Dernières considérations. - Danger de goûter les délices du péché. - Témoignage de la Bible et des hommes pieux. - Incertitude de la vie. - Grande mortalité chez les enfants. - Deux histoires. - Conclusion.
Très probablement la plupart d'entre
vous, mes jeunes lecteurs, désirez
sincèrement vous consacrer un jour au
service de Dieu ; seulement, vous ne voulez
pas le faire encore.
Vous pensez que vous devez, avant, jouir des
plaisirs du monde. Qui sait ?
Vous croyez peut-être que plus tard, quand
vous serez vieux, vous pourrez d'autant mieux
apprécier les avantages de la
piété que vous aurez connu
personnellement les angoisses d'une conscience
coupable et la vanité des plaisirs
mondains.
Peut-être aussi pensez-vous
qu'après avoir fait cette
expérience il y aura moins de danger pour
vous de retourner dans le monde, et que les
tentations, à cet égard, seront moins
redoutables.
Ceux qui raisonnent ainsi connaissent peu la
faiblesse et la corruption du coeur de
l'homme ; ils ne savent pas tous les dangers
qu'il y a à goûter les délices
du péché, ne fût-ce que pour
quelques jours.
La Parole de Dieu, qui est plus sage que l'homme,
déclare positivement qu'au lieu d'être
mieux disposé pour servir Dieu, quand on a
commencé à vivre dans le
péché, il arrive un moment où
l'on se sent porté à dire :
« Je n'y prends point de
plaisir. »
Les faits sont d'accord avec la Parole
sainte ; ils nous montrent qu'il y a tout
à gagner à servir Dieu dès son
enfance, et tout à perdre en
agissant différemment. On n'a jamais vu que
ceux qui ont eu le
privilège de se souvenir de leur
Créateur dès leur jeunesse aient
manifesté le moindre regret à cet
égard, tandis qu'au contraire ceux qui ne
l'on fait qu'après avoir vécu dans le
péché pendant la plus belle partie de
leur vie, ont amèrement
déploré le temps qu'ils ont
consacré à des choses futiles et
mauvaises.
Un proverbe dit que si vieillesse pouvait, et que
si jeunesse savait, les choses, dans ce monde,
iraient beaucoup mieux. Il est, sans doute,
impossible de donner la force de la jeunesse aux
vieillards, mais il ne l'est pas de faire profiter
les jeunes gens des expériences de ceux qui
les ont précédés dans la vie
de ce monde.
Pour les choses de la terre, on cherche à
mettre à profit les expériences
passées ; on
traiterait d'insensé, de
présomptueux, ceux qui voudraient agir
autrement. Pourquoi serait-on moins sage pour les
choses spirituelles ?
Mais un autre motif bien propre, me semble-t-il,
à vous disposer à une
détermination immédiate, c'est
l'incertitude dans laquelle vous êtes sur
votre avenir, Dieu ne vous l'ayant nullement
garanti. Le lendemain ne vous appartient pas plus
à vous, quoique jeunes, qu'à ceux qui
sont parvenus à l'âge mûr.
La mortalité, chez les enfants, est
même beaucoup plus grande que chez les
adultes ; à dix ans, la
moitié au moins des enfants sont
déjà entrés dans l'autre
monde, et à vingt ans, ce sont les trois
quarts environ qui ont quitté la
terre.
Renvoyer donc sa conversion à plus tard,
c'est s'exposer à n'y
jamais travailler ; car ce plus tard peut ne jamais
venir pour nous ici-bas. Il y a
malheureusement un trop grand nombre de faits qui
attestent cette triste réalité, pour
que l'on puisse, sans folie, s'exposer à un
danger aussi grand que celui de perdre son
âme par suite de sa propre
négligence.
Une jeune fille rendue pieuse par suite d'une
prédication qu'elle avait entendue à
l'église, était bien affligée
en voyant sa soeur aînée insouciante
et légère pour les choses du
ciel ; elle voulut un jour lui parler du salut
de son âme, mais Julie la repoussa avec un
éclat de rire, lui disant qu'elle avait bien
le temps de penser à ces choses. Rose, notre
jeune chrétienne, revint souvent à la
charge, mais sans obtenir plus de succès.
