Sainte-Croix. - M. Périllard. - 3e Réunion de Neuchâtel. - MM. Tophel, Th. Monod, F. Godet. - Témoignages de MM. A. Besson, E. Barnaud, Henriquet.
Après Brighton les réunions de
sanctification continuèrent à se
multiplier en Suisse, en Allemagne et en France.
Pour ne pas dépasser les limites que nous
nous sommes assignées, nous n'en
décrirons que deux en Suisse romande, en y
ajoutant le témoignage de quelques-uns des
frères qui se sont rattachés alors au
mouvement d'Oxford. Du 12 au 15 juillet 1875
avaient lieu les assemblées de Sainte-Croix.
Nous reproduisons les lignes suivantes du
compte-rendu qu'en donna M. E. Grobet, alors
pasteur suffragant à Perroy, et qui devint
un des habitués des réunions de
consécration :
« À dix heures et
à deux heures nous avions l'étude de
la Parole de Dieu. On se sentait
dépréoccupé des hommes ;
on désirait écouter ce que Dieu dit
et croire ce qu'il dit, et prendre au mot ses
promesses. Que de passages, compris imparfaitement,
qui s'illuminent quand on les lit aux pieds de
Jésus ! On se demande parfois :
Comment se fait-il que je n'aie pas compris cela
plus tôt ? .... Et permettez-moi de vous
citer un trait qui est à lui seul la preuve
évidente que le Seigneur était avec
nous. Le mercredi soir, lors
d'une réunion d'appel,
d'évangélisation, un père
présenta son fils à Jésus,
demandant avec larmes le changement de son coeur.
Ce fils, depuis dix-huit ans, vivait dans le
péché, ouvertement, et affligeait ses
malheureux parents.
- O vous, qui priez pour une
âme qui vous est précieuse
écoutez ! - Le fils prodigue
était là.... la prière fut
entendue, l'Esprit de Dieu lui révéla
la grandeur de ses péchés. Il passa
la nuit dans le trouble et, le jeudi matin, n'en
pouvant plus supporter le fardeau, haïssant sa
misère, il alla se jeter à genoux
devant son père et sa mère, leur
demandant pardon. À la réunion du
matin, après une prière émue
de son père, il se leva, confessa
publiquement ses fautes : « C'est
moi, c'est moi qui suis ce fils prodigue,
disait-il ; mais me voici, je reviens à
mon père. » Je n'oublierai jamais
ce moment. Bien des yeux se remplissaient de
larmes. Un enfant perdu venait de trouver dans les
bras de Jésus amour et pardon....
(1)
Comme ailleurs, les personnes
qui
avaient été particulièrement
touchées furent invitées à le
manifester publiquement en se levant ; un
certain nombre d'entre elles le firent joyeusement.
M. C. Pahud, pasteur national, protesta dans le Journal
évangélique du canton de
Vaud (2) contre ces
témoignages
publics. Il terminait cependant son article par ces
paroles de conciliation : « Si je ne
puis, comme M. Grobet, approuver tout ce qui s'est
passé, si j'insiste moins que lui sur les
résultats immédiats, je puis
cependant me joindre sincèrement à
lui pour bénir Dieu de ce que
l'Évangile a été
annoncé d'une manière aussi
vivante.... »
M. Périllard était
alors pasteur de l'Église libre à
Sainte-Croix ; il revenait de Brighton et
c'était en grande partie à son
instigation que les réunions avaient
été organisées.
Dans une lettre particulière
M. Périllard nous raconte ses souvenirs de
cette époque ; nous en citons ici un
fragment
« .... Parmi les
collaborateurs de M. Pearsall Smith, M. Th. Monod
est, à mon sens, celui qui a fait entendre
la note la plus claire et la plus
entièrement scripturaire. J'aime à me
souvenir de ses allocutions à Brighton (je
n'étais pas à Oxford) et à
Genève.
C'est lui surtout qui a
relevé le devoir de la vigilance et
rappelé le sérieux de la lutte, alors
que l'enseignement de P. Smith soulignait surtout
le repos de la foi, ouvrait la porte à une
certaine tendance quiétiste, qui certes
n'était pas dans sa pensée, car pour
parvenir au repos de la foi, il proclamait la
nécessité d'une entière et
absolue consécration. Mais le danger
était d'en venir à croire (comme
l'ont fait ensuite les adhérents de la
doctrine dite des « Coeurs
purs ») que cette consécration
s'opérait une fois pour toutes, et que le
coeur était si bien renouvelé que le
vieil homme était définitivement et
pratiquement anéanti, sans que le
chrétien ait plus rien à craindre de
ses attaques.
Hélas ! on s'est
bientôt rendu compte de la
réalité de l'expérience que
Luther exprimait dans son pittoresque
langage : « Je croyais avoir
noyé mon vieil homme, mais je me suis
aperçu que le misérable savait
nager. » - M. Th. Monod a rappelé
sans cesse (et il n'a pas été seul
à le faire) la nécessité de
demeurer en Christ pour avoir part à sa vie,
et il a insisté sur le devoir de la
vigilance et de l'exercice sans cesse
renouvelé de la
volonté pour nous maintenir dans le repos de
la foi et nous assurer la victoire.
La mention du nom de M. Th.
Monod
m'a conduit à signaler les dangers que
courait le mouvement d'Oxford. Mais j'aurais
dû parler tout d'abord de la lumière
bénie qu'il a fait luire sur notre chemin.
Non pas que les promoteurs de ce mouvement aient
rien enseigné que d'autres n'aient
enseigné avant eux, non pas qu'ils aient
rien découvert ; mais ils ont
souligné des vérités
scripturaires trop habituellement laissées
dans l'ombre ; ils ont fait paraître
avec une clarté nouvelle la personne du
Christ « capable de sauver parfaitement
ceux qui s'approchent de Dieu par lui »,
Christ qui n'est pas seulement
« justice », mais
« sanctification » et
« rédemption ».
Pour beaucoup de chrétiens
cet appel à prendre possession de la
plénitude du salut que Dieu nous a
préparé en Christ fut une
révélation. Plusieurs pasteurs y
trouvèrent un renouveau de leur
ministère, et plus d'une Église
sentit passer sur elle un souffle de
réveil....
(3) »
À Neuchâtel, un grand
Comité d'Alliance évangélique,
composé de MM. les pasteurs Monnerat de
l'Église libre, président, L. Nagel
et Du Bois de l'Église nationale, E.
Robert-Tissot, H. Junod de l'Église
indépendante, Reichel, pasteur morave
à Peseux, Ecklin, pasteur allemand et des
laïques : Dr Touchon, L. Coulon,
Ferdinand Beek, François Touchon, F. de
Perregaux, prit l'initiative de convoquer des
réunions de consécration du 21 au 23
septembre 1875. Il s'assura le concours de Th.
Monod ; il avait invité P. Smith, mais
celui-ci était
déjà reparti pour les
États-Unis. Pendant trois jours on devait
étudier à la lumière de
l'Écriture : le Mal, le Remède,
et la Guérison.
Le Comité organisa pour les
trois soirs des réunions en langue allemande
à la Salle des
Conférences.
On comptait sur une grande
participation, l'attente fut
dépassée ; il fallut se
transporter au Temple du Bas, déjà
pendant la journée ; parfois même
il fallut tenir une réunion parallèle
à la chapelle des Terreaux.
Plus de cent pasteurs avaient
répondu à l'appel.
Le lundi soir, M. Tophel, alors
pasteur de l'Église libre, à
Genève, définit le but des
réunions par une heureuse comparaison :
« Si vous voyiez,
dit-il,
sur la voie ferrée un train
arrêté et le mécanicien assis
sur la voie, pleurant de ce que le convoi ne marche
pas, vous lui diriez : Mon ami, ce n'est pas
en te lamentant que tu feras avancer le
train ; cherche plutôt la cause de
l'arrêt, puis : en avant ! De
même pendant longtemps, nous avons
gémi sur le peu de progrès de notre
vie chrétienne ; on a dit et
répété que son niveau
baissait. Le moment est venu de ne plus se
contenter de ces plaintes trop justes. Il faut
rechercher les causes de l'arrêt, les
supprimer et se remettre en marche. C'est à
quoi visent les réunions qui commencent
aujourd'hui. »
Le lendemain, le sujet si grave
du
péché fut traité avec un
sérieux et une profondeur qui saisirent
à la conscience tous les assistants. Les
principaux orateurs étaient MM. Stockmayer,
Th. Rivier, A. Bovet, Coulon, pasteur à
Corcelles, Barde de Vandoeuvres, H. Junod de
Neuchâtel, Borel de Saint-Aubin. Mais ce fut
Th. Monod qui prononça les paroles
décisives.
Il dénonça le mal avec
la dernière énergie :
« Où est-il ? ou plutôt
où n'est-il pas ? Vous dirai-je de
regarder autour de vous et de le chercher dans
votre patrie ou dans la mienne, dans
l'Église, dans le monde dans les
familles ? Non. Nous ne sommes pas ici pour
faire des amplifications.
Regardez en vous-mêmes. Ne
vous occupez pas du mal en général,
mais du vôtre en particulier.
Soyez de bon compte avec Dieu et
avec vous-mêmes.
Quelques-uns sont venus pour
apprendre à connaître l'obstacle qui
les arrête dans la voie chrétienne et
ils le connaissent depuis longtemps. La
lumière ne nous manque pas. Mais l'on fait
avec le mal, comme le père qui joue avec son
enfant, L'enfant s'est caché derrière
le rideau et le père le cherche
partout ; il voit ses petits pieds
dépasser le rideau et entend ses rires
étouffés, mais il le cherche
ailleurs, partout, excepté où il sait
qu'il est. Nous faisons de même à
l'égard du péché. On sait
où est son péché, on le voit
et on l'entend, mais on le cherche avec soin
partout où l'on sait qu'il n'est pas. Allez
donc dans ce petit coin dont vous vous tenez
soigneusement éloignés et auquel vous
avez toujours tourné le dos et vous
trouverez votre péché. Vous,
l'incrédulité, vous la paresse, vous
l'impureté, vous la colère, vous
l'avarice, vous l'idolâtrie des vôtres,
vous l'égoïsme. Cherchez bien. Laissez
Dieu chercher. N'imitez pas les malades qui cachent
leur vrai mal au médecin par crainte des
amputations qu'il faudrait faire. Et celui qui vous
aura montré le mal vous dira comment le mal
peut être guéri....
(4) »
Entre les grandes réunions
avaient lieu des assemblées plus
restreintes, pour les dames,
pour les hommes, pour les pasteurs. C'est dans une
de ces réunions pastorales que M. Th. Monod
demandait spirituellement à ses
contradicteurs qui niaient la possibilité de
la délivrance du péché :
« Jusqu'à quel point le
chrétien peut-il rester voleur, ou menteur
sans compromettre son salut ? »
C'est alors aussi que M.
Stockmayer,
avec un courage extraordinaire, mit son coeur
à nu devant ses collègues et leur
raconta jusqu'où la puissance du sang de
Christ avait agi dans son être physique, au
scandale des uns, à l'édification
profonde des autres. Il fut conduit dans cette
même séance à déclarer
que depuis un temps qu'il indiqua, il ne se
souvenait pas d'avoir commis un acte
d'infidélité consciente. Dans le
public, qui ne sait pas faire les nuances, on lui
prêta l'affirmation qu'il ne péchait
plus.
En réalité il avait
dit :
« Pour moi comme pour
mes
frères qui annonçons la
délivrance du péché, la
sainteté ne peut être un état
comme elle l'est pour Dieu, c'est une attitude.
Tant que je demeure dans l'attitude du
racheté de Jésus-Christ, gardé
par sa puissance, je suis préservé de
chutes, tout en conservant dans mon être
terrestre toutes les dispositions au mal ;
puis cette attitude se fortifie par l'exercice et
devient une habitude. »
Le mercredi on traita de la
question
du « remède ». C'est le
professeur Frédéric Godet qui
introduisit le sujet et présida la
réunion.
« Que penserait, dit le
théologien neuchâtelois, un
étranger qui verrait ces grandes foules
réunies ici ? Il penserait que nous
célébrons l'anniversaire de quelque
événement national. Non, lui
dirions-nous ; et si cet homme était
ignorant du christianisme, nous ajouterions :
nous sommes ici, parce qu'un homme
a réalisé sur la
terre la sainteté parfaite.
- Mais qu'est-ce que cela vous
fait ? pourrait-il demander.
- Ah !
répondrions-nous,
ce qui a été possible à un
Jésus-Christ, est possible à tous, et
ce qui est possible à tous est un devoir
pour tous. Mais quel est le lien entre cette vie
unique du Christ et la
nôtre ?
La réponse je la trouve dans Romains
VIII, 1-4. Aucune
condamnation !
Saint Paul fait entendre par
là qu'il y a plus d'une sorte de
condamnation ; il y a celle qui est le
mécontentement, la colère, la
malédiction de Dieu ; pécheur,
je suis maudit ! Quelle pensée bien
propre à nous faire frissonner. Les
chapitres I-V de l'épître aux Romains
montrent comment cette condamnation est
ôtée pour le croyant qui saisit par la
foi la justice de Christ.
Il y a une seconde condamnation,
celle qui est dans le péché
même. Si le péché demeure
après le pardon, la condamnation
renaîtra dans la mesure où le
péché subsiste. Rappelez-vous l'homme
à qui sa dette vient d'être remise et
qui se refuse de remettre celle de son compagnon de
service.
Jésus ne nous justifie pas
pour nous dispenser de la sainteté, mais
pour la rendre possible.
Le pardon est le seuil du
temple, la
sainteté est le sanctuaire même. Le
salut de l'âme, ce n'est pas seulement
qu'elle soit pardonnée, mais qu'elle soit en
santé, sainte, car le péché
est à la fois faute et maladie. Voilà
pourquoi la sanctification doit couronner la
justification.
Mais quel lien y a-t-il entre
elles ? L'apôtre le dit :
« La loi de l'Esprit de vie qui est en
Jésus-Christ m'a affranchi de la loi du
péché et de la mort ». Il y
a une loi en Jésus-Christ ; cette loi
n'est point extérieure ; elle n'est pas
non plus la conscience qui
pèse sur notre volonté ; elle
est intérieure, elle pénètre,
entraîne, subjugue, fortifie la
volonté, c'est l'Esprit de vie qui est en
Jésus-Christ. Jésus nous le
communique et nous transmet par là sa propre
sainteté réalisée
ici-bas....
Le mouvement actuel, sur lequel
on
peut faire peut-être certaines
réserves, - je ne le juge pas - est une
réaction contre la tendance qui envisageait
le mal comme nécessaire. Vinet, dans un
moment d'épanchement, m'a dit ce mot que
j'ai recueilli avec soin :
« Dans le coeur des
meilleurs chrétiens, la grâce cache un
venin subtil ; ils disent :
péchons non pour que, mais parce que la
grâce abonde. »
N'est-il pas humiliant qu'on ait
pu
dire : « Le mensonge est le
péché des chrétiens ; -
personne n'est plus âpre au gain que les
chrétiens ; - et qu'on ait pu
écrire : Trouvez-moi une bonne
domestique, mais surtout que ce ne soit pas une
soeur ! C'est humiliant pour nous et pour le
Seigneur qui a travaillé et lutté
pendant trente ans pour notre
sanctification !
Le divorce entre le
péché et nous dont parle le chapitre
VI des Romains, il faut le maintenir.
« Vous êtes morts, faites donc
mourir ! » C'est quand le divorce
est prononcé, que nous pouvons
éloigner le péché ; c'est
sur le fondement de ce divorce prononcé en
face de la croix qu'il faut continuer à
vivre....
(5) »
Ce matin-là, un laïque,
M. Steinheil (6),
industriel
à Rothau en Alsace, prit aussi la
parole : « Le remède n'est
pas parcimonieusement donné, dit-il, c'est
Christ, Dieu en Christ, le pain du ciel. Mais le
remède n'agit pas avec l'efficacité
qu'il faudrait parce que nous sommes
incrédules, nous doutons de sa puissance.
Voilà pourquoi nous sommes pauvres au sein
de la richesse, affamés en présence
d'une table abondamment chargée de
biens.... »
Citons encore ces paroles de M.
le
pasteur DuBois :
« Au commencement de
son
ministère Jésus entra dans la
synagogue de Nazareth et lut dans le
prophète Esaïe : L'Esprit du
Seigneur est sur moi.... etc., Luc
IV, 18-19.
Immense parole dans le temps
où elle fut prononcée. Alors pour les
pauvres, pour ceux qui avaient le coeur
brisé, pour les captifs, il n'y avait aucun
secours pour ainsi dire, aucune consolation, aucune
délivrance. On comprend que les multitudes
aient suivi Jésus.
Aujourd'hui le Seigneur fait
entendre les mêmes paroles : est-ce
à moins bon droit ? .... Des
esclaves ? Libres citoyens du plus libre des
pays, nous ne connaissons pas l'esclavage antique,
mais nous avons les esclaves des passions
inavouables, de l'impureté, du mensonge,
d'un caractère violent....
Voici le Libérateur !
Qui est-il ? Votre frère. Que
faire ? Aller à Lui. Mais qu'est-ce que
aller à Lui ? Le connaître, jouir
de sa présence ? Oui, mais avant tout
s'unir à Lui en vérité, lui
ouvrir son coeur pour qu'il y apporte la force de
l'Éternel et que, nous délivrant
parfaitement, il nous fasse entrer dans la
République des Cieux. »
Le jeudi, à propos de la
guérison du péché, M. Tophel
disait : « Voici la parole du jour
dans le livre de textes des
Moraves : « Sur vous qui craignez
mon nom se lèvera le soleil de justice et la
santé sera dans ses rayons »
(Mal.
IV, 2). Cette prophétie
s'est accomplie, le soleil s'est levé,
chacun peut et doit trouver la pleine santé.
Dans l'Ancienne alliance, le croyant est sous
tutelle ; la fortune n'est pas encore entre
ses mains. Le privilège de la Nouvelle
alliance c'est que le croyant a la jouissance de
son capital, l'âme possède son
céleste Époux, l'oeuvre proprement
dite du Saint-Esprit a commencé, oeuvre de
régénération.
- Mais je n'ai rien
éprouvé d'extraordinaire !
- Ne vous en inquiétez pas.
Quand le fruit commence-t-il dans la fleur ?
à quelle minute, à quelle
seconde ? Nul ne le sait, nul ne le voit. De
même Christ est formé en vous, lors
même que vous n'avez rien
éprouvé d'extraordinaire. Et quelle
oeuvre que celle-là ! Elle est
permanente, durable,
définitive.... »
La dernière assemblée,
celle du jeudi soir, fut présidée par
M. Th. Monod :
« Nous avons donné
notre coeur à Dieu, nous l'avons
donné sincèrement. Cela
suffit-il ? Personne n'était plus
sincère que Pierre quand il disait :
« Je ne me scandaliserai pas, je ne
t'abandonnerai pas. » Et quelques heures
après il était tombé de
poltronnerie en poltronnerie, de mensonge en
mensonge, de faux serment en faux serment,
jusqu'à renier son Maître.... Nous
disons ce soir au Seigneur : « Je te
suivrai partout où tu iras. » Mais
sur quoi repose cette confiance ? Sur le bien
reçu, vos émotions, vos bons
désirs ? Cela ne vaut rien.
Dites plutôt comme ce
prêtre, qui pendant les heures sombres de la
Commune, voyant venir la nuit, écrivait dans
son journal : « Seigneur, je compte
sur vous, ne comptez pas sur moi. » Que
Pierre nous serve
d'exemple : Ne comptons jamais sur nous,
comptons toujours sur Lui.... Quelqu'un m'a
demandé comment on peut être
débarrassé du
« moi ».
C'est une grande question que je
ne
puis pas traiter dans ce moment comme il le
faudrait. Je me borne à dire ceci : Le
moi est comme l'ombre qui nous suit partout. Mais
quand ne voyons-nous plus notre ombre ? C'est
quand nous regardons vers le soleil. Regardez en
face le Seigneur Jésus et vous ne verrez
plus votre ombre. »
M. Barde s'adressa à ceux qui
ne sont pas encore guéris mais qui ont
accepté le traitement approprié
à leur cas : « Pourquoi le
médecin est-il souvent inquiet de ses
malades ? Parce que ceux-ci, souvent,
détruisent l'effet des remèdes par
leurs imprudences ou leur négligence. On en
veut faire à sa tête ; on accepte
le remède proposé par le Seigneur et
puis on oublie peu à peu que
« hors de Lui nous ne pouvons rien
faire ».
Ce soir-là le pasteur
Alphonse Besson, de Tavannes, dans le Jura bernois,
rendit un témoignage dont plusieurs
auditeurs ont conservé le souvenir. Nous
détachons de son journal intime le
récit de la transformation qui
s'était opérée en lui pendant
ces réunions de Neuchâtel et la
manière dont il fut amené à en
témoigner publiquement.
« Il s'est passé
pour moi, à l'occasion des réunions
religieuses qui ont eu lieu à
Neuchâtel les 21, 22 et 23 septembre dernier,
un événement qui mérite dans
le journal de ma vie religieuse une mention
particulière.
Réjoui par le mouvement
actuel, je suis parti pour Neuchâtel, le
coeur plein d'espérance ; j'attendais
beaucoup pour
notre
Église de ces assemblées religieuses.
Cependant je ne me croyais pas appelé
à recevoir personnellement de nouvelles
grâces de mon Dieu. Je me sentais en sa
communion ; j'avais reçu mille
témoignages de sa bonté. Je jugeais
les défaillances partielles de ma foi, mes
petites faiblesses morales, mes laisser-aller,
choses toutes naturelles et inhérentes
à la nature humaine, des boulets aux pieds
que le chrétien est appelé à
traîner après lui jusqu'à son
dernier soupir et je me sentais satisfait.
Tout en éprouvant une grande
sympathie pour le Réveil actuel, il me
semblait y découvrir certaines
exagérations : Qu'était-ce que
cette influence mystérieuse de l'Esprit qui,
disait-on, avait opéré sur certains
« réveillés »
pour les amener à accepter en plein les
principes nouveaux annoncés par M. P.
Smith ? De plus les témoignages publics
me semblaient être parfois les produits de
l'orgueil plutôt que de la
fidélité chrétienne. Enfin les
efforts mêmes des promoteurs du mouvement qui
voulaient à tout prix le fonder
théologiquement sur la Bible me mettaient en
défiance.
J'étais tellement
dominé par ces craintes d'exagération
crue j'exprimai publiquement le désir de
voir s'engager une discussion approfondie sur le
mouvement entre MM. F. Godet et Th.
Monod.
Vint la nuit du mercredi au
jeudi.
Le soir, j'étais rentré sous le toit
hospitalier qui m'abritait, moins satisfait que la
veille de tout ce que j'avais vu et entendu. La vue
de la foule m'avait édifié, mais je
n'avais été frappé
spécialement ni par un texte, ni par un
discours. Je lus quelques passages, je me
recommandai à Dieu selon mon habitude et
m'endormis
tranquillement.
Au milieu de la nuit, je fus
réveillé par une angoisse
indescriptible. Était-ce de la
fièvre, de l'excitation ? Je pris un
livre dans la bibliothèque, pour me calmer.
C'était Buffon. Je l'avais choisi pour faire
diversion à toutes les émotions
religieuses ressenties les jours
précédents.
Un remords violent s'empara de
moi.
Quoi, délaisser sa Bible en faveur de Buffon
à un moment semblable ! Je pris mon
Nouveau Testament ; aussitôt il se
produisit une détente en moi ; j'avais
obéi. En ouvrant le livre, mes regards
tombèrent sur le chapitre XII des
Hébreux. Ces paroles qui étaient
pourtant de vieilles connaissances m'apparurent
à cette heure-là comme si je les
avais lues pour la première fois. J'arrivai
au verset 25 : « Prenez garde de ne
point mépriser celui qui vous parle :
car si ceux qui méprisaient ceux qui leur
parlaient n'ont point échappé, nous
serons punis beaucoup plus
sévèrement, si nous nous
détournons de celui qui nous parle des
cieux....
Ces paroles firent sur moi une
impression des plus vives. Elles m'auraient
été adressées à haute
voix qu'elles ne m'eussent pas paru plus
saisissantes. Je fus rempli du sentiment de la
présence de Dieu et je dis : Parle,
Seigneur, ton serviteur écoute ! Alors
par un phénomène psychologique
incompréhensible à quiconque nierait
la toute-puissance du Seigneur, je me vis en un
instant transformé dans mes manières
de voir au sujet du Réveil et de ses
doctrines. Toutes les affirmations des promoteurs
du mouvement que j'avais combattues la veille
devenaient mes propres convictions. Mes objections
battaient en retraite comme une troupe en fuite. Je
m'avouai vaincu par le Seigneur, et je lui
déclarai que dorénavant je me
joindrais, dans la mesure de ce qu'il
réclamerait de moi, à la
« nuée de
témoins » qui lui rendaient
témoignage dans le réveil
actuel.
Mais, tout à coup,
après consécration, semblait-il,
totale et sans réticence de mon être
au Seigneur, l'angoisse s'empara de nouveau de mon
coeur. Je pris mon livre de cantiques, les
Hymnes du croyant, l'ouvris et lus au n°
74 :
- Je veux me lever, je veux me lever
- Et m'en aller vers le Père et je lui dirai....
Je suivis le conseil qui m'était donné d'une manière si catégorique et là, à genoux devant mon Dieu, je fis la sincère confession de mes péchés et je me recommandai à sa grâce par Jésus-Christ, cette grâce dont j'avais tant de fois déjà fait l'expérience. Mais l'angoisse persistait. « Le Seigneur me pardonnera-t-il ? » Dans mon trouble je repris mon recueil de cantiques et tombai sur le n° 72 :
- Tel que je suis, pécheur rebelle,
- Au nom du sang versé pour moi.
- Au nom de ta voix qui m'appelle,
- Jésus, je viens à Toi !
Ce cantique était une réponse
à mes perplexités et, dès les
premiers mots, j'éprouvai une joie, un
repos, une tranquillité que je n'avais
encore jamais éprouvés. Je savais
depuis longtemps que Dieu m'avait pardonné
mes péchés en Jésus-Christ,
mais je ne l'ai jamais su comme en ce
moment-là. Chaque mot de ce cantique faisait
sur mon coeur l'effet d'une goutte d'eau sur les
lèvres du voyageur fatigué. Combien
j'étais heureux ! Je me sentais dans
toute la force du terme un enfant de
Dieu.
Comment décrire le bonheur
que j'éprouvai pendant
plus de deux heures à lire et à
relire ce chapitre XII des Hébreux et ces
deux beaux cantiques. C'était un
avant-goût du ciel. Après le premier
moment passé, la question du
témoignage public se posa à mon
esprit. Devais-je dire à mes frères
ce que j'avais vu et reçu ? Devais-je
en particulier annoncer que j'avais changé
de manière de voir à l'égard
du Réveil ? Par moment il me semblait
que non, que je devais garder pour moi ce pieux
dépôt, ne pas laisser échapper
le parfum en ouvrant le vase de grand prix qui
m'avait été accordé. Puis la
voix intérieure me criait que ce serait une
lâcheté et quand j'étais
décidé à parler la même
voix intérieure me disait. Prends garde
à l'orgueil !
Je résolus de ne plus me
préoccuper de cette question, de m'en
remettre à Dieu et de me laisser guider par
lui. Dès le lendemain, je dis à
plusieurs personnes ce qui m'était
arrivé. Je ne pouvais agir autrement.
À la réunion des pasteurs,
l'après-midi, je me sentis pressé de
raconter les événements de la nuit.
En sortant de cette réunion un
vénérable frère me dit :
« J'ai éprouvé aussi la
nuit dernière une joie toute
particulière mais je me suis tu. »
Je le remerciai de son observation, lui dis combien
je le comprenais puisque la veille encore, j'aurais
fait comme lui.
- Désormais, me disais-je, tu
te tairas. Tu as rendu témoignage, cela
suffit.
Quand j'arrivai à la
réunion du soir, le Temple du Bas
était rempli. Je ne trouvai à
m'asseoir que sur les marches de l'escalier de la
chaire. C'est là que M. Th. Monod qui
présidait vint me trouver pour me demander
de rendre mon témoignage. Je ne me sentis
pas libre de refuser et suis heureux
d'avoir déclaré,
à la gloire de Dieu, que Jésus-Christ
est près des siens plus que je ne le croyais
et qu'il assiste d'une manière
particulière les propagateurs du
réveil actuel.... »
Si ce témoignage parut
déplacé à quelques-uns, il en
affermit d'autres.
M. Borel-Girard, alors
correspondant
du Chrétien
évangélique, écrivait
après les réunions de
Neuchâtel :
« Ces journées ont
affirmé la réalité de la
communion des saints. Nationaux,
indépendants et libres, oubliant tout ce qui
peut les séparer dans le temps pour ne
s'occuper que de ce qui les unit dans
l'éternité, formaient à
Neuchâtel comme une grande famille. Cela
faisait du bien à voir dans ce pays si
profondément divisé par les questions
ecclésiastiques. Aussi les journaux
incrédules, organes du parti qui fait sa
joie de nos déchirements, n'ont-ils pas
manqué de se moquer plus ou moins
agréablement de « ce peuple hétérogène autant que
traditionnel, qui sous prétexte d'adorer
Dieu, se livre à toute espèce
d'exercices ».
Eh bien, oui, moquez-vous tant
qu'il
vous plaira ; vos injures n'empêcheront
pas ceux qui sont vraiment unis dans l'amour du
Christ de se retrouver....
(7) »
De son côté, l'Union
Jurassienne terminait son compte rendu en
disant - « Les réunions de
Neuchâtel ont laissé, dans les coeurs
de la grande majorité de ceux qui y ont
assisté, plus qu'une excellente impression,
plus qu'un bon souvenir, plus que de
sincères résolutions ; la
conviction que le Christ, vivant aux siècles
des siècles, est près de nous et
qu'il veut et qu'il doit habiter dans nos
âmes pour cette vie et
pour l'éternité. C'est là ce
que désiraient les organisateurs de ces
réunions si belles, si bonnes et ils ont
été exaucés au delà de
ce qu'ils attendaient. »
Après les réunions de
Neuchâtel, la lettre suivante parut dans le Journal évangélique du
Canton de
Vaud (8) :
Moudon, le 30 septembre
1875.
Voulez-vous recevoir dans vos
colonnes ma confession au sujet des
assemblées religieuses de
Neuchâtel ? Cette confession, j'aurais
dû la faire de vive voix dans l'une des
réunions spécialement
destinées aux hommes, mais une fausse
timidité m'en a
empêché.
Lorsque je me rendis à
Neuchâtel dans la journée du 20
septembre, ce n'était point avec l'intention
d'appuyer par ma présence le mouvement
religieux provoqué en Angleterre par M.
Pearsall Smith. Ce mouvement soulevait au contraire
en moi des oppositions de toute nature. Depuis
longtemps j'appelais de mes voeux un réveil
de la vie religieuse au sein de nos Églises
et par nos Églises au sein de nos
populations. Mais il m'était impossible de
partager sans de nombreuses réserves, le
point de vue de nos frères anglais, et
surtout d'approuver les moyens employés par
eux pour ranimer le zèle chrétien de
leurs auditeurs. - J'allai donc à
Neuchâtel plutôt en homme du dehors, en
critique, pour voir et pour entendre par
moi-même ce qui se passerait et ce qui se
dirait, que pour mon édification.
Et maintenant, je suis allé,
j'ai vu et entendu, et je puis affirmer que les
réunions religieuses du 20 au 23 septembre
ont été à la gloire de Dieu et
pour le relèvement de son
Église. Tout ce qui s'est dit et tout ce qui
s'est fait durant ces trois à quatre
journées, à part quelques discours
sans importance, était marqué au coin
du plus parfait bon sens chrétien et m'a
profondément
édifié.
Maintenant aussi mes
préventions sont tombées. Je condamne
toujours certaines exagérations et certaines
tendances du mouvement tel qu'il s'est produit en
Angleterre, mais je crois que dans nos pays de
langue française le mouvement est
entré dans une voie pleinement
évangélique, et, pour ce qui me
concerne, je déclare y adhérer de
tout mon coeur.
Maintenant je me rends compte de
ce
qu'il y a de nouveau dans les vues exprimées
par les promoteurs du mouvement. Ce que ces
derniers se proposent c'est d'engager les
chrétiens à vivre d'une
manière plus conforme à la
piété qu'ils professent, de lutter,
en particulier, contre leurs péchés,
non pas en se disant : « L'issue de
ma lutte sera la défaite » mais
bien : « L'issue de ma lutte sera la
victoire par Jésus-Christ mon
Sauveur ».
Trop aisément les
chrétiens prenaient leur parti de leurs
chutes, trop aisément ils passaient
condamnation sur leurs souillures ; trop
fréquemment ils regardaient à
eux-mêmes, au lieu de regarder au Sauveur et
à ses promesses de secours. La vie
chrétienne doit être une continuelle
ascension vers la perfection, et non point une
succession de hauts et de bas, de pas en avant et
de reculs ; autrement que signifierait cette
parole du livre des Proverbes que corroborent tant
d'autres déclarations du Nouveau Testament -
Le sentier des justes est comme la lumière
resplendissante dont l'éclat va croissant
jusqu'au plein midi ?
Voilà ce que j'ai appris
à Neuchâtel ; non pas que je
l'ignorasse absolument, mais je prêchais et
je vivais à peu près comme si je
l'eusse ignoré.
Voilà aussi le
témoignage public que je me sens
pressé de rendre aux hommes qui, dans cette
circonstance, ont été les organes du
Dieu de sainteté.
Recevez....
E. BARNAUD, pasteur.
À la même époque, un
comité composé de
représentants des diverses Églises et
dénominations convoquait à Lausanne
des réunions semblables. Ce furent les
mêmes bénédictions
accordées en réponse aux mêmes
demandes : plus de vie chrétienne
authentique.
Nous n'en retiendrons qu'un
témoignage, celui que rendait un vieillard,
le pasteur en retraite Henriquet
(9), un
témoin et un ouvrier du premier
réveil, qui fait pour ainsi dire le trait
d'union entre le réveil des Bost, des Malan
et celui d'Oxford. Par la suite il rédigea
ce témoignage à la demande de M.
Monod qui le publia dans le
Libérateur :
« Vous m'avez
demandé d'exprimer dans le
Libérateur, comme je l'ai fait de vive voix
dans une réunion à Lausanne, mes
impressions et mes expériences personnelles,
au sujet du mouvement religieux qui se propage
depuis quelque temps en France et en Suisse, par
les assemblées dites de
consécration.
C'est avec empressement que je
réponds à votre désir, car
plus j'y réfléchis et moins je puis
comprendre que les chrétiens
évangéliques de toute
dénomination ne soient pas unanimes à
se réjouir de ce
mouvement, avec actions de grâces à
notre Dieu. C'est une doctrine nouvelle et
dangereuse, a-t-on dit d'abord ; puis, mieux
renseigné et ne pouvant y
méconnaître la vieille et toujours
neuve doctrine de la grâce de Dieu en
Jésus-Christ, on n'a voulu voir dans ce qui
se passait qu'une agitation factice et vaine.
Toutefois, il me paraît impossible que les
amis de la vérité se
méprennent longtemps encore sur le vrai
caractère d'un réveil qui n'a point
d'autre objet que la sanctification des croyants,
qui ne s'attache exclusivement à aucune
forme particulière d'Église, et qui
certainement produit en bien des lieux, des fruits
de vie et de paix. Plusieurs frères en ont
déjà rendu
témoignage.
Dans une des assemblées de ce
genre dont nous avons été
favorisés à Lausanne, j'ai cru devoir
prendre la parole dans ce sens. Enfant et
témoin du premier réveil, d'abord
dans le canton de Vaud, mon pays natal, de 1824
à 1826, et en France depuis 1827, j'ai
toujours confessé et prêché le
même Évangile de la grâce de
Dieu auquel je crois encore, n'ayant jamais eu
d'autre règle de ma foi et de ma doctrine
que les Écritures divinement
inspirées de l'Ancien et du Nouveau
Testament.
Je n'ai donc jamais cessé de
recevoir et d'annoncer Jésus-Christ, Fils de
Dieu, comme unique et parfait Sauveur de quiconque
croit en Lui. Aussi a-t-il daigné
bénir mon faible ministère, en
amenant bien des âmes à sa
connaissance partout où j'ai
été appelé à parler en
son nom. Et cependant, je dois reconnaître
aujourd'hui qu'il me manquait quelque chose, pour
moi-même d'abord, et aussi pour
l'accomplissement de l'oeuvre que le Seigneur
m'avait confiée. Je
croyais, mais je ne jouissais
que très imparfaitement des
privilèges de ma foi ; je ne
possédais que par intervalles l'assurance et
la jouissance de mon salut ; aussi je
n'étais pas habituellement heureux en
Christ, et il y avait certaines tentations dont je
n'étais pas victorieux.
Maintenant je vois ce qui
manquait
à ma foi.... J'ai donc compris que la mort
et la résurrection de Jésus-Christ
sont aussi efficaces pour nous affranchir du
péché que pour nous arracher à
la mort éternelle et que, par
conséquent, nous devons attendre de Lui, par
la foi et de jour en jour, la victoire sur le
péché et la sanctification de
l'Esprit, avec autant d'assurance que notre
justification ; car « il est
puissant, Lui, le Roi de gloire, pour sauver
entièrement ceux qui s'approchent de Dieu
par Lui
(10) »
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