Oxford. - Le rév. Christopher. - Invitation et instructions. - Organisation. - Assemblées générales. - La doctrine d'Oxford. - Assemblées restreintes. - Témoignages. (1)
« Parmi les villes d'Angleterre,
Oxford est certainement une de celles qui excitent
à juste titre le plus
d'intérêt.
En passant au milieu de la
multitude
de ses édifices, de ses églises, de
ses collèges, la plupart du style gothique
le plus pur, maintenus avec le plus grand soin, en
pénétrant par des portes
étroites dans des cours et des parcs
intérieurs aux vertes pelouses, aux ombrages
noirs, aux murs antiques, tapissés de
lierre, et en songeant que toutes ces vieilles et
magnifiques constructions sont consacrées
à la science et uniquement à elle, il
semble que l'on assiste à une sorte de
résurrection de la puissante vie
intellectuelle du moyen âge.
Si l'on oublie un instant que
l'on
vient de descendre du chemin de fer, que les
volumes innombrables qui se cachent derrière
ces murailles ne sont pas des
parchemins, que les chants qui retentissent au
travers des voûtes de ces chapelles
mystérieuses, sont prononcés en
anglais et non en latin, si l'on parvient à
oublier tout cela, l'illusion est complète
et l'on se replonge avec toute la vigueur de ses
souvenirs historiques dans cette époque,
triste il est vrai sous bien des rapports, mais
unique où l'Université fut un vrai
sanctuaire, une vraie lumière, une vraie
force. Je vous assure que ce n'est pas sans une
grande émotion que l'on se reporte dans ce
passé lointain, que l'on goûte quelque
chose de cette vie antique. »
C'est par ces ligues qu'Arnold
Bovet
introduit la série d'intéressantes
lettres sur les conférences d'Oxford qu'il
adressa à l'Union jurassienne, alors
le journal religieux du Jura bernois.
Quand, à Broadlands, Oxford
avait été désignée pour
recevoir les prochaines assemblées de
sanctification, cette ville semblait offrir moins
d'avantages spirituels que sa rivale, Cambridge.
À Oxford, il n'avait pas été
possible de réunir les étudiants
comme P. Smith en avait trouvé le moyen dans
l'autre université. Une opposition
décidée, mais très franche,
était faite au mouvement par le recteur de
l'Église de Sainte Aldate, le rév.
A.-M.-W. Christopher, auquel les étudiants
témoignaient une grande confiance.
Cet homme de prière et de foi
avait déclaré à diverses
reprises que les nouvelles doctrines
n'étaient pas conformes à
l'Écriture et il avait positivement
refusé d'inviter P. Smith à Oxford.
Plusieurs chrétiens de cette ville, qui
avaient été enrichis à
Broadlands, désiraient ardemment que leur
cité pût recevoir la convention
projetée et demandaient à Dieu
d'ouvrir lui-même la porte
en faisant tomber l'opposition du recteur
respecté. Au moment où Christopher
allait prendre ses vacances, il se rencontra
inopinément avec P. Smith à
Cantorbery, à la réunion annuelle
d'une société de bienfaisance.
Après avoir entendu parler l'industriel
américain, il en resta très
impressionné, comme aussi, du reste, son
ami, le doyen de Cantorbery.
Rentré chez lui, Christopher
se mit en prière. Il lui devint clair que ce
serait déplaire à Dieu que de
continuer à s'opposer à l'entreprise
de P. Smith. Sans consulter d'autres personnes, il
fit le sacrifice de ses vacances, acquiesça
au projet de convention, mit la main sur deux
hommes compétents, capables de devenir,
l'un, le secrétaire, l'autre, l'organisateur
des conférences et qui, tous les deux,
avaient été amenés d'une
manière presque miraculeuse à se
rattacher au nouveau mouvement, si bien que plus
tard, après les réunions, l'excellent
recteur écrivait :
« Jamais je ne me
serais
imaginé que j'en viendrais à
organiser une semblable assemblée et que j'y
recevrais la révélation de la force
de Dieu dans la mesure où ces
réunions m'en ont rendu
participant ».
C'est pendant une semaine
missionnaire passée à Langley Park,
près de Norwich, chez le baronnet sir Thomas
Beauchamp, que les détails de l'organisation
des assemblées d'Oxford furent
arrêtés et la date du 29 août au
8 septembre fixée. C'est là aussi que
fut rédigée l'invitation aux
réunions d'Oxford, adressée ensuite
à de nombreux chrétiens d'Angleterre
et du continent. Quelques semaines plus tard, en se
rendant de Londres à Oxford, raconte P.
Smith, la responsabilité de cette lourde entreprise
lui pesa tout
à coup sur le coeur d'une manière
presque écrasante. Comment diriger cette
affaire et répondre à tant de besoins
... ? Alors, seul dans son compartiment de
chemin de fer, il se mit à genoux,
déposa le fardeau aux pieds du Maître
tout-puissant et tout sage. Arrivé à
Oxford, une déception l'attendait : Les
préparatifs n'étaient pas
terminés, les locaux n'étaient pas
prêts. Les maîtres de métier
paraissaient y mettre de la mauvaise
volonté, rien ne marchait. Que faire ?
P. Smith se rendit à son hôtel et
là, de nouveau, il exposa la situation au
Seigneur. L'après-midi le travail reprenait
avec entrain et s'achevait pour le moment
voulu.
