L'enfance est favorable à la piété. - Les enfants qui ont de bonnes habitudes. - L'ivrogne qui ne peut plus se corriger. - Un enfant idiot. - Le véritable ami des enfants.
Un autre motif qui doit vous porter
à servir Dieu dès votre
enfance, c'est que cela
est
beaucoup plus facile alors, que plus tard. C'est ce temps-là
qui est le temps
favorable, et plus tard il arrive un moment
dans lequel, d'après la Parole de Dieu, on
est disposé à dire : Je n'y
prends point de plaisir.
Vous savez tous qu'il nous est plus facile de faire
le mal que le bien ; notre coeur est
naturellement porté vers les choses que Dieu
nous défend, et il faut que nous fassions
des efforts continuels pour accomplir sa
volonté.
La voie du bien est une montée que nous
gravissons difficilement ; la voie du mal est
une descente où sans efforts nous pouvons
faire beaucoup de chemin en peu de temps.
Cette facilité à faire le mal est
encore augmentée par l'habitude que nous en
prenons ; ainsi, on ment plus aisément
la seconde fois que la
première. La première fois, on a
rougi, la seconde un peu moins, et toujours
moins ; tellement que si l'on ne s'est pas
arrêté dans cette voie, on en est venu
à commettre le mensonge sans presque s'en
apercevoir. Il en est ainsi de tous les autres
vices dont nous nous rendons coupables.
Si donc nous attendons plusieurs années pour
nous corriger, nous trouverons que la tâche
est devenue beaucoup plus difficile. Vous avez
déjà fait vous-mêmes cette
triste expérience, n'est-ce pas, mes jeunes
lecteurs ?
Par la même raison, si, au début de la
vie, nous prenons l'habitude de faire ce qui est
bien, le bien nous deviendra tous les jours plus
facile. J'ai connu un jeune garçon qui avait
beaucoup de peine à se lever de bonne
heure ; mais, comme ses
parents
persévérèrent à
l'obliger de le faire très
régulièrement, il en prit tellement
l'habitude que, plus tard, devenu homme, ce devoir
n'a plus été une peine pour lui,
mais, au contraire, une vraie jouissance.
Je connais aussi un petit enfant auquel on avait
donné l'excellente habitude de ne jamais
déchirer le papier ; cela lui
était devenu si naturel que bien qu'il
eût, depuis l'âge de dix-huit mois,
toujours des livres entre les mains, il n'en a
jamais déchiré un seul
feuillet ! Il peut en être ainsi de tous
les devoirs que Dieu nous impose sur cette
terre ; ils nous deviennent faciles par
l'habitude.
Le service de Dieu exige que nous détachions
nos coeurs des plaisirs, des honneurs et des
richesses de la terre. Un vrai disciple du Sauveur
doit pouvoir renoncer à tout
pour suivre Jésus. Or, les
mauvais penchants de l'homme sont semblables aux
racines de l'arbre ; chaque jour elles
pénètrent davantage dans le sol et il
devient plus difficile de les arracher. À
votre âge, mes enfants, le renoncement
coûte beaucoup moins de souffrance et est
infiniment plus aisé. Croyez-en le
témoignage de ceux qui en ont fait
l'expérience.
Quelques faits vous rendront peut-être ma
pensée plus saisissante. Il y a, dans votre
beau pays, un grand nombre d'hommes qui
malheureusement s'adonnent au vin jusqu'à se
rendre malades. L'un d'entre eux a assuré
qu'au commencement il sentait qu'il aurait pu se
corriger assez facilement de ce
défaut ; il se passait des semaines
entières sans qu'il succombât à
la tentation. Mais, n'ayant pas profité des
avertissements qu'on lui donnait,
il est devenu maintenant l'esclave de cette
horrible passion, au point qu'il ne peut plus,
dit-il, se maîtriser.
Toutes les fois qu'il passe devant une pinte, il se sent
irrésistiblement
poussé à y entrer, et alors il y
reste jusqu'à ce qu'il soit dans un
état déshonorant pour lui et pour sa
famille. Il sent qu'il fait mal ; il pleure
même quand on lui parle de son vice ; il
voit bien qu'il ruine sa famille, qu'il s'avance
à grands pas vers le tombeau, qu'il court
vers la perdition éternelle... Et cependant,
il ne se corrige pas. Il dit qu'il ne le peut
plus.
Sans doute, il se trompe ; s'il demandait
à Dieu son secours, il recevrait la force de
rompre ces chaînes, quelque fortes qu'elles
soient. Mais il ne le croit pas, et il ne fait
aucun effort. Quelle triste
position !
Mes jeunes lecteurs, que ce fait vous instruise et
vous inspire une crainte salutaire. N'oubliez pas
qu'il est très probable que vous garderez
toute votre vie les défauts et les vices
dont vous n'aurez pas voulu vous corriger dans
votre enfance.
Que penseriez-vous encore d'un pauvre idiot qui
irait à la forêt chercher du bois pour
sa bonne mère ? Il ramasse les
bûches qu'il trouve, les met sur sa corde et
en fait un petit fagot ; il va le mettre sur
sa tête ; mais il ne peut y
réussir : son fardeau est trop lourd
pour lui. Que va-t-il faire ? Il desserre la
corde et... vous croyez qu'il va en ôter
quelques bûches ?... pas du tout :
il en cherche au contraire quelques autres qu'il
place sur celles qu'il avait déjà
entassées. De nouveau, il serre la corde, et
se met en mesure de charger son
fardeau.
Mais, vous le comprenez très bien, c'est
peine inutile ; car le faix est plus lourd que
la première fois, et il a moins de force
maintenant. Notre jeune garçon se met
à pleurer ; il va essayer de nouveau,
et, au lieu de faire ce que vous lui auriez tous
conseillé, il augmente encore un fardeau qui
était déjà trop lourd. Aussi,
il se désespère... Vous riez de sa
stupidité. Vous auriez agi tout
différemment, c'est sûr...
Patience, mes chers enfants, car en condamnant ce
pauvre garçon, vous vous condamnez
vous-mêmes. En effet, ne vous rendez-vous pas
coupables de la même faute, toutes les fois
que vous renvoyez à plus tard une chose qui
pourrait être faite maintenant plus
facilement que jamais ?
Notre pauvre idiot aurait eu besoin, pour
être tiré de son grand embarras, qu'un
ami fût venu à son secours, et se
fût chargé de son trop lourd
fardeau.
Chers enfants, il y a pour vous un ami qui veille
continuellement sur tout ce qui vous
concerne ; il voit les efforts que vous
faites, soit pour effacer vos fautes
passées, soit pour vous mieux conduire
à l'avenir ; il sait que cette double
tâche est au-dessus de vos forces ;
aussi vient-il vous offrir son secours
dévoué et efficace.
Acceptez le secours de cet ami céleste. Lui
seul peut vous pardonner vos péchés
et peut vous donner un coeur nouveau, capable
d'aimer et d'accomplir sa sainte volonté.
Vous connaissez son nom : c'est Jésus,
le véritable ami des enfants, le sauveur de
tous ceux qui vont à lui avec repentance et
foi !
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