Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES

L’INDÉCISION RELIGIEUSE.

1833


***


Jésus, le Dieu fort et puissant.

Sermon sur Ésaïe IX, 5,

par J.-J. Audebez,

l’un des pasteurs des chapelles du culte protestant non salarié par l’État, à Paris.


«Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, Et la domination reposera sur son épaule; On l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix.»

Nous ne nous souvenons pas d'avoir jamais rien lu de plus vivant et de plus pratique sur la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ que le discours que nous annonçons. Nous pouvons dire que nous l’avons lu avec émotion, et que, venant de le relire encore pour choisir un morceau à citer, nous nous sommes surpris disant de page en page: Voilà la citation qu’il nous faut.

La question que le Seigneur adressa à ses disciples «Et vous, qui dites-vous que je suis?» est celle qu’il adresse encore aujourd’hui à tous ceux, qui font profession de le suivre.

Réfléchissons sérieusement avant de répondre, car la réalité de notre Christianisme dépend de ce que nous pensons de la personne de Christ.

Si tous ceux qui portent le nom de chrétiens étaient sincères, les réponses à cette importante question seraient très diverses, depuis les hommes qui ne voient en Jésus qu’un homme sage et vertueux jusqu’à ceux qui peuvent dire, avec l’apôtre Pierre , «tu es le Christ, le fils du Dieu vivant,» c’est-à-dire, « le vrai Dieu et la vie éternelle « (1 Jean. V. 20).

Comme le dit la Parole elle-même, «bienheureux sont ceux-là,», car une foi véritable et vivante à la divinité du Seigneur ne peut être révélée par la chair et par le sang, mais par notre Père qui est aux cieux.

Nous nous sommes demandé quelquefois si un des meilleurs moyens de chercher à prouver cette doctrine ne serait pas d’admettre pour un moment le système contraire, et d’examiner, dans la supposition que le Seigneur Jésus n’est qu’un homme, ou du moins qu’une créature, les passages les plus frappants et les plus touchants de ses discours. Pour nous borner à un seul exemple entre mille, nous pourrions citer celle parole «Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai,» et demander si l’on ne trouverait pas absurde et impie sur les lèvres d’un être créé, ce qui est si sublime et si ravissant dans la bouche d’un Dieu devenu homme pour sauver les hommes.

M. Audebez a présenté, d’une manière très frappante, une preuve bien connue de la divinité du Seigneur, qui nous paraît tellement forte qu’elle n’admet point de réponse, savoir, que ce Jésus qui, de l’aveu de tous, est le caractère le plus parfait qui ait jamais existé, devient, comme l’exprime le prédicateur, «le plus dissimulé des hommes, le plus consommé des imposteurs,» s’il n’est pas le vrai Dieu, puisqu’il consent à passer pour Dieu, et ne se refuse pas à accepter les honneurs divins, l’adoration, et tous les hommages qui ne sont dus qu’au vrai Dieu.

Nous voudrions pouvoir nous arrêter à examiner les autres preuves, et en particulier celle qui est tirée de l’extrême éloignement que manifestèrent toujours pour l’idolâtrie ces apôtres qui ne font cependant aucune difficulté de nous déclarer que Jésus est «leur Seigneur et leur Dieu»; «Dieu sur toutes choses, béni aux siècles des siècles!» Mais nous renvoyons nos lecteurs au sermon lui-même, en les informant que la suite de ces excellents discours sera publiée en un seul volume, l’auteur renonçant à la forme de publication qu’il a suivie jusqu’ici.

Note de la bibliothèque «Regard»:

N'ayant pas encore trouvé le sermon en question, nous en mettons un autre du même auteur à votre disposition:



L’INDÉCISION RELIGIEUSE


Alors Élie s’approcha de tout le peuple, et dit: Jusqu’à quand clocherez-vous des deux côtés?