Quinze cents personnes, dont
environ
cent cinquante pasteurs, répondirent
à l'appel. Beaucoup vinrent du continent.
Citons parmi les participants français, MM.
Th. Monod, A. Fisch, alors pasteur de
l'Église libre à Paris, J. P. Cook,
qui a donné de ces réunions un
compte-rendu dans l'Évangéliste. De Suisse
étaient venus : MM. H. Rappard de
Chrischona, M. et Mme A. Bovet, Félix Bovet,
0. Stockmayer, Rau, alors pasteur de
l'Église libre à Bienne. D'Allemagne,
les pasteurs Pank et O. Müller de Berlin,
Reiff, Hesse du Wurtemberg, etc. On distribua
à tous les arrivants une carte avec le
programme de la conférence, sur le revers de
laquelle on lisait les instructions suivantes
d'ordre spirituel :
« Nous sommes
réunis comme chrétiens, pour croire
aux promesses de Dieu, pour nous consacrer
entièrement au Seigneur Jésus-Christ
et pour entrer dans le repos intérieur de la
foi. À cet effet vous êtes
priés d'agir conformément aux
suggestions que voici :
1° Venez dans les dispositions
voulues pour recevoir et
soumettez-vous complètement aux
enseignements du Saint-Esprit. Dieu parle par sa
Parole ; soyez prêts à mettre de
côté toute idée
préconçue.
2° Renoncez de tout coeur
à tout péché conscient, et
même à tout ce qui est douteux,
à tout ce que vous ne pouvez pas faire
« avec foi ».
3° Venez en vous attendant
à l'Éternel. Comptez sur une
bénédiction spéciale pour
votre propre âme.
4° Mettez de côté,
pour le moment, toute lecture autre que celle de la
Bible.
5° Évitez, dans vos
logements, toute conversation qui
éloignerait votre âme du but que
poursuit la conférence. Laissez de
côté toute controverse. Si quelqu'un
ne pense pas comme vous, priez avec lui.
6° Mangez avec
modération, que votre costume soit simple,
retirez-vous de bonne heure dans vos
chambres.
7° En vous réveillant
chaque matin, tâchez de vous rappeler :
a) Que tous vos péchés sont effacés par le sang de Christ.
b) Que vous lui appartenez tout entiers, parce qu'il vous a rachetés, et que vous vous êtes livrés à lui de propos délibéré.
c) Qu'il n'y a par conséquent maintenant aucun nuage, pas même une ombre, entre votre âme et Dieu.
d) Que le Seigneur se charge de garder d'heure en heure la vie et la voie que vous lui avez confiées. Que cet acte de foi se continue pendant toute la journée. Et s'il est interrompu par une chute momentanée, revenez, par une confession immédiate, à la communion intime avec Dieu.
8° Ce sera pour vous un précieux
secours de répéter souvent :
« Seigneur, je suis à toi,
entièrement à toi, racheté et
sauvé par ton amour divin. Je t'appartiens
d'un plein consentement, et je reconnais les droits
que tu as sur moi. »
Au point de vue matériel tout
était admirablement organisé. Le
Corn-Exchange, sorte de Bourse aux grains et la
grande salle de l'Hôtel de ville servaient
aux assemblées plénières,
tandis que les divers lieux de culte de la ville
étaient à la disposition des
organisateurs pour les réunions
restreintes.
La journée commençait
à sept heures du matin par une
réunion de prières :
« C'était un beau spectacle,
remarque A. Bovet, de voir ces mille personnes
accourir le matin de bonne heure, de tous les
quartiers de la ville où elles
étaient logées et se réunir
dans le silence de cette heure, qui est matinale
pour un pays où on ne va
généralement au culte qu'à
onze heures et demie....
« L'esprit de ces
grandes
assemblées du matin, apparut d'emblée
à la fois d'une parfaite simplicité
et d'une grande solennité. Les
prières, à quelques rares exceptions
près, étaient courtes,
précises, accompagnées d'actions de
grâces, et coupées par des
exhortations excellentes, par des chants, par des
moments de prière silencieuse. Ces moments
de silence, pendant lesquels on s'approche de Dieu
d'une manière toute individuelle et
cependant dans la communion d'une multiple de
frères, sont un moyen de grande
bénédiction. Il est à
regretter que nous ne les connaissions pas assez ou
même pas du tout sur le continent. Un matin
que le recueillement le plus solennel dominait
toute l'assemblée, un des assistants
récita un beau passage
de la Bible, un instant après une parole
d'action de grâce, de supplication ou de
triomphe tirée de l'Écriture
retentissait à l'autre bout de la salle,
puis une troisième et une quatrième,
et pendant longtemps l'assemblée exprima de
cette manière simple et spontanée les
impressions qui la dominaient par l'organe d'une
cinquantaine de ses membres. L'Esprit de Dieu, qui
résidait en elle, prenait ainsi un corps
dans les paroles inspirées que toutes ces
bouches proclamaient à l'envi. Ce sont des
heures qui ne s'oublient pas. C'est le culte en
esprit et en vérité
(2). »
À propos de ces moments de
silence, M. Bovet dit ailleurs :
« Je me rappelle avoir participé
en 1867 à quelques minutes de prière
silencieuse dans une assemblée à
Mildmay Park ; c'était, m'a-t-on dit,
la première fois que la chose avait lieu en
Angleterre dans une grande assemblée. C'est
l'excellent capitaine Trotter qui l'avait
proposé ; depuis lors les
chrétiens anglais ont eu souvent l'occasion
d'apprécier la force que donne ce
recueillement si doux et si solennel à la
fois. »
Aux réunions du matin, les
sujets de prières présentés
par diverses personnes étaient nombreux. Les
premiers jours M. Smith les indiquait
successivement, mais d'une manière nouvelle
qui étonna, puis édifia les
assistants. Au lieu de les annoncer simplement
à l'auditoire, il se mettait à genoux
et les présentait au Seigneur
lui-même, s'arrêtant dans sa
prière après chaque demande pendant
quelques instants, comme pour attendre la
réponse d'En Haut. Mais, à la fin de
la semaine, ces sujets de prières,
envoyés de tous les
côtés, étaient devenus si
nombreux, le vendredi matin il y en avait cent
cinquante, le samedi deux cents, qu'il fut
impossible de les faire connaître tous. M.