Julie pensait que les jeunes
filles ne doivent pas s'occuper de sujets aussi
sérieux. Leurs parents, étrangers
à la vraie piété,
conseillèrent à Rose de garder ses sentiments pour elle-même,
sans en
tourmenter ceux qui ne désiraient pas s'en
occuper. Notre jeune amie dut donc borner sa
mission à prier pour sa soeur tendrement
aimée. Quelques semaines s'étaient
à peine écoulées qu'un soir on
vint dire avec tristesse aux jeunes filles qu'elles
devaient se préparer pour partir le
lendemain matin, afin d'éviter une maladie
épidémique qui avait fait son
entrée lugubre dans la maison. Leur plus
jeune soeur en était déjà
atteinte, et l'on voulait, si possible, y
soustraire les filles aînées. Mais,
hélas ! le mal fait quelquefois des
progrès bien rapides ; le matin
n'était pas encore arrivé, que Julie,
la fille aînée,
était aussi saisie par cette fièvre
cruelle. Le départ fut donc
renvoyé.
Le surlendemain, le père vint dans la
chambre où était Rose, sa figure
pâle, sa parole brève,
impressionnèrent fortement la jeune
fille ; il lui dit qu'il ne voulait
répondre à aucune question :
qu'elle devait partir tout de suite, pour aller
chez leur tante, à quelques lieues de la
maison ; et, après l'avoir
embrassée tendrement, il la laissa faire ses
préparatifs. Rose partit donc, le coeur
horriblement oppressé ; elle n'avait pu
voir ses soeurs, et elle comprenait qu'elles
devaient être très malades. Mais ce
qui l'angoissait surtout, c'était de savoir
que Julie, sa bonne Julie, n'avait jamais voulu
l'écouter quand elle lui avait parlé
du salut de son âme.
Quelques jours se passèrent dans
cet état si pénible
pour un coeur sérieux et aimant, et enfin
elle reçut la triste nouvelle que ses deux
soeurs étaient mortes, et que Julie n'avait
rien dit depuis le moment où elle avait
été saisie par la maladie. Pauvre
Julie, elle était donc morte sans le savoir,
et très probablement sans s'y être
sérieusement
préparée !
Mes jeunes lecteurs, si aujourd'hui vous entendez
la voix de Dieu, n'endurcissez point votre
coeur !
Voici un autre fait également instructif. Un
jeune homme, qui avait suivi l'école du
dimanche sans en profiter, fut atteint, vers
l'âge de dix-huit à vingt ans, d'une
maladie mortelle. Comme ses parents
n'étaient pas sérieusement
préoccupés du salut de son âme,
ils lui laissèrent ignorer la gravité
de son mal, et défendirent même
à tout le monde de lui
parler sur ce sujet importun.
Ces pauvres amis, en s'efforçant de
persuader à leur enfant que sa maladie
n'était pas grave, l'entretenaient de
projets d'avenir et avaient fini par se faire
illusion à eux-mêmes sur son
état réel ; de plus, la maladie
était une de celles dont le dénouent
fatal arrive souvent au moment où l'on s'y
attend le moins.
Un jour donc, quelques instants avant sa fin, le
jeune malade se trouvant seul avec une petite fille
de six à sept ans, et se sentant plus mal,
lui demanda si elle ne pouvait pas prier ; la
chère enfant répéta tout de
suite la prière dominicale, et à
peine avait-elle fini, que le malade rendit le
dernier soupir.
Dieu peut avoir parlé au coeur de celui qui
l'avait oublié jusqu'au moment
suprême ; mais qui est celui de
mes jeunes lecteurs qui voudrait
mourir ainsi, sans avoir demandé et obtenu
son pardon ! On l'a dit mille fois, et je
désire vous le répéter encore, c'est aujourd'hui le jour
favorable, c'est
aujourd'hui le jour de salut. Aujourd'hui donc,
maintenant, le seul temps que nous
possédions réellement, cherchons
l'Éternel pendant qu'il se trouve,
invoquons-le tandis qu'il est près.
