ôte cet homme de la terre! Il ne devrait pas vivre!» Comme ils vociféraient, et jetaient leurs vêtements et lançaient de la poussière en l'air, le commandant le fît conduire dans l'intérieur de la citadelle et ordonna qu'on lui appliquât la question au moyen du fouet, pour savoir à cause de quoi on criait ainsi contre lui. Mais comme on l'étendit pour le frapper avec les courroies, il dit au capitaine qui assistait: «Vous est-il permis de flageller un citoyen romain qui n'est pas même condamné?» Le capitaine ayant entendu cela, se rendit chez le commandant et le lui rapporta en disant: «Que vas-tu faire? Cet homme est un Romain!» Alors le commandant se rendit auprès de lui et dit: «Dis-moi, tu es un Romain?» Et il répondit: «Oui!» Le commandant répliqua: «Moi j'ai acheté ce droit de cité pour un grand capital!» Et Paul reprit: «Et moi je l'ai eu en naissant!» Aussitôt ceux qui allaient lui appliquer la question se retirèrent et le commandant, de son côté, quand il sut que c'était un Romain, conçut des craintes, parce qu'il l'avait fait mettre aux fers.

XXII, 22-29. Les démonstrations hostiles de la foule doivent sans doute être interprétées dans ce sens, qu'on s'apprêtait de nouveau à arracher Paul aux mains des soldats. Les plus rapprochés se débarrassaient de leurs manteaux qui gênaient leurs mouvements, et les plus éloignés ramassaient ce qu'ils trouvaient sous leurs pieds pour le lui jeter à la tête. Car on devait le voir au loin, puisqu'il était placé sur les marches. Le commandant, qui ne comprenait pas ce qui avait été dit, parce qu'il ne savait pas l'hébreu, et qui probablement n'y aurait pas compris davantage s'il l'avait su, prit le parti de se servir de moyens coercitifs pour apprendre la vérité. De pareils moyens ont toujours été en usage dans les interrogatoires criminels. Il ordonne donc de flageller son prisonnier avec des courroies (peut-être armées de pointes de fer — les détails archéologiques sont incertains), pour le forcer de faire des aveux. Paul proteste en sa qualité de citoyen romain (XVI, 37). Le commandant ne comprenait pas d'abord qu'un homme qui évidemment était Juif et étranger à l'Italie, lequel d'ailleurs par son extérieur ne se présentait pas comme appartenant à une classe élevée de la société, fût en possession d'un privilège que lui, officier supérieur, n'avait obtenu qu'au prix d'une forte somme. Cependant les explications que Paul put lui donner le satisfirent et il le laissa en repos, songeant à d'autres moyens de s'éclairer au sujet de cette affaire mystérieuse.

30 Le lendemain, voulant savoir d'une manière plus certaine pour quel motif il était accusé par les Juifs, il lui fit ôter les fers et ayant provoqué une réunion des chefs des prêtres et de tout le Sanhédrin, il y conduisit Paul et le mit en leur présence.

1 Paul, le regard fixé sur l'assemblée, parla ainsi: «Citoyens et frères, c'est en toute bonne conscience que j'ai jusqu'à ce jour réglé ma conduite sur la loi de Dieu....» Sur cela, le grand-prêtre Ananias ordonna à ceux qui étaient placés près de lui de le frapper sur la bouche. Alors Paul se tourna vers lui et s'écria: «Dieu te frappera à ton tour, mur recrépi que tu es! Tu es assis là pour me juger selon la loi, et c'est au mépris de la loi que tu me fais battre!» Mais ceux qui étaient près de lui dirent: «Tu oses injurier le grand-prêtre de Dieu?» Et Paul répondit: «Je ne savais pas, mes frères, que ce fût le grand-prêtre de Dieu! Car il est écrit: Tu ne parleras pas mal du chef de ton peuple.» 6 Cependant Paul, reconnaissant qu'une partie de l'assemblée était composée de Sadducéens, et l'autre de Pharisiens, s'écria en plein Sanhédrin: «Citoyens et frères, moi je suis Pharisien, fils de Pharisiens; c'est pour mes espérances et pour la résurrection des morts que je suis mis en jugement I» Quand il eut dit cela, il se fit une scission entre les Pharisiens et les Sadducéens et l'assemblée se divisa en deux camps. Car les Sadducéens prétendent qu'il n'y a point de résurrection, ni d'ange ou d'esprit; les Pharisiens au contraire professent ces deux doctrines.