Smith déclara qu'il allait les
déposer devant Dieu. Il les étala sur
la table, se mit à genoux, et
l'assemblée attendit dans le silence la
bénédiction du Seigneur.
Dans une des dernières
réunions du matin, P. Smith demanda que tous
ceux qui avaient reçu « la
bénédiction » depuis leur
arrivée à Oxford voulussent bien se
lever et chanter ensemble le dernier verset du Te
Deum : « Gloire soit au
Saint-Esprit ! » Cent cinquante
personnes répondirent à cet appel,
et, le verset terminé, l'auditoire tout
entier se leva à son tour pour le
répéter.
À neuf heures et demie, des
auditoires restreints se formaient dans les
diverses salles de la ville, et des entretiens plus
familiers avaient lieu, présidés soit
par P. Smith, Th. Monod, Boardman, ou Asa Mahan.
Voici quelques-uns des sujets qui furent
traités dans ces
entretiens :
- Le renoncement au
péché ;
- Ce qui empêche d'offrir son
corps en sacrifice vivant à
Dieu ;
- Le renoncement à la
volonté propre ;
- Le renoncement à
l'incrédulité ;
- L'absolue confiance en la
puissance de Dieu pour nous garantir du
péché et pour nous décharger
du fardeau de nos soucis ;
- Qu'est-ce que la croix du
chrétien ?
- Comment faut-il considérer Rom.
VII et Gal.
V, 17 ?
- L'effusion du
Saint-Esprit ;
- Les manifestations de l'amour
de
Dieu.
À la même heure, les
dames se réunissaient sous la
présidence de Mme Smith. Trois fois par
jour, à midi, à quatre heures et
à huit heures du soir, avaient lieu des
réunions générales dans
lesquelles les exhortations s'entremêlaient
de chants et de prières.
M. Varley, dans ces occasions,
émerveillait l'auditoire par sa connaissance
de l'Écriture, et par
l'interprétation savoureuse qu'il en donnait
en rapprochant simplement les textes les uns des
autres.
Quelqu'un qui édifia les
assistants ce fut le révérend
Christopher, dont il a été question
plus haut. La première assemblée, le
samedi 29 août, avait eu lieu chez lui, dans
la salle du presbytère ; il l'avait
ouverte par la prière et la lecture du
psaume CIII. Il rendit un jour ce touchant
témoignage : « Je n'ai pas
encore reçu d'aussi riches
bénédictions que celles dont ont
parlé d'autres orateurs, mais je rends
grâces à Dieu de ce qu'il m'a mis en
contact avec des personnes qui adorent Dieu en
esprit et en vérité, qui se
réjouissent en Jésus-Christ et n'ont
aucune confiance dans la chair.
Le secret de la force est
là : renoncer plus complètement
que jamais à la confiance que je mets dans
mon zèle, dans mes efforts, dans mes
résolutions propres, et croire que le
Seigneur fera ce que je lui demande de faire en moi
et par moi de la manière dont il le jugera
bon. Lui seul peut me consacrer pour son service.
Lui seul peut me contraindre par son grand amour
à vivre pour lui et non plus pour
moi-même. Lui seul peut me rendre capable de
travailler d'une manière utile. Plus que
jamais je soupire après un coeur
entièrement dévoué à
son service. Je désire avec ardeur
aimer l'âme de mes
paroissiens comme je ne l'ai encore jamais pu
faire. Ces conférences ont été
bénies pour moi en ce qu'elles m'ont
donné une soif plus ardente des eaux vives
et m'ont encouragé à demander avec
plus de confiance à Christ de m'en
désaltérer
(3). »
J.-P. Cook cite quelques paroles
de
l'un ou de l'autre des orateurs, recueillies au
courant de la plume :
- Veillez sur vos
pensées : Il est de la plus haute
importance que vous ayez l'esprit
préoccupé des pensées de Dieu.
Et pour connaître les pensées de Dieu,
faites-le parler. Écoutez ce qu'il dit dans
sa Parole, et croyez-le, même lorsque vous
vous sentez encore dans les
ténèbres.
- L'incrédulité n'est
pas un malheur, c'est un
péché.
- Que de chrétiens qui sont
continuellement sur leurs gardes contre la
perfection : s'ils l'étaient un peu
plus contre leurs imperfections !
- Ne craignez pas d'avoir trop
de
confiance en Jésus. Nous n'avons aucun
risque à courir de ce chef.
- Il est beaucoup de gens qui
supputent la quantité de
péchés avec laquelle ils
espèrent tout de même entrer au ciel.
Nous devrions, au contraire, chercher à quel
degré de sainteté nous pouvons
parvenir avant d'entrer dans le ciel.
- Certaines personnes ont un
grand
effroi de l'excitation en religion et s'effraient
beaucoup moins du danger de se geler.
- Quand le feu sacré est
allumé dans notre âme, on s'use plus
facilement qu'on ne se rouille.
- Veillez sur la manière dont
vous parlez de votre pasteur. Si quelque chose en
lui vous fait de la peine, allez
le dire à Jésus-Christ par la
prière, plutôt que d'en parler
à d'autres personnes.
- Seigneur, pourquoi garderas-Tu
cet
homme dans une paix parfaite ? - Parce qu'il
le mérite ? Non. - Parce qu'il est
vertueux ? Non. - Parce qu'il porte des
fruits ? Non. - Mais « parce qu'il
se confie en Toi ».
- En lisant l'Écriture,
suivez le conseil donné par Marie à
ceux de Cana : Faites tout ce qu'Il vous
dira !
- Bien des chrétiens ne
craignent pas de dire, comme une chose très
naturelle, presque comme une excuse :
« J'ai si peu de foi ». Achevez
la phrase, et osez dire : « J'ai si
peu de foi.... en Dieu ! Voyez quelle injure
vous Lui faites ! »
« Ce qui se passait
à ces réunions
générales, dit encore M. Bovet, est
difficile à décrire. Cela se sent,
cela se voit quand on est entouré de
personnes qui font ces mêmes conquêtes,
que l'on entend le témoignage de leur
bouche, que l'on voit couler leurs larmes de
reconnaissance. On a pu dire qu'il se produisait
là quelque chose d'analogue à la
Pentecôte : unanimité,
humilité, simplicité, besoin profond
de parler des choses merveilleuses de
Dieu. »
« L'Esprit de Dieu se
manifestait avec force, dit aussi M. Rappard, sinon
les lieux, du moins les coeurs
tremblaient. »
Il faut bien se représenter
l'état des auditeurs auxquels s'adressait
cette prédication. Ce n'était pas des
étrangers à l'Évangile -
ceux-ci on les réunissait le soir dans les
églises de la ville pour les
évangéliser - mais des croyants, pour
le plus grand nombre, convertis depuis longtemps,
que leurs expériences
affligeantes sur le chemin de la vie nouvelle
avaient déçus. En présence de
cette déception, que tout chrétien
sincère éprouve en se retrouvant
perpétuellement victime des mêmes
rechutes, on peut ou bien prendre son parti de cet
état de chose et chercher à faire bon
ménage avec son penchant, avec son mauvais
caractère, au risque de perdre la
capacité de progresser et de finir dans le
marasme spirituel, ou bien soutenir incessamment la
lutte, sans grand espoir de vaincre, et user ses
nerfs et ses forces aux dépens de la joie
promise et de l'activité
féconde.
Faites votre compte que vous
êtes morts au péché, que vous
êtes ressuscités avec Christ, que
votre vie est cachée avec Christ en Dieu.
Rendez-vous possesseurs de
l'infinie
puissance de Dieu avec laquelle Il veut agir dans
ses enfants qui l'acceptent. Que votre homme
intérieur soit tellement fortifié par
le Saint-Esprit que Christ habite dans vos coeurs
par la foi !
Que la volonté de Dieu
à votre égard vous soit
révélée afin de marcher d'une
manière digne de Lui.
« Si nous confessons
nos
péchés il est fidèle et juste
pour nous les pardonner et pour nous purifier de
toute iniquité. »
« Ceux qui sont en
Christ
ont crucifié la chair avec ses
convoitises. »
« Ce n'est plus moi qui
vis, c'est Christ qui vit en moi. »
« Ne savez-vous pas que
vous êtes le temple du
Saint-Esprit ? »
« Le péché
n'aura plus d'empire sur vous parce que vous
êtes non sous la loi mais sous la
grâce. »
« Si nous avons
été réconciliés par sa
mort, combien plus ne serons-nous pas
délivrés par sa
vie ! »
Vous sentez le besoin d'une
nouvelle
délivrance, d'une délivrance de
l'empire du péché ? eh bien ne
contemplez pas tristement le
péché ? qui vous affaiblit, mais regardez au
Libérateur qui vous a justifiés par
la foi et qui est prêt à vous
sanctifier et à vous affranchir maintenant
par la foi aussi. Comme vous n'avez pu être
justifiés que lorsque vous avez reconnu que
toute votre justice et tous vos efforts propres
sont inutiles, vous ne serez sanctifiés que
lorsque vous aurez détourné vos
regards des tentations et des soucis, pour les
fixer sur Jésus le Libérateur et que
vous vous serez mis entièrement et sans
réserve en la puissance de Celui qui vous a
délivrés de l'empire du
péché et du poids accablant de vos
défauts et de vos penchants. Dès que
vous aurez fait en toute sincérité ce
contrat avec Dieu et que vous lui aurez
livré votre volonté propre, alors
vous connaîtrez une vie de confiance
habituelle et d'autant plus absolue que vous aurez
banni de votre coeur toute réserve et toute
ombre de désobéissance.
Voilà, résumé
en quelques lignes, le message débordant de
joie et d'espérance qui fut annoncé
à Oxford.
« Nos frères
d'Amérique, disait encore A. Bovet, sont des
Caleb et des Josué qui viennent dire avec
foi et en rendant gloire à la
fidélité de Dieu que le pays promis
est un bon pays, un pays découlant de lait
et de miel, « seulement, ajoutent-ils, ne
soyez pas rebelles contre l'Éternel et ne
craignez pas le peuple de ce
pays-là »....
Il y a dans ce mouvement quelque
chose de si pur, de si élevé, de si
simple et de si large, que l'on ne peut que se
réjouir profondément de le voir se
propager, et qu'il faut demander à Dieu avec
ardeur d'accorder par ce moyen de nouveaux dons
à ses enfants pour les grandes luttes du
temps actuel
(4). »
À trois heures, Mme Smith
présidait habituellement une lecture de la
Bible, de laquelle les messieurs n'étaient
point exclus. C'était, en
réalité, une prédication. Elle
étudia ainsi successivement : Les
soucis, Le bon Berger, La joie du chrétien,
L'amour de Jésus, La vie et la
résurrection en Christ, Le repos.
En sortant de ces réunions
les messieurs ne manquaient pas d'échanger
leurs impressions. Les uns, et c'était en
particulier le sentiment de M. J.-P. Cook,
préféraient de beaucoup les
exhortations moins bien raisonnées, mais
plus affectueuses, plus suaves de M. Smith.
D'autres, au contraire, d'abord très
opposés à ce qu'une femme
parlât en public, ne pouvaient entendre Mme
Smith développer son sujet d'une
manière si logique sans en être
très impressionnes et sans voir
s'évanouir leurs préjugés et
contre l'orateur féminin et contre les
vérités qu'elle mettait si
éloquemment en lumière.
Mais de l'avis de tous les
pasteurs
et évangélistes présents
à Oxford, les réunions les plus
impressionnantes furent celles de six heures du
soir, consacrées aux entretiens
pastoraux.
Certains des cent cinquante
pasteurs
apportaient quelque chose à leurs
frères parce qu'ils étaient
déjà plus ou moins « dans
le courant » selon l'expression
adoptée ; d'autres désiraient
ardemment connaître mieux ce mouvement et en
recevoir une impulsion nouvelle ; un bon
nombre aussi, comme M. Fisch, n'avaient en allant
à Oxford qu'une idée assez vague de
ce que pouvaient être des réunions de
ce genre ; bien qu'il n'existât dans
leur esprit aucun parti pris d'hostilité,
ils ne pouvaient s'empêcher de penser qu'une
semaine entière de réunions
continuelles, quelque
intéressantes qu'elles fussent d'ailleurs,
devait être chose assez fatigante. Enfin
beaucoup étaient arrivés avec des
préventions très fortes tant contre
le fond de la doctrine que contre les
méthodes et les hommes du
mouvement.
Comment fondre en un tout ces
éléments si disparates ?
Pearsall Smith s'y prit admirablement ; il
réserva des séances spéciales
pour les pasteurs et lui-même prononça
dans une des premières réunions
pastorales une allocution pleine d'à-propos,
de cordialité, d'envolée spirituelle
et de foi :
« Tandis qu'en si grand
nombre nous nous unissons pour chanter les louanges
de Jésus, n'avez-vous pas eu, comme moi,
chers amis, un avant-goût du temps où
nous serons réunis dans les cieux pour
chanter les louanges de Celui qui nous a
aimés et nous a lavés de nos
péchés dans son sang, et nous a faits
rois et sacrificateurs à Dieu son
Père ? Et maintenant serrons-nous si
bien autour de Christ que nous puissions tous nous
sentir très près les uns des autres.
Nous sommes impatients d'entendre ce que nos
frères du continent ont à nous dire
des progrès de la religion de Christ dans
leur patrie, afin que nous puissions sympathiser
avec eux dans leurs joies, comme aussi dans leurs
découragements.
Mais les nouvelles de la vie
intérieure des églises nous
intéressent avant tout, car, là
où la vie existe, elle saura toujours se
manifester par des fruits. Que la vie soit
ravivée dans les pays où elle est
près de s'éteindre, et nous y verrons
l'Évangile produire ses glorieux
résultats. Un grand serviteur de Dieu, qui
vivait il y a deux siècles, disait souvent
que c'est assez d'un homme de foi pour transformer
son pays à plusieurs
lieues à la ronde. Si nous étudions
avec soin le caractère des différents
apôtres et les biographies des grands hommes
qui ont subjugué des royaumes par la
puissance de la foi, nous verrons qu'ils
étaient soumis aux mêmes passions que
nous, qu'ils n'avaient ni plus de talent, ni plus
de connaissances que la plupart de ceux qui sont
rassemblés ici. La seule chose qui les
distinguât, c'est qu'ils avaient donné
au Seigneur Jésus la confiance et la foi la
plus complète, et qu'ils lui avaient
consacré entièrement leur vie. De nos
jours, deux hommes (5), qui n'ont
reçu ni des
talents, ni une éducation extraordinaires
ont remué, l'un en Amérique, l'autre
en Angleterre, les deux portions de la famille
anglo-saxone. Il n'y a personne ici qui ne puisse
également, par la force de Dieu, remuer, non
seulement son voisinage, mais encore sa nation
elle-même.
Nous ne sommes pas réunis ici
pour nous contenter de faire ensemble des voeux
stériles, et pour répéter sans
cesse : « Puissions-nous recevoir le
baptême de l'Esprit ! Puissions-nous
habiter en Christ » et nous en tenir
là. Nous sommes venus afin de recevoir ce
baptême de l'Esprit, afin d'habiter
véritablement en Christ, afin d'agir et non
de parler. Dieu est toujours disposé
à répandre les dons de son Esprit sur
ses enfants, à condition que ceux-ci
s'approchent les mains vides pour les recevoir.
Comment oserions-nous demander à Dieu ses
bénédictions, quand nos mains et nos
coeurs sont tellement remplis d'orgueil, d'ambition
et de mille autres choses que Dieu hait, qu'il n'y
a plus en nous de place pour recevoir ce qu'il
voudrait nous donner ? Allons donc à
Lui à vide. Mettons notre
Dieu à l'épreuve. - À
l'épreuve ! Je ne le dis qu'avec un
respect mêlé de crainte ; mais
c'est notre Dieu lui-même qui l'a ainsi
ordonné. - Et nous verrons alors si Dieu ne
tient pas ses promesses, et si ce qu'il nous donne
ne dépasse pas tout ce que nous avions
compté recevoir. L'autre jour, j'ai
engagé mes frères à demander
à Dieu de grandes bénédictions
et à me dire, au bout de la semaine, s'ils
n'avaient pas reçu bien au delà. N'en
doutez pas, chers amis étrangers, Dieu est
prêt à répandre sur nous la
plénitude de ses grâces, car de tous
côtés on prie pour nous. Poussons
donc, dès aujourd'hui, le cri de victoire,
et avançons-nous au-devant des triomphes que
Christ nous réserve.
Nous ne sommes ici ni pour nous
provoquer les uns les autres à un
enthousiasme factice, ni pour faire naître
par le charme de la parole des émotions
stériles. Nous nous sommes, à
dessein, abstenus d'inviter des hommes
distingués par leur éloquence, et
nous avons choisi ceux dont le langage simple et
facile à comprendre saurait nous
révéler quelques-uns des
trésors cachés de la Parole de Dieu,
de peur que l'éloquence s'interposât
entre nous et la vérité. Aussi ai-je
la ferme assurance que le Saint-Esprit
répandra sur tous ceux qui parleront dans
ces assemblées des
bénédictions toujours croissantes.
Depuis plusieurs années, je me suis fait une
règle de demander toujours à Dieu
infiniment plus que je ne puis m'attendre à
recevoir. Je suis certain que Dieu aime de telles
requêtes, comme j'aime voir mes enfants me
témoigner leur confiance en me demandant
cela même qu'il m'est impossible de leur
donner. Prions, en vue d'obtenir de grandes et
glorieuses bénédictions,
faisons-le tous et avec une foi ferme,
persévérante, jour après jour,
le matin, à midi, le soir ; car nous
voulons, frères, vous renvoyer dans vos
divers champs de travaux, pleins de joie, et pour
ainsi dire, enveloppés d'une
atmosphère de prières. Les larmes me
viennent aux yeux quelquefois quand j'entends dire
combien d'intercessions ferventes montent à
Dieu pour mon oeuvre. Cette pensée me
fortifie sans cesse, et ce que nous obtenons ainsi,
nous désirons le partager avec vous, chers
frères du continent
(6).
Ces paroles firent grande
impression
et les conférences de six heures qui
étaient d'abord théologiques et
compassées, prirent peu à peu une
tournure d'intimité, d'humiliation et de
témoignage personnel que l'on n'eût
jamais crue possible. Quand les pasteurs
trouvèrent le courage de s'ouvrir les uns
aux autres, il en découla une grande
édification réciproque. Qu'un pasteur
anglican en vienne à parler de
lui-même et de ses expériences
personnelles, quel miracle ! Le miracle
s'accomplit, les autres dénominations
suivirent, puis les pasteurs du continent, et le
témoignage finit par prendre toute la place.
« On sait, remarque M.
Bovet, que généralement il est
pénible d'entendre un homme parler de
lui-même. Souvent on sent percer sous les
paroles un manque d'humilité et de tact. Eh
bien, ici rien de semblable ; c'étaient
des frères s'entretenant avec d'autres
frères et leur racontant avec une parfaite
simplicité, un grand bon sens, sans aucune
exaltation, mais avec une humilité qui nous
a souvent confondus, les grandes choses que Dieu
avait faites pour eux. »
Le pasteur Fisch qui était
maintenant entré en plein
« dans le courant »,
écrit :
« .... Ce qu'il y avait
de
plus saisissant, c'était de voir tant de
pasteurs, appartenant à un si grand nombre
de dénominations et entre autres à
l'Église anglicane, se lever les uns
après les autres et s'accuser publiquement,
avec des yeux pleins de larmes et une candeur dont
le plus prévenu n'aurait pu mettre en doute
la parfaite sincérité, de
s'être le plus souvent prêchés
eux-mêmes au lieu de se considérer
comme de simples instruments entre les mains de
Dieu et de ne songer qu'à sa gloire !
N'est-ce pas là en effet ce qui explique le
peu de résultats que la prédication
produit de nos jours ?
Comme elle serait plus
puissante,
plus efficace pour atteindre les coeurs, si toute
préoccupation personnelle disparaissait, si
tout désir de plaire était
sacrifié et immolé une fois pour
toutes sur l'autel de la gloire de Dieu !
C'est là ce que nous avons senti
distinctement à Oxford (et en disant nous je
parle au nom de tous mes collègues dans le
ministère qui s'y trouvaient avec moi), nous
avons mis ensemble le doigt sur le défaut de
la cuirasse, et je crois pouvoir affirmer devant
Dieu qu'avec son aide pas un seul d'entre nous ne
sera plus tenté de se prêcher
lui-même à l'avenir....
(7) »
M. Nasch avait été
précédemment suffragant du
révérend Christopher à Oxford.
Il rendit un témoignage remarquable :
« Je ne crois pas avoir
eu
pendant les six derniers mois de ma vie cinq
minutes de peur et d'anxiété pour
aucun des nombreux devoirs que j'ai à
remplir, ni pour aucune tâche qui m'a
été imposée. En fait tout se
résume dans ce mot : confiance. J'ai
appris non seulement à
apporter tous mes soucis
à Jésus-Christ mais à les
laisser entre ses mains, et depuis lors j'ai
éprouvé dans mon ministère une
puissance que je n'avais jamais connue auparavant.
Je suis maintenant capable d'accomplir une plus
grande quantité de travail avec moins de
difficulté qu'auparavant ; dans le
recueillement et la concentration, je me sens
à mon aise et je trouve la
liberté.
« Un pasteur
évangélique, raconta M. Christopher,
avait combattu les doctrines de P. Smith devant des
collègues et dans plusieurs
conférences publiques. Il était venu
à Oxford quelques jours auparavant et,
pendant une nuit sans sommeil, ces
paroles : Il est capable !
pénétrèrent dans son coeur
avec une puissance qui n'appartient qu'au
Saint-Esprit. Puis il dut rentrer chez lui, mais
tôt après son retour à la
maison il m'envoya, plein d'actions de
grâces, un livre sur lequel il avait
écrit : De la part d'un ami très
reconnaissant sur le coeur duquel est gravé
- Oxford ! - »
Un autre prédicateur anglican
raconta les violents combats qui s'étaient
livrés en lui jusqu'à ce qu'il ait pu
se soumettre complètement à la
volonté divine. Il s'imaginait avec angoisse
que Dieu exigerait de lui qu'il quittât sa
« chère Église
établie ». Au lieu de cela il put
reprendre son activité dans sa paroisse avec
courage et force. Même la liturgie lui
semblait participer d'une nouvelle vie. Rappard qui
rapporte le fait dans le
« Glaubensweg » dit fort
justement : « Je pensais à
part moi, en entendant ce frère, combien un
saint homme peut sanctifier chaque vocation, chaque
état, mais comment, par contre, la plus
sainte des vocations ne saurait sanctifier
l'homme ! »
Donnons encore trois
témoignages de pasteurs rapportés par
M. A. Bovet :
« M.M.
(8) pasteur
français, parla à peu près
dans ces termes : J'ai été
réveillé à l'âge de
vingt ans mais je ne tardai pas à retomber
dans les ténèbres, et quand en 1858,
je me rendis en Amérique, pour y
étudier le droit, je ne croyais plus
à l'Évangile. Là j'allai voir
des meetings religieux, je fus saisi et je sentis
tout mon malheur ; j'allai trouver un enfant
de Dieu pour lui dire : Je suis faible et j'ai
besoin de force ! On me répondit :
Vous êtes rebelle, il faut vous humilier. Peu
à peu la lumière se fit et je
compris, mais par l'intelligence seulement, que
Christ est non seulement ma justice, mais aussi ma
force. Je quittai alors le droit pour la
théologie et il y a onze ans que je suis
pasteur.
Je n'ai cessé de
prêcher que Christ nous a été
fait justice et sanctification. Non seulement je le
prêchais, mais je l'écrivais et c'est
pour le faire comprendre aux âmes que je
publiai deux brochures : Regardant à
Jésus et Le Secret de la
force ; je croyais ces choses, mais je ne
les vivais pas, je ne les trouvais pas
réalisées dans ma propre vie ;
je vivais, mais au fond ma vie était
égoïste ; je confessais Christ et
je le priais de me conduire, mais au fond je me
dirigeais moi-même, au lieu de marcher dans
les bonnes oeuvres qu'il avait
préparées pour moi ; je me
confiais dans le Seigneur, mais seulement quand je
trouvais que j'avais besoin de lui.
Peu à peu cependant je
compris que je n'employais pas fidèlement
mon temps et que je consacrais beaucoup trop
d'heures à la lecture. Je pus renoncer
à plusieurs de ces occupations de
prédilection qui m'absorbaient trop ;
la délivrance approchait
lorsque je vis M. Smith. Il me dit que
j'étais mort au péché (Rom.
VI) et que si je donnais mon coeur au Seigneur il
serait donné pour toujours, que Dieu le
garderait et le purifierait. En l'entendant, en
lisant ses écrits et en particulier la vie
de son fils Frank, j'arrivai à comprendre
que je ne suis rien et que Jésus est tout.
Un soir que je travaillais, je m'arrêtai, je
déposai ma plume, je m'agenouillai et je dis
à Jésus : Je suis à toi,
avec la pleine confiance qu'il me conduirait et me
garderait ce soir-là même et le
lendemain et chaque jour et dans toutes les
tentations et toutes les difficultés qui
pourraient survenir....
Un autre pasteur M. H. raconta
que
depuis longtemps il prêchait Christ, le
Libérateur, et que malgré cela, il se
sentait lui-même dans un état de
faiblesse qui approchait souvent de l'esclavage.
« Un matelot,
disait-il,
un cordonnier et un simple jeune homme, qui
m'avaient entendu et qui me considéraient
comme un docteur en Israël, mais qui en
pratique en savaient bien davantage que moi, furent
les instruments dont Dieu se servit pour me
révéler l'efficace avec laquelle il
agit en ceux qui croient. Malheureusement cet
état d'affranchissement ne dura pas
longtemps et je me retrouvai bientôt
après dans la situation décrite par
Paul au chapitre VII des Romains. C'est alors que
je me rendis à Broadlands ; là
il me fut montré que je devais renoncer
encore à une chose toute spéciale,
que je n'avais pas considérée
jusqu'alors comme grave, mais qui, en
réalité, était un obstacle
à l'action de l'Esprit de Dieu ; et
depuis lors je vois que Dieu délivre
vraiment de jour en jour ; la méfiance
a disparu de mon coeur avec la
désobéissance et je puis me confier
entièrement en Christ....
Voici encore le témoignage
d'un pasteur, naguère missionnaire en
Chine :
« Je suis obligé de
parler, dit-il, pour dire combien je suis
reconnaissant d'avoir rencontré M. Smith et
ensuite pour consoler et encourager plusieurs de
mes collègues. Ce que je sais est peu de
chose, mais c'est si précieux pour moi que
je ne voudrais pas le donner en échange du
monde entier. Il y a vingt-cinq ans que je me suis
converti après avoir reçu une lettre
d'une de mes soeurs, personne remplie de foi.
J'étais écolier alors et je me mis
à servir Dieu, mais avec beaucoup de
faiblesse et tout en persistant dans le
péché, même dans certains
péchés connus.
Je partis plus tard comme
missionnaire pour la Chine. Dieu s'est servi de moi
à mon grand étonnement pour faire du
bien ; mais quand on me parlait de mon oeuvre
avec éloges, j'avais honte, je me sentais un
affreux hypocrite. Ma santé m'obligea
à revenir au pays et c'est alors que je lus
les livres de M. Boardman sur la Vie
chrétienne supérieure. Cette
lecture me fit faire un pas en avant, mais durant
une année entière j'eus à
soutenir des luttes terribles. Enfin pour l'amour
de Christ, j'acceptai une multitude de renoncements
et, lorsque M. Smith vint, il y a quelque temps,
à N. et me demanda :
« Avez-vous passé le Jourdain et
tout laissé de l'autre
côté ? » je pus
répondre : oui ! Depuis ce
jour-là j'ai joui de l'amour de Christ avec
une plénitude que je n'avais jamais connue
auparavant. Cette parole reste gravée dans
mon coeur : « A celui qui peut vous
préserver de toute chute et vous faire
paraître irréprochables et joyeux
devant sa gloire ; à
Dieu seul sage, notre Sauveur, soit gloire,
magnificence, force et empire dès maintenant
et dans tous les siècles
(9). »
Un dignitaire de l'Église
anglicane résumait son impression sur les
conférences d'Oxford en disant :
« Nous avons joui d'une
fête de Pentecôte, comme je ne
m'attendais pas à en voir une de ce
côté-ci de la
tombe. »
Et le pasteur Pank de Berlin
écrira plus tard dans une brochure :
« Dès le
commencement je mis de côté mon
appareil critico-théologique que j'avais cru
doublement nécessaire en présence
d'un mouvement anglo-américain.... Je serai
reconnaissant jusque dans l'éternité
pour tout ce que j'ai reçu d'Oxford, pour
tout ce qu'ont reçu les chrétiens et
aussi les théologiens
(10). »
P. Smith savait introduire de la
variété dans les réunions. Les
allocutions étaient courtes, faciles
à suivre. On priait à genoux ou
assis, on chantait debout ; arrivés
à la fin de la journée les
participants n'étaient pas
fatigués ; ils se sentaient
plutôt restaurés. Et le soir
c'étaient des réunions d'appel, en
plein air ou dans les différentes chapelles.
On cherchait à évangéliser la
ville d'Oxford. Celle-ci tout entière
était émue pendant ces dix jours. Des
milliers de gens entendirent l'appel de Dieu.
Même des garçons d'hôtel
désiraient prendre part aux
assemblées tant ils en entendaient dire du
bien. Et plus d'un hôtelier disait à
ses hôtes : « Ah ! si
nous avions toujours des gens comme vous à
héberger ! »
P. Smith voulut un certain jour
que
tous les étrangers
montassent sur la tribune et que les Anglais et les
Américains enveloppassent de prières
les frères du continent et les pays qu'ils
représentaient.
À cette réunion les
Français chantèrent un psaume
huguenot, les Allemands et les Suisses le choral de
Luther. Les représentants d'Allemagne, de
Suisse, d'Italie, de Russie et de Hollande dirent
quelques mots des lumières et des ombres de
leurs pays, respectifs au point de vue religieux,
puis on pria pour chacune des nations
représentées. Aussitôt il vint
des dons pour l'évangélisation du
continent parmi lesquels un de vingt mille
francs.
Rappard écrivait :
« Après avoir assisté
à ces dix jours de réunions je me
demande quelles bénédictions il me
reste.... La vivante offrande est mise sur l'autel,
le feu de Dieu la dévore. Ce n'est plus
seulement un enseignement et une théorie,
c'est une réalité et une
vie. »
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