Keswick. - En Allemagne. - Jellinghaus. - Le Libérateur jurassien. - 3e Réunion de Neuchâtel. - A. Rollier. - Lausanne. - Le Ried.
Le réveil d'Oxford s'est
perpétué en Angleterre sous une forme
un peu différente de celle qui a
prévalu sur le continent.
Sans doute les réunions
occasionnelles de consécration, ici et
là, ont continué. Déjà
avant Brighton des réunions semblables
avaient eu lieu à Stroud et à
Cheltenham, présidées par le
révérend Webb Peploe.
À celles de Londres, du 21 au
28 février 1876, on sentit le besoin, dans
le manifeste qui les annonçait, de rassurer
le public et de bien marquer la volonté des
promoteurs de se tenir éloignés de
toutes les doctrines dangereuses ou
compromettantes : « Il est
arrivé à des hommes pieux, disait-on,
faute d'avoir bien compris notre enseignement, de
nous représenter comme des adeptes de
l'antinomianisme (l'abus de la grâce) ou du
perfectionnisme. Cela nous fait un devoir de
déclarer publiquement que ces doctrines sont
non seulement désavouées, mais
exécrées par nous et que la teneur et
le fruit de notre enseignement leur sont
entièrement opposés.... Nous
enseignons non pas l'exemption de la lutte
spirituelle, mais le moyen d'être
préservé de la défaite.
Nous déclarons que, plus
nous avançons dans la vie divine plus nous
avons conscience que notre seule ressource est dans
la grâce de Dieu, le sang de Jésus et
l'action du Saint-Esprit.
Nous affirmons aussi que la
nature
déchue est continuellement
présente dans le croyant, tant qu'il est sur
la terre, mais que cette nature sera mise et
maintenue dans l'incapacité d'agir, par la
puissance de Dieu et du Saint-Esprit, dans la
mesure où le croyant demeure en Christ par
la foi et pendant le temps seulement qu'il
persévère dans cette attitude....
(1) »
Mais ce sont surtout les
conventions
de Keswick, dans le Cumberland au nord de
l'Angleterre, et celles qui prirent naissance sur
le même modèle un peu partout dans le
Royaume-Uni et ses colonies, qui maintinrent et
développèrent le mouvement de
sanctification, en l'orientant du côté
pratique.
La première convention de
Keswick avait été convoquée le
28 juillet 1875, quelques semaines après
Brighton, par Canon Harfort Battersby, qui avait
été gagné à Oxford
à la doctrine du mouvement. Cette
conférence de dix jours devait être
présidée par P. Smith lui-même.
Ensuite des circonstances malheureuses que l'on
sait, Battersby et R. Wilson en prirent la
direction. Les orateurs furent Thornton, Croome et
Webb Peploe. Le programme était à peu
près celui de Brighton ; environ six
cents personnes y participèrent. Les
années suivantes les auditoires
allèrent en augmentant. On aimait à y
rencontrer F.-B. Meyer, Evan
Hopkins, Elder Cumming.
Aujourd'hui, ces réunions
d'un caractère très biblique et
très sage, dans lesquelles on évite
toute expression exagérée,
poursuivent encore vigoureusement la
réalisation pratique de l'Évangile
intégral.
M. le professeur Bois, de
Montauban,
dans une petite brochure publiée en 1905
(2), parle
d'une
manière très sympathique de ces
assemblées et de la tendance spirituelle qui
y règne : F.-B. Meyer, l'un des
orateurs les plus écoutés de Keswick,
écrit le distingué professeur,
exposait il y a quelque temps sa propre
expérience en ces termes :
« Perpétuellement
il arrive que, après une journée
extrêmement épuisante, je me
réveille le lendemain matin absolument
déprimé, sans aucune émotion
consciente de joie, à peine capable
d'élever mon coeur en prière ou en
actions de grâces. À de tels moments,
le diable vient et me dit : Eh bien, où
en es-tu maintenant ? Et je
réponds : Christ est en moi ! La
voix sinistre reprend : Est-ce que tu le
sens ? Non, je ne le sens pas, mais qu'importe
que je le sente ou non. Christ est en moi quoi que
ce soit que je sente ! Oh ! continuait M.
Meyer s'adressant à ses auditeurs, si vous
vouliez seulement persévérer à
vous dire à vous-mêmes, comme je l'ai
fait plus de cent fois par jour : Je ne le
sens pas, je n'en ai aucune joie, mais
Jésus-Christ est aussi certainement dans mon
coeur qu'il est dans le ciel lui-même !