Si mes jeunes amis me demandaient comment il faut
faire pour répondre à l'invitation de
l'Éternel, je me contenterais, pour le
moment, de leur raconter une dernière
histoire qui me paraît répondre
à leur sérieuse question.
Un jeune garçon de quatorze ans assistait
à une prédication dans laquelle le
pasteur dit que pour l'âme
désireuse d'appartenir à Dieu, il y
avait un moyen facile qu'un enfant même
pouvait employer sans la moindre
difficulté : c'était celui
d'aller à Dieu en lui disant bien
sincèrement : Mon Dieu, je te donne
tout mon coeur.
Cette prière toute simple, que tous
pouvaient répéter, suffirait pour
attirer la bénédiction céleste
sur celui qui la présenterait du fond de son
coeur.
Notre jeune ami réfléchit
sérieusement aux paroles du
prédicateur, et, un soir, en sortant d'une
grande manufacture où il travaillait en
compagnie d'ouvriers dont les conversations
l'avaient souvent profondément
affligé, il se retira dans un lieu
solitaire ; là, se mettant à
genoux, et élevant les yeux vers le ciel, il
dit à celui dont il voyait les merveilles de
toutes parts : Mon Dieu, je te donne tout
mon coeur. Il m'a
rapporté lui-même qu'il avait fait
cette prière bien sincèrement, mais
qu'il n'en put dire davantage. À peine
avait-il uni, qu'une grande joie fut
répandue dans son âme ; il lui
semblait que Dieu, qu'il s'était toujours
représenté comme habitant seulement
les hauts cieux, était descendu sur la
terre, et l'entourait de tous côtés.
Ce fut, pour ce jeune homme, le moment
décisif dans lequel il se consacra au
service de son Dieu, et cette consécration
solennelle se fit au moyen des simples paroles que
je viens de rapporter.
Allez, mes jeunes lecteurs, vous qui désirez
sérieusement vous donner à votre
Dieu-Sauveur, dites-lui sincèrement que vous
lui offrez votre coeur, que vous lui consacrez
votre vie. Croyez-le, il vous écoutera
favorablement, acceptera votre
sacrifice, et, prenant ce coeur que vous lui
donnez, il le rendra capable de l'aimer et de le
servir, sur la terre, en attendant que vous
habitiez les demeures célestes, pour
lesquelles il vous préparera aussi.
La prière fervente et individuelle est
certainement le meilleur moyen à employer
pour obtenir la bénédiction du
Seigneur ; cependant, il y a d'autres choses
à faire qui, bien que plus
extérieures et moins essentielles, n'en sont
pas moins d'une grande importance. Je voudrais
donc, mes jeunes amis, vous en parler avant de vous
quitter.
Prenez garde à votre conduite de chaque
jour. Évitez avec courage et
persévérance les choses que vous
savez être mauvaises. Si vous ne le faites
pas, vous n'oserez pas prier, ou si vous priez, ce
sera d'une telle manière
que Dieu ne pourra pas vous exaucer.
Efforcez-vous, avec non moins de soins, de faire
chaque jour ce que vous savez être votre
devoir. N'écoutez pas ceux qui voudraient
vous faire croire que pour être heureux on
n'a pas besoin d'être aussi
sévère envers soi-même ;
écoutez plutôt ceux qui savent par
expérience que le péché ou
l'oubli du devoir est toujours une source de
chagrin, de peine, de malheur même.
N'oubliez pas de demander à Dieu, chaque
matin, son secours ; lisez
régulièrement quelques versets de
votre Bible, ne fût-ce que chaque jour, et
même, je vous le conseille
sérieusement, prenez la bonne habitude
d'apprendre dès le matin un passage des
saintes Écritures. Ce sera pour vous un
exercice qui vous fera du bien au
moment même, et qui vous fournira pour
l'avenir une riche provision de choses saintes.