9 II s'éleva alors un grand tumulte et les scribes du parti des Pharisiens prirent sa défense en disant: «Nous ne trouvons pas de faute à cet homme! Eh, si un esprit lui a parlé ou un ange.... ?» Le tumulte étant devenu extraordinaire, le commandant, craignant que Paul ne finît par être mis en pièces par eux, fit descendre la troupe pour l'enlever de l'assemblée et le reconduire à la citadelle.

11 Cependant dans la nuit suivante le Seigneur lui apparut et lui dit: «Rassure-toi! Car de même que tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem, de même tu dois aller rendre témoignage a Rome!»

XXII, 30-XXIII, 11. La scène que nous venons de lire donne lieu à bien des questions dont la solution n'est pas facile. Très probablement le rédacteur, qui n'a pas assisté lui-même à la séance du Sanhédrin, ne fait que résumer les incidents les plus saillants, et son récit présente des lacunes qui ne nous permettent pas de nous faire une idée bien nette de tout ce qui a pu se passer en cette occasion. Ainsi de prime abord, c'est Paul qui prend La parole, sans qu'il soit fait mention d'aucune formalité préalable. Or, comme ce n'est jamais l'accusé qui parle le premier dans une procédure solennelle, on voit par là déjà que nous sommes autorisés à parler de résumé et de lacunes. Ainsi encore, on dirait que Paul a été interrompu dès la première phrase qu'il prononçait et dans laquelle il protestait de sa soumission aux commandements de Dieu. Cela n'est pas précisément impossible; le fanatisme pouvait faire oublier au président le premier devoir de sa charge. Mais alors comment s'expliquer que quelques instants plus tard la moitié de l'assemblée se lève avec une espèce de fureur en faveur de l'accusé tout à l'heure si indignement traité? Il sera plus naturel de supposer que Paul a parlé plus longtemps, et qu'il a pu dire des choses à la fois éloquemment exprimées et puissamment motivées, de sorte que le grand-prêtre, se sentant impuissant à lutter de raisons et d'arguments contre une pareille défense, aura amené un éclat si indigne d'un juge. Si l'on voulait dire qu'Ananias a pu faire frapper Paul pour lui apprendre à se taire jusqu'à ce qu'on lui accordât la parole, cela ne rendrait pas le fait plus naturel qu'il ne paraîtra avec notre explication. Car cela rendrait la sortie de Paul absolument inexplicable, et puis l'on voit clairement par la question adressée par les Pharisiens aux Sadducéens: eh! si un ange ou un esprit lui a parlé...? que Paul avait eu l'occasion et le loisir de reproduire son récit de la veille, et de raconter sa conversion et ses visions. Et dès que nous supposons un discours apologétique, dont cette narration formait l'exorde, la difficulté de cette partie du texte disparaîtra.

Mais en voici une d'une nature toute différente. La conduite de Paul lui-même n'a pas été à l'abri de toute critique. Oubliant la maxime de son maître (Matth. V, 39), il se laisse emporter à son tour à proférer des injures. Blessé dans sa dignité d'homme et dans ses droits d'accusé, il dit crûment à un prêtre injuste et fanatique ce qu'il avait amplement mérité en manquant à son devoir: qui oserait l'en blâmer? Il se sert même à cette occasion d'un terme figuré et proverbial (mur blanchi pour hypocrite), que Jésus avait également employé en parlant des Pharisiens (Matth. XXIII, 27). Tout de même nous mesurons du premier coup d'oeil la grande distance qui sépare le disciple du maître, tant pour le principe, qu'à l'égard de la pratique (Jean XVIII, 23). Cependant ce n'est pas tout; la suite du récit est de nature à nous embarrasser davantage. Quand Paul eut jeté au président ses paroles pleines d'une juste indignation et que les sergents lui firent l'observation qu'il était dans son tort en injuriant le grand-prêtre, il s'excuse, d'un ton tout à coup radouci (mes frères), en disant: je ne savais pas que ce fût le grand-prêtre. Que penser de cette excuse? Il ne suffit pas de dire que Paul ne connaissait pas personnellement Ananias; il voyait en tout cas qu'il avait affaire au président du Sanhédrin, au chef de son peuple. Beaucoup de commentateurs croient pouvoir prendre l'excuse dans un sens ironique. Vraiment, aurait dit Paul, je ne pouvais pas m'imaginer que ce fût le grand-prêtre; je ne reconnaissais pas dans la personne qui usait de pareils procédés envers un simple prévenu, un juge, le chef du premier tribunal du pays! Mais cette interprétation nous semble exclue d'abord par le mot grec (je ne savais pas) qui est mis dans la bouche de l'apôtre, et surtout par la citation (Exod. XXII, 27) qu'il ajoute pour prouver qu'il sait bien que la loi prescrit le respect des magistrats. En effet, en admettant l'ironie, on lui fait dire: si j'avais su à qui j'avais affaire, je n'aurais pas parlé ainsi, car la loi m'interdit de parler mal d'un chef; moi je croyais parler à un simple membre du tribunal; et de cette manière on revient par un détour inutile, non à écarter la difficulté, mais à la constater plus explicitement. Le plus simple sera toujours de dire que Paul, revenu à son sang-froid, et comprenant son tort, veut aussi l'avouer; c'est dans ce but qu'il cite le texte mosaïque qui condamnait son emportement. L'expression je ne savais pas (traduite de l'hébreu, sans doute, de la langue officielle du Sanhédrin), pourrait être jugée mal rendue, ou s'expliquer par le trouble du premier moment. Car prise rigoureusement à la lettre, elle ne serait qu'un bien faible prétexte.

Nous passons à la seconde partie de la scène, qui n'est pas non plus exempte de difficultés. D'abord il sera nécessaire d'admettre encore une lacune dans le récit; car le nouvel incident, raconté v.6 ss., n'est point motivé directement par ce qui précède, et il suppose très évidemment un discours apologétique antérieur, da ns lequel Paul aurait parlé de résurrection, d'espérances, de communications célestes. Rien n'est plus naturel qu'un pareil discours en pareille circonstance. Le rédacteur, qui plus d'une fois déjà a introduit Paul parlant de tout cela dans diverses circonstances, et qui y reviendra plus d'une fois encore, pouvait se dispenser de consigner ici ces mêmes détails. Or, Paul pouvait, tout en parlant plus ou moins longuement, s'apercevoir de l'effet que son discours produisait sur l'assemblée: des marques de croissante impatience, de sentiments hostiles d'un côté, de l'autre, par cette raison même, des démonstrations contraires, les préventions primitives se perdant peu à peu sous la double action des antipathies de l'esprit de parti et d'une défense habile. Saisissant enfin le moment favorable, il enlève pour ainsi dire les suffrages de l'un des deux partis et achève de jeter la discorde dans l'assemblée. Jusque-là tout est clair. Mais ce qu'on comprend moins facilement, c'est que les Pharisiens du Sanhédrin aient pu ignorer ou oublier si vite que Paul était accusé comme apostat, que la question qui l'amenait ici n'était pas celle de la résurrection et des espérances messianiques, mais celle de la valeur de la loi, que Paul contestait; ce qu'on ne comprend pas davantage, c'est que Paul, l'auteur des épîtres aux Romains et aux Galates, affecte de se faire passer pour un Pharisien. Il faut convenir qu'il a fait preuve dans cette circonstance d'une grande habileté oratoire, d'une remarquable présence d'esprit, mais pour ce qui est de la noblesse du caractère, de la grandeur d'âme qui naguère commandaient notre respect et notre admiration à Milet et à Césarée, elles ne se dessinent pas avec une égale énergie dans une circonstance où l'apôtre cache ses véritables convictions, et déplace la question pour détourner l'orage de sa tête. Car il ne s'agissait pas de la résurrection des morts, ni de l'espérance messianique en théorie, mais de Jésus-Christ et de la loi. Et à cet égard, les Pharisiens étaient positivement contre lui. Si donc il a pu réussir à les mettre pour un moment (voyez la suite du récit) aux prises avec leurs adversaires, et que dans ce moment-là, au milieu d'un tumulte comme les passions politiques et religieuses ne le produisent que trop facilement dans les assemblées délibérantes, le commandant, accoutumé aux formes sévères de la justice romaine, ait mis fin à la scène en ramenant son prisonnier, avant que le Sanhédrin n'eût le temps de se reconnaître et de reprendre le procès, c'était une chance heureuse pour Paul, mais le lecteur se tromperait fort, s'il interprétait le récit de manière à croire que les Pharisiens aient pris définitivement fait et cause pour leur adversaire. Ainsi nous pensons que les phrases mises dans la bouche des scribes (v. 9) ne forment qu'un incident du tumulte et ne représentent pas un arrêt, un vote définitif de la majorité de la cour. Par la brusque résolution du commandant, la séance est interrompue, le procès n'est pas jugé.

Nous avons essayé de tirer le meilleur parti possible de cet étrange récit, mais nous avouerons que l'exactitude nous en paraît être fort sujette à caution.

***


Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant