Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VI

Les Conférences d'Oxford

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Oxford. - Le rév. Christopher. - Invitation et instructions. - Organisation. - Assemblées générales. - La doctrine d'Oxford. - Assemblées restreintes. - Témoignages. (1)


« Parmi les villes d'Angleterre, Oxford est certainement une de celles qui excitent à juste titre le plus d'intérêt.
En passant au milieu de la multitude de ses édifices, de ses églises, de ses collèges, la plupart du style gothique le plus pur, maintenus avec le plus grand soin, en pénétrant par des portes étroites dans des cours et des parcs intérieurs aux vertes pelouses, aux ombrages noirs, aux murs antiques, tapissés de lierre, et en songeant que toutes ces vieilles et magnifiques constructions sont consacrées à la science et uniquement à elle, il semble que l'on assiste à une sorte de résurrection de la puissante vie intellectuelle du moyen âge.

Si l'on oublie un instant que l'on vient de descendre du chemin de fer, que les volumes innombrables qui se cachent derrière ces murailles ne sont pas des parchemins, que les chants qui retentissent au travers des voûtes de ces chapelles mystérieuses, sont prononcés en anglais et non en latin, si l'on parvient à oublier tout cela, l'illusion est complète et l'on se replonge avec toute la vigueur de ses souvenirs historiques dans cette époque, triste il est vrai sous bien des rapports, mais unique où l'Université fut un vrai sanctuaire, une vraie lumière, une vraie force. Je vous assure que ce n'est pas sans une grande émotion que l'on se reporte dans ce passé lointain, que l'on goûte quelque chose de cette vie antique. »

C'est par ces ligues qu'Arnold Bovet introduit la série d'intéressantes lettres sur les conférences d'Oxford qu'il adressa à l'Union jurassienne, alors le journal religieux du Jura bernois.
Quand, à Broadlands, Oxford avait été désignée pour recevoir les prochaines assemblées de sanctification, cette ville semblait offrir moins d'avantages spirituels que sa rivale, Cambridge. À Oxford, il n'avait pas été possible de réunir les étudiants comme P. Smith en avait trouvé le moyen dans l'autre université. Une opposition décidée, mais très franche, était faite au mouvement par le recteur de l'Église de Sainte Aldate, le rév. A.-M.-W. Christopher, auquel les étudiants témoignaient une grande confiance.

Cet homme de prière et de foi avait déclaré à diverses reprises que les nouvelles doctrines n'étaient pas conformes à l'Écriture et il avait positivement refusé d'inviter P. Smith à Oxford. Plusieurs chrétiens de cette ville, qui avaient été enrichis à Broadlands, désiraient ardemment que leur cité pût recevoir la convention projetée et demandaient à Dieu d'ouvrir lui-même la porte en faisant tomber l'opposition du recteur respecté. Au moment où Christopher allait prendre ses vacances, il se rencontra inopinément avec P. Smith à Cantorbery, à la réunion annuelle d'une société de bienfaisance. Après avoir entendu parler l'industriel américain, il en resta très impressionné, comme aussi, du reste, son ami, le doyen de Cantorbery.

Rentré chez lui, Christopher se mit en prière. Il lui devint clair que ce serait déplaire à Dieu que de continuer à s'opposer à l'entreprise de P. Smith. Sans consulter d'autres personnes, il fit le sacrifice de ses vacances, acquiesça au projet de convention, mit la main sur deux hommes compétents, capables de devenir, l'un, le secrétaire, l'autre, l'organisateur des conférences et qui, tous les deux, avaient été amenés d'une manière presque miraculeuse à se rattacher au nouveau mouvement, si bien que plus tard, après les réunions, l'excellent recteur écrivait :
« Jamais je ne me serais imaginé que j'en viendrais à organiser une semblable assemblée et que j'y recevrais la révélation de la force de Dieu dans la mesure où ces réunions m'en ont rendu participant ».

C'est pendant une semaine missionnaire passée à Langley Park, près de Norwich, chez le baronnet sir Thomas Beauchamp, que les détails de l'organisation des assemblées d'Oxford furent arrêtés et la date du 29 août au 8 septembre fixée. C'est là aussi que fut rédigée l'invitation aux réunions d'Oxford, adressée ensuite à de nombreux chrétiens d'Angleterre et du continent. Quelques semaines plus tard, en se rendant de Londres à Oxford, raconte P. Smith, la responsabilité de cette lourde entreprise lui pesa tout à coup sur le coeur d'une manière presque écrasante. Comment diriger cette affaire et répondre à tant de besoins ... ? Alors, seul dans son compartiment de chemin de fer, il se mit à genoux, déposa le fardeau aux pieds du Maître tout-puissant et tout sage. Arrivé à Oxford, une déception l'attendait : Les préparatifs n'étaient pas terminés, les locaux n'étaient pas prêts. Les maîtres de métier paraissaient y mettre de la mauvaise volonté, rien ne marchait. Que faire ? P. Smith se rendit à son hôtel et là, de nouveau, il exposa la situation au Seigneur. L'après-midi le travail reprenait avec entrain et s'achevait pour le moment voulu.