Souvenez-vous que c'est par les petits devoirs que
vous devez commencer à plaire à Dieu,
et par les petits renoncements qu'il faut vous
préparer aux grands combats qui vous
attendent sur la terre.
C'est surtout à l'égard du dimanche
que je voudrais pouvoir vous exprimer toute ma
pensée. Je ne puis vous en dire que quelques
mots dans cette occasion.
Le dimanche est le jour du Seigneur ; mais il
est aussi le jour de l'homme, c'est-à-dire
que Dieu l'a établi pour le bonheur de son
peuple. S'il n'y avait point de dimanche, l'homme,
vu ses besoins et ses faiblesses, serait la plus
misérable de toutes les créatures.
Faites donc en sorte de mettre
à part, de sanctifier ce jour que Dieu nous
a donné dans son amour. Pour cela,
levez-vous, ce jour-là, d'aussi bonne heure
que les autres jours, et commencez par faire votre
toilette d'une manière propre et
convenable.
Aidez vos parents, votre mère surtout, afin
que tous les vôtres puissent avoir du repos
pour le corps, et du temps pour le service
divin.
Apprenez bien un ou deux versets
de
la Bible ou repassez les six que vous aurez
appris pendant la semaine.
Ne manquez pas d'aller avec vos parents au
culte public, à moins que vous ne deviez
rester à la maison pour que vos parents
puissent s'y rendre. Mais surtout ne
négligez pas d'aller chaque dimanche
à UNE ÉCOLE DU DIMANCHE, là
où tout se fait en vue des enfants.
Soyez aimables avec ceux qui vous
instruisent, vous rappelant combien ils
désirent vous être utiles, et
donnez-leur la joie de voir que leurs efforts ne
sont pas perdus pour vous.
Ce sont les après-midi du dimanche
qui sont en général mal
employées par les enfants. Je sais, mes
amis, que vous ne pouvez pas être
enfermés tout le jour, et que vous avez
besoin de respirer le grand air : allez donc
le respirer avec vos parents, et, si cela ne vous
est pas possible, choisissez-vous un ou deux amis
qui, comme vous, désirent
se bien conduire, et, ensemble, allez faire une
bonne promenade.
Vous pourriez la faire quelquefois dans un but
utile. Par exemple, en visitant vos grands-parents,
vos tantes, vos oncles, vos jeunes amis
malades ; en portant un petit livre à
quelques infirmes, ou allant
vous-mêmes lire quelque chose de bon à
quelque vieillard qui ne peut plus sortir de chez
lui. Sur toutes choses, évitez d'aller avec
les vagabonds courir les champs ou les places
publiques.
La soirée du dimanche est aussi quelquefois
difficile à passer convenablement.
N'auriez-vous pas de petits journaux à
lire ? - des questions bibliques à
résoudre, - des énigmes bibliques
à déchiffrer ? et le tout en
famille avec vos parents, vos frères et
soeurs.
La vie entière d'un homme dépend
beaucoup de la manière dont il a
passé ses dimanches pendant qu'il
était enfant ; aussi, vous ne sauriez,
mes jeunes lecteurs, apporter trop de soins
à mettre ce jour à part, ainsi que le
veut notre bon Père céleste, qui nous
l'a donné dans sa
bonté, sachant combien nous en avions
besoin, soit pour notre corps, soit surtout pour
notre âme.
Que Dieu vous inspire à tous, mes jeunes
amis, une sainte et énergique
résolution de lui consacrer votre vie tout
entière. Laissez faire ceux qui ne veulent
pas renoncer au mal, et dites avec
Jésus : « Que les autres
fassent ce qu'ils voudront, mais pour moi... je
servirai l'Éternel. »
Un enfant qui fait toujours comme les autres est un
enfant qui finira mal ; il ne sera jamais un
homme sur lequel on puisse compter. Il est certain
qu'il ne sera pas agréable à
Dieu ; car Jésus a dit que le chemin
large dans lequel marche la foule conduit à
la mort ou à la perdition.
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