Je dis cela plus de cent fois par jour ; et,
j'ose l'affirmer, le Saint-Esprit m'en donne la
vérification. Car Jésus-Christ,
suivant sa promesse, se fait connaître et
fait connaître sa présence intime
à celui qui lui est
obéissant et qui garde ses
commandements. » À quoi M. Bois
ajoutait, en s'adressant aux pasteurs qui
l'écoutaient : « Plus que
jamais - n'est-il pas vrai ? - mes chers amis,
nous avons besoin d'être unis à ce
Christ-là, et de réaliser cette vie
en Christ dont parle l'apôtre saint Paul
(3). »
Mais ce qui fait
l'originalité de Keswick et des
réunions pareilles, c'est la tendance
pratique et missionnaire qui y prédomine.
Ces assemblées réunissent au mois de
juillet, pendant une dizaine de jours,
jusqu'à quatre mille participants. De
nombreux étudiants des deux sexes y
accourent, et les futurs médecins ne sont
pas les moins nombreux ni les moins
zélés.
On y prêche que la
sanctification ne procure point une vie facile et
contemplative mais qu'elle implique une existence
de sacrifice au service de Jésus-Christ et
de son règne. Dans ces milieux chauds,
véritables foyers de consécration, se
forment les ouvriers et les ouvrières dont
ont besoin les oeuvres
d'évangélisation et de
relèvement. C'est surtout la mission en
terre païenne qui a
bénéficié, ces
dernières années, de Keswick.
L'organe spécial de ce
mouvement est Life of Faith. De son
côté le Christian ouvre largement ses
colonnes à tout ce qui est christianisme de
réveil.
En Allemagne aussi le mouvement
d'Oxford se continua dans diverses directions et
par différents moyens.
Déjà en 1875 le baron
de Gemmingen, qui avait assisté aux
assemblées d'Oxford et de Brighton,
présida des réunions de
consécration à Gernsbach où il
habitait. D'autres réunions analogues eurent
lieu à Pforzheim, Baden-Baden, Lichtenthal,
auxquelles prirent part des
hommes comme 0. Stockmayer, Jellinghaus, Baedecker,
Rappard. L'influence de M. Rappard sur les
frères de Chrischona fut aussi un grand
moyen de propager la pensée profonde
d'Oxford dégagée, comme elle
l'était chez l'inspecteur, de ses
éléments étrangers et traduite
en vie spirituelle simple et pratique.
Les cantiques nouveaux, issus du
réveil d'Oxford, contribuèrent aussi
à en répandre le parfum ; nous
avons déjà mentionné ceux que
publia le musicien Gebhardt. Il faut y ajouter les Glaubenslieder,
de P. Kober de Bâle,
puis les Gemeinschaltslieder, publiés
par M. et Mme Rappard.
Après que le Glaubensweg de Chrischona eut
cessé
de paraître, deux journaux nouveaux,
s'inspirant à peu près de la
même tendance, le Gemeinschalftsblatt
(zur Förderung des auf Gotteswort
gegründeten Christentums) et en 1885, Der Sladtmissionnar
le
remplacèrent, publiés tous les deux
par A. Gerhard à Emden. À Berlin
paraissait le Friedens-Halle sous les
auspices du comte Bernstorff.
Après le grand mouvement de
1875, Baedecker revint à Berlin et avec le
concours de Mlle Toni von Blücher, il y
organisa de nouvelles séries de
réunions.
Le prédicateur Rohrbach
à Charlottenbourg, M. Jasper von Oertzen, le
zélé propagateur de l'oeuvre des
colporteurs et des Unions chrétiennes de
jeunes gens, le professeur Christlieb,
l'évangéliste Schrenk qui avait
été à Oxford et à
Brighton, furent parmi les partisans
distingués et pondérés du
mouvement d'Oxford dans les diverses parties de
l'Allemagne.
Comme en Angleterre, ce
mouvement
réchauffa le zèle des hommes qui
travaillaient à la mission intérieure et
extérieure et leur a fourni des
collaborateurs fidèles et joyeux. De plus il
contribua au développement spirituel des Gemeinschalten.
Celles-ci furent
poussées à se donner une organisation
générale et, dans leurs
congrès de Gnadau et de Eisenach, elles
furent amenées à étudier en
commun les sources profondes de la vie spirituelle
authentique, en même temps qu'elles
polémisaient vaillamment contre l'intrusion
d'une théologie qui évidait
l'Évangile de sa réalité et de
sa puissance.
À côté de ces
conférences générales qui se
tenaient sur le terrain des Églises
nationales, on sentit le besoin en 1886,
principalement parmi les hommes qui avaient
été touchés par le mouvement
d'Oxford, de grouper sous l'égide de
l'Alliance évangélique des
frères de diverses dénominations dans
un but d'édification restreinte et
intensive. Mlle Anna von Weling offrit son
orphelinat de Blankenburg qui devint le centre de
ces réunions. Mlle Toni von Blücher,
l'évangéliste Baedecker, le colonel
Knobelsdorf, l'apôtre de la Croix-Bleue
à Berlin, M. 0. Stockmayer, le
général von Viebahn, qui s'occupe
avec un dévouement extraordinaire de
l'évangélisation populaire surtout
parmi les soldats et les marins allemands,
l'évangéliste Bernard Kühn, qui
devint rédacteur de l'Allianzblatt,
l'organe de Blankenburg, et d'autres hommes
appartenant aux cercles d'activité
spirituelle et aux Gemeinschalten,
répondirent à cet appel. L'Allianz
Conferenz de Blankenburg se constitua et se mit
en relations avec Keswick. F. B. Meyer vint
à plusieurs reprises affirmer l'unité
de tendances des deux conventions.
Il n'y avait pas opposition de
principes entre Gnadau et
Blankenburg. « Ce sont souvent les
mêmes hommes qui se retrouvent aux deux
conférences, écrit un journal, mais
tandis qu'à Gnadau ils se réunissent
comme de courageux héros, ils viennent
à Blankenburg, semblables à de
tranquilles élèves, non pour
discuter, mais pour s'asseoir aux pieds de
Jésus comme le faisait Marie. Ils se
laissent sonder par l'Esprit et remplir de sa
force. C'est de Jésus-Christ lui-même
que descend la bénédiction qu'ils
reçoivent. »
Plus tard les questions
eschatologiques passèrent trop au premier
rang des préoccupations. On ne demeura pas
toujours dans la sobriété. Il fallut
réagir aussi contre des
éléments illuministes,
perfectionnistes. Aujourd'hui la conférence
de Blankenburg a retrouvé son
équilibre : elle pousse à plus
de consécration pour mieux
évangéliser.
En Suisse allemande il faut
mentionner aussi, comme un fruit du mouvement
d'Oxford, les établissements de retraite de
Remismühle, près de Winterthour. C'est
un centre de vie spirituelle dans lequel la
poursuite de la sanctification s'allie au besoin
d'évangéliser. On sait que la
« Zeltmission » est un des plus
beaux fleurons de l'activité de ces maisons.
Le nom de Georges Steinberger, l'auteur des Petites Lumières
(4), un
recueil
de méditations excellentes, est
inséparable de celui de
Remismühle.
Mais l'homme qui contribua pour
une
large part à affermir le mouvement d'Oxford
dans les pays de langue allemande, qui lui donna
une base dogmatique large en opposition à la
multiplicité des opinions individuelles, ce
fut Théodore Jellinghaus, dont
le livre Le Salut complet et
présent par Christ (5), publié en
1880, fut
tiré à plusieurs
éditions.
Jellinghaus, né en 1841,
après avoir séjourné en
Afrique au service de la Mission Gossner, rentra en
Allemagne et y devint pasteur dès 1874. Les
lignes suivantes, tirées de la
préface de son livre, montrent par quelle
évolution intérieure il avait
passé :
« En septembre 1874,
après un deuil douloureux dans ma famille,
je fus conduit par Dieu aux réunions de
sanctification d'Oxford. Avec un certain nombre de
frères allemands, j'assistai à la
puissante manifestation de l'Esprit de Dieu dont
ces réunions de croyants furent l'objet.
J'entendis combien des prédicateurs
sérieux, fondés sur la Parole de
Dieu, appartenant aux dénominations les plus
diverses, et qui avaient pour la plupart
déjà travaillé avec fruit
à la conversion des âmes,
reconnaissaient cependant que par ce mouvement la
puissance sanctifiante du sang de Christ leur
était apparue dans une lumière toute
nouvelle. J'appris aussi comment ces mêmes
hommes, par une foi et une consécration sans
réserves, avaient fait d'heureuses
expériences de purification
intérieure et de victoire sur les tentations
auxquelles ils avaient toujours succombé
jusqu'alors.
Plusieurs de ces enseignements
d'Oxford donnaient lieu pour nous à de
sérieux combats intérieurs.
Cependant, d'accord avec d'autres frères,
j'acquis la conviction que cette doctrine
était essentiellement biblique et
réservait une vraie consolation pour les
enfants de Dieu qui luttent dans les efforts de
la sanctification
légaliste. Je fis moi-même avec joie
cette expérience.
Le cher P. Smith fut appelé
à Berlin par le prédicateur de la
cour Baur. Quoiqu'il ne fût pas orateur et ne
s'exprimât que par interprète, il y
détermina en quelques jours, un mouvement de
réveil tel que jamais auparavant on n'en vit
se produire de semblable en si peu de
temps.
Je me mis à écrire
dans le Glaubensweg, qui comptait
près de huit mille lecteurs, des articles
sur la repentance, la foi, la sanctification. Ce
qui me valut de la part de théologiens,
aussi bien que de laïques, de nombreux
encouragements et témoignages
d'affection.
J'étais revenu d'Oxford avec
la vision claire que, sans l'assurance fondamentale
du salut - sur laquelle règne chez nous, en
Allemagne, bien moins d'unité de vues et de
clarté qu'en Angleterre - la doctrine de
sanctification ne pouvait apporter aucune
bénédiction profonde et durable.
C'est pourquoi il me parut nécessaire de
publier un livre qui présentât
à la fois la justification et la
sanctification par la
foi.... »
Le livre de Jellinghaus,
excellent,
peut-être un peu touffu et trop abondant en
répétitions, est riche de sève
biblique. Dans la première partie, la
grâce du Sauveur qui justifie est mise bien
en lumière. Dans la seconde partie, c'est
l'obligation et le moyen de la sanctification qui
sont présentés. Et cette
sanctification n'est ni wesleyenne, ni oxfordienne,
ni anglo-saxonne, ni germaine ; elle est
simplement biblique. C'est l'exposé
objectif, mesuré, sans excès de
bagage théologique et à la
portée de tout laïque cultivé,
de ce que Jésus, Paul, Jean ont
enseigné.
Ce livre eut une portée
considérable et un succès du meilleur
aloi, puisqu'il en est à sa quatrième
édition. Il constitua le recueil dogmatique
par excellence des Gemeinschalten et
rencontra même bon accueil chez les
théologiens de la droite
évangélique.
Ces dernières années -
le diable sait toujours gâter les meilleures
choses - certains pasteurs luthériens ont
accusé Jellinghaus d'avoir ouvert la porte
au mouvement dit « de
Pentecôte », du parler en langues
et du perfectionnisme, en décrivant et en
défendant le mouvement d'Oxford dans son
livre. Le malheureux, âgé et
neurasthénique, fut navré de ces
reproches ; il dut être interné
dans une maison de santé. À peu
près guéri en 1911, il se mit
à écrire à divers amis de
longues lettres dans lesquelles il déplorait
le mal qu'il s'accusait d'avoir fait aux âmes
par ses soi-disant erreurs doctrinales.
Deux de ses correspondants, le
pasteur Hahn de Markt-Alverselben et
l'évangéliste Bruchs de Lichtenrade
ont tiré de ces lettres une brochure de
rétractation (6), que Th.
Jellinghaus a
publiée sous son nom. À l'apparition
de cette publication M. le pasteur et professeur
Hadorn de Berne, dans le Kirchenfreund, M.
Mojon dans les Brosamen, comme le pasteur
Heinatsch, dans une étude publiée
à Neumünster et augmentée d'une
préface du Dr K. Müller, professeur de
théologie à Erlangen, prirent
résolument fait et cause pour le Jellinghaus
de 1880 contre celui de 1912, et défendirent
le malheureux auteur contre lui-même en
invoquant son état de santé. Le
Jellinghaus qui seul compte devant l'histoire,
c'est bien
celui qui
exposa avec tant de conviction et de
compétence la réalité de la
justification et de la sanctification par un acte
divin dont la foi prend possession et non pas celui
qui s'est livré à une
rétractation pénible et....
sénile. À voir tant de fissures se
produire chez plusieurs de ceux qui ont
été les propagateurs du réveil
d'Oxford, ne semble-t-il pas que le Malin se soit
acharné contre eux d'une façon
spéciale ?
La publication du Libérateur de M. Th.
Monod dura
jusqu'en 1880, mais les derniers numéros
parurent irrégulièrement. La Mission intérieure, le journal
rédigé à Nîmes par le
pasteur Babut, publia encore quelques articles
d'édification de M. Monod sous la
rubrique : Le Libérateur.
« Voilà bientôt sept ans,
ainsi parle M. Monod dans le dernier article du
fascicule de 1880, que la première
pensée de la fondation de ce journal se fit
jour sous les ombrages de Broadlands, alors
qu'entre chrétiens français et
suisses, formant un petit groupe sur le gazon des
« parcs herbeux » et au bord
des « eaux tranquilles », nous
chantions le cantique qui venait de
s'échapper de nos âmes
affranchies :
J'ai trouvé, j'ai trouvé la voie....
.... Les bénédictions qui ont
découlé de cette source, non
seulement par le canal de notre humble feuille,
mais par une multitude de publications, cantiques
de réveil, réunions spéciales
de consécration (autant de fruits de ce
mouvement, et tout ensemble autant de moyens de le
propager) nous avons mieux à faire que
d'essayer d'en dresser la statistique :
« le grand jour le fera
connaître ». Il est certain que ce
qui, il y a quelques
années, semblait à la plupart d'entre
nous une nouveauté à peine croyable,
tant elle était belle et que nous allions
chercher avidement dans les ouvrages de M. W.-E.
Boardman ou de M. et Mme P. Smith, est devenu
à peu près partout, quant à
son essence, un enseignement compris,
accepté, presque banal. En Angleterre
surtout, le grand courant
évangélique, en dehors de toute
tendance spéciale, s'est largement
pénétré de cet
esprit.... »
Plus tard, en 1890, l'organe du
Jura
bernois, l'Union jurassienne ayant
cessé de paraître, un nouveau
Comité de rédaction, composé
de MM. A. Morel alors pasteur à Moutier, J.
Gross, pasteur à Tramelan et A. Besson,
pasteur à Tavannes, fonda un journal, Le
Libérateur, héritier à la
fois de l'Union jurassienne et du Libérateur de M.
Monod, pour
représenter en Suisse française la
pensée d'Oxford. Nous lisons en effet dans
l'article-programme du premier numéro, sous
la signature de M. A. Morel : « Il
(Le Libérateur) ne poursuivra qu'un
seul but : faire connaître la douce
figure de Celui qui a été oint du
Saint-Esprit et de force, pour guérir tous
ceux qui sont sous l'empire du diable.
Car nous croyons que le
Libérateur n'est pas seulement venu de Sion
pour effacer nos péchés, mais pour en
tarir la source
(Rom.
XI, 26), que c'est un Vainqueur
qui est descendu sur cette terre pour y
détruire le règne du mal et briser le
joug d'airain qui pèse sur tous les membres
de notre race, que par conséquent le dernier
des malheureux, assujetti à la
dernière des passions, est susceptible
d'être affranchi de la puissance de son
péché, et cela, uniquement par la foi
au Libérateur.
Voilà la conviction que nous
voudrions faire partager à nos lecteurs,
pour le bonheur de ceux qui soupirent après
la liberté, pour l'honneur de
l'Évangile et pour l'avancement du
règne de Dieu dans notre
pays. »
C'était donc bien la
pensée centrale du mouvement d'Oxford,
l'affranchissement du péché par la
foi, qui animait les fondateurs de cet
organe.
Ajoutons que La
Feuille
religieuse du Canton de Vaud, si
appréciée de ses nombreux lecteurs,
rédigée avec tant de
compétence et de spiritualité par M.
le pasteur Tophel, représente, elle aussi,
en Suisse romande, l'élément profond,
éternel, du mouvement de
sanctification.
Dans notre pays les réunions
de consécration continuaient. Mentionnons
encore celles qui eurent lieu à
Neuchâtel du 26 au 29 octobre
1880.
L'invitation, signée de MM.
0. Stockmayer et Th. Monod portait ces
lignes :
« .... Les réunions
tenues dans cette ville au mois de septembre 1875
ont laissé des traces de
bénédictions réelles et
fécondes, et toutes les fois que des enfants
de Dieu s'attendent au Seigneur pour se grouper
autour de sa Parole, Il se plaît à
répondre à leur attente. Il faut au
Seigneur aujourd'hui autant que jamais
« un peuple de franc vouloir »,
un peuple qui, connaissant ce que c'est que
d'être mort à soi-même, au
péché et au monde, puisse vivre tout
entier en Lui, et pour Lui, dans l'attente de son
retour. »
Lord Radstock avait accepté
la présidence des réunions
d'évangélisation.
« C'était la
première fois, dit le rédacteur du
Journal religieux, que nous entendions lord
Radstock, et nous nous sommes expliqués, en
l'entendant, les bénédictions dont
sa parole a été accompagnée en
Angleterre, en France, en Russie, en Belgique, en
Suède.
Elle est avant tout un
témoignage à la vérité,
à la divinité de Jésus-Christ,
à la parfaite suffisance de sa mort,
à son infinie puissance pour quiconque se
confie en lui ; cette vérité, on
sent qu'il la connaît par expérience
et qu'il en vit ; ce qu'il donne ce n'est pas
ce qu'il a appris dans les livres, mais ce qu'il a
vu, entendu, touché, concernant la Parole de
vie ; et c'est là ce qui doit faire une
vive et salutaire impression, surtout sur ceux qui
connaissent peu l'Évangile ou qui ne le
connaissent pas du tout.... »
On parla beaucoup de mort au
péché, de résurrection avec
Christ. Les auditeurs furent autorisés
à poser des questions par écrit
auxquelles les orateurs répondaient
publiquement.
En voici une :
« Comment réaliser, dans les
détails d'une journée très
remplie, la mort à soi-même, la
crucifixion avec
Christ ? »
M. Th. Monod répondit :
« Voici par exemple une
mère de famille surchargée
d'occupations, n'ayant pas une minute de loisir du
matin jusqu'au soir. À grand'peine elle a pu
trouver une petite demi-heure pendant laquelle elle
va s'enfermer dans sa chambre, prendre sa Bible et
se recueillir. C'est une chose excellente, n'est-ce
pas ? Dieu le lui commande, Dieu l'y engage.
Mais voilà qu'au moment même où
elle va commencer sa lecture, elle entend des cris.
C'est un enfant qui réclame les soins de sa
mère. Il faut laisser là sa Bible,
son moment tranquille et soigner son enfant. Que
va-t-elle faire ? Dira-t-elle : Il me
faut être douce, patiente, Seigneur
Jésus, aide-moi ? Non, cela ne suffit
pas ! mais si, dès le moment
où l'interruption
commence, par un premier regard de foi, elle se
dit : « Quel bonheur que ma vieille
nature, mon impatience soit là clouée
sur la croix et ne puisse plus rien sur moi, merci,
mon Dieu ! » elle aura la victoire.
Elle ira passer cette demi-heure tout autrement
qu'elle n'aurait pensé, mais elle aura fait
un pas en avant dans cette journée, lors
même qu'elle ne retrouverait plus le moment
désiré
(7). »
On ne vit plus les foules qui
s'étaient portées à
Neuchâtel en 1875, aussi le rédacteur
du Journal religieux terminait le
compte-rendu de ces journées en
disant :
« Ceux qui ont
assisté aux réunions de
Neuchâtel doivent s'abstenir de porter aucun
jugement sur ceux qui n'ont pas cru devoir laisser
de côté leur tâche
journalière pour se joindre à leurs
frères. Qu'ils se gardent de les comparer
aux invités qui refusent de se rendre au
« grand souper » sous les plus
misérables prétextes. Ils ne doivent
pas juger, mais se souvenir qu'ils seront
jugés : « Vous qui avez tant
parlé de mort au péché,
montrez-leur, dira le monde, que vous êtes
morts au péché
(8). »
M. Auguste Rollier, alors
pasteur
à Saint-Aubin, et plus tard professeur
d'exégèse du Nouveau Testament
à la Faculté nationale de
théologie de Neuchâtel,
écrivait dans son journal intime, au
lendemain de ces réunions, les lignes
suivantes
(9) :
30 octobre 1880.
« Vous tous qui
craignez
Dieu, venez, écoutez et je raconterai ce
qu'il a fait à mon âme. Ps. LXVI,
16. Avant de raconter, quand tu
m'y appelleras, devant mes frères, je veux,
mon Dieu, raconter devant toi, dans la
reconnaissance et l'adoration, tout le bien que tu
as fait à mon âme.
Depuis longtemps, ô mon Dieu,
tu as mis, par ta grâce, dans mon âme
un invincible attrait vers cette vie qui vient de
toi, qui est la vie sainte, glorieuse,
éternelle, que tu as donnée et que
nous avons en ton Fils Jésus-Christ.
Déjà par ta bonté, par ton
amour de Père, par ta grâce toute
gratuite, je possédais cette vie en croyant
en ton Fils. J'en connaissais la beauté, la
douceur, la puissance, au moins dans une certaine
mesure, et quand mon devoir à ton service
m'appelait à en parler, je pouvais le faire
avec assurance et joyeusement, à l'imitation
de ton apôtre Jean. 1
Jean I, 1 à 4.
Mais cette vie connue,
goûtée, possédée, ne
l'était ni avec plénitude, ni avec
continuité. Et d'où venait cet
amoindrissement ? Il venait de ce que la vie
propre occupait encore de la place en moi. Il y
avait intermittence, rétrécissement,
parce qu'il y avait mélange. Grâces te
soient rendues, ô mon Dieu, ce mélange
tu me l'as, ces jours derniers, non seulement
découvert (je ne l'ignorais pas, j'en
souffrais, je le condamnais, je le combattais et
souvent par ta grâce victorieusement), mais
tu m'en as délivré ou du moins tu
m'as rappelé et remis en mains le moyen que
précédemment déjà tu
m'avais enseigné et donné pour
être délivré.
L'enlèvement de l'obstacle à la
plénitude et à la permanence de ta
vie en moi, ô Christ, c'est la suppression de
cette vie propre qui occupait encore une part de la
place qui t'est due, c'est la mort à
moi-même complète, décisive,
définitive.
Cette mort bienheureuse à
soi-même, condition de la
vie en Toi et de ta vie en nous, Seigneur, tu m'en
avais fait commencer l'apprentissage dès
cette année bénie de 1856 où
tu m'as, à Bellefontaine, introduit, en
triomphant de ma répulsion et de mes
résistances, sur cette voie ouverte par ton
précurseur : « Il faut qu'Il
croisse et que je diminue » Jean III, 30.
Dès lors, tu n'as cessé, Seigneur, de
grandir devant moi et en moi et de me faire
diminuer jusqu'à ce que, il y a cinq ans,
à Londres, en entendant D. Moody et à
Brighton ensuite et surtout à travers une
réelle agonie de plusieurs jours, tu m'as
introduit plus avant jusque dans la mort à
moi-même.
Je te rends, Seigneur, de
profondes
actions de grâce, pour ce chemin de
bénédictions de plus en plus grandes
par lequel Il t'a plu de me conduire. Cependant
jusqu'ici, ce n'était qu'un acheminement.
J'avais bien compris la théorie, et
c'était déjà une
lumière de ton Esprit, une précieuse
faveur de ta part ; mais j'avais plus compris
que réalisé. Je voyais en idée
cette mort à moi-même, cette
implantation de mon vieil homme en ta mort. Je la
reconnaissais, j'y acquiesçais, mais
j'appelais cela l'état de droit ; dans
le langage des hommes, j'aurais dit l'idéal,
et j'y opposais toujours l'état de fait,
autrement dit la (soi-disant)
réalité. Maintenant, ô mon
Dieu, je te bénis de ce que tu m'as fait
voir et sentir que la foi consiste
précisément à transformer
actuellement et perpétuellement
l'état de droit en état de fait,
l'idéal en réalité, parce que
la réalité, Seigneur Jésus, la
réalité est en toi et que la foi qui
te saisit, qui te reçoit tout entier,
reçoit, saisit la réalité de
tout ce qui est en toi, y compris la
réalité de ta mort pour nous, de
notre mort en ta
mort.
Oui, ta Parole le dit, et ce
n'est
pas vrai parce que ta Parole le dit ; ta
Parole le dit parce que cela est vrai et
réel ; nous qui sommes à toi,
tes rachetés, qui sommes en toi par la foi
et par ton Saint-Esprit, les membres de ton corps, nous sommes
morts
(Rom.
VI), nous avons
été baptisés en ta mort,
plongés, engloutis, enveloppés,
enfermés dans ta mort par le baptême.
Nous avons été faits (cela est fait)
une même plante avec toi par la
conformité à ta mort
(sumphutoï) (10) et voilà
pourquoi nous le
sommes aussi par la conformité à ta
résurrection.
Tu as mis, pendant ces jours,
par
ton Esprit, en parfaite lumière devant mes
yeux l'implication de notre mort en ta mort, la
réalité de notre mort dans la
réalité et l'efficacité
expiatoire et rédemptrice de ta
mort.
Et par ce coup de mort que tu as
donné à ma vie propre, Seigneur, tu
as enlevé l'obstacle que cette vie
ténébreuse, souillée et
misérable opposait en moi à la
communication par toi et à la participation
pour moi de la plénitude et de la
continuité de ta vie spirituelle et
céleste.
4 décembre 1880.
Cinq
semaines se sont écoulées depuis que
les lignes précédentes ont
été écrites et grâces
à Dieu, ces semaines, bien loin d'amener la
réfutation ou la contrepartie de ces faits,
en ont été la confirmation et le
développement.... »
Les réunions
générales de consécration
allaient en s'espaçant, mais la
prédication d'un Évangile
éclairé par la lumière du
réveil se multipliait partout.
Les quelques traits suivants des
réunions de Lausanne, en
juin 1882, donnent bien la physionomie de ces
assemblées, alors que le mouvement
s'était apaisé et
clarifié.
C'est d'abord l'intérêt
soutenu que manifeste le public
réveillé et sympathique qui remplit
les locaux. Au dire d'un témoin oculaire, la
réunion du jeudi soir à
Saint-François s'est prolongée
jusqu'à dix heures du soir sans fatigue pour
les auditeurs. Dans les coeurs circulait l'air des
sommets ; on écoutait les orateurs
facilement, comme si l'on marchait à la
montagne.
Puis ce qui étonne et ce qui
plaît, c'est l'esprit de véritable
Alliance évangélique qui anime les
représentants des diverses
dénominations. Peut-être bien, une
fois les réunions passées, certaines
mesquines rivalités se manifesteront-elles
à nouveau ; mais pendant ces
journées, il règne entre les
assistants une fusion des coeurs, dont,
forcément, il reste quelque chose dans la
vie ordinaire. La Sainte-Cène finale,
présidée par M. Rappard, fut
distribuée par des pasteurs nationaux,
libres, allemands, méthodistes,
assistés d'un frère de
l'Assemblée du Pont.
À Lausanne comme ailleurs,
les auditeurs furent pressés d'accepter les
promesses scripturaires qui parlent de
sanctification. « Je puis tout par Christ
qui me fortifie », lisait-on, et
tôt après on chantait la
réponse : « Toute victoire
est possible à qui combat avec
foi ! » On rappela une
expérience du professeur Lange de Zurich,
précédemment à Bonn. Il fut
assailli un jour par une tentation abominable et
puissante. Dans le sentiment de sa faiblesse il
porta ses regards sur la personne du Sauveur
crucifié et il fut délivré
instantanément.
Relevons encore quelques
pensées exprimées au cours de ces
réunions.
« On s'imagine parfois
qu'en assistant à un culte on porte un fruit
comme si c'était tout son devoir. Un culte
n'est pas un fruit pas plus qu'un arrosoir ou une
bêche ne sont des fruits ; les cultes
sont des moyens de travailler à la
production du véritable fruit et ce
fruit-là est clairement défini dans Galates
V,
22-25. »
« Garder pour soi ce
que
le Seigneur veut qu'on lui sacrifie est la
principale cause de nos défaites et de
l'inefficacité de ses
promesses. »
« Faire tout comme pour
Lui, recevoir tout comme de Lui, ne procure pas
seulement un grand bien spirituel, mais est utile
mentalement et physiquement en pacifiant l'esprit
et en calmant les nerfs. »
Au culte de clôture, M.
Rappard prononça ces paroles :
«
Chaque fois que je prends la
Cène, j'ai l'habitude d'implorer du Seigneur
une grâce spéciale. Aujourd'hui je lui
demande de me pénétrer davantage de
son grand amour pour les siens ; qu'il
m'inspire non pas cette charité banale dont
parlent sans cesse les gens du monde, mais l'amour
qu'il a eu pour tous et qui s'est exprimé
par le service le plus humble et le plus
dévoué, le lavage des pieds de ses
disciples
(Jean
XIII) ; un amour qui
détruise l'égoïsme et qui se
donne pour le salut de tous. Le service du Seigneur
est si doux à remplir. Jamais il ne
fatigue ; ce qui fatigue c'est de
prêcher ce qu'il a été et ce
qu'il a fait tandis qu'on vit soi-même d'une
tout autre manière ; alors il y a des
tiraillements fatigants. Mais celui qui vit de la
vie de son Sauveur, ne se lasse point de le servir
(11). »
Nous ne pouvons pas clore ce
chapitre sans mentionner brièvement le
rôle joué par le Ried dans le maintien
et le développement en Suisse romande des
grandes pensées du mouvement
d'Oxford.
Dans cet asile de la peinture
religieuse et de l'amour chrétien, Dieu a
fait une oeuvre remarquable, depuis près de
trente ans, parmi de nombreux malades du corps et
de l'esprit. De combien de conversions
authentiques, de quels actes de
consécration, de quelles victoires sur la
chair ou le démon ces maisons, tout
enveloppées de verdure et devant lesquelles
passent en chemin de fer tant de voyageurs
affairés, n'ont-elles pas été
les témoins discrets ?
Nous pensons aussi aux
réunions de consécration, autrefois
plus ouvertes, aujourd'hui restreintes, qui s'y
tiennent presque chaque année. Là se
sont réunis depuis 1880 les hommes qui ont
été au Jura bernois, à Berne,
dans les cantons de Neuchâtel, Vaud,
Genève, dans le Pays de Montbéliard
et plus loin encore, les propagateurs du mouvement
de sanctification. Et aujourd'hui, après
tant d'années, il y a tout à la fois
quelque chose d'identique et de changé dans
ces réunions du Ried. Ce qui est
resté le même, c'est le besoin et la
poursuite d'une vie profonde, cachée avec
Christ en Dieu, c'est le travail de conquête
- au travers de combien de reculs et de chutes -
d'une sanctification plus réelle, sous la
direction toujours fidèle et puissante de M.
Stockmayer. D'autre part il y a quelque chose de
changé : l'interprétation de
l'Apocalypse, les vues spéciales qui pendant
un temps avaient trop accaparé l'attention,
ont été remises à leur place.
Par contre l'examen courageux de certains
problèmes actuels a
pénétré aujourd'hui
dans le cercle des
préoccupations du Ried. Les participants
à ces réunions ne veulent pas de
l'immobilisme, de la pure contemplation ; ils
affirment la vitalité du courant qu'ils
représentent, en cherchant dans la
prière et l'édification mutuelle le
mot d'ordre de Dieu pour l'heure présente.
On a pu entendre un jour l'un d'entre eux dire
à Dieu - « Change ma
manière de voir, mais donne-moi ton Fils,
donne-moi ta Parole. Je veux la
réalité éternelle. »
Saisir plus que jamais la croix
d'une main et tendre l'autre au monde, avec un
amour renouvelé, une telle attitude est
nécessairement féconde. On essaie de
réaliser l'équilibre entre la vie
intérieure et l'activité
extérieure, entre l'intense
réceptivité à toutes les
manifestations de la grâce de Dieu et l'amour
du prochain sous ses formes les plus
actuelles.
Et puis, ce qui fait le
caractère de ces réunions, c'est la
profonde unité de ceux qui se
réunissent en ce lieu
privilégié. « Après
avoir rendu les armes devant Dieu, on apprend
à les rendre les uns devant les
autres. » L'unité ne provient pas
du manque de diversité, mais du respect et
de l'amour mutuels. Nulle barrière
ecclésiastique ou dogmatique ne fait
obstacle à l'union des âmes. On s'est
humilié des jugements malveillants
portés les uns sur les autres et l'on s'est
appliqué à aimer, à adorer
avec des coeurs plus vidés
d'égoïsme et plus remplis de la
personne même de Christ.
Telle de ces assemblées ne
constituait-elle pas déjà comme un
diminutif de l'Église universelle dont le
coeur battait en certaines heures à
l'unisson avec celui du Maître ?
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