Quinze cents personnes, dont environ cent cinquante pasteurs, répondirent à l'appel. Beaucoup vinrent du continent. Citons parmi les participants français, MM. Th. Monod, A. Fisch, alors pasteur de l'Église libre à Paris, J. P. Cook, qui a donné de ces réunions un compte-rendu dans l'Évangéliste. De Suisse étaient venus : MM. H. Rappard de Chrischona, M. et Mme A. Bovet, Félix Bovet, 0. Stockmayer, Rau, alors pasteur de l'Église libre à Bienne. D'Allemagne, les pasteurs Pank et O. Müller de Berlin, Reiff, Hesse du Wurtemberg, etc. On distribua à tous les arrivants une carte avec le programme de la conférence, sur le revers de laquelle on lisait les instructions suivantes d'ordre spirituel :

« Nous sommes réunis comme chrétiens, pour croire aux promesses de Dieu, pour nous consacrer entièrement au Seigneur Jésus-Christ et pour entrer dans le repos intérieur de la foi. À cet effet vous êtes priés d'agir conformément aux suggestions que voici :
1° Venez dans les dispositions voulues pour recevoir et soumettez-vous complètement aux enseignements du Saint-Esprit. Dieu parle par sa Parole ; soyez prêts à mettre de côté toute idée préconçue.

2° Renoncez de tout coeur à tout péché conscient, et même à tout ce qui est douteux, à tout ce que vous ne pouvez pas faire « avec foi ».

3° Venez en vous attendant à l'Éternel. Comptez sur une bénédiction spéciale pour votre propre âme.

4° Mettez de côté, pour le moment, toute lecture autre que celle de la Bible.

5° Évitez, dans vos logements, toute conversation qui éloignerait votre âme du but que poursuit la conférence. Laissez de côté toute controverse. Si quelqu'un ne pense pas comme vous, priez avec lui.

6° Mangez avec modération, que votre costume soit simple, retirez-vous de bonne heure dans vos chambres.

7° En vous réveillant chaque matin, tâchez de vous rappeler :

a) Que tous vos péchés sont effacés par le sang de Christ.
b) Que vous lui appartenez tout entiers, parce qu'il vous a rachetés, et que vous vous êtes livrés à lui de propos délibéré.
c) Qu'il n'y a par conséquent maintenant aucun nuage, pas même une ombre, entre votre âme et Dieu.
d) Que le Seigneur se charge de garder d'heure en heure la vie et la voie que vous lui avez confiées. Que cet acte de foi se continue pendant toute la journée. Et s'il est interrompu par une chute momentanée, revenez, par une confession immédiate, à la communion intime avec Dieu.

8° Ce sera pour vous un précieux secours de répéter souvent : « Seigneur, je suis à toi, entièrement à toi, racheté et sauvé par ton amour divin. Je t'appartiens d'un plein consentement, et je reconnais les droits que tu as sur moi. »

Au point de vue matériel tout était admirablement organisé. Le Corn-Exchange, sorte de Bourse aux grains et la grande salle de l'Hôtel de ville servaient aux assemblées plénières, tandis que les divers lieux de culte de la ville étaient à la disposition des organisateurs pour les réunions restreintes.

La journée commençait à sept heures du matin par une réunion de prières : « C'était un beau spectacle, remarque A. Bovet, de voir ces mille personnes accourir le matin de bonne heure, de tous les quartiers de la ville où elles étaient logées et se réunir dans le silence de cette heure, qui est matinale pour un pays où on ne va généralement au culte qu'à onze heures et demie....

« L'esprit de ces grandes assemblées du matin, apparut d'emblée à la fois d'une parfaite simplicité et d'une grande solennité. Les prières, à quelques rares exceptions près, étaient courtes, précises, accompagnées d'actions de grâces, et coupées par des exhortations excellentes, par des chants, par des moments de prière silencieuse. Ces moments de silence, pendant lesquels on s'approche de Dieu d'une manière toute individuelle et cependant dans la communion d'une multiple de frères, sont un moyen de grande bénédiction. Il est à regretter que nous ne les connaissions pas assez ou même pas du tout sur le continent. Un matin que le recueillement le plus solennel dominait toute l'assemblée, un des assistants récita un beau passage de la Bible, un instant après une parole d'action de grâce, de supplication ou de triomphe tirée de l'Écriture retentissait à l'autre bout de la salle, puis une troisième et une quatrième, et pendant longtemps l'assemblée exprima de cette manière simple et spontanée les impressions qui la dominaient par l'organe d'une cinquantaine de ses membres. L'Esprit de Dieu, qui résidait en elle, prenait ainsi un corps dans les paroles inspirées que toutes ces bouches proclamaient à l'envi. Ce sont des heures qui ne s'oublient pas. C'est le culte en esprit et en vérité (2). »

À propos de ces moments de silence, M. Bovet dit ailleurs : « Je me rappelle avoir participé en 1867 à quelques minutes de prière silencieuse dans une assemblée à Mildmay Park ; c'était, m'a-t-on dit, la première fois que la chose avait lieu en Angleterre dans une grande assemblée. C'est l'excellent capitaine Trotter qui l'avait proposé ; depuis lors les chrétiens anglais ont eu souvent l'occasion d'apprécier la force que donne ce recueillement si doux et si solennel à la fois. »

Aux réunions du matin, les sujets de prières présentés par diverses personnes étaient nombreux. Les premiers jours M. Smith les indiquait successivement, mais d'une manière nouvelle qui étonna, puis édifia les assistants. Au lieu de les annoncer simplement à l'auditoire, il se mettait à genoux et les présentait au Seigneur lui-même, s'arrêtant dans sa prière après chaque demande pendant quelques instants, comme pour attendre la réponse d'En Haut. Mais, à la fin de la semaine, ces sujets de prières, envoyés de tous les côtés, étaient devenus si nombreux, le vendredi matin il y en avait cent cinquante, le samedi deux cents, qu'il fut impossible de les faire connaître tous. M. Smith déclara qu'il allait les déposer devant Dieu. Il les étala sur la table, se mit à genoux, et l'assemblée attendit dans le silence la bénédiction du Seigneur.

Dans une des dernières réunions du matin, P. Smith demanda que tous ceux qui avaient reçu « la bénédiction » depuis leur arrivée à Oxford voulussent bien se lever et chanter ensemble le dernier verset du Te Deum : « Gloire soit au Saint-Esprit ! » Cent cinquante personnes répondirent à cet appel, et, le verset terminé, l'auditoire tout entier se leva à son tour pour le répéter.

À neuf heures et demie, des auditoires restreints se formaient dans les diverses salles de la ville, et des entretiens plus familiers avaient lieu, présidés soit par P. Smith, Th. Monod, Boardman, ou Asa Mahan. Voici quelques-uns des sujets qui furent traités dans ces entretiens :
- Le renoncement au péché ;
- Ce qui empêche d'offrir son corps en sacrifice vivant à Dieu ;
- Le renoncement à la volonté propre ;
- Le renoncement à l'incrédulité ;
- L'absolue confiance en la puissance de Dieu pour nous garantir du péché et pour nous décharger du fardeau de nos soucis ;
- Qu'est-ce que la croix du chrétien ?
- Comment faut-il considérer Rom. VII et Gal. V, 17 ?
- L'effusion du Saint-Esprit ;
- Les manifestations de l'amour de Dieu.

À la même heure, les dames se réunissaient sous la présidence de Mme Smith. Trois fois par jour, à midi, à quatre heures et à huit heures du soir, avaient lieu des réunions générales dans lesquelles les exhortations s'entremêlaient de chants et de prières.
M. Varley, dans ces occasions, émerveillait l'auditoire par sa connaissance de l'Écriture, et par l'interprétation savoureuse qu'il en donnait en rapprochant simplement les textes les uns des autres.

Quelqu'un qui édifia les assistants ce fut le révérend Christopher, dont il a été question plus haut. La première assemblée, le samedi 29 août, avait eu lieu chez lui, dans la salle du presbytère ; il l'avait ouverte par la prière et la lecture du psaume CIII. Il rendit un jour ce touchant témoignage : « Je n'ai pas encore reçu d'aussi riches bénédictions que celles dont ont parlé d'autres orateurs, mais je rends grâces à Dieu de ce qu'il m'a mis en contact avec des personnes qui adorent Dieu en esprit et en vérité, qui se réjouissent en Jésus-Christ et n'ont aucune confiance dans la chair.

Le secret de la force est là : renoncer plus complètement que jamais à la confiance que je mets dans mon zèle, dans mes efforts, dans mes résolutions propres, et croire que le Seigneur fera ce que je lui demande de faire en moi et par moi de la manière dont il le jugera bon. Lui seul peut me consacrer pour son service. Lui seul peut me contraindre par son grand amour à vivre pour lui et non plus pour moi-même. Lui seul peut me rendre capable de travailler d'une manière utile. Plus que jamais je soupire après un coeur entièrement dévoué à son service. Je désire avec ardeur aimer l'âme de mes paroissiens comme je ne l'ai encore jamais pu faire. Ces conférences ont été bénies pour moi en ce qu'elles m'ont donné une soif plus ardente des eaux vives et m'ont encouragé à demander avec plus de confiance à Christ de m'en désaltérer (3). »

J.-P. Cook cite quelques paroles de l'un ou de l'autre des orateurs, recueillies au courant de la plume :
- Veillez sur vos pensées : Il est de la plus haute importance que vous ayez l'esprit préoccupé des pensées de Dieu. Et pour connaître les pensées de Dieu, faites-le parler. Écoutez ce qu'il dit dans sa Parole, et croyez-le, même lorsque vous vous sentez encore dans les ténèbres.
- L'incrédulité n'est pas un malheur, c'est un péché.
- Que de chrétiens qui sont continuellement sur leurs gardes contre la perfection : s'ils l'étaient un peu plus contre leurs imperfections !
- Ne craignez pas d'avoir trop de confiance en Jésus. Nous n'avons aucun risque à courir de ce chef.
- Il est beaucoup de gens qui supputent la quantité de péchés avec laquelle ils espèrent tout de même entrer au ciel. Nous devrions, au contraire, chercher à quel degré de sainteté nous pouvons parvenir avant d'entrer dans le ciel.
- Certaines personnes ont un grand effroi de l'excitation en religion et s'effraient beaucoup moins du danger de se geler.
- Quand le feu sacré est allumé dans notre âme, on s'use plus facilement qu'on ne se rouille.
- Veillez sur la manière dont vous parlez de votre pasteur. Si quelque chose en lui vous fait de la peine, allez le dire à Jésus-Christ par la prière, plutôt que d'en parler à d'autres personnes.
- Seigneur, pourquoi garderas-Tu cet homme dans une paix parfaite ? - Parce qu'il le mérite ? Non. - Parce qu'il est vertueux ? Non. - Parce qu'il porte des fruits ? Non. - Mais « parce qu'il se confie en Toi ».

- En lisant l'Écriture, suivez le conseil donné par Marie à ceux de Cana : Faites tout ce qu'Il vous dira !
- Bien des chrétiens ne craignent pas de dire, comme une chose très naturelle, presque comme une excuse : « J'ai si peu de foi ». Achevez la phrase, et osez dire : « J'ai si peu de foi.... en Dieu ! Voyez quelle injure vous Lui faites ! »

« Ce qui se passait à ces réunions générales, dit encore M. Bovet, est difficile à décrire. Cela se sent, cela se voit quand on est entouré de personnes qui font ces mêmes conquêtes, que l'on entend le témoignage de leur bouche, que l'on voit couler leurs larmes de reconnaissance. On a pu dire qu'il se produisait là quelque chose d'analogue à la Pentecôte : unanimité, humilité, simplicité, besoin profond de parler des choses merveilleuses de Dieu. »

« L'Esprit de Dieu se manifestait avec force, dit aussi M. Rappard, sinon les lieux, du moins les coeurs tremblaient. »

Il faut bien se représenter l'état des auditeurs auxquels s'adressait cette prédication. Ce n'était pas des étrangers à l'Évangile - ceux-ci on les réunissait le soir dans les églises de la ville pour les évangéliser - mais des croyants, pour le plus grand nombre, convertis depuis longtemps, que leurs expériences affligeantes sur le chemin de la vie nouvelle avaient déçus. En présence de cette déception, que tout chrétien sincère éprouve en se retrouvant perpétuellement victime des mêmes rechutes, on peut ou bien prendre son parti de cet état de chose et chercher à faire bon ménage avec son penchant, avec son mauvais caractère, au risque de perdre la capacité de progresser et de finir dans le marasme spirituel, ou bien soutenir incessamment la lutte, sans grand espoir de vaincre, et user ses nerfs et ses forces aux dépens de la joie promise et de l'activité féconde.

Faites votre compte que vous êtes morts au péché, que vous êtes ressuscités avec Christ, que votre vie est cachée avec Christ en Dieu.
Rendez-vous possesseurs de l'infinie puissance de Dieu avec laquelle Il veut agir dans ses enfants qui l'acceptent. Que votre homme intérieur soit tellement fortifié par le Saint-Esprit que Christ habite dans vos coeurs par la foi !
Que la volonté de Dieu à votre égard vous soit révélée afin de marcher d'une manière digne de Lui.

« Si nous confessons nos péchés il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité. »
« Ceux qui sont en Christ ont crucifié la chair avec ses convoitises. »
« Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. »
« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple du Saint-Esprit ? »
« Le péché n'aura plus d'empire sur vous parce que vous êtes non sous la loi mais sous la grâce. »
« Si nous avons été réconciliés par sa mort, combien plus ne serons-nous pas délivrés par sa vie ! »

Vous sentez le besoin d'une nouvelle délivrance, d'une délivrance de l'empire du péché ? eh bien ne contemplez pas tristement le péché ? qui vous affaiblit, mais regardez au Libérateur qui vous a justifiés par la foi et qui est prêt à vous sanctifier et à vous affranchir maintenant par la foi aussi. Comme vous n'avez pu être justifiés que lorsque vous avez reconnu que toute votre justice et tous vos efforts propres sont inutiles, vous ne serez sanctifiés que lorsque vous aurez détourné vos regards des tentations et des soucis, pour les fixer sur Jésus le Libérateur et que vous vous serez mis entièrement et sans réserve en la puissance de Celui qui vous a délivrés de l'empire du péché et du poids accablant de vos défauts et de vos penchants. Dès que vous aurez fait en toute sincérité ce contrat avec Dieu et que vous lui aurez livré votre volonté propre, alors vous connaîtrez une vie de confiance habituelle et d'autant plus absolue que vous aurez banni de votre coeur toute réserve et toute ombre de désobéissance.

Voilà, résumé en quelques lignes, le message débordant de joie et d'espérance qui fut annoncé à Oxford.
« Nos frères d'Amérique, disait encore A. Bovet, sont des Caleb et des Josué qui viennent dire avec foi et en rendant gloire à la fidélité de Dieu que le pays promis est un bon pays, un pays découlant de lait et de miel, « seulement, ajoutent-ils, ne soyez pas rebelles contre l'Éternel et ne craignez pas le peuple de ce pays-là »....

Il y a dans ce mouvement quelque chose de si pur, de si élevé, de si simple et de si large, que l'on ne peut que se réjouir profondément de le voir se propager, et qu'il faut demander à Dieu avec ardeur d'accorder par ce moyen de nouveaux dons à ses enfants pour les grandes luttes du temps actuel (4). »

À trois heures, Mme Smith présidait habituellement une lecture de la Bible, de laquelle les messieurs n'étaient point exclus. C'était, en réalité, une prédication. Elle étudia ainsi successivement : Les soucis, Le bon Berger, La joie du chrétien, L'amour de Jésus, La vie et la résurrection en Christ, Le repos.

En sortant de ces réunions les messieurs ne manquaient pas d'échanger leurs impressions. Les uns, et c'était en particulier le sentiment de M. J.-P. Cook, préféraient de beaucoup les exhortations moins bien raisonnées, mais plus affectueuses, plus suaves de M. Smith. D'autres, au contraire, d'abord très opposés à ce qu'une femme parlât en public, ne pouvaient entendre Mme Smith développer son sujet d'une manière si logique sans en être très impressionnes et sans voir s'évanouir leurs préjugés et contre l'orateur féminin et contre les vérités qu'elle mettait si éloquemment en lumière.
Mais de l'avis de tous les pasteurs et évangélistes présents à Oxford, les réunions les plus impressionnantes furent celles de six heures du soir, consacrées aux entretiens pastoraux.

Certains des cent cinquante pasteurs apportaient quelque chose à leurs frères parce qu'ils étaient déjà plus ou moins « dans le courant » selon l'expression adoptée ; d'autres désiraient ardemment connaître mieux ce mouvement et en recevoir une impulsion nouvelle ; un bon nombre aussi, comme M. Fisch, n'avaient en allant à Oxford qu'une idée assez vague de ce que pouvaient être des réunions de ce genre ; bien qu'il n'existât dans leur esprit aucun parti pris d'hostilité, ils ne pouvaient s'empêcher de penser qu'une semaine entière de réunions continuelles, quelque intéressantes qu'elles fussent d'ailleurs, devait être chose assez fatigante. Enfin beaucoup étaient arrivés avec des préventions très fortes tant contre le fond de la doctrine que contre les méthodes et les hommes du mouvement.

Comment fondre en un tout ces éléments si disparates ? Pearsall Smith s'y prit admirablement ; il réserva des séances spéciales pour les pasteurs et lui-même prononça dans une des premières réunions pastorales une allocution pleine d'à-propos, de cordialité, d'envolée spirituelle et de foi :

« Tandis qu'en si grand nombre nous nous unissons pour chanter les louanges de Jésus, n'avez-vous pas eu, comme moi, chers amis, un avant-goût du temps où nous serons réunis dans les cieux pour chanter les louanges de Celui qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang, et nous a faits rois et sacrificateurs à Dieu son Père ? Et maintenant serrons-nous si bien autour de Christ que nous puissions tous nous sentir très près les uns des autres. Nous sommes impatients d'entendre ce que nos frères du continent ont à nous dire des progrès de la religion de Christ dans leur patrie, afin que nous puissions sympathiser avec eux dans leurs joies, comme aussi dans leurs découragements.

Mais les nouvelles de la vie intérieure des églises nous intéressent avant tout, car, là où la vie existe, elle saura toujours se manifester par des fruits. Que la vie soit ravivée dans les pays où elle est près de s'éteindre, et nous y verrons l'Évangile produire ses glorieux résultats. Un grand serviteur de Dieu, qui vivait il y a deux siècles, disait souvent que c'est assez d'un homme de foi pour transformer son pays à plusieurs lieues à la ronde. Si nous étudions avec soin le caractère des différents apôtres et les biographies des grands hommes qui ont subjugué des royaumes par la puissance de la foi, nous verrons qu'ils étaient soumis aux mêmes passions que nous, qu'ils n'avaient ni plus de talent, ni plus de connaissances que la plupart de ceux qui sont rassemblés ici. La seule chose qui les distinguât, c'est qu'ils avaient donné au Seigneur Jésus la confiance et la foi la plus complète, et qu'ils lui avaient consacré entièrement leur vie. De nos jours, deux hommes (5), qui n'ont reçu ni des talents, ni une éducation extraordinaires ont remué, l'un en Amérique, l'autre en Angleterre, les deux portions de la famille anglo-saxone. Il n'y a personne ici qui ne puisse également, par la force de Dieu, remuer, non seulement son voisinage, mais encore sa nation elle-même.

Nous ne sommes pas réunis ici pour nous contenter de faire ensemble des voeux stériles, et pour répéter sans cesse : « Puissions-nous recevoir le baptême de l'Esprit ! Puissions-nous habiter en Christ » et nous en tenir là. Nous sommes venus afin de recevoir ce baptême de l'Esprit, afin d'habiter véritablement en Christ, afin d'agir et non de parler. Dieu est toujours disposé à répandre les dons de son Esprit sur ses enfants, à condition que ceux-ci s'approchent les mains vides pour les recevoir. Comment oserions-nous demander à Dieu ses bénédictions, quand nos mains et nos coeurs sont tellement remplis d'orgueil, d'ambition et de mille autres choses que Dieu hait, qu'il n'y a plus en nous de place pour recevoir ce qu'il voudrait nous donner ? Allons donc à Lui à vide. Mettons notre Dieu à l'épreuve. - À l'épreuve ! Je ne le dis qu'avec un respect mêlé de crainte ; mais c'est notre Dieu lui-même qui l'a ainsi ordonné. - Et nous verrons alors si Dieu ne tient pas ses promesses, et si ce qu'il nous donne ne dépasse pas tout ce que nous avions compté recevoir. L'autre jour, j'ai engagé mes frères à demander à Dieu de grandes bénédictions et à me dire, au bout de la semaine, s'ils n'avaient pas reçu bien au delà. N'en doutez pas, chers amis étrangers, Dieu est prêt à répandre sur nous la plénitude de ses grâces, car de tous côtés on prie pour nous. Poussons donc, dès aujourd'hui, le cri de victoire, et avançons-nous au-devant des triomphes que Christ nous réserve.

Nous ne sommes ici ni pour nous provoquer les uns les autres à un enthousiasme factice, ni pour faire naître par le charme de la parole des émotions stériles. Nous nous sommes, à dessein, abstenus d'inviter des hommes distingués par leur éloquence, et nous avons choisi ceux dont le langage simple et facile à comprendre saurait nous révéler quelques-uns des trésors cachés de la Parole de Dieu, de peur que l'éloquence s'interposât entre nous et la vérité. Aussi ai-je la ferme assurance que le Saint-Esprit répandra sur tous ceux qui parleront dans ces assemblées des bénédictions toujours croissantes. Depuis plusieurs années, je me suis fait une règle de demander toujours à Dieu infiniment plus que je ne puis m'attendre à recevoir. Je suis certain que Dieu aime de telles requêtes, comme j'aime voir mes enfants me témoigner leur confiance en me demandant cela même qu'il m'est impossible de leur donner. Prions, en vue d'obtenir de grandes et glorieuses bénédictions, faisons-le tous et avec une foi ferme, persévérante, jour après jour, le matin, à midi, le soir ; car nous voulons, frères, vous renvoyer dans vos divers champs de travaux, pleins de joie, et pour ainsi dire, enveloppés d'une atmosphère de prières. Les larmes me viennent aux yeux quelquefois quand j'entends dire combien d'intercessions ferventes montent à Dieu pour mon oeuvre. Cette pensée me fortifie sans cesse, et ce que nous obtenons ainsi, nous désirons le partager avec vous, chers frères du continent (6).

Ces paroles firent grande impression et les conférences de six heures qui étaient d'abord théologiques et compassées, prirent peu à peu une tournure d'intimité, d'humiliation et de témoignage personnel que l'on n'eût jamais crue possible. Quand les pasteurs trouvèrent le courage de s'ouvrir les uns aux autres, il en découla une grande édification réciproque. Qu'un pasteur anglican en vienne à parler de lui-même et de ses expériences personnelles, quel miracle ! Le miracle s'accomplit, les autres dénominations suivirent, puis les pasteurs du continent, et le témoignage finit par prendre toute la place.

« On sait, remarque M. Bovet, que généralement il est pénible d'entendre un homme parler de lui-même. Souvent on sent percer sous les paroles un manque d'humilité et de tact. Eh bien, ici rien de semblable ; c'étaient des frères s'entretenant avec d'autres frères et leur racontant avec une parfaite simplicité, un grand bon sens, sans aucune exaltation, mais avec une humilité qui nous a souvent confondus, les grandes choses que Dieu avait faites pour eux. »

Le pasteur Fisch qui était maintenant entré en plein « dans le courant », écrit :
« .... Ce qu'il y avait de plus saisissant, c'était de voir tant de pasteurs, appartenant à un si grand nombre de dénominations et entre autres à l'Église anglicane, se lever les uns après les autres et s'accuser publiquement, avec des yeux pleins de larmes et une candeur dont le plus prévenu n'aurait pu mettre en doute la parfaite sincérité, de s'être le plus souvent prêchés eux-mêmes au lieu de se considérer comme de simples instruments entre les mains de Dieu et de ne songer qu'à sa gloire ! N'est-ce pas là en effet ce qui explique le peu de résultats que la prédication produit de nos jours ?

Comme elle serait plus puissante, plus efficace pour atteindre les coeurs, si toute préoccupation personnelle disparaissait, si tout désir de plaire était sacrifié et immolé une fois pour toutes sur l'autel de la gloire de Dieu ! C'est là ce que nous avons senti distinctement à Oxford (et en disant nous je parle au nom de tous mes collègues dans le ministère qui s'y trouvaient avec moi), nous avons mis ensemble le doigt sur le défaut de la cuirasse, et je crois pouvoir affirmer devant Dieu qu'avec son aide pas un seul d'entre nous ne sera plus tenté de se prêcher lui-même à l'avenir.... (7) »

M. Nasch avait été précédemment suffragant du révérend Christopher à Oxford. Il rendit un témoignage remarquable :
« Je ne crois pas avoir eu pendant les six derniers mois de ma vie cinq minutes de peur et d'anxiété pour aucun des nombreux devoirs que j'ai à remplir, ni pour aucune tâche qui m'a été imposée. En fait tout se résume dans ce mot : confiance. J'ai appris non seulement à apporter tous mes soucis à Jésus-Christ mais à les laisser entre ses mains, et depuis lors j'ai éprouvé dans mon ministère une puissance que je n'avais jamais connue auparavant. Je suis maintenant capable d'accomplir une plus grande quantité de travail avec moins de difficulté qu'auparavant ; dans le recueillement et la concentration, je me sens à mon aise et je trouve la liberté.

« Un pasteur évangélique, raconta M. Christopher, avait combattu les doctrines de P. Smith devant des collègues et dans plusieurs conférences publiques. Il était venu à Oxford quelques jours auparavant et, pendant une nuit sans sommeil, ces paroles : Il est capable ! pénétrèrent dans son coeur avec une puissance qui n'appartient qu'au Saint-Esprit. Puis il dut rentrer chez lui, mais tôt après son retour à la maison il m'envoya, plein d'actions de grâces, un livre sur lequel il avait écrit : De la part d'un ami très reconnaissant sur le coeur duquel est gravé - Oxford ! - »

Un autre prédicateur anglican raconta les violents combats qui s'étaient livrés en lui jusqu'à ce qu'il ait pu se soumettre complètement à la volonté divine. Il s'imaginait avec angoisse que Dieu exigerait de lui qu'il quittât sa « chère Église établie ». Au lieu de cela il put reprendre son activité dans sa paroisse avec courage et force. Même la liturgie lui semblait participer d'une nouvelle vie. Rappard qui rapporte le fait dans le « Glaubensweg » dit fort justement : « Je pensais à part moi, en entendant ce frère, combien un saint homme peut sanctifier chaque vocation, chaque état, mais comment, par contre, la plus sainte des vocations ne saurait sanctifier l'homme ! »

Donnons encore trois témoignages de pasteurs rapportés par M. A. Bovet :
« M.M. (8) pasteur français, parla à peu près dans ces termes : J'ai été réveillé à l'âge de vingt ans mais je ne tardai pas à retomber dans les ténèbres, et quand en 1858, je me rendis en Amérique, pour y étudier le droit, je ne croyais plus à l'Évangile. Là j'allai voir des meetings religieux, je fus saisi et je sentis tout mon malheur ; j'allai trouver un enfant de Dieu pour lui dire : Je suis faible et j'ai besoin de force ! On me répondit : Vous êtes rebelle, il faut vous humilier. Peu à peu la lumière se fit et je compris, mais par l'intelligence seulement, que Christ est non seulement ma justice, mais aussi ma force. Je quittai alors le droit pour la théologie et il y a onze ans que je suis pasteur.

Je n'ai cessé de prêcher que Christ nous a été fait justice et sanctification. Non seulement je le prêchais, mais je l'écrivais et c'est pour le faire comprendre aux âmes que je publiai deux brochures : Regardant à Jésus et Le Secret de la force ; je croyais ces choses, mais je ne les vivais pas, je ne les trouvais pas réalisées dans ma propre vie ; je vivais, mais au fond ma vie était égoïste ; je confessais Christ et je le priais de me conduire, mais au fond je me dirigeais moi-même, au lieu de marcher dans les bonnes oeuvres qu'il avait préparées pour moi ; je me confiais dans le Seigneur, mais seulement quand je trouvais que j'avais besoin de lui.

Peu à peu cependant je compris que je n'employais pas fidèlement mon temps et que je consacrais beaucoup trop d'heures à la lecture. Je pus renoncer à plusieurs de ces occupations de prédilection qui m'absorbaient trop ; la délivrance approchait lorsque je vis M. Smith. Il me dit que j'étais mort au péché (Rom. VI) et que si je donnais mon coeur au Seigneur il serait donné pour toujours, que Dieu le garderait et le purifierait. En l'entendant, en lisant ses écrits et en particulier la vie de son fils Frank, j'arrivai à comprendre que je ne suis rien et que Jésus est tout. Un soir que je travaillais, je m'arrêtai, je déposai ma plume, je m'agenouillai et je dis à Jésus : Je suis à toi, avec la pleine confiance qu'il me conduirait et me garderait ce soir-là même et le lendemain et chaque jour et dans toutes les tentations et toutes les difficultés qui pourraient survenir....

Un autre pasteur M. H. raconta que depuis longtemps il prêchait Christ, le Libérateur, et que malgré cela, il se sentait lui-même dans un état de faiblesse qui approchait souvent de l'esclavage.
« Un matelot, disait-il, un cordonnier et un simple jeune homme, qui m'avaient entendu et qui me considéraient comme un docteur en Israël, mais qui en pratique en savaient bien davantage que moi, furent les instruments dont Dieu se servit pour me révéler l'efficace avec laquelle il agit en ceux qui croient. Malheureusement cet état d'affranchissement ne dura pas longtemps et je me retrouvai bientôt après dans la situation décrite par Paul au chapitre VII des Romains. C'est alors que je me rendis à Broadlands ; là il me fut montré que je devais renoncer encore à une chose toute spéciale, que je n'avais pas considérée jusqu'alors comme grave, mais qui, en réalité, était un obstacle à l'action de l'Esprit de Dieu ; et depuis lors je vois que Dieu délivre vraiment de jour en jour ; la méfiance a disparu de mon coeur avec la désobéissance et je puis me confier entièrement en Christ....

Voici encore le témoignage d'un pasteur, naguère missionnaire en Chine :
« Je suis obligé de parler, dit-il, pour dire combien je suis reconnaissant d'avoir rencontré M. Smith et ensuite pour consoler et encourager plusieurs de mes collègues. Ce que je sais est peu de chose, mais c'est si précieux pour moi que je ne voudrais pas le donner en échange du monde entier. Il y a vingt-cinq ans que je me suis converti après avoir reçu une lettre d'une de mes soeurs, personne remplie de foi. J'étais écolier alors et je me mis à servir Dieu, mais avec beaucoup de faiblesse et tout en persistant dans le péché, même dans certains péchés connus.

Je partis plus tard comme missionnaire pour la Chine. Dieu s'est servi de moi à mon grand étonnement pour faire du bien ; mais quand on me parlait de mon oeuvre avec éloges, j'avais honte, je me sentais un affreux hypocrite. Ma santé m'obligea à revenir au pays et c'est alors que je lus les livres de M. Boardman sur la Vie chrétienne supérieure. Cette lecture me fit faire un pas en avant, mais durant une année entière j'eus à soutenir des luttes terribles. Enfin pour l'amour de Christ, j'acceptai une multitude de renoncements et, lorsque M. Smith vint, il y a quelque temps, à N. et me demanda : « Avez-vous passé le Jourdain et tout laissé de l'autre côté ? » je pus répondre : oui ! Depuis ce jour-là j'ai joui de l'amour de Christ avec une plénitude que je n'avais jamais connue auparavant. Cette parole reste gravée dans mon coeur : « A celui qui peut vous préserver de toute chute et vous faire paraître irréprochables et joyeux devant sa gloire ; à Dieu seul sage, notre Sauveur, soit gloire, magnificence, force et empire dès maintenant et dans tous les siècles (9). »

Un dignitaire de l'Église anglicane résumait son impression sur les conférences d'Oxford en disant :
« Nous avons joui d'une fête de Pentecôte, comme je ne m'attendais pas à en voir une de ce côté-ci de la tombe. »

Et le pasteur Pank de Berlin écrira plus tard dans une brochure :
« Dès le commencement je mis de côté mon appareil critico-théologique que j'avais cru doublement nécessaire en présence d'un mouvement anglo-américain.... Je serai reconnaissant jusque dans l'éternité pour tout ce que j'ai reçu d'Oxford, pour tout ce qu'ont reçu les chrétiens et aussi les théologiens (10). »

P. Smith savait introduire de la variété dans les réunions. Les allocutions étaient courtes, faciles à suivre. On priait à genoux ou assis, on chantait debout ; arrivés à la fin de la journée les participants n'étaient pas fatigués ; ils se sentaient plutôt restaurés. Et le soir c'étaient des réunions d'appel, en plein air ou dans les différentes chapelles. On cherchait à évangéliser la ville d'Oxford. Celle-ci tout entière était émue pendant ces dix jours. Des milliers de gens entendirent l'appel de Dieu. Même des garçons d'hôtel désiraient prendre part aux assemblées tant ils en entendaient dire du bien. Et plus d'un hôtelier disait à ses hôtes : « Ah ! si nous avions toujours des gens comme vous à héberger ! »

P. Smith voulut un certain jour que tous les étrangers montassent sur la tribune et que les Anglais et les Américains enveloppassent de prières les frères du continent et les pays qu'ils représentaient.
À cette réunion les Français chantèrent un psaume huguenot, les Allemands et les Suisses le choral de Luther. Les représentants d'Allemagne, de Suisse, d'Italie, de Russie et de Hollande dirent quelques mots des lumières et des ombres de leurs pays, respectifs au point de vue religieux, puis on pria pour chacune des nations représentées. Aussitôt il vint des dons pour l'évangélisation du continent parmi lesquels un de vingt mille francs.

Rappard écrivait : « Après avoir assisté à ces dix jours de réunions je me demande quelles bénédictions il me reste.... La vivante offrande est mise sur l'autel, le feu de Dieu la dévore. Ce n'est plus seulement un enseignement et une théorie, c'est une réalité et une vie. »


1) Un compte-rendu de ces conférences a été publié en anglais sous ce titre : Account of the Union Meeting for the Promotion of scriptural Holiness held at Oxford. Morgan and Scott. London. Ce compte-rendu a été traduit en allemand : Erinnerungen an die religiosen Konferenzen zu Oxford. P. Kober. C.-S. Spittlers Nachfolger, Basel. 

2) Union jurassienne, 3 oct. 1874. 

3) Journal religieux, 24 oct. 1874. 

4) Union jurassienne, 14 et 28 nov. 1874. 

5
) Varley et Moody. 

6) Un printemps spirituel, p. 197-200. 

7) Un printemps spirituel, p. 19, 20. 

8
) C'est sous une autre forme le témoignage de M. Th. Monod.

9) Union jurassienne, 31 oct. 1874. 

10) Die Heiligung durch den Glauben, Oxforder Bewegung, p. 5. 
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