La piété dans l'enfance exerce une influence bénie sur toute la vie. - Fautes commises dans la jeunesse. - Souffrances qu'elles occasionnent. - Caïn. - David. - Un jeune homme pieux. - Bénédiction spéciale de Dieu. - Les enfants pieux de la Bible.
En se donnant à Dieu dès son
enfance, on s'assure un avenir béni.
L'enfant pieux s'éloigne du mal qui plus
tard empoisonne la vie de celui qui s'y est
livré. Le temps de la jeunesse est celui des
semailles, comme le temps de l'âge mûr
est celui de la moisson. Il me sera peut-être
difficile, mes jeunes lecteurs, de vous faire
comprendre cette vérité, qui est
surtout enseignée par l'expérience
personnelle. Toutefois, sentant son importance, et
sachant combien elle est propre à exercer
une grande influence sur le coeur
de celui qui la comprend, je veux essayer de vous
en convaincre.
Et d'abord, laissez-moi vous assurer qu'il est
souvent nécessaire, pour être
réellement heureux sur la terre, que notre
vie ait été exempte de graves
écarts, de grossiers péchés.
Dans tous les cas, il est sûr qu'une telle
vie procure un grand calme et de bien douces
jouissances.
Les fautes graves dont on s'est rendu coupable
sont, au contraire, de bien douloureux souvenirs.
Que d'hommes qui voudraient pouvoir effacer ces
points noirs qui apparaissent dans leur vie
passée et la décolorent !
Supposez, par exemple, que Caïn, après
son meurtre, se soit réellement converti
à Dieu ; ne comprenez-vous pas
facilement que le souvenir de son crime, bien que
Dieu le lui eût
pardonné, ait jeté
un voile de tristesse sur toute sa vie ? Ce
qui n'est qu'une supposition pour Caïn est un
fait pour plusieurs, et pour David en
particulier ; le souvenir de son meurtre
était constamment présent à
son esprit, et il s'écrie dans l'angoisse de
la repentance : « Mon
péché est continuellement devant
moi. »
Il en sera ainsi, mes enfants, de tous les
grossiers péchés dont vous vous
rendrez coupables dans votre jeunesse ; ils
porteront leur amertume jusque dans la vieillesse
toute blanche ! Il est donc bien important
pour vous de vous éloigner du mal dès
le début de la vie, et cela vous est
impossible sans le secours d'en haut, sans une
vraie piété.
Les grandes fautes commises dans l'enfance nuisent
encore à notre utilité future ;
elles nous privent de la
confiance de nos semblables, confiance sans
laquelle nos efforts pour le bien sont souvent
frappés d'une désespérante
stérilité. C'est pour cela, sans
doute, que saint Paul voulait que le ministre de
l'Évangile possédât un bon
témoignage de ceux du dehors. Jésus
aima le jeune homme qui avait pu lui dire en
vérité que dès sa jeunesse il
avait observé tous les commandements. Il en
aurait probablement fait un messager de la bonne
nouvelle, si le jeune riche avait pu accomplir le
sacrifice que son maître lui demandait.
Mais une vie morale n'est pas seulement
nécessaire à ceux qui doivent
être les ministres de l'Évangile, elle
l'est encore aux simples fidèles qui veulent
faire du bien autour d'eux. J'ai connu un jeune
homme qui se convertit à l'âge de
vingt ans environ ; sa
jeunesse avait été
légère, dissipée. Un immense
changement avait eu lieu chez lui par sa
conversion, et il aurait voulu se rendre utile au
milieu de ses amis ; mais ses efforts furent
grandement paralysés par le souvenir de ses
antécédents.
Je ne dis pas que ce soit toujours le cas, encore
moins suis-je disposée justifier le fait que
je rapporte : je le constate uniquement comme
renfermant un sérieux avertissement à
l'adresse de tous ceux qui sont encore jeunes.
Il y a plus. Les hommes sont souvent appelés
à faire une foule de choses dont ils se
sentent incapables par le seul fait qu'ils ne s'en
sont pas occupés assez tôt.
Cette négligence dans le passé les
empêche maintenant de remplir tel poste que,
sans cela, ils auraient pu
occuper facilement.
Un jeune élève, bien doué, en
pension dans un établissement où il
était facile de recevoir une instruction
solide et variée, négligea, par
paresse et par manque de goût, deux branches
d'instruction qu'il jugeait peu essentielles, et
pour lesquelles, surtout, il ne sentait pas
beaucoup d'attrait. Toutes les observations de ses
professeurs furent inutiles à ce sujet. Or,
comme notre jeune ami était
l'aîné d'une famille nombreuse et peu
fortunée, il devait, aussitôt que
possible, prendre une position lucrative.
L'occasion ne tarda pas à se
présenter. Un des professeurs de
l'établissement reçut une lettre lui
offrant une place avantageuse pour un de ses
élèves ; seulement on posait
comme condition essentielle que le
sous-maître pût enseigner les
éléments du dessin et
de la géométrie, les deux branches
qui précisément avaient
été négligées par le
jeune homme en question. Sur tous les autres
points, il convenait parfaitement, et cependant on
dut répondre négativement. Je ne
connais pas les conséquences
matérielles que ce refus eut pour notre
jeune ami, mais ce dont je suis sûr c'est
que, sur le moment, il en fut profondément
mortifié.
La négligence pour les choses de Dieu a des
conséquences bien autrement fâcheuses
que la perte d'une position avantageuse. Combien
d'hommes qui sont semblables au figuier
stérile, occupant inutilement la terre, et
qui auraient pu, au contraire, y exercer un
ministère béni, s'ils n'avaient pas
refusé ou différé de
répondre aux appels de Dieu !
Les dons spirituels se développent par le
bon usage que nous en
faisons ; ils se rouillent, au contraire,
lorsqu'on les laisse enfouis ! L'enfant donc
qui, de bonne heure, se consacrera au service de
Dieu, se préparera tout naturellement
à devenir un homme dans le monde et dans
l'Église.
Ce résultat est d'autant plus certain que
Dieu a promis une bénédiction
spéciale à ceux qui cherchent,
avant toute autre chose, son royaume et sa justice. Il s'est
plu dans tous les temps à se
servir de tels hommes pour accomplir sur la terre
ses grands desseins de miséricorde. Il
suffit de lire la Bible pour voir combien leur
rôle, dans le développement du royaume
de Dieu, est proéminent, je dirai même
glorieux.
Lisez, mes jeunes amis, l'histoire de Joseph, de
Moïse, de Samuel, de David, de Daniel,
etc. ; vous serez, j'en suis sûr
saisis d'étonnement en
voyant tout le bien que Dieu a accompli sur la
terre par le moyen de ces saints hommes dont la vie
entière a été consacrée
à son service. L'histoire de
l'Église, depuis Jean Baptiste
jusqu'à nos jours, nous fournit aussi de
nombreux exemples de cette
vérité.
Si donc, mes jeunes lecteurs, vous désirez
avoir part à cette bénédiction
spéciale ; si vous voulez devenir
réellement grands devant Dieu et devant les
hommes, si, surtout, vous souhaitez de vous rendre
utiles sur la terre, y accomplir toute votre
mission, et cela dans les meilleures
conditions : Souvenez-vous de votre
Créateur pendant les jours de votre
jeunesse.
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