Si l’Éternel est Dieu, allez après lui; si c’est Baal, allez après lui!
1 Rois XVIII, 21. (V. Segond)


Outre les circonstances que ce chapitre vient de nous retracer, il faut savoir encore, pour bien entrer dans l’intelligence de notre texte, que non seulement il y avait, du temps d’Élie,

1. une partie du peuple d’Israël demeurée fidèle à l’Éternel, qui le servait;

2. et une partie, tout à fait infidèle, qui offrait ses hommages à Baal, fausse divinité des Sidoniens:

3. mais qu’il y en avait une troisième partie, assez considérable, qui mêlait le culte de l’un avec le culte de l'autre, se prosternant tantôt devant Jéhova , et tantôt devant l’Idole. Par les honneurs que ceux-ci rendaient au vrai Dieu, ils pensaient de se ménager ses faveurs, et l’approbation de ceux qui lui étaient dévoués; et par les honneurs qu’ils rendaient au faux dieu, ils avaient en vue de se rendre agréables à la cour, toute plongée dans l’idolâtrie. C’était là précisément ce que le Prophète appelait «clocher des deux côtés». «Jusques à quand», leur disait-il, «clocher-vous des deux côtés? Si l’Éternel est Dieu, suivez-le; mais si Baal est Dieu, suivez-le».

Il y a, mes chers Auditeurs, tout un raisonnement dans ce peu de paroles, et un raisonnement si fort, si simple, si facile à saisir, que le peuple auquel il était adressé, n’eut rien à y répondre, et garda un profond silence.

Ce raisonnement repose sur le principe, si évident par lui-même, qu’il n’y a, et ne peut y avoir qu’un Être tout-puissant, tout sage, tout bon, seul digne d’être adoré: et que, dès lors, il est absurde et criminel d’en admettre deux ou plusieurs, et de leur consacrer à chacun des autels.

Mais ce n’est pas les Israélites seuls qui se sont rendus coupables à cet égard: hélas! les trois classes d’individus qui existaient parmi eux, aux jours du roi Achab, l’histoire de l’Église et du monde, nous les montre à toutes les époques; et aujourd’hui, non moins qu’alors,

entre les contempteurs déclarés de la religion, qui vivent sans Dieu, sans Christ, sans espérance au monde;

et le petit nombre de vrais disciples de l’Évangile qui suivent humblement le Sauveur, en s’efforçant de le glorifier par leur vie;

il existe toute une classe de personnes, malheureusement trop nombreuses, qui ne sont ni pour ni contre, ou plutôt, qui sont pour et contre tout à la fois, en ce qu’elles n’ont pas moins d’attachement et d’égards pour le monde, qu’elles n’en montrent pour le Christianisme; et en ce que leur cœur et leur vie sont constamment partagés entre Christ et Bélial, deux maîtres incompatibles qui s’excluent l’un l’autre, et que l’Écriture déclare impossible de servir en même temps.

C’est cette classe de personnes, nous le répétons, déplorablement trop nombreuses, que nous avons particulièrement en vue aujourd’hui, et à qui nous venons dire, comme le prophète Élie aux Israélites de son temps: «Jusques à quand clocherez-vous des deux côtés»?

L’indécision sur le grave sujet de la religion est le grand trait qui les caractérise.

Or, notre dessein est de considérer rapidement cette indécision funeste sous le triple rapport — de ses manifestations, — de son mal, — et des moyens par lesquels on doit la combattre.

Heureux, mes chers Auditeurs, si nous pouvions être efficacement en aide à plusieurs pour porter la sonde au fond de leur conscience et pour leur faire découvrir la plaie de leur cœur qui les empêche de remplir toutes fonctions de la vie religieuse!

O Jésus-Christ! s’il y en a qui viennent à reconnaître en eux une telle plaie, et qui te la montrent en gémissant! hâte-toi, hâte-toi d’y verser l’huile et le vin de ta grâce, afin que guéris promptement, ils se mettent à marcher après toi d’un pas ferme, en donnant gloire à Dieu! Amen!

Les manifestations de l’indécision au sujet de la religion, sont tellement nombreuses et variées, que nous n’entreprendrons pas de vous les signaler toutes. Nous en indiquerons quelques-unes seulement, qui suffiront pour vous mettre sur la trace des autres.


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Et, d’abord, une marque non équivoque d’indécision:

c’est le choix que l’on fait entre commandement et commandement, entre précepte et précepte; c’est la préférence que l’on donne à certains devoirs sur d’autres que l’on a négligé entièrement.

Vous le savez: il est tels actes religieux qui sont en quelque sorte de mode aujourd’hui, et que l’on peut accomplir, sans s’attirer ni reproche, ni blâme d’aucun genre; il en est d’autres qui ne sont pas sans attrait intellectuel, et dont la pratique fournit au moi humain plus d’une satisfaction.

Pour ceux-là, l’homme indécis les recherche et s’y livre sans difficulté. Ainsi:

fréquenter le culte public,

assister régulièrement à la prédication de l’Évangile,

faire partie d’une association de bienfaisance,

coopérer d'une manière active à ce qui se fait de nos jours, pour répandre les Saintes Écritures, et pour faire parvenir le Christianisme dans les contrées, où il n’a pas encore pénétré;

s’imposer même, des sacrifices de temps et d’argent, pour concourir à la prospérité des diverses institutions chrétiennes qui existent...,

voilà des choses qu’un bon nombre de gens, soit ici, soit ailleurs, semblent faire avec un intérêt et un dévouement véritables.

Mais ce qui trahit l’indécision de plusieurs, c’est qu’il est d’autres devoirs plus intimes et non moins essentiels, pour lesquels ils sont loin d’avoir et de montrer la même affection; ainsi:

l’examen attentif et fréquent de soi-même,

l’exercice habituel de la présence de Dieu,

la prière individuelle,

la lecture,

la méditation de la Parole pour soi, dans le silence du cabinet ou de la retraite,

le combat intérieur, soutenu avec vigilance et fermeté, contre la chair et ses désirs,

l’entretien de la communion avec le Seigneur:

n’est-ce pas là autant d’obligations indispensables et sacrées, que toute âme, qui a vraiment «choisi la bonne part», reconnaît et s’applique invariablement à remplir?

Mais ces obligations, combien qui les méconnaissent, qui les négligent, qui les laissent de côté, qui n’ont pour elles qu’éloignement et dégoût? Il y a donc pour eux, dans le Christianisme, des choses qui leur plaisent et d’autres qui ne leur plaisent pas; et le choix qu’ils font, entre les unes et les autres, N’ATTESTE-T-IL PAS QUE LEUR CŒUR EST DIVISÉ, ET QU’ILS NE SONT PAS INTÈGRES DEVANT DIEU?


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En second lieu, ceux qui sont indécis sur la religion, en demeurent presque à ce qui n’est qu’extérieur dans les actes du culte et de la piété en général.

Comme nous l’avons vu,

ils ne sont pas sans profession religieuse,

ils font confession de la bouche,

ils s’assemblent au nom du Seigneur,

il n’est pas rare même, qu’il y ait de l’empressement, de la vivacité dans leur zèle:

mais, au fond, s’ils voulaient bien se rendre compte de leur état d’âme, et des véritables motifs qui les font agir, ne seraient- ils pas conduits à reconnaître que ce qu’ils font, ils le font bien plutôt par une sorte de manière d’acquit, pour leur satisfaction personnelle, ou pour éviter les reproches de leur conscience, que pour assurer leur bien-être spirituel, que pour s’avancer vers la perfection, but de leur vocation céleste?

Ayant les dehors de la piété, ils n’en éprouvent point la puissance; la vie cachée, la vie de Dieu leur manque; il est fort à craindre «qu’en prenant leur lampe, ils n’aient point pris de l’huile avec elle», et que le feu sacré n’ait jamais été allumé sur l’autel de leur cœur. Ils prient, sans doute, ou plutôt, ils disent, ils récitent des prières: mais ils ne poussent pas le cri arraché par le sentiment du besoin, le cri de la ferveur, le cri de Moïse lorsqu’il disait: «Éternel! rassasie-nous chaque matin de ta bonté, afin que nous nous réjouissions, et que nous soyons joyeux tout le long de nos jours» (Ps. XC, 14)

Ils cherchent bien à entrer par la porte étroite, mais ils n’y travaillent qu’avec langueur, sans efforts soutenus: ils voudraient bien y entrer, mais en se faisant suivre de tout l’attirail, d’une grande partie, du moins, de leur mondanité: ils aiment trop leurs aises, ils ne peuvent se résoudre à se faire violence à eux-mêmes, oubliant que le royaume des cieux n’est que pour ceux qui le ravissent (Luc XIII, 24: Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Car, je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer, et ne le pourront pas – Matthieu XI, 12: Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s’en emparent.).


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En troisième lieu, ceux qui sont indécis en religion se font connaître comme tels, à la manière avec laquelle ils poursuivent des avantages tout terrestres et périssables, et à la manière bien différente dont ils s’occupent de leurs intérêts célestes et éternels.

Pour ce qui tient à l’acquisition des premiers, ils ont une ardeur, une industrie, une persévérance qui ne le cède à aucun obstacle. Il est bien aisé de voir qu’ils s’y portent de tout leur cœur! Mais quand il s’agit de l’acquisition des seconds, ils n’ont plus ni la même énergie, ni la même habileté, ni la même constance. La moindre difficulté les arrête, les déconcerte, ralentit leur courage; hélas! on peut voir bientôt que leur cœur n’est pas, ou n’est que faiblement de la partie!

Sans doute, ils en savent assez, ils en savent trop sur les biens de l’Évangile pour ne pas désirer d’en jouir; ils ne dédaignent ni les richesses insondables de la grâce, ni l’honneur, la gloire et l’immortalité promis en héritage aux vrais enfants de Dieu; ils souhaitent de les obtenir, de les posséder: mais, combien plus les richesses, les honneurs, la gloire et les plaisirs de la terre, n’excitent-ils pas l’ardeur de leurs désirs?

Sans doute, ce n’est pas sans inquiétude et sans crainte sérieuses qu’ils viennent à penser aux infirmités, aux maux de leur âme, et qu’ils s’arrêtent à considérer le danger de l’éternelle mort qui menace les pécheurs endurcis: mais, combien plus ne sont-ils pas alarmés par une indisposition, une maladie qui affecte leur corps, et leur rappelle «qu’il est ordonné à tous les hommes de mourir une fois»?

On peut dire encore que, sans doute, ils ne se font point un jeu de déplaire à Dieu et de l’offenser; que bien au contraire, ils voudraient lui être agréables: mais, combien plus ne s’étudient-ils pas à plaire aux hommes! combien plus ne redoutent-ils pas le blâme, les reproches de leurs semblables que ceux de leur conscience! et combien de fois, entre désobéir à Dieu et encourir ses jugements, ou se conformer au présent siècle qui est mauvais, pour conserver l’approbation du monde, ils préfèrent, ils choisissent ce dernier parti!


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Aussi, mes chers Auditeurs, un dernier trait que nous ajouterons, comme caractérisant ceux qui sont indécis sous le point de vue religieux, c’est qu’ils ne jouissent pas des précieux avantages de la piété, QUOIQUE SOUS BIEN DES RAPPORTS ILS EN AIENT REVÊTU L’APPARENCE; c’est qu’ils sont étrangers aux douces joies que le Saint-Esprit verse dans l’âme des Chrétiens décidés.

Eh! comment, en effet, goûteraient-ils les charmes de la paix?....

Ils ont la plupart du temps leur propre cœur qui les condamne! et certes, lorsqu’on est accusé, condamné par son propre cœur, il n’est guère possible, à moins d’une grande illusion, d’avoir confiance envers Dieu!

Comment jouiraient-ils des consolations de la liberté?...

Ils sont esclaves! esclaves de leurs goûts, de leurs penchants, de leurs habitudes; esclaves de la crainte des hommes; esclaves de Satan et du monde: au lieu de s’être placés sous «le joug aisé» de Celui qui, étant «doux et humble de cœur», peut seul rendre véritablement libre.» Ils obéissent encore à tous les maîtres impérieux qui tyrannisent les hommes rebelles à Dieu; et combien de fois ne font-ils pas pressentir, par leurs soupirs et leurs plaintes, le poids accablant de leurs chaînes!

Comment encore jouiraient-ils des consolations de la victoire?...

N’étant point en Christ pour être fortifiés au besoin, ils ne peuvent résister, ils succombent au moindre choc: pour eux, être attaqués équivaut presque à être vaincus; leur vie n’est, pour ainsi dire, qu’une suite de séductions et d’entraînements, de tentations et de chutes.

Enfin, ils ne sauraient non plus jouir des consolations de l’espérance, car ils ont sujet de craindre d’être réprouvés de Dieu, n’ignorant pas que «sa colère se déclare manifestement du ciel contre ceux qui suppriment injustement la vérité, et se refusent à lui obéir».

Tels sont les principaux signes auxquels on peut reconnaître l’indécision religieuse.

Nous vous laissons, mes chers Auditeurs, le soin de vous examiner vous-mêmes, pour voir si vous n'en seriez pas atteints à quelque degré; et nous nous hâtons de jeter un coup d’œil sur ce en quoi cette indécision est un mal, et un mal si funeste.

Elle est un mal, premièrement, dans sa nature, considérée relativement à Dieu: car Dieu demande notre cœur tout entier, il veut que nous le cherchions, que nous lui soyons soumis, que nous l’aimons de toutes les forces de notre âme, et que nous l’adorions en esprit et en vérité. 0r, l'indécision aliène de Dieu notre cœur, nous rend flottant entre lui et cent autres objets, et implique une criminelle désobéissance à sa volonté.

D’autre part, qui pourrait l’ignorer?

Dieu a un droit absolu à tout ce qu'il nous est possible de faire pour l’honorer et le servir: et ce droit résulte de ce qu’il est notre éternel Bienfaiteur, de ce que sa bonté et sa miséricorde envers nous sont plus profondes que la mer et plus élevées que les cieux.

Voilà pourquoi il y a devoir, devoir, rigoureux de nous consacrer

à lui, et de lui offrir en tout temps nos corps et nos esprits en sacrifice vivant et saint. Or, l’indécision pervertit, réduit à rien, annule complètement ce tribut, cette offrande de nous-mêmes, et implique la plus noire ingratitude dont on puisse se rendre coupable envers l’Auteur de tout don parfait.

Enfin, dans le baptême qui nous introduit dans l’alliance du Seigneur comme faisant partie de son peuple, il y a engagement pris, engagement solennel pour chacun de nous, «de renoncer au diable et à ses œuvres, au monde et à sa pompe, à la chair et à ses convoitises», et DE NE SERVIR QUE DIEU SEUL,

en croyant ce qu’il nous, révèle,

en faisant ce qu’il nous commande,

en combattant tout ce qui s’oppose à ses desseins et à sa gloire.


Or, l’indécision est une violation flagrante de ce vœu du baptême; car, par elle, on donne à Dieu pour rivaux dans ses affections, le monde, la chair, le sang, le démon et ses œuvres; et par cela même, elle implique une trahison et une perfidie, qu’on ne saurait qualifier!

Écoutez, mes chers Auditeurs, ce qui est écrit des anciens Israélites: «Ils se souvenaient que Dieu était leur rocher, Que le Dieu Très-Haut était leur libérateur. Mais ils le trompaient de la bouche, Et ils lui mentaient de la langue; Leur coeur n’était pas ferme envers lui, Et ils n’étaient pas fidèles à son alliance.» (Ps. LXXVIII, 35-37. V. Segond).

Telle est la triste description que réalisent de point en point aujourd'hui, tous ceux qui «clochent des deux côtés», et demeurent indécis en religion.

L’indécision est encore un mal dans sa tendance, considérée par rapport, soit aux impénitents et aux incrédules avoués, soit aux vrais membres du corps de Christ.

Trop souvent, elle est la cause que le nom et la parole de Dieu sont blasphémés parmi les méchants, et que ses plus fidèles serviteurs sont injustement suspectés de mauvaise foi et d’hypocrisie.


Il ne faut pas se le dissimuler: quelque aveuglés que les pécheurs endurcis soient sur leur propre compte, et sur leurs propres dérèglements, ils ont un tact et une intelligence admirables, pour juger ce que doit être une conduite véritablement pieuse. Ils comprennent fort bien à quoi la religion de la croix soumet ses disciples, et savent généralement tout ce qu’il faut que soit un Chrétien dans sa vie.

Lorsque donc ils voient des personnes connues par leur profession religieuse, et par la confession qu’elles font du saint nom de Jésus, aller, venir, se mêler parmi les esclaves du monde, suivre leur train, porter leur livrée, assister, prendre part à leurs fêtes et à leurs plaisirs, et se montrer ainsi alternativement sérieuses et frivoles, humbles et vaniteuses, détachées du siècle, et dominées par son influence....

Oh! certes, ils ne manquent point de triompher dans leur cœur! et, ce qui est bien plus grave:

ils ne manquent pas de prononcer qu’après tout, la piété n’est qu’un mot, un fard, une sorte de fanatisme; et l’Évangile une fable qui se prête à tous les travers!

Mais ce n’est pas seulement aux inconvertis que l’indécision peut devenir fatale et mortelle: ah! si elle tend à confirmer ceux-ci dans l’incrédulité, et à leur rendre plus difficile, impossible, peut-être, leur retour à Dieu; résultat probable qui doit faire frémir!

Quels sujets d’afflictions ne donne-t-elle pas à l’Église?

Quelle source de scandales, quelles occasions de relâchement et de chute, n’offre-t-elle pas aux âmes encore mal assurées, aux Chrétiens sincères, mais faibles encore?

Oh! non, non, on ne saurait dire combien sont pernicieux et funestes, dans tous les cas, les oscillations, les revirements successifs, et tous les actes en contresens des personnes indécises en religion!

Enfin, l’indécision est un mal dans ses effets, considérée en vue de nous-mêmes. Elle est un mal parce qu’elle nous séduit et nous trompe, en nous faisant prendre l’ombre pour le corps, l’écorce pour l’arbre, l’apparence pour la réalité.

En effet, nous l’avons déjà fait observer deux fois: ceux qui sont indécis en religion, ne sont pas sans religion;

ils ont quelque crainte de Dieu,

ils se réclament du nom de Christ,

ils sont assidus au culte,

ils lisent la Bible,

ils marchent avec les Chrétiens,

ils viennent avec eux à la table sacrée,

ils imitent, enfin, la plupart de leurs œuvres.


Et comme ils sont revêtus, à peu près, de tous les caractères extérieurs de la piété, est-ce merveille s’ils réussissent à se persuader qu’ils vivent dans la piété, et qu’ils ont, au moins, quelque intérêt dans les promesses qui lui sont faites?

Mais, nous le demandons, qu’y a-t-il de plus vain et de plus illusoire que leur attente à cet égard?

L’Écriture ne déclare-t-elle pas en cent endroits, que ceux qui ne sont pas entièrement, exclusivement à Dieu et pour Dieu dans ce monde, seront certainement désavoués, rejetés et punis par lui dans le monde à venir?

Et le Saint-Esprit n’a-t-il pas fait connaître d’avance l’accueil qui leur serait fait, en protestant qu’ils auront beau dire:

«Seigneur, Seigneur, nous avons mangé et bu en ta présence, nous avons écouté tes enseignements»...

«Hommes et femmes adultères», leur sera-t-il répondu,  «ne saviez-vous pas que l’amour du monde était inimitié contre Dieu? et que qui voulait plaire au monde, se rendait ennemi de Dieu»?

«RETIREZ-VOUS DE MOI», leur dira le Seigneur, «je ne sais d'où vous êtes» !...

Ainsi donc, à le bien prendre, on le voit le Christianisme mutilé, le Christianisme bâtard, qui résulte toujours de l’indécision religieuse, est une véritable folie, et de toutes les folies la plus extravagante!

Oui, une véritable folie, puisque par lui on s’attire à la fois la dérision de la terre, les anathèmes du ciel, et la malédiction de l’enfer: une véritable folie, puisque par lui, enfin, on s’expose aux châtiments du péché, sans boire à longs traits dans la coupe enivrante de ses voluptés; et à l’ignominie, aux opprobres de la piété, sans en recueillir les précieux, les éternels avantages!

Et, à présent, mes chers Auditeurs, si convaincus et alarmés de la nature, de la tendance, des tristes suites de l’indécision: et si vous en reconnaissant atteints à divers égards, vous nous demandiez: «Que faut-il faire pour s’en guéri»?

Nous vous répondrions simplement, qu’il faut sans retard céder à l’ascendant de ces vérités qui viennent d’être rappelées, et ne pas résister un instant, un seul instant de plus, à la force de l’évidence!

Nous vous répondrions simplement par les propres paroles du prophète Élie, et nous vous dirions: «Si l’Éternel est Dieu, suivez-le; mais si Baal est Dieu, suivez-le;», car vous ne pouvez, en même temps, ou tour à tour, être les disciples, les adorateurs de l’un et de l’autre.

Entre deux êtres si complètement opposés, il y a nécessité de prendre un parti décisif. Il est impossible de marcher dans deux directions aussi contraires.

Il faut, ou vous élancer franchement, courageusement, «dans le chemin étroit qui mène à la vie»,

ou vous précipiter, tête baissée et sans détour, «dans la route large qui conduit à la mort»!

Et remarquez que ce dernier parti vaut autant que de tergiverser, vu qu’il y a tout à perdre et rien à gagner à clocher des deux côtés.

Dans le Christianisme, il n’y a pas de terme moyen!

Dieu ne peut supporter de partage, il veut tout ou rien, et c’est ne RIEN lui offrir que de lui refuser quelque chose.

«Oh! Si tu eusses été froid ou bouillant! mais parce que tu es tiède», dit-il, «je te vomirai de ma bouche»!

Vous demandez un moyen, mais là! C’est de se placer tout de suite, sans perdre un moment, sous l’empire de ces considérations:

nous ne saurions vous en indiquer un autre.


«SI DONC L’ÉTERNEL EST DIEU, SUIVEZ-LE»...


Et ne savez-vous pas qu’il est Dieu? Le Dieu fort, saint et juste qui hait le péché et qui le punit? comme aussi, le Dieu bon, compatissant et miséricordieux qui fait grâce, et ne demande qu’à pardonner aux pécheurs qui s’approchent de lui par Jésus-Christ?

Oui, vous le savez!

Autant que nous sommes ici, nous ne pouvons pas ne pas le savoir; et nous agissons contre nos propres lumières, contre notre conscience, contre notre raison, toutes les fois que nous affaiblissons, ou paralysons en nous, l’influence de ces vérités!

D’un autre côté, vous n’ignorez pas que Baal, Satan, le monde, ne sont point des dieux, et surtout, des dieux qui puissent ou veuillent vous protéger, vous secourir, vous consoler dans vos afflictions et dans vos épreuves, étancher la soif de bonheur qui vous poursuit partout!

Baal n’était qu’une idole sous la forme et le nom de laquelle Satan se déguisait autrefois; et Satan , l’esprit des ténèbres et du mensonge, est l’ennemi de Dieu, notre plus mortel ennemi à nous-mêmes. Toutes ses suggestions, toutes ses ruses sont infernales! Elles ne tendent qu’à séduire, à égarer et à perdre!

Quant au monde, ignoreriez-vous... non, chacun de vous sait, que ses eaux ne désaltèrent pas, et que bien loin de verser la paix dans les âmes, il n’y dépose qu’un poison amer qui brûle et consume!

Tels étant donc les droits respectifs qu’ont sur vous l’Éternel Dieu, votre Créateur, votre Conservateur, votre Bienfaiteur de tous les jours et de tous les moments, qui veut être votre Sauveur: et Satan, et le monde, qui ne peuvent et ne veulent que vous entraîner à une ruine certaine: vous serait-il si difficile de prendre un parti, et de le prendre conforme à vos intérêts?

Oh! décidez-vous donc!

Hâtez-vous et ne différez plus, car «de clocher encore des deux côtés», c’est, nous le répétons, le pire, le plus misérable de tous les états!

Et ne dites point comme Agrippa, «il s’en faut peu que tu ne nous persuades d’être Chrétiens»!... Ah! gardez-vous de tenir ce langage de l’endurcissement!


Soyez Chrétiens en effet;

Chrétiens déterminés,

Chrétiens vivants,

Chrétiens humbles,

Chrétiens actifs et persévérants!


Aujourd’hui même, et sans aucun délai, déclarez, notifiez au monde votre résolution! Dites aux parents, aux amis, aux connaissances, à tous ceux qui ont pu contribuer à vous tenir jusqu’à ce jour en suspens; dites-leur:

«Venez, venez avec nous à la montagne de Sion: c’est là que la bénédiction et la paix sont ordonnées pour toujours! venez, venez vous établir avec nous dans la maison du Dieu de Jacob, pour que nous puissions ensemble suivre ses lois, et marcher dans tous ses sentiers: ou bien, choisissez qui vous voulez servir; mais pour nous, désormais, et décidément, nous servirons l’Éternel»! Amen!


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Le temple chrétien.


Remarque sur le sermon pour la dédicace du temple du Grand-Gallargues (Gard),

prononcé, le 28 janvier 1833, par J.-P. Hugues, pasteur suffragant.


Parmi les trois mille auditeurs qui, comme nous le voyons dans une des notes de ce discours, se pressaient dans le nouveau temple du Grand-Gallargues, nous craignons bien qu’il n’y en eût un bonnombre qui, s’ils eussent été aussi francs et aussi sincères que le brave homme de l’anecdote citée dernièrement dans ce journal,se seraient plaint à M. Hugues de n’avoir pas compris grand-chose à son sermon d’inauguration.

On reproche avec raison au catholicisme de célébrer le service de Dieu dans une langue que l'on n’entend pas; mais, en vérité, n’aurait-il pas à peu près autant valu parler latin ou grec aux bons habitants du village du Grand-Gallargues et des autres villages voisins, rassemblés pour cette pieuse solennité, que de prononcerdevant eux un discours où l’on trouve les noms de Solon, de Socrate, de Platon, de Pompée, d’Erostrate , etc., et où l’on est tout surpris de voir apparaître le panthéon d’Athènes et les temples de Delphes et d’Éphèse; car ces paroles n’ont certainement été pour la plupart des auditeurs que des sons qui frappaient leurs oreilles, sans exciter aucune pensée dans leur esprit, ni aucun sentiment dans leur cœur.

Nous ne nous arrêterons pas à relever quelques erreurs historiques qui ont échappé à notre jeune auteur, elles sont à nos yeux sans importance; mais nous lui demanderons comment il se fait qu’un pasteur, qui doit faire profession de regarder l'Ancien Testament comme inspiré deDieu tout aussi bien que le Nouveau, et la religion judaïque comme une institution divine destinée à préfigurer la religion chrétienne et à lui préparer les voies, AIT PU METTRE LE JUDAÏSME SUR LA MÊME LIGNE QUE LE PAGANISME ET LE MAHOMÉTISME, LES PROPHÈTES DU DIEU VIVANT A CÔTE DES AUGURES....

Cette affligeante confusion se retrouve à plusieurs reprises. Nous laisserons de côté beaucoup d’autres remarques, et nous ne nous serions pas autant étendu sur ce sermon, si nous n’avions cru utile d’en signaler le défaut principal, défaut qui se reproduit en France plus qu’ailleurs, et plus que partout peut-être dans le midi de la France, où il est d’autant plus saillant et d’autant plus fâcheux que l'usage du patois est encore si généralement répandu dans les villages et parmi les classes inférieures des villes, que I’on ne saurait parler un français trop simple et trop familier, si l’on désire être compris et faire du bien.

Nous savons que là comme ailleurs on admire souvent d’autant plus que l’on comprend moins, et que:

la plupart des auditeurs aiment bien mieux entendre de grands mots qui ne leur disent rien,

que des exhortations claires et pressantes à venir à Christ pour être guéris et régénérés, qui agitent leurs consciences, et troublent la fausse paix dans laquelle ils se complaisent.

Il est donc bien possible que le discours de M. Hugues n’eût pas été aussi goûté s’il avait été tout entier sur le ton de ce passage d’une exhortation aux indifférons que nous nous plaisons, à citer: «C’est assez clocher des deux côtés, c’est assez servir deux maîtres; aujourd’hui plus de neutralité, aujourd’hui plus d’indécision,aujourd’hui plus de tiédeur. Il faut que vous soyez froids ou que vous soyez bouillants, que vous vous joigniez aux vrais Israélites ou que vous vous rangiez avec les Gentils. Il faut que vous vous donniez entièrement au monde ou que vous vous consacriez entièrement à Dieu.»

Un passage tel que celui-ci, où la vérité est dite avec fermeté et avec simplicité, nous fait espérer que M. Hugues nous saura bon gré de lui avoir fidèlement signalé les dangers de la mauvaise route dans laquelle sa jeunesse s’est imprudemment engagée, et qu’il n'aura point de honte de revenir sur ses pas, et de chercher désormais à faire un véritable bien aux âmes travaillées et chargées, en les conduisant simplement au bon Berger qui a mis sa vie pour ses brebis.

Nous engageons tous les pasteurs à méditer sérieusement le court mais excellent chapitre du ministère évangélique dans les pensées chrétiennes de M. Adam, et en particulier cette phrase qui dit beaucoup en peu de mots:


«Il n’y a qu’une bonne manière de prêcher, et c’est d'annoncer simplement les simples vérités de l’Évangile;

mais cette manière est la plus difficile de toutes, car ELLE SUPPOSE LA CONVERSION CHEZ LE PRÉDICATEUR.»


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