Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VII

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Dernières considérations. - Danger de goûter les délices du péché. - Témoignage de la Bible et des hommes pieux. - Incertitude de la vie. - Grande mortalité chez les enfants. - Deux histoires. - Conclusion.


 

Très probablement la plupart d'entre vous, mes jeunes lecteurs, désirez sincèrement vous consacrer un jour au service de Dieu ; seulement, vous ne voulez pas le faire encore.
Vous pensez que vous devez, avant, jouir des plaisirs du monde. Qui sait ?
Vous croyez peut-être que plus tard, quand vous serez vieux, vous pourrez d'autant mieux apprécier les avantages de la piété que vous aurez connu personnellement les angoisses d'une conscience coupable et la vanité des plaisirs mondains.
Peut-être aussi pensez-vous qu'après avoir fait cette expérience il y aura moins de danger pour vous de retourner dans le monde, et que les tentations, à cet égard, seront moins redoutables.

Ceux qui raisonnent ainsi connaissent peu la faiblesse et la corruption du coeur de l'homme ; ils ne savent pas tous les dangers qu'il y a à goûter les délices du péché, ne fût-ce que pour quelques jours.
La Parole de Dieu, qui est plus sage que l'homme, déclare positivement qu'au lieu d'être mieux disposé pour servir Dieu, quand on a commencé à vivre dans le péché, il arrive un moment où l'on se sent porté à dire : « Je n'y prends point de plaisir. »

Les faits sont d'accord avec la Parole sainte ; ils nous montrent qu'il y a tout à gagner à servir Dieu dès son enfance, et tout à perdre en agissant différemment. On n'a jamais vu que ceux qui ont eu le privilège de se souvenir de leur Créateur dès leur jeunesse aient manifesté le moindre regret à cet égard, tandis qu'au contraire ceux qui ne l'on fait qu'après avoir vécu dans le péché pendant la plus belle partie de leur vie, ont amèrement déploré le temps qu'ils ont consacré à des choses futiles et mauvaises.

Un proverbe dit que si vieillesse pouvait, et que si jeunesse savait, les choses, dans ce monde, iraient beaucoup mieux. Il est, sans doute, impossible de donner la force de la jeunesse aux vieillards, mais il ne l'est pas de faire profiter les jeunes gens des expériences de ceux qui les ont précédés dans la vie de ce monde.
Pour les choses de la terre, on cherche à mettre à profit les expériences passées ; on traiterait d'insensé, de présomptueux, ceux qui voudraient agir autrement. Pourquoi serait-on moins sage pour les choses spirituelles ?

Mais un autre motif bien propre, me semble-t-il, à vous disposer à une détermination immédiate, c'est l'incertitude dans laquelle vous êtes sur votre avenir, Dieu ne vous l'ayant nullement garanti. Le lendemain ne vous appartient pas plus à vous, quoique jeunes, qu'à ceux qui sont parvenus à l'âge mûr.
La mortalité, chez les enfants, est même beaucoup plus grande que chez les adultes ; à dix ans, la moitié au moins des enfants sont déjà entrés dans l'autre monde, et à vingt ans, ce sont les trois quarts environ qui ont quitté la terre.
Renvoyer donc sa conversion à plus tard, c'est s'exposer à n'y jamais travailler ; car ce plus tard peut ne jamais venir pour nous ici-bas. Il y a malheureusement un trop grand nombre de faits qui attestent cette triste réalité, pour que l'on puisse, sans folie, s'exposer à un danger aussi grand que celui de perdre son âme par suite de sa propre négligence.

Une jeune fille rendue pieuse par suite d'une prédication qu'elle avait entendue à l'église, était bien affligée en voyant sa soeur aînée insouciante et légère pour les choses du ciel ; elle voulut un jour lui parler du salut de son âme, mais Julie la repoussa avec un éclat de rire, lui disant qu'elle avait bien le temps de penser à ces choses. Rose, notre jeune chrétienne, revint souvent à la charge, mais sans obtenir plus de succès. Julie pensait que les jeunes filles ne doivent pas s'occuper de sujets aussi sérieux. Leurs parents, étrangers à la vraie piété, conseillèrent à Rose de garder ses sentiments pour elle-même, sans en tourmenter ceux qui ne désiraient pas s'en occuper. Notre jeune amie dut donc borner sa mission à prier pour sa soeur tendrement aimée. Quelques semaines s'étaient à peine écoulées qu'un soir on vint dire avec tristesse aux jeunes filles qu'elles devaient se préparer pour partir le lendemain matin, afin d'éviter une maladie épidémique qui avait fait son entrée lugubre dans la maison. Leur plus jeune soeur en était déjà atteinte, et l'on voulait, si possible, y soustraire les filles aînées. Mais, hélas ! le mal fait quelquefois des progrès bien rapides ; le matin n'était pas encore arrivé, que Julie, la fille aînée, était aussi saisie par cette fièvre cruelle. Le départ fut donc renvoyé.
Le surlendemain, le père vint dans la chambre où était Rose, sa figure pâle, sa parole brève, impressionnèrent fortement la jeune fille ; il lui dit qu'il ne voulait répondre à aucune question : qu'elle devait partir tout de suite, pour aller chez leur tante, à quelques lieues de la maison ; et, après l'avoir embrassée tendrement, il la laissa faire ses préparatifs. Rose partit donc, le coeur horriblement oppressé ; elle n'avait pu voir ses soeurs, et elle comprenait qu'elles devaient être très malades. Mais ce qui l'angoissait surtout, c'était de savoir que Julie, sa bonne Julie, n'avait jamais voulu l'écouter quand elle lui avait parlé du salut de son âme.

Quelques jours se passèrent dans cet état si pénible pour un coeur sérieux et aimant, et enfin elle reçut la triste nouvelle que ses deux soeurs étaient mortes, et que Julie n'avait rien dit depuis le moment où elle avait été saisie par la maladie. Pauvre Julie, elle était donc morte sans le savoir, et très probablement sans s'y être sérieusement préparée !
Mes jeunes lecteurs, si aujourd'hui vous entendez la voix de Dieu, n'endurcissez point votre coeur !

Voici un autre fait également instructif. Un jeune homme, qui avait suivi l'école du dimanche sans en profiter, fut atteint, vers l'âge de dix-huit à vingt ans, d'une maladie mortelle. Comme ses parents n'étaient pas sérieusement préoccupés du salut de son âme, ils lui laissèrent ignorer la gravité de son mal, et défendirent même à tout le monde de lui parler sur ce sujet importun.
Ces pauvres amis, en s'efforçant de persuader à leur enfant que sa maladie n'était pas grave, l'entretenaient de projets d'avenir et avaient fini par se faire illusion à eux-mêmes sur son état réel ; de plus, la maladie était une de celles dont le dénouent fatal arrive souvent au moment où l'on s'y attend le moins.
Un jour donc, quelques instants avant sa fin, le jeune malade se trouvant seul avec une petite fille de six à sept ans, et se sentant plus mal, lui demanda si elle ne pouvait pas prier ; la chère enfant répéta tout de suite la prière dominicale, et à peine avait-elle fini, que le malade rendit le dernier soupir.

Dieu peut avoir parlé au coeur de celui qui l'avait oublié jusqu'au moment suprême ; mais qui est celui de mes jeunes lecteurs qui voudrait mourir ainsi, sans avoir demandé et obtenu son pardon ! On l'a dit mille fois, et je désire vous le répéter encore, c'est aujourd'hui le jour favorable, c'est aujourd'hui le jour de salut. Aujourd'hui donc, maintenant, le seul temps que nous possédions réellement, cherchons l'Éternel pendant qu'il se trouve, invoquons-le tandis qu'il est près.

Si mes jeunes amis me demandaient comment il faut faire pour répondre à l'invitation de l'Éternel, je me contenterais, pour le moment, de leur raconter une dernière histoire qui me paraît répondre à leur sérieuse question.

Un jeune garçon de quatorze ans assistait à une prédication dans laquelle le pasteur dit que pour l'âme désireuse d'appartenir à Dieu, il y avait un moyen facile qu'un enfant même pouvait employer sans la moindre difficulté : c'était celui d'aller à Dieu en lui disant bien sincèrement : Mon Dieu, je te donne tout mon coeur.
Cette prière toute simple, que tous pouvaient répéter, suffirait pour attirer la bénédiction céleste sur celui qui la présenterait du fond de son coeur.
Notre jeune ami réfléchit sérieusement aux paroles du prédicateur, et, un soir, en sortant d'une grande manufacture où il travaillait en compagnie d'ouvriers dont les conversations l'avaient souvent profondément affligé, il se retira dans un lieu solitaire ; là, se mettant à genoux, et élevant les yeux vers le ciel, il dit à celui dont il voyait les merveilles de toutes parts : Mon Dieu, je te donne tout mon coeur. Il m'a rapporté lui-même qu'il avait fait cette prière bien sincèrement, mais qu'il n'en put dire davantage. À peine avait-il uni, qu'une grande joie fut répandue dans son âme ; il lui semblait que Dieu, qu'il s'était toujours représenté comme habitant seulement les hauts cieux, était descendu sur la terre, et l'entourait de tous côtés. Ce fut, pour ce jeune homme, le moment décisif dans lequel il se consacra au service de son Dieu, et cette consécration solennelle se fit au moyen des simples paroles que je viens de rapporter.

Allez, mes jeunes lecteurs, vous qui désirez sérieusement vous donner à votre Dieu-Sauveur, dites-lui sincèrement que vous lui offrez votre coeur, que vous lui consacrez votre vie. Croyez-le, il vous écoutera favorablement, acceptera votre sacrifice, et, prenant ce coeur que vous lui donnez, il le rendra capable de l'aimer et de le servir, sur la terre, en attendant que vous habitiez les demeures célestes, pour lesquelles il vous préparera aussi.

La prière fervente et individuelle est certainement le meilleur moyen à employer pour obtenir la bénédiction du Seigneur ; cependant, il y a d'autres choses à faire qui, bien que plus extérieures et moins essentielles, n'en sont pas moins d'une grande importance. Je voudrais donc, mes jeunes amis, vous en parler avant de vous quitter.

Prenez garde à votre conduite de chaque jour. Évitez avec courage et persévérance les choses que vous savez être mauvaises. Si vous ne le faites pas, vous n'oserez pas prier, ou si vous priez, ce sera d'une telle manière que Dieu ne pourra pas vous exaucer.

Efforcez-vous, avec non moins de soins, de faire chaque jour ce que vous savez être votre devoir. N'écoutez pas ceux qui voudraient vous faire croire que pour être heureux on n'a pas besoin d'être aussi sévère envers soi-même ; écoutez plutôt ceux qui savent par expérience que le péché ou l'oubli du devoir est toujours une source de chagrin, de peine, de malheur même.

N'oubliez pas de demander à Dieu, chaque matin, son secours ; lisez régulièrement quelques versets de votre Bible, ne fût-ce que chaque jour, et même, je vous le conseille sérieusement, prenez la bonne habitude d'apprendre dès le matin un passage des saintes Écritures. Ce sera pour vous un exercice qui vous fera du bien au moment même, et qui vous fournira pour l'avenir une riche provision de choses saintes. Souvenez-vous que c'est par les petits devoirs que vous devez commencer à plaire à Dieu, et par les petits renoncements qu'il faut vous préparer aux grands combats qui vous attendent sur la terre.

C'est surtout à l'égard du dimanche que je voudrais pouvoir vous exprimer toute ma pensée. Je ne puis vous en dire que quelques mots dans cette occasion.
Le dimanche est le jour du Seigneur ; mais il est aussi le jour de l'homme, c'est-à-dire que Dieu l'a établi pour le bonheur de son peuple. S'il n'y avait point de dimanche, l'homme, vu ses besoins et ses faiblesses, serait la plus misérable de toutes les créatures. Faites donc en sorte de mettre à part, de sanctifier ce jour que Dieu nous a donné dans son amour. Pour cela, levez-vous, ce jour-là, d'aussi bonne heure que les autres jours, et commencez par faire votre toilette d'une manière propre et convenable.
Aidez vos parents, votre mère surtout, afin que tous les vôtres puissent avoir du repos pour le corps, et du temps pour le service divin.
Apprenez bien un ou deux versets de la Bible ou repassez les six que vous aurez appris pendant la semaine.
Ne manquez pas d'aller avec vos parents au culte public, à moins que vous ne deviez rester à la maison pour que vos parents puissent s'y rendre. Mais surtout ne négligez pas d'aller chaque dimanche à UNE ÉCOLE DU DIMANCHE, là où tout se fait en vue des enfants.
Soyez aimables avec ceux qui vous instruisent, vous rappelant combien ils désirent vous être utiles, et donnez-leur la joie de voir que leurs efforts ne sont pas perdus pour vous.

Ce sont les après-midi du dimanche qui sont en général mal employées par les enfants. Je sais, mes amis, que vous ne pouvez pas être enfermés tout le jour, et que vous avez besoin de respirer le grand air : allez donc le respirer avec vos parents, et, si cela ne vous est pas possible, choisissez-vous un ou deux amis qui, comme vous, désirent se bien conduire, et, ensemble, allez faire une bonne promenade.
Vous pourriez la faire quelquefois dans un but utile. Par exemple, en visitant vos grands-parents, vos tantes, vos oncles, vos jeunes amis malades ; en portant un petit livre à quelques infirmes, ou allant vous-mêmes lire quelque chose de bon à quelque vieillard qui ne peut plus sortir de chez lui. Sur toutes choses, évitez d'aller avec les vagabonds courir les champs ou les places publiques.

La soirée du dimanche est aussi quelquefois difficile à passer convenablement. N'auriez-vous pas de petits journaux à lire ? - des questions bibliques à résoudre, - des énigmes bibliques à déchiffrer ? et le tout en famille avec vos parents, vos frères et soeurs.

La vie entière d'un homme dépend beaucoup de la manière dont il a passé ses dimanches pendant qu'il était enfant ; aussi, vous ne sauriez, mes jeunes lecteurs, apporter trop de soins à mettre ce jour à part, ainsi que le veut notre bon Père céleste, qui nous l'a donné dans sa bonté, sachant combien nous en avions besoin, soit pour notre corps, soit surtout pour notre âme.

Que Dieu vous inspire à tous, mes jeunes amis, une sainte et énergique résolution de lui consacrer votre vie tout entière. Laissez faire ceux qui ne veulent pas renoncer au mal, et dites avec Jésus : « Que les autres fassent ce qu'ils voudront, mais pour moi... je servirai l'Éternel. »
Un enfant qui fait toujours comme les autres est un enfant qui finira mal ; il ne sera jamais un homme sur lequel on puisse compter. Il est certain qu'il ne sera pas agréable à Dieu ; car Jésus a dit que le chemin large dans lequel marche la foule conduit à la mort ou à la perdition.


FIN.

